Message du 28 octobre 1998





Bien chers frères,

Le premier homme, celui de l’Eden, était à l’image et à la ressemblance de Dieu. Il s’entretenait avec Dieu, à qui il vouait un amour filial sans faille. L’homme était pour Dieu son œuvre de prédilection dans la mesure où l’homme aimait Dieu librement.

Cependant, l’Ange déchu, sous la forme du Serpent, a incité l’homme à se tourner vers lui-même. Il a détourné notre premier parent de la relation qu’il entretenait avec Dieu.

L’homme s’est alors trouvé comme alourdi sous l’effet de la blessure imputée par ce premier péché, qui devait lui masquer dorénavant l’immédiateté de la vie surnaturelle. De ce fait, la création tout entière s’est trouvée elle aussi alourdie à son tour (cf. Rm 8, 20-22). L’homme, qui aurait pu choisir de vivre éternellement dans la parfaite harmonie avec son Créateur, s’est alors trouvé confronté aux conséquences inévitables de son égoïsme et de son orgueil. Dieu, dans son infinie bonté, n’a fait que respecter sa liberté.

Le premier péché, qui a été le fait d’un seul homme, a eu pourtant des conséquences dramatiques : péché personnel qui a détourné Adam de Dieu – et donc du Bien -, il a marqué Adam d’une blessure qui allait devenir le défaut de la cuirasse de toutes les générations futures : le Péché Originel. D’où la dimension intemporelle de ce péché, qui, personnel à l’origine, devient propension au péché transmise chez l’homme de génération en génération.

C’est pourquoi il est nécessaire de comprendre le péché dans le contexte de la solidarité. Parce que nos parents ont péché, nous aussi sommes devenus prédisposés à réitérer leurs actes. Lorsque l’homme vivait en Dieu, tous ses sens étaient régulés par la vie divine. Après le premier péché, l’homme se trouve confronté à la gestion personnelle de toutes les énergies qui bouillonnent en lui. Victime de ses propres erreurs, il doit faire face à leurs conséquences et affronter toutes les difficultés auxquelles le soumet le monde matériel, car Dieu a satisfait son désir de le laisser gérer par lui-même sa propre vie.

Cependant, Dieu aime tellement l’homme qu’il lui envoie son propre Fils pour lui rappeler sa condition d’avant la Chute et lui montrer que, malgré tout, il peut être sauvé – sauvé en le contemplant à travers la personne du Christ, et en acceptant d’entrer par lui, avec lui et en lui, dans le chemin de vie qu’ouvre à tout chrétien le Baptême. C’est, en effet, par ce sacrement que Jésus-Christ mort et ressuscité apporte aux hommes le salut en lavant dans son Sang la faute originelle. Comme tout sacrement, le Baptême n’est pas un acte magique. Il est engagement de la part de l’homme à suivre le Christ, c’est-à-dire à vivre en chrétien, et promesse de la part de Dieu d’assister l’homme de sa grâce dans ce cheminement difficile.

Dans la dimension de solidarité mentionnée plus haut, la phrase de Paul prend ainsi tout son sens : c’est par un seul homme que le péché est entré dans le monde, affectant tous les hommes, et c’est aussi par un seul, Jésus-Christ, que tous les hommes peuvent être sauvés (cf. Rm 5, 12-12).  C’est, en effet, en accueillant en lui la lumière de Dieu, en vivant des dons de son Esprit et en se nourrissant du Pain de Vie, que le nouveau baptisé peut construire dans le Christ son « homme intérieur » (cf. Rm 7, 22 ; Ep 3, 16), celui qui se cache sous la « tunique de peau » (cf. Gn 3, 21), et cela pour la Vie Éternelle.

L’homme qui s’efforce de vivre dans le Christ retrouve, par là même, en quelque sorte, un peu de la condition de l’homme d’avant la Chute. Puisant dans le Christ la force de résister aux tentations et de tendre vers la perfection (cf. Mt 5, 48), il se trouve alors libéré des liens du Péché d’Adam pour vivre la sainteté requise par son engagement de baptisé.

+ Vos frères dans la Vérité