Chemin de Croix médité (Tome 1)





(inspiré au messager par son Bon Ange)

PREMIÈRE STATION : JÉSUS EST CONDAMNÉ À MORT

Seigneur, combien nous Vous aimons et voulons Vous soutenir dans cette injuste épreuve ! Ces hommes que Vous avez enseignés, ces hommes que Vous avez aimés, les voilà à présent qui Vous jettent la pierre et qui Vous condamnent, alors que Vous ne leur avez jamais donné que du bien. Nous nous disons : « Si nous avions été à leur place, nous n’aurions jamais condamné le Seigneur ! nous n’aurions jamais préféré Barrabas au Fils de Dieu ! » Et pourtant… pourtant, que faisons-nous, Seigneur, lorsque, égarés par notre orgueil, nous préférons nous contempler plutôt que Vous et nous attacher à nos propres désirs, à nos propres plaisirs, à toutes ces choses qui comblent notre chair en la mettant en valeur et qui comblent nos sens en leur donnant libre cours ? Que faisons-nous, Seigneur, sinon Vous abandonner pour Vous préférer le Barrabas qui en chacun de nous sommeille ?

Seigneur, aidez-nous à conserver des idées pures et un jugement sain. Aidez-nous à nous éloigner des tentations, et, lorsque nous devons y être soumis, aidez-nous encore à ne point y succomber. Car, Seigneur, chaque fois que nous péchons, nous Vous blessons dans notre cœur, nous Vous bannissons de notre cœur : dans notre faiblesse, nous préférons la corruption à l’honnêteté, la trahison au combat, et, lorsque nous avons péché, nous découvrons alors en nous les ténèbres de Votre absence… Merci, Seigneur, de nous aimer au point de nous manifester cette absence afin que dans le manque de Vous, nous n’ayons plus qu’un seul désir : Vous retrouver au plus tôt dans un cœur purifié !

Seigneur, nous qui sommes horrifiés devant Votre injuste Mort, donnez-nous de comprendre vraiment toute la valeur de Votre Sacrifice. Pardonnez-nous nos faiblesses et aidez-nous à Vous conserver précieusement dans notre cœur en nous accordant Votre Grâce.

DEUXIÈME STATION : JÉSUS EST CHARGÉ DE SA CROIX

Mon Dieu, quel lourd fardeau les hommes Vous mettent sur l’épaule ! C’est le fardeau de leurs péchés, de leur corruption, de leur haine, de leur violence… C’est le fardeau de tous, celui du monde entier. Vous seul, qui êtes Dieu, étiez capable de porter tel faix. Tous ces péchés dans lesquels s’est vautrée l’humanité, tous ces péchés dont elle se délecte encore, Vous les avez transformés par Votre Sainte Croix en Souffrance Rédemptrice ! De cette fange épurée sous Vos pas, Vous avez pavé le chemin du Ciel et construit la Porte de Votre Paradis. Car, à Votre contact, l’impur devient blanc, le corrompu devient sans tache.

Seigneur, combien cette Croix Vous a coûté de souffrances ! Aidez-nous à supporter nous aussi nos souffrances et à Vous les offrir, afin qu’elles puissent contribuer à alléger les Vôtres. Seigneur, cette Croix est le poids de nos péchés : même deux mille ans plus tard, elle pèse encore sur Votre épaule ! Nous voulons Vous soulager, Seigneur. Faites que, dans nos tentations, Votre Grâce nous rende forts et que nous ne tombions pas. Faites que nous ayons le courage de souffrir saintement lorsque des misères nous accablent, et donnez-nous la force de les accepter avec calme et de les supporter sans rechigner. Donnez-nous aussi, Seigneur, la force d’offrir souvent des renoncements et des sacrifices à Votre Cœur Miséricordieux, afin d’aider dans le combat les âmes en difficulté et de les ramener à Vous. Ainsi, nos propres croix nous seront plus légères, Seigneur, parce qu’en Vous les offrant, elles ne restent pas vaines et rejoignent la Vôtre !

