Message du 15 octobre 2024





Mon cher fils,

Il faut aux chrétiens beaucoup de foi, de courage et de persévérance pour vivre l’Évangile dans le monde d’aujourd’hui, où peu à peu s’installe le despotisme des « méchants », la débauche et l’apostasie. J’en suis horrifiée ! Culture, réflexion, sens de l’effort et du travail bien fait, courage, sens de l’honneur et désir de perfection ne sont malheureusement plus au goût du jour. Spiritualité et dévotion non plus… S’en frottent les mains ceux qui veulent abêtir les jeunes générations – et même les autres – dans le dessein de les mieux soumettre à leur volonté et de les éloigner de Dieu et de la foi catholique, cette foi qui, pourtant, est si précieuse à tout être humain puisqu’elle conduit à l’éternelle béatitude auprès de Dieu.

Pour n’en prendre qu’un exemple, j’évoquerai simplement le comportement de nombre de ces jeunes filles qui, pendant la semaine, prennent les transports en commun pour rejoindre leur établissement scolaire, et que vous avez eu, mon fils, l’occasion d’observer maintes fois. Moi qui, au moment de ma conversion, me suis reprochée les futilités et vanités de ma folle jeunesse, je ne leur arriverais aujourd’hui pas même à la cheville ! Je vais donc en brosser, pour ceux qui me liront, un rapide portrait.

Écouteurs sur les oreilles et yeux rivés sur les écrans de leur téléphone portable ou de leur tablette, vous pourriez croire que ces jeunes personnes profitent de ce moment privilégié pour réviser leurs cours ou se nourrir, grâce à ces merveilles de l’électronique, de lectures édifiantes et de documentaires instructifs. Point du tout ! car, en réalité, elles jouent à des jeux vidéo stupides tout en se laissant enivrer par des musiques dont les vibrations retentissent parfois dans tout leur corps. Pas une seule pensée d’ordre spirituel ni même intellectuel ne vient, au milieu de cette inharmonie, effleurer leur conscience ; ni aucun désir de Dieu ou élan vers notre doux Jésus : elles n’en ont cure – et pour cause, puisqu’elles ne connaissent de lui que le nom ! Rien ne surgit en leur for intérieur qui pourrait élever tant soit peu leur âme vers quelque transcendance. Chez elles, vous ne trouverez que superficialité, désir de paraître, émotions exacerbées, orgueil et culte du moi.

Lorsqu’elles sortent de cet autisme addictif, c’est pour se retrouver debout, à papoter avec les copines de classe qui les ont rejointes en chemin. Alors, surexcitées, elles échangent, avec force mimiques, et sans aucun respect pour les personnes qui les entourent, des propos futiles, terre-à-terre, stupides ou même extravagants, centrés principalement sur leurs nouveaux jeux vidéo, leurs dernières acquisitions vestimentaires, leurs faux ongles peinturlurés, leurs produits de beauté et leurs tatouages, leurs relations houleuses avec leur mère et leur père, ou carrément hostiles avec un professeur qui les « saoule » ! Puis, c’est l’évocation inattendue d’un chaton adoré qui s’est vu réduire en bouillie sous les roues d’une voiture, racontée à grand renfort de reniflements et mouchoirs par sa jeune maîtresse. Mais le comble dans tout cela est, indubitablement, la manière dont ces jeunes élèves narrent leurs dernières conquêtes amoureuses et leurs stratégies de séduction, détaillées avec faconde et sans la moindre réserve, le tout parsemé de mots grossiers, d’éclats de rires et de pléthore de détails indécents, qui les font apparaître aux yeux de personnes dotées de savoir-vivre et de sens commun, comme de petites bêtasses irresponsables dont l’éducation serait entièrement à refaire. Les mentalités ont bien changé, mon cher fils, et, croyez m’en, j’en suis fort attristée !

J’ai choisi cet exemple à dessein avant que d’aborder ce qu’il advient du peuple de Dieu au sein de l’Église catholique, puisque ce peuple a subi, lui aussi, au fil des dernières décennies, un même dévoiement, au point que se disent encore « catholiques » des hommes et des femmes qui, souvent, ne croient plus à l’existence historique de notre Seigneur Jésus-Christ, ni à sa Résurrection (cf. 1 Co 15, 12-14), ni à sa conception virginale, ni à ses miracles et actes de puissance, ni aux dogmes de foi enseignés par l’Église – dont le Diable et l’Enfer font partie intégrante – et, pour couronner le tout, qui ne confessent plus leurs péchés auprès d’un prêtre, ne fréquentent plus régulièrement la messe dominicale et ne reçoivent plus l’Eucharistie, quand encore ils ne mènent pas des vies de patachons ou n’ont pas carrément sombré dans l’athéisme !

