Message du 24 septembre 1983





Bien chers frères,

Voici que les temps sont proches où les hommes devront se rendre à l’évidence de la Vie de l’Autre Monde. Les valeurs s’effondrent, la morale disparaît, le discernement entre le bien et le mal devient de plus en plus difficile dans les esprits, mais la Lumière du Monde, le Modèle de Vie, n’en reste pas moins, quelque deux mille ans après Sa Résurrection, le Christ Jésus, Roi de l’univers.

L’être humain a tendance à oublier de nos jours les promesses que lui a faites le Christ : « Prenez votre croix et suivez-Moi, dit-Il. Venez tels que vous êtes, avec vos misères et vos imperfections, renoncez à vous-mêmes et vous entreverrez les merveilles du Royaume où l’on vit de Vérité et d’Amour. »

Ne soyez pas des pharisiens qui ne voient que par l’argent et exposent égoïstement leurs richesses aux yeux de la société et des plus démunis. Songez au partage dans l’Amour.

Dans la parabole du Riche et de Lazare (Lc 16, 19-31), le Riche ne connaît pas la misère matérielle  : dans son cocon de richesses et ses vêtements luxueux, il se complaît et se repaît à loisir. S’il aperçoit Lazare à son portail, s’il connaît le nom de celui-là même qui, jour après jour, tend la main chaque fois que s’ouvre cette porte, il ne désire pas rencontrer l’homme que dissimulent les haillons et les ulcères. Il répugne à le voir, à s’abaisser jusqu’à lui pour lui tendre la main. Mais ne soyez pas dupes, chers frères ! Dans votre société occidentale, il est compréhensible, alors que se dissimule souvent sous l’apparence d’un mendiant non point un pauvre mais un fainéant invétéré, que la spontanéité du geste de donner ait perdu de sa vigueur… Il est des associations sérieuses où vos dons apporteront du soulagement à des êtres humains en proie à la souffrance et à la misère matérielle et spirituelle. Si vous saviez combien une contribution matérielle peut apporter de paix et de joie lorsqu’elle est redistribuée avec amour par des êtres au service de Jésus ! Sachez donc diriger vos dons et éviter le gaspillage…

Lazare, le Pauvre de la parabole, gît sans défense à la porte du Riche. Témoin de ses festivités, il ne peut pas même en recevoir les miettes. Le Riche sait la présence du Pauvre mais il l’oublie délibérément : le Pauvre ne fait pas partie de ses fréquentations. Il ne fait pas partie de son monde. Ivre de plaisirs matériels, comblé dans sa somptueuse demeure, le Riche sait aussi la présence de Dieu mais il l’oublie également : il n’en éprouve pas le besoin parce que son corps est satisfait et que son âme s’est laissée alourdir par la chair… A-t-il songé, le Riche de la parabole, qu’à la fin de sa vie, il devra se séparer de ses biens et même de son corps de chair pour ne conserver que la partie la plus subtile de son être ?

Le Pauvre meurt et son corps est enlevé de sa place favorite. Le Riche s’en est-il aperçu ? Il se voit soulagé que l’entrée de sa digne demeure soit enfin débarrassée d’un être non fréquentable et des chiens qu’il attirait, mais l’événement n’aura rien changé à sa vie.

Le Riche meurt et il est enterré richement…

Mais qu’est-il advenu de nos deux personnages au-delà de la mort ?

Le Pauvre était un être bon et généreux, qui, s’il avait eu de l’argent, eût partagé sans rechigner et avec amour. Mais il était malade et réduit à l’impuissance. Seuls les chiens et quelques bonnes âmes lui témoignaient quelque affection : les animaux soulageaient ses plaies, notez-le bien ! L’Amour du Christ était en lui, non point parce qu’il était pauvre, mais parce qu’il était riche à l’intérieur de lui-même, riche de vie spirituelle, riche de communion avec Dieu, son Père, à qui il s’adressait pour demander secours, riche d’humilité, riche par ses souffrances acceptées courageusement et offertes au Père qui pourvoyait chaque jour à sa subsistance. Enfin vint un moment où le Père le rappela à Lui et où l’âme humble fut accueillie dans le Royaume. Mais il est plusieurs demeures dans la Maison du Père : celle qui lui était réservée n’était pas des plus modestes puisqu’il y fut accueilli par Abraham, le prophète de la Sagesse.

Le Riche n’avait de cœur que pour les amis de son rang qui partageaient ses ripailles : autant dire point de cœur du tout puisque ses actes ne satisfaisaient que ses désirs égoïstes. Telle est la vie de nombreux riches chez qui règnent l’hypocrisie, le snobisme, le mensonge et tous les vices sous des apparences policées. Plus le corps s’appesantit, plus l’âme s’appesantit et moins elle se consacre à Dieu et à la Vie Spirituelle. Comme une plante privée d’eau, l’âme privée de spiritualité s’étiole.