Seigneur, nous sommes parfois effrayés devant nos propres croix : montrez-nous la Vôtre ! Ne la dérobez point à nos yeux afin qu’ils s’ouvrent sur les terribles Souffrances que Vous avez endurées à cause de nos péchés.

TROISIÈME STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA PREMIÈRE FOIS

Comme nous Vous aimons, Seigneur, dans cette première chute ! Ne nous montre-t-elle pas combien Vous étiez semblable à tout homme de cette terre ? Quelle humilité ! Vous, qui êtes parfait, êtes allé jusqu’à trébucher sur un chemin pierreux et à tomber dans la poussière avec la Croix. Vous qui aviez le pouvoir d’ordonner aux anges et à toutes les Puissances Célestes de Vous soutenir et d’alléger ce fardeau, avez assumé notre condition d’homme jusqu’au bout et fait la preuve de Votre Sainte Humanité. Vous avez accepté la fatigue de ce long et pénible cheminement jusqu’au Calvaire, et Vous avez voulu la ressentir jusque dans Vos muscles, jusque dans Vos os, comme tout homme l’aurait ressentie. Vous avez voulu connaître cela afin de nous soutenir de Votre Force après Votre Sacrifice et de nous empêcher de tomber à notre tour…

Seigneur, combien nous Vous aimons dans cette Faiblesse volontaire qui nous dévoile la Grandeur de Votre Amour et nous enseigne la valeur de cette souffrance que tant d’êtres humains refusent de connaître… Vous qui Vous êtes rabaissé au point de choir devant une foule hystérique et assoiffée de sang, Seigneur, nous Vous adorons.

Car il est vrai, Seigneur, que si Votre Personne humaine s’est effondrée, ce n’était que pour laisser place, après Votre Sacrifice, à Votre Personne Divine. Apprenez-nous, Seigneur, à accepter nos échecs et nos humiliations à la vue de tous. Si nous en souffrons, aidez-nous à Vous offrir ces souffrances. Sollicitez-nous, afin qu’elles deviennent sources de Grâces. Si c’est dans la boue que nous tombons, Seigneur, venez, venez à notre secours sans tarder, car sans Vous nous ne sommes rien et sans Votre aide précieuse nous ne saurions nous relever seuls.

QUATRIÈME STATION : JÉSUS RENCONTRE SA MÈRE

Dans Votre Souffrance, Seigneur, voilà que paraît Votre Mère, Marie, Celle qui Vous a donné au monde. Elle est là, compatissante, pour Vous accompagner jusqu’au bout de Votre Chemin terrestre et Vous soutenir de Sa présence. Comme Vous, Elle souffre dans Sa chair et va porter, invisibles mais réels, les stigmates de Votre Sainte Passion. Elle est Celle qui va ressentir chaque insulte, chaque coup, chaque blessure, jusqu’au plus profond de Son Cœur de Maman. Cœur à jamais uni au Vôtre par cette souffrance et cette commune Offrande au Père Éternel. Marie est là qui souffre avec Vous, ô Seigneur : n’est-Elle pas appelée la Co-Rédemptrice ? Telle est Sa mission de Mère : unir Son Cœur à Celui de Son Divin Fils et donner au monde le premier exemple d’un amour entier, total, un amour qui ne s’embarrasse pas de calculs ni de réflexion. Lorsque, dans la souffrance, un cœur saigne, son sang devient un glaive acéré qui transperce le cœur de l’autre et le fait saigner à son tour.

Marie, Mère de Jésus, montrez-nous comment consoler nous aussi le Seigneur. Vous êtes Celle qui va suivre Ses pas le plus fidèlement, comme Dieu Vous l’a demandé. Vous êtes la Mère des mères, la Servante du Serviteur ! Puissions-nous suivre Votre exemple et témoigner à Jésus, Votre Fils, notre soutien.