Combien, je souhaiterais que, pour plaire à mon Dieu, les familles chrétiennes prennent le temps de lire les Écritures, de prier, de faire oraison, de s’instruire de saines lectures spirituelles, et de fréquenter les sacrements. Mais aujourd’hui, un tel programme est malheureusement bien peu attrayant face à Internet – l’idole de ce temps – et aux grands rassemblements païens où, dans des contextes ludiques ou prétendument culturels et artistiques, Satan n’hésite plus à se manifester ouvertement sans pourtant que quiconque ou presque n’y décèle sa sardonique stratégie.

Il faut dire que l’actuelle pénurie de prêtres dans vos villes et vos villages n’améliore point cette dramatique situation : si les séminaires se vident, mon fils, les églises, comme par capillarité, se vident tout autant. En outre, il advient aussi que nombre d’ecclésiastiques traversent de sombres périodes de solitude, de dépression et, dans les zones les plus défavorisées, de surmenage, voire de doutes sur leur vocation.

Il faudrait, en conséquence, que tous ces ecclésiastiques, conscients de leur faiblesse, se donnent concrètement les moyens de toujours être d’authentiques « hommes de Dieu », dignes de leur ministère et pleinement engagés dans celui-ci en étant profondément soutenus par leur hiérarchie – ce qui n’est, dans la réalité, pas toujours le cas – et qu’ils s’efforcent de rester irréprochables tout au long de leur vie et particulièrement dans leurs activités au service de l’Église, fortifiés et portés par la prière des Heures, le Rosaire, l’oraison, l’adoration, des lectures spirituelles édifiantes et le jeûne. Ils se trouveraient alors mieux armés contre les tentations et le découragement, et, toujours pleinement conscients de la grandeur de leur sacerdoce, s’efforceraient d’honorer celui-ci avec amour, humilité et dévouement.

Cependant, cela exige de ces serviteurs de Dieu – qui, je le rappelle, ont l’insigne privilège de mander sur les autels le Seigneur Jésus en personne et de le tenir dans leurs mains consacrées – qu’ils s’efforcent de rester chastes tant dans leurs pensées que dans leurs paroles et dans leurs actes, prudents dans leurs fréquentations, et d’une orthodoxie sans faille dans leurs enseignements. Alors, leur prédication serait de feu depuis la chaire, et leurs paroles de miséricorde dans l’intimité du confessionnal, produisant dans le cœur des fidèles le même effet que celles, à son époque, du très vénérable Curé d’Ars.

Donc, vos prêtres – et a fortiori vos évêques – devraient être d’authentiques missionnaires de notre doux Seigneur, brûlants de charité, et parés, par la sainteté de leur vie, pour conduire leurs ouailles à travers les plus grandes tribulations. Parés aussi pour les libérer, par la grâce de Dieu, de leur vie de péché, à l’image de Moïse, qui conduisit le peuple hébreu hors de l’Égypte, où il était réduit en esclavage (cf. Ex 13, 17-22), et lui fit traverser la Mer Rouge à pied sec (cf. Ex 14, 21-31). Ils devraient être pour tous des exemples de charité et de dévouement, toujours prêts à enseigner, tels de bons maîtres dont l’érudition et la pédagogie font l’admiration de leurs élèves et donnent forcément naissance à de futurs émules. Car les chrétiens, mon cher fils, ont un urgent besoin d’authentiques témoins du Christ Jésus qu’ils puissent admirer sur cette Terre et dont ils puissent imiter les vertus.

Il n’est, en vérité, que de saints prêtres qui soient de force à réveiller les catholiques tièdes, à convertir les foules et être les promoteurs, dans les familles, de solides vocations sacerdotales et religieuses. C’est pourquoi tout devrait être mis en œuvre au sein de l’Église – qui est le Corps Mystique de notre bon Maître – pour qu’il en soit ainsi, en particulier par le biais de synodes convoqués à cette fin.

Néanmoins, tout synode devrait procéder, dès le principe, à un état des lieux du peuple de Dieu. Si cela avait été fait pour le présent « synode sur la synodalité », cet état des lieux aurait abouti à la constatation irréfutable non seulement de la désertification de vos églises, mais aussi des graves défaillances que connaît la foi des catholiques en Occident, de l’extrême pauvreté de leur vie spirituelle, de leur ignorance crasse en matière de dogmes et de morale, de leur fréquente compromission avec le monde, l’occultisme ou diverses croyances, superstitions et déviances incompatibles avec la foi catholique, de leur inconstance dans la prière et dans la réception des sacrements, de leur perméabilité au péché, et de leur absence de désir de Dieu – et donc, de perfection.

C’est à partir de cette déchristianisation manifeste, que les différentes commissions de ce synode auraient dû, en communion avec le pape, apporter aux catholiques – tant aux fidèles qu’aux prêtres – une somme de conseils judicieux, aussi bien spirituels que pragmatiques, pour les aider à combattre plus efficacement leurs faiblesses, à se plonger ou se replonger avec ferveur dans une spiritualité qui nourrisse et élève leur âme, et, aspirant sincèrement à la sainteté, à avoir une pratique dévotionnelle régulière. Pour qu’ils aient, quel que soit leur état, une vie tout abandonnée à Dieu, comme une respiration, un cœur qui bat, un bonheur de tous les instants.

