Message du 26 janvier 1986





Bien chers frères,

Combien vous vous montrez peu patients entre vous et combien, sans cesse, vous êtes enclins à juger votre entourage en fonction de vos goûts et idées personnelles sans faire appel à l’Esprit de Sagesse et de Discernement.

Il serait bon, pour votre progression spirituelle, que vous appreniez à penser avec l’Esprit Saint et à regarder toujours du côté qui est éclairé par Sa Lumière. Pourquoi toujours vouloir trancher, généraliser, systématiser, juger en termes extrêmes, en langage d’opposition ? Pourquoi vouloir faire taire vos frères et leur démontrer, par des arguments qui n’en sont pas, que vous avez raison ? Chers amis, vous laissez alors s’exprimer votre amour-propre qui vous pousse à cultiver sans cesse une « image de marque » dont vous retirez quelque fierté par vanité. Vous qui aimez à être admirés, qu’arriverait-il si votre âme était soudain mise à nu ?

Soyez doux avec votre prochain et évitez de le rabrouer violemment, de l’agresser en paroles, de répondre par la méchanceté à ses attaques ou à son calme, de l’humilier lorsque vous en avez l’occasion. Votre cœur n’est point encore suffisamment uni au Cœur de Jésus, point encore étayé par le Cœur de Marie. Vous désirez faire des efforts, vous parvenez à prier davantage, à offrir davantage, à enrichir votre vie de lectures spirituelles, mais dès que vous êtes en société, le démon du jugement vous assaille et vous vous mesurez aux uns et aux autres comme si vous étiez le centre de l’univers, le point de référence ! Vous n’êtes pas humbles, frères, et votre orgueil risque de vous perdre…

Vous désirez sans cesse être remarqués et paraître sous votre meilleur jour. Même le pire des hommes parvient encore à paraître ce qu’il n’est point s’il se vêt de blanc, mais, aux yeux du Seigneur et aux yeux du sage, il ne peut faire illusion. Efforcez-vous de vous bien comporter mais, aussi, de changer votre cœur, de le mouler sur le Cœur Aimant de Jésus. Soyez tendres et patients car vous êtes des volcans. Soyez doux et compréhensifs car vous êtes des loups ! Ne jugez pas sans amour : lorsque vous posséderez l’amour, vous ne pourrez plus juger et vous verrez combien tout est différent !

Ne considérez pas que tout vous est dû : pensez à solliciter l’opinion des autres et à vous intéresser à leurs sentiments et à leur volonté sans toujours imposer la vôtre, à moins que vous ne soyez suffisamment sages pour ne laisser passer à travers vous que la Volonté du Seigneur – mais vous êtes bien loin de cela, n’est-ce pas ?

Pensez à remercier lorsqu’un service vous a été rendu, lorsqu’une invitation vous a été faite, même par le plus petit d’entre les hommes. Sachez vous pencher vers les petits, ceux qui, dans la société, occupent un rang inférieur au vôtre, les pauvres, ceux qui sont défavorisés, ceux qui n’ont ni votre culture, ni votre éducation : ils sont souvent tellement sensibles aux égards qui leur sont prodigués ! Si vous n’allez jamais que vers les personnes instruites si vous-mêmes êtes instruits, savantes si vous êtes savants, si vous n’allez jamais que vers ceux qui vous sont supérieurs pour tirer profit d’eux, si vous n’allez jamais vers les pauvres que pour vous mettre en valeur et pour les mépriser, alors, frères, vous n’avez pas compris ce que sont l’amour et la charité.

Car même entre vous, chrétiens, vous n’êtes pas charitables. Vous êtes trop exigeants, trop sévères, trop tranchants, trop bavards, trop enclins à critiquer ou à argumenter. Purifiez votre cœur et laissez-le parler en vous ! Laissez une larme de compassion couler sur votre visage. Laissez-vous attendrir par les misères et les souffrances du monde, la solitude des uns, les problèmes des autres, le paganisme et les fléaux de la société, dont vous ne vous souciez encore que pour polémiquer… N’êtes-vous point trop souvent des déserteurs qui abandonnent leurs frères et qui, outre quelques paroles charitables et quelques dons, sont incapables de douceur et de patience ?

Laissez-vous toucher par Jésus. Voyez, sentez, goûtez comme Il vous aime. Dans un cœur tout amour, transformez votre vision du monde et soyez de vrais soldats du Christ et de Marie. Acquérez la sensibilité du cœur. Avec l’amour, point de contrariétés et point de haine, point de mépris et point de jugements. Car l’amour est l’antidote de l’amour-propre, du faux amour, celui de soi vécu non point dans le respect mais dans l’orgueil et dans l’égoïsme.

Soyez humbles, frères. Une fois encore, nous vous recommandons de reconnaître vos erreurs et d’en demander pardon coûte que coûte. Soyez vrais. Mais ne vous rabaissez point sans cesse dans le but de voir louer par les autres votre humilité et d’en retirer des satisfactions personnelles. Le cœur véritablement humble possède le sens profond de l’effacement et de la modération car c’est le Seigneur Lui-même qui le guide.

Demandez à Dieu cette vertu et prenez exemple sur Marie, la Fidèle et Humble Servante. Que le Seigneur vous garde et qu’Il vous aide à vaincre vos faiblesses, vos manquements et cet amour-propre qui est encore si solidement ancré en vous. Lorsque votre susceptibilité ne sera plus atteinte par les humiliations et les remarques blessantes, les moqueries et les railleries, lorsque vous ne ressentirez plus le besoin de vous mettre sans cesse en valeur, vous aurez fait un grand pas vers le Seigneur. Sachez vous-mêmes être tout amour et ne point blesser vos frères. Nous vous transmettons notre amour et notre soutien spirituel.

+ Vos frères dans l’Amour