Ô Seigneur, combien Vous devez, dans Votre Souffrance, aimer cette présence de Votre Mère et combien Votre Cœur doit s’élancer vers Elle ! Ne nous dévoilez-Vous pas ici la grandeur de l’Amour d’une Maman ? Combien d’hommes renient leur mère pour de futiles questions matérielles ! Ne sont-ils pas profondément injustes de rejeter ainsi celle qui leur a donné la vie ? Vous qui avez tant aimé rencontrer Vôtre Mère sur le Chemin de la Croix, inspirez aux hommes dont le cœur est séparé de la leur le désir de la retrouver. Qu’y a-t-il en effet de plus beau et de plus grand sur terre que l’amour d’un enfant pour sa mère et d’une mère pour son enfant ? Aidez-nous, Seigneur, à le découvrir plus profondément, avant qu’il ne soit trop tard, afin que ces liens restent forts dans l’Éternité.

CINQUIÈME STATION : SIMON DE CYRÈNE AIDE JÉSUS

Seigneur, sur ce chemin pierreux où se heurte la Croix, un homme Vous est envoyé pour Vous soulager de cette charge si lourde et apaiser un peu Votre Souffrance. Il est là, derrière Vous, et Vous ne pouvez pas ne pas l’aimer car il représente, Seigneur, nous tous qui désirons aussi soulager Votre peine ! Si Vous avez accepté qu’un homme Vous aide à porter cette Croix et marche à Votre suite, n’est-ce pas pour nous montrer que chaque souffrance que nous portons pour Vous dans notre cœur ou dans notre corps Vous est agréable dès lors que nous l’unissons au poids de Votre Croix ?

Ah ! Seigneur, combien d’hommes ne croient plus que la souffrance est rédemptrice et recherchent tous les moyens possibles pour l’éliminer ! Enseignez les cœurs à l’accepter comme Vous l’avez fait, à accepter de la partager avec d’autres dans l’humilité, et à l’offrir au Père pour tous les pécheurs. Si Vous êtes le Rédempteur, nous, les hommes, ne devons-nous pas aussi Vous prendre pour Modèle et marcher à Votre suite, supportant, à notre si faible mesure, une part infime du poids de la Croix ?

Car nous Vous aimons, Seigneur ! Combien nous souhaiterions que Vous puissiez voir en nous d’autres Simon  ! Combien nous souhaiterions pouvoir faire toujours davantage pour que le monde soit sauvé ! Aidez nous, Seigneur : révélez à nos yeux Votre visage souffrant afin que dans l’épreuve, nous sachions ne point nous révolter, ne point Vous insulter comme la foule païenne, mais Vous apercevoir, devant nous, comme Vous apercevait Simon. Vous voyant ainsi, épuisé et courbé sous le poids des péchés du monde, nous ne penserons plus à nos malheurs, Seigneur. Nous n’aurons qu’un désir : Vous aimer davantage et Vous aider, Vous aider toujours.

Alors, tournant la tête, Vous révélerez à nos yeux Votre regard miséricordieux et reconnaissant, et Vous nous direz, au milieu de Votre Souffrance : « Merci, Mes enfants. Avancez, suivez-Moi. Le chemin est ardu mais la victoire est douce… »

SIXIÈME STATION : UNE FEMME ESSUIE LE VISAGE DE JÉSUS

Défiguré par la souffrance et par l’effort, Vous apercevez, Seigneur, une main humaine qui s’approche de Votre visage et Vous sentez sur Votre front un linge doux. C’est une femme qui, bravant les soldats, vient essuyer Votre Face. Combien Vous aimez ce geste si pur et si affectueux, Seigneur ! Combien Vous aimez le plus petit acte de charité que nous témoignons à nos frères humains ! Car, ne l’avez-Vous pas dit, «… dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de Mes frères, c’est à Moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40) ? Ainsi, chaque fois que nous témoignons à nos frères notre amour, que ce soit par la prière, des paroles de soutien, d’encouragement, ou des actes charitables, c’est à Vous, Seigneur, que nous le faisons, et c’est à Votre Grâce que nous le devons.

