Message du 20 octobre 1984 (I)





Bien chers frères,

Méditez le Confiteor (le Je confesse à Dieu) et attardez-vous sur le péché en paroles.

Comme il est important d’analyser chacune de ces paroles avant même qu’elles ne sortent de votre bouche, et comme il est primordial de les contrôler !

Les paroles ne sont-elles pas, en effet, le fruit de vos pensées et n’extériorisent-elles pas vos états d’âme ? Lorsque le cœur est pur, les paroles murmurées exhalent la douceur, la bonté, la générosité : elles soutiennent, consolent, apaisent. Écoutez les Paroles mêmes de Jésus. Quelle Sagesse ! quelle Perfection ! quel Amour ! Lorsque le cœur est blessé, sachez garder le silence : si vous avez été victimes de calomnies ou d’attaques sous quelque forme que ce soit, restez dans l’Amour de Dieu et ne ripostez pas avec une langue de fiel, où le Démon pourrait s’en donner à cœur joie. Gardez le sourire et souffrez en silence. N’adoptez pas une position de supériorité en allant clamer partout le mal qui vous a été fait afin que votre entourage nourrisse à son tour de mauvais sentiments contre la personne qui vous a accablés.

Comprenez, à travers ces explications, les paroles de l’Esprit : « Si quelqu’un vous frappe sur la joue droite, tendez-lui encore l’autre » (Mt 5, 39). Si l’on vous communique des paroles de calomnie au sujet d’une personne, ne les répétez pas à votre voisin ou à vos amis. Scellez plutôt ces paroles dans le coffre de votre cœur et attendez de pouvoir vous faire une opinion vous-mêmes sur la personne concernée. Sachez ne la point juger sur des apparences ou sur ce qui vous a été dit de son passé. De quel droit un être humain pourrait-il juger un autre homme sur son passé ? Certains de vos plus grands saints n’ont-ils pas été d’abord aussi de grands pécheurs ? Que savez-vous, chrétiens, du Jugement de Dieu ? Et que faites-vous de la Miséricorde qu’Il accorde aux hommes dans la Confession, délivrant les âmes du poids de leurs péchés et leur rendant, par la Grâce du Sacrement, leur blancheur et leur pureté ? De quel droit imposeriez-vous votre jugement face à celui de Dieu ? Sachez donc rester humbles et garder le silence…

Lorsque votre cœur est violemment contrarié, retirez-vous dans ce même silence avant de répondre à vos agresseurs. Faites en vous la paix et demandez à l’Esprit Saint de vous éclairer : laissez s’exprimer en votre âme votre Douce Maman du Ciel, qui saura consoler Ses enfants. Laissez s’y exprimer Jésus, votre Frère, qui a subi les plus cruelles attaques et les plus terribles souffrances et qui les a acceptées et offertes au Père pour vous. Il vous demandera d’offrir vos souffrances en réparation pour vos péchés et les péchés de vos proches. Il vous sommera d’arrêter à votre cœur la chaîne diabolique des attaques afin que vous ne deveniez pas la proie facile du Démon, qui tentera de faire de vous, après une victime, un nouvel agresseur. Si votre cœur est aimant, si votre cœur est pur, vous souffrirez de la méchanceté des hommes et de leur orgueil, et vous vous ferez humbles, encore plus humbles, en étouffant la révolte qui pourrait naître en vous. Offrez, offrez inlassablement toutes vos souffrances et ainsi, vous vivrez dans le Christ.

Si vous désirez être soutenus ou conseillés dans l’épreuve, adressez-vous, comme nous vous l’avons dit, à un prêtre : le prêtre est, en effet, soumis au secret de la Confession et, en tant que ministre de Dieu sur terre, il vous apportera, s’il est inspiré par l’Esprit Saint – priez également à cette intention -, de précieux conseils… Le cœur du prêtre est un réceptacle d’offrandes : confident des pécheurs, il souffre pour tous les péchés commis dans le monde. Par la Grâce, il donne le pardon et crie victoire, car c’est par lui qu’est chassé le Démon et par lui que l’âme est purifiée. C’est pourquoi il doit supplier Dieu de lui envoyer chaque jour un plus grand nombre de pécheurs à délivrer du Mal. Par le Sacrement de la Confession, le Monde est ainsi délivré de l’emprise démoniaque. C’est seulement par l’acte d’humiliation que le chrétien chasse le Mal qui est en lui, car le Démon reste toujours le Superbe, celui qui veut avoir raison, celui qui refuse la soumission et agit par-dessous afin de tromper et de déchaîner les bonnes volontés contre le Maître du Logis. Servez, chers frères, la juste cause, combattez le bon combat auprès de Dieu ! Consacrez chaque jour votre cœur aux Deux Cœurs de Jésus et de Marie et abandonnez-vous à l’Esprit Saint.

La souffrance acceptée rapproche toujours de Dieu. Celui qui juge et qui tranche sans merci ne peut être éclairé par l’Esprit à ces moments d’égarement. Celui qui profère toutes sortes de paroles injustes contre vous – si bien qu’une chaîne de méfiance et de calomnies, de faux jugements et de haine, de mépris ou d’indifférence voit le jour par sa faute – doit s’humilier devant le Seigneur et regretter de ne pas s’être confié plus tôt à un prêtre, car le saint homme lui eût certainement conseillé de garder le silence !

Frères, vous qui désirez plus que tout être des fils de Dieu et de Marie, montrez sans cesse un esprit d’amour et un comportement d’amour. Ne soyez pas de ceux qui jettent la pierre à leur prochain ! Prenez la défense des faibles et des opprimés, sachez voir en eux les qualités que le Seigneur leur a données et les aider à vaincre leurs défauts avec beaucoup d’amour plutôt que de les rejeter. Fuyez l’arrogance et l’orgueil spirituel comme la peste car nul n’est plus éloigné de Dieu que celui qui croit orgueilleusement détenir la vérité et ne soumet pas son jugement à celui de l’Église ! C’est pourtant la tournure d’esprit qu’adopte actuellement une partie de la société : ces hommes et ces femmes désirent avoir la liberté de leurs pensées, de leurs actes et de leurs paroles, mais ils ne se doutent pas que leur inspiration vient du Démon ! Et pour cause ! car s’ils croient en Dieu, ils refusent de croire au Diable – ce qui est une très grave erreur ! Priez pour eux qui se croient forts comme le chêne, mais ne pourront résister à la tempête… Pour vous, frères, copiez donc l’humilité du roseau qui se courbe, car c’est elle qui fait sa force !

Vivez constamment dans l’amour et la compréhension en vous courbant sous le Souffle qui passe, et offrez vos souffrances et vos renoncements en réparation pour les âmes pécheresses. Aspirez à la perfection dans ce même Esprit.

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