Le besoin de Dieu et le désir de Dieu naissent souvent dans la souffrance. C’est pourquoi il faut accepter vos souffrances et savoir en remercier Dieu : elles ravivent votre âme et vous rapprochent du Père. Les moments de souffrance sont des moments privilégiés où l’âme se dilate. Si vous ne vous révoltez point, vous sortirez de l’épreuve plus forts, plus certains encore. C’est dans la bataille que le soldat éprouve et mesure sa force. Comprenez-vous ? Le Riche n’avait pas de force – de force spirituelle, entendons-nous. Il ne possédait pas cette spiritualité qui propulse l’âme vers les Demeures Supérieures de la Maison du Père.

Perdue dans le désert brûlant de sa médiocrité, l’âme du Riche aspire à parvenir à l’oasis apaisante qu’elle aperçoit au loin, dans un mirage. Elle aspire encore à satisfaire les besoins de son corps puisqu’elle a soif. Mais déjà, ses aspirations sont de nature plus humble, devant Abraham ! Qu’il daigne lui envoyer Lazare, le Pauvre, pour soulager sa soif en trempant dans l’eau le bout de son doigt afin de lui rafraîchir la langue !… Déjà, chers frères, le Riche soupçonne que le Monde Nouveau n’est pas à l’image du monde ancien qu’il vient de quitter. Il ne pense plus aux doigts ulcéreux du mendiant. Il aperçoit l’homme rayonnant auprès d’Abraham et implore la pitié. Son attitude n’est plus irréfléchie et il est contraint de s’incliner devant la Vérité. Son orgueil semble avoir disparu et, déjà, il désire témoigner de sa découverte. Il ne se révolte pas devant ses souffrances car il comprend l’erreur de sa vie matérielle. À présent, par compassion pour ses frères qui partagent sur terre le mode de vie qu’il avait adopté, il désire ardemment que ceux-ci soient avertis qu’il existe, dans l’Hadès, un lieu de tortures : des tortures qui sont autant physiques que morales. Il est important que vous le compreniez ! Par quelque abus que vous ayez péché en votre corps, ce sera dans l’Autre Monde comme une révolte de vos organes, comme un feu qui brûlera le mal jusqu’à ce qu’il n’en reste plus aucune trace. Mais l’amour que vous avez pour le Christ et les efforts que vous faites pour vous réformer intérieurement alors que vous êtes encore sur la terre contribuent d’une manière non négligeable à atténuer les souffrances purgatives. Ils sont la clé de la guérison spirituelle !

Dans cette parabole, Jésus, déjà, prophétise au sujet de Sa Mort sur la Croix et de Sa Résurrection d’entre les Morts. Dans Son Agonie, Sa langue sera rafraîchie ; après Sa Résurrection, les hommes ne se seront pas laissés convaincre !… Regardez le monde : après un christianisme éclairé par les Apôtres, des hommes ont continué de tuer, même pour imposer l’Amour et l’Église de Dieu ! Au nom de la Vérité, ils ont torturé, massacré, et aujourd’hui, il en est toujours ainsi !…

Car le Prince des Ténèbres incite les âmes à se perdre dans le désert du Riche en leur ôtant tout pouvoir de discernement, en leur faisant perdre tout sens du péché. C’est vrai ! Jésus-Christ est ressuscité d’entre les morts et pourtant, les hommes qui ont été les témoins de Sa Résurrection ne se sont pas laissé convaincre ! Mais la partie n’est pas perdue pour autant. Dieu continue d’agir et de soutenir les êtres qui L’implorent et ceux qu’Il a choisi de protéger.

Contrairement aux commentaires de certains théologiens, cette parabole ne condamne pas les manifestations spirituelles qui peuvent se produire dans le monde matériel, pas plus qu’elle n’en révèle l’inutilité. Sinon, pourquoi Marie, la Mère du Sauveur, manifesterait-Elle Sa présence dans les endroits bénis de Ses apparitions ? Comment ces messages mêmes seraient-ils rendus possibles ?

Dieu le Père est Tout Amour et Il désire, à travers Ses envoyés, prophètes ou messagers – comme à travers les prêtres de Son Église Bénie – rappeler à la terre Sa Présence et lui redire que tous les hommes sont Ses fils bien-aimés, engagés sur le fleuve de la Vie. Toute navigation comporte des dangers et la race humaine n’en est pas exempte. Qu’elle prenne donc garde de ne pas trop s’éloigner de la rive et de ne pas sombrer dans les abîmes sans fond !

+ Vos frères dans l’Espérance