Alors que le monde Vous crache au visage, qu’il se moque de Vous, qu’il ne croit pas en Vous, acceptez, Seigneur, que, malgré notre indignité, nous puissions Vous offrir nos bonnes actions, nos sacrifices et nos renoncements en compensation de toute cette haine et par pur amour pour Vous. Permettez aussi que nos bonnes actions viennent compenser toutes celles par lesquelles nous Vous blessons si profondément, nous qui savons qui Vous êtes et succombons malgré tout si souvent encore aux tentations… Permettez que nos sacrifices viennent compenser les dérèglements du monde, qui ne comprend plus le sens de la souffrance et ne pense qu’à satisfaire son orgueil et à assouvir ses passions.

Aidez-nous, Seigneur, à Vous rester fidèles et à Vous offrir notre vie entière, le moindre de nos gestes, la moindre de nos paroles et de nos pensées. Aidez-nous, Seigneur, à Vous ouvrir totalement notre cœur afin que Vous puissiez, à travers lui, agir comme il Vous plaît !

SEPTIÈME STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA DEUXIÈME FOIS

Une fois de plus, Seigneur, Vous chutez sous le poids de la Croix. Plus Vous avancez et plus elle Vous paraît lourde. Une fois de plus, Vous pourriez être tenté de demander secours aux Puissances Célestes mais Vous n’en faites rien : pour nous sauver, Vous avez choisi de boire la Coupe jusqu’à la lie. Quelle reconnaissance nous Vous devons, Seigneur ! Combien plus, Vous voyant ainsi souffrir, devrions-nous faire d’efforts lorsque nous aussi souffrons ou lorsque nous sommes tentés !… Et s’il nous arrive de chuter, combien plus devrions-nous avoir une pensée pour Vous et nous relever bien vite au lieu de rester dans le péché !

Nous Vous remercions, Seigneur, de Vous pencher sur notre faiblesse chaque fois que nous tombons, et nous Vous implorons, alors que notre conscience est claire, de nous secourir lorsque nous n’avons pas même une pensée pour Vous. Car dans le péché, nous sommes aveuglés, Seigneur. Nous sommes sourds à Vos exhortations et nous nous engluons dans notre égoïsme et notre concupiscence. Votre Face nous devient une gêne à cause du Mal qui sévit en nous, et c’est seulement lorsque le péché est consommé que notre conscience, en proie aux remords, La laisse de nouveau se profiler devant nos yeux. Combien alors nous nous sentons indignes, Seigneur, devant Votre Grandeur ! Car ce n’est point Votre chair qui a faibli, ce n’est point Votre esprit : c’est seulement Votre corps sous le poids de la Croix, sous le poids de nos péchés et non des Vôtres ! Vous n’avez pas été faible, Seigneur, c’est nous qui l’avons été ! Vous n’êtes pas tombé de Vous-même, Vous avez été accablé par la faiblesse humaine.

Nous Vous remercions, Seigneur, d’avoir accepté de vivre pour nous cette humiliation et nous contemplons Votre Grandeur, cette Grandeur que seuls ceux qui Vous aiment peuvent comprendre. Dans notre faiblesse, ayez pitié de nous, Seigneur.

HUITIÈME STATION : JÉSUS PARLE AUX FEMMES DE JÉRUSALEM

Seigneur, nous sommes humains, et, comme les femmes de Jérusalem, nous avons tendance à nous indigner devant Votre Souffrance et à nous révolter contre Vos bourreaux. Nous oublions pourtant que, par Votre Passion, Vous accomplissez la Parole de Dieu, et que Vous l’accomplissez dans la perfection la plus totale. Nous oublions que si Vous souffrez, Vous avez accepté cela pour nous qui trouvons le spectacle de cette Souffrance insoutenable. Aidez-nous donc à comprendre le Mystère de la Rédemption. Aidez-nous à saisir le sens de Votre Calvaire et à ne point montrer de révolte contre ceux-là mêmes que Vous – qui êtes l’Innocente Victime – avez déjà pardonnés. Seigneur, le Mystère de Votre Rédemption ne doit pas être appréhendé avec les yeux du sentimentalisme mais avec ceux du véritable amour. Cette douleur que nous ressentons ne doit pas être mêlée de révolte ou de haine parce que Votre Cœur n’a jamais connu de tels sentiments. Ne suivons donc pas l’exemple des femmes de Jérusalem qui ne comprennent pas Votre Sacrifice, mais suivons le Vôtre, Seigneur, et écoutons Vos paroles, celles que Vous donnez à ces femmes pour les apaiser.

Combien nous nous rebellerions volontiers lorsque nous voyons en chirurgie jaillir le sang, mais nous comprenons que ces interventions sont nécessaires à notre santé. Alors, devant Votre Souffrance, ne nous révoltons pas mais reconnaissons qu’elle aussi fut nécessaire, et laissons simplement notre cœur s’unir au Vôtre pour L’aimer. Car, par Votre Sacrifice, Vous nous avez rachetés, et sans lui nous n’aurions pas eu la certitude de la Vie Éternelle.

Seigneur, enseignez-nous la douceur : devant le spectacle de la violence, du terrorisme et de la corruption qui partout sévissent dans notre société, armez notre cœur d’un amour semblable au Vôtre, qui puisse nous apaiser et nous conduire à prier et à agir calmement et charitablement plutôt qu’à juger, condamner ou réprimer. Car la violence et la provocation restent souvent perplexes devant le calme et l’amour – Vos deux armes, Seigneur. Apprenez-nous à les porter à notre tour avec courage.

NEUVIÈME STATION : JÉSUS TOMBE POUR LA TROISIÈME FOIS

Combien nous souffrons avec Vous, Seigneur, de Vous voir tomber une troisième fois ! Mais nous savons que ce fut nécessaire à notre salut et nous Vous en témoignons la plus grande reconnaissance. Pour vous plaire, Seigneur, nous voudrions mieux Vous aimer. Nous voudrions être plus forts face au péché, plus fermes dans nos résolutions, plus assidus dans nos prières. Nous voudrions Vous offrir des vertus plus solides, des chutes moins fréquentes dans l’égoïsme et l’amour-propre. Car si nous devons nous aimer nous-mêmes, c’est la graine de perfection que Vous avez semée en nous, Seigneur, que nous devons aimer ; c’est Votre œuvre à Vous et non la nôtre. Et pour que Votre Grâce nous parvienne et nous comble de Ses dons, il a fallu que Vous tombiez et que Vous fussiez blessé.

Combien il est difficile, Seigneur, de renoncer à soi-même et aux futilités du monde ! Comme il est humiliant de ne point se défendre lorsqu’on est faussement attaqué, lorsqu’on est calomnié ! Comme il est dur de se taire et de supporter en silence sans révolte ni colère ! Jusqu’au plus grand dépouillement, Vous l’avez fait, Seigneur, et nous devons suivre Votre Exemple d’Amour et de Douceur.

Si, lorsque nous tombons dans le péché, nous savions tourner nos regards vers Vous et regarder Votre visage couvert de sang et de crachats, alors, l’esprit accablé par la peine, nous oublierions bien vite nos tentations et n’aurions plus qu’un seul désir : voler à Votre secours et Vous apporter notre aide, notre soutien, notre amour. Donnez-nous donc, Seigneur, la Grâce toute particulière d’avoir pour Vous une pensée dans la tentation, la pensée d’un visage souffrant, défiguré par la douleur. Alors, peut-être aurons-nous la force de nous détourner du Mal et de nous réfugier entre Vos bras. Merci, Seigneur, de nous avoir dotés d’une conscience qui nous permette de discerner le bien du mal. Vous pouvez Vous y exprimer et nous faire ressentir les blessures que nous Vous infligeons. Merci, Seigneur, de nous accorder la Grâce de pouvoir encore Vous demander pardon.

DIXIÈME STATION : JÉSUS EST DÉPOUILLÉ DE SES VÊTEMENTS

Sous les yeux de la foule hurlante et moqueuse, Vous êtes dépouillé de Vos vêtements. Tel Vous vîntes au monde dans les bras de Marie, tel Vous repartez à présent vers le Père. Et Vous êtes triste, Seigneur, parce que la foule n’a rien compris. Vous lui avez donné tout ce que Vous aviez de plus précieux : l’Enseignement du Père, et elle n’en a pas voulu. Votre Amour, et elle l’a rejeté. Votre propre vie humaine et, comme pour les bandits, comme pour les voleurs, elle Vous a dépouillé de Vos vêtements qui sont tirés au sort. Vos blessures paraissent au grand jour, mais la foule, dans une folie sanguinaire, attend le spectacle de Votre Crucifixion.

Ne soyons pas colères ! Telle était l’Écriture… Seigneur, Vous n’avez pas un seul mouvement de révolte, Vous acceptez les humiliations jusqu’au bout. Apprenez-nous à accepter sans murmure les épreuves : elles nous débarrassent si bien de notre orgueil et de notre amour-propre ! Apprenez-nous à nous dépouiller du « vieil homme » (Rm 6, 4) et à éliminer de notre vie tout ce qui nous sépare de Vous, tout ce qui flatte notre personne, notre image de marque, notre égoïsme, notre sensualité, car Vous désirez, Seigneur, que nous soyons tout à Vous.

Nous Vous remercions, Seigneur, pour les épreuves que Vous permettez que nous subissions, car c’est souvent dans la douleur et le découragement que nous nous tournons vers Vous. Combien peu nous pensons à le faire dans la joie et le bonheur ! Et pourtant, Seigneur, Vous aimez tant aussi à Vous réjouir avec nous ! Soyez toujours notre Guide, Seigneur, et enseignez-nous l’humilité : que notre vie nous conduise à cette profonde vertu par laquelle seule nous pouvons parvenir à Vous connaître vraiment. Combien Vous êtes grand et combien Vous Vous êtes abaissé ! Apprenez-nous aussi à le faire en nous montrant notre petitesse, en nous révélant la vanité de certaines de nos actions, paroles et pensées. Faites-nous voir le monde avec les yeux de l’amour, de Votre Amour, Celui qui peut démasquer le mensonge et faire pâlir les lumières humaines.

Apprenez-nous à haïr nos défauts en même temps qu’à chérir les qualités que Vous développez en nous à travers la foi, l’espérance et la charité.

ONZIÈME STATION : JÉSUS EST CLOUÉ SUR LA CROIX

La Croix : ultime but de Votre vie terrestre, ô Seigneur… La Croix : apogée de Vos Souffrances… La Croix : instrument de Votre Victoire ! Comment ne pas Vous remercier toute notre vie, Seigneur, pour nous avoir sauvés par Votre Sainte Croix ! Ah ! combien Vous souffrez, Seigneur, sur cette Croix ! Tout Votre corps est meurtri, Vos muscles tendus se déchirent, Votre tête s’affaisse sur Votre épaule, les clous brûlent Vos chairs, le bois blesse Votre dos sanguinolent. Le spectacle est insoutenable. Mais il faut que nous Vous regardions, il faut que nous contemplions Vos plaies pour que nous comprenions quel est le prix de notre salut ! Nous Vous aimons plus que tout et nous adorons en Vous notre Seul et Unique Seigneur, Celui qui s’est fait Homme comme nous pour que nous soyons enfants de Dieu comme Lui.

Sans Votre Calvaire, Seigneur, la Croix n’aurait aucune force, mais par lui, elle devient Maîtresse des Puissances d’En-haut : toute la Cour Céleste s’incline devant elle et les forces du mal fuient même devant son ombre car c’est elle qui sauve, c’est elle qui délivre, c’est elle qui ouvre les Portes du Ciel ! Instrument de rachat par excellence, elle est aussi notre patrimoine dès lors que nous acceptons de porter la nôtre avec courage. Par la Grâce de Dieu, les souffrances, prières et sacrifices des uns peuvent compenser les vilenies des autres. Nous Vous remercions, Seigneur, d’accepter d’unir nos misères à Votre Sacrifice Parfait afin que puissent être rachetés nos frères sombrés dans le péché. Pour nous et aussi pour eux-mêmes nous implorons Votre Clémence au jour du Jugement. Mais nous avons confiance en Vous puisque Vous êtes Toute Miséricorde.

Il nous est plus doux de souffrir avec Vous, Seigneur. Et iI nous est plus doux de savoir que si nous Vous offrons ce qui nous blesse le plus – que ce soit dans notre cœur ou dans notre corps -, Vous l’acceptez et regardez ce don avec bienveillance. Vous qui lisez dans nos âmes, Seigneur, voyez notre sincérité, voyez notre amour pour Vous, voyez notre reconnaissance. Seul Vous, Vrai Dieu, avez pu ainsi vous offrir pour racheter le monde. Seigneur, nous croyons, et, en cela, Votre Sacrifice n’a pas été vain ! Donnez-nous la Grâce de vivre saintement et de Vous décevoir le moins possible. Restez avec nous chaque jour et guidez nos pas. Délivrez-nous du désespoir, et, lorsque notre croix nous accable, donnez-nous « la force de la supporter » (1 Co 10, 13). Pour nos joies, nos bonheurs, nos succès, soyez remercié, Seigneur. Pour nos doutes, nos malheurs, nos échecs, soyez béni, car Vous avez racheté le monde par Votre Sainte Croix. Unissons-lui donc la nôtre et suivons Vos pas : telle est la voie la plus sûre pour parvenir un jour aux Demeures Éternelles.

DOUZIÈME STATION : JÉSUS MEURT SUR LA CROIX

Écoutons le cri que Vous lancez au Ciel, Seigneur, avant que d’expirer sur la Croix. Il exprime les limites de l’Homme mais il annonce la Victoire de Dieu ! Il contient Votre souffrance et Votre désespoir mais aussi l’expiation de la Faute Première. Seigneur, nous sommes bouleversés devant tant de peine. Quelle horrible image de la terre et des hommes Vous auriez pu conserver ! Mais il n’en est rien puisque, au-delà de Votre Calvaire, Vous nourrissez par Votre Corps et Votre Sang ceux qui sont Vos amis, et Vous avez la joie d’être accueilli dans leur cœur. Nous Vous aimons, Dieu Sauveur, nous aimons Votre Enseignement, nous aimons Vos Commandements et Votre Amour pour nous, car il est le seul Amour qui puisse donner la Vraie Vie, celle qui dure éternellement auprès de Vous. Bientôt, Vous remonterez vers le Père et la Victoire de la Vie sera définitive !

Malgré les souffrances et les renoncements que cela peut nous demander, apprenez-nous, Seigneur, à mourir au monde matériel pour naître à la vie spirituelle, celle de l’âme qui ne s’épanouit que dans la foi et dans l’amour. Apprenez-nous à mourir à nous-mêmes, à étouffer en nous tentations, orgueil, amour-propre, et à devenir véritablement humbles, pas seulement de cette humilité qui s’exprime en paroles, mais aussi de celle qui s’exprime en actes d’acceptation et d’obéissance. Seigneur, apprenez-nous à ne pas toujours vouloir avoir le dernier mot, surtout lorsque nous savons que nous avons tort. Apprenez-nous à savoir reconnaître la Vérité et à ne pas nous rebeller devant elle pour lui préférer d’orgueilleux jugements personnels. En effet, combien Vous-même, Seigneur, avez été blessé par les jugements des hommes ! Et ne sont-ce pas eux qui Vous ont conduit à la Croix ?

Ô, Seigneur, aidez-nous à mourir à nos vices et à nos imperfections pour que nous puissions dès cette terre Vous rejoindre dans la joie d’un cœur en paix, et pour qu’avec une foi inébranlable nous Vous apportions au monde en brandissant la Croix.

TREIZIÈME STATION : JÉSUS EST DÉTACHÉ DE LA CROIX ET REMIS À SA MÈRE

Seigneur, Vous qui étiez si beau, Vous qui étiez si grand lorsque Vous parliez aux foules, Vous que chacun admirait et suivait, combien il nous est douloureux de Vous contempler, inerte, entre les bras de Votre Sainte Mère ! Combien il nous est difficile de nous transporter au-delà des apparences et de nous dire : « Jésus-Christ est Vivant ! »… Avec Marie, nous souffrons en découvrant chacune de Vos Très Saintes Plaies, marques indélébiles du péché de l’homme que Vous êtes venu réparer, et qui a meurtri Votre corps de son incommensurable orgueil, de son impitoyable violence, de son indicible stupidité…

Seigneur, c’est dans le deuil que nous comprenons le mieux ce qu’a pu être la Douleur de Votre Maman ; c’est lorsqu’un être aimé nous quitte et que nous demeurons cois devant son corps inanimé naguère encore plein d’espérances… Cette atroce douleur qui fait saigner le cœur et fait couler les larmes n’est point sensiblerie ou encore caprice, mais amour, amour vrai, amour partagé auquel participe toute notre affectivité, sans dérèglement ni passion mais dans la plus pure sincérité. Nous Vous offrons, Seigneur, ces larmes d’amour, Vous qui les avez versées sur Votre ami Lazare. Acceptez que nous unissions notre cœur au Cœur Meurtri de Votre Sainte Mère, qui est aussi la nôtre, et que nous Vous pleurions comme ont pleuré Vos frères. Ainsi, avec Marie, nous participerons à cette Grande Douleur qui fut la Vôtre et que nul ne saurait soulager tant que sur terre vivra le péché.

Pourtant, nous espérons en Vous, Seigneur. Comme Marie, nous savons que la Parole doit s’accomplir et qu’une fois le Sanctuaire détruit, en trois jours Vous le relèverez (Cf. Jn 2, 19). Nous savons que Votre Sacrifice n’a pas été vain, et, au-delà des apparences, nous avons confiance en Vous. Notre cœur uni à Celui de Votre Mère dans cette sage espérance, nous Vous supplions, par Vos Très Saintes Plaies, de nous délivrer de nos doutes et du Mal.

QUATORZIÈME STATION : JÉSUS EST MIS AU TOMBEAU

Comme le corps de l’homme mort, Votre Corps est porté au tombeau, Seigneur. Il est dérobé au regard de ceux qui Vous aiment et Votre Présence semble anéantie dans les affres et la froideur de la mort. Quelle tristesse ! Quelle insoutenable peine ! Mais Votre Chemin de Croix ne peut ainsi se terminer, sinon, la Parole serait vaine ! Le Tombeau est l’étape obscure précédant la Lumière, l’apparence de la mort précédant la Vérité de la Vie ! Par-delà cette froide pierre, nous savons que Vous allez surgir, Seigneur, beau et grand comme naguère, car Vous êtes la Parole, et la Parole est Vie ! Nous qui avons été, au long de ce Chemin de Croix, les témoins de Votre Agonie, de Votre Mort sur la Croix et de Votre Mise au Tombeau, donnez-nous la Grâce d’être aussi les témoins fidèles de Votre Résurrection et d’apporter au monde non seulement l’Amour d’un Frère Souffrant pour la Rédemption des pécheurs, mais aussi la Gloire d’un Frère Ressuscité, Vainqueur de la Mort, afin qu’il sache qu’au-delà du tombeau l’attendent la Lumière de l’Éternité et la Joie des retrouvailles.

Ô, Seigneur, par Vos Saintes Plaies, par Votre Glorieuse Résurrection et Votre Ascension auprès du Père, accordez-nous la Grâce d’une bonne mort et comblez notre plus cher désir : celui de Vous rencontrer dans la Gloire du Ciel ! Nous qui avons suivi Votre Sainte Mère au pied de la Croix et avons souffert et pleuré avec Elle, nous qui voulons Vous aimer de l’amour qu’Elle Vous porte, daignez Lui demander, à notre heure dernière, de venir nous tirer des affres du tombeau pour nous conduire à Vous. Mais en attendant, accordez-nous de vivre en union avec Vous dans l’état de Grâce et de communier véritablement au Pain de Vie – ce Corps et ce Sang que Vous nous avez légués comme Nourriture de Perfection.

Que par cette Nourriture, Seigneur, nous devenions des frères dignes de Vous et sachions, nous aussi, prendre notre propre croix et ne suivre que Vous. Ainsi, parvenus aux Portes de l’Éternité, nous n’aurons qu’un pas à franchir pour nous unir à Vous dans Votre Royaume de Gloire. Amen.