Mais qu’en est-il dans la réalité ?

Les participants au synode, pour beaucoup, n’avaient jamais lu intégralement ni La Bible ni le Catéchisme de l’Église catholique, et étaient, de fait, peu instruits sur l’enseignement de l’Église, ses dogmes et son droit canonique. Certains d’entre eux, porte-paroles de différents courants de pensée au sein de l’Église, avaient une sensibilité à fleur de peau qui les a portés à réagir d’une manière épidermique ou extrêmement émotionnelle face à des questions de société, de morale ou de doctrine qui demandent impérativement pondération, analyse et réflexion. D’autres, contestataires dans l’âme, s’interdisaient même, sans s’en cacher, d’adhérer à certains dogmes et ou consignes morales de l’Église qu’ils jugeaient démodés pour défendre bec et ongle une « modernité » débarrassée de tous les « tabous », et qui accueille sans discernement dans la Bergerie, avec un ostensible sentiment d’apitoiement, de tolérance, d’amour inconditionnel et de satisfaction de soi, tous les marginaux de la Terre, jusqu’à des loups apparemment blessés…

C’est pourquoi nombre de questions qui sont remontées aux instances romaines concernaient des points de vue qui s’opposent à la grande Tradition de l’Église, à ses dogmes et à son enseignement moral, et cela – je me dois de le dire depuis le Ciel : à la plus grande satisfaction de certains dignitaires de cette même Église, qui se sont donné pour tâche de la dépoussiérer à leur façon et de la rénover !

Pour n’en citer que quelques exemples : remise en question du célibat des prêtres, extension du ministère des diacres, extension du rôle des laïcs – et particulièrement des femmes – dans l’Église, avec institution possible de « diaconesses », remise en question du ministère presbytéral – que l’Église a toujours réservé aux hommes -, bénédiction des personnes pratiquant des actes homosexuels sans la volonté d’y mettre fin (cf. Rm 1, 24-27), accès de ces mêmes personnes à la communion eucharistique – voire au sacrement du Mariage ! –, accès à la communion eucharistique des divorcés « remariés » sans qu’ils aient obtenu préalablement de déclaration de nullité de leur mariage religieux, etc.

En effet, ces dignitaires et représentants « progressistes », plus intellectuels que spirituels, et à la foi plus horizontale que verticale, visent une Église « en marche » qu’ils veulent plus libérale, plus démocratique et plus « adaptée » aux différents lieux géographiques, plus accueillante envers l’étranger quel qu’il soit, plus tolérante envers les pécheurs non repentants, et plus charitable envers tous – excepté ceux qui, parmi les catholiques, les exaspèrent parce qu’ils veulent rester fidèles à la morale et à la Tradition et ont l’outrecuidance de les contredire !

Leurs projets de réformes ne datent cependant pas d’hier : ils les concoctent, en vérité, depuis des décennies, et attendent stratégiquement les moments favorables pour les instiller, avec fourberie et sans faire trop de vagues, dans les sociétés, où ils ont laissé peu à peu se banaliser le péché sans même en dénoncer haut et fort la puissance, les dangers qu’il représente et les conséquences qu’il entraîne sur le plan spirituel jusque dans l’Éternité.

Comme plusieurs papes l’ont souligné par le passé, jamais aucun synode ne devrait s’autoriser à cautionner ni mettre en œuvre les désirs de modernité, de liberté et de tolérance de personnes « progressistes » qui veulent coûte que coûte voir l’Église faire fi de son passé pour s’adapter à l’évolution des mœurs, des sociétés, et aux mentalités nouvelles. Bien au contraire, tout synode devrait rappeler à temps et à contretemps, sur les points délicats ou litigieux, l’enseignement de notre Divin Maître, le Seigneur Jésus-Christ, qui n’a lui-même jamais cautionné le moindre péché, ni, en vérité, été tendre envers les pécheurs récalcitrants et ceux qui s’opposaient à la volonté de son Père.

Alors, mon cher fils, que chacun s’interroge, au risque de déplaire : dans le sillage du synode, certains de ces dignitaires qui se trouvent aujourd’hui dans des positions de décideurs au sein de l’Église catholique, voudraient-ils se montrer plus royalistes que le Roi ? plus charitables que Jésus lui-même ? plus « ouverts » et plus tolérants que les évangélistes et que l’Apôtre Paul ? Voudraient-ils se défier de la prudence et de la Tradition ? satisfaire des minorités ou des mouvements idéologiques ? exempter les fidèles du combat spirituel ? proclamer un Paradis ouvert à tous en éclipsant de facto l’existence de l’Enfer ? ou encore, se faire les complices des mondialistes pour dissoudre l’Église et les vérités de foi dans un grand tout éclectique – et, par là-même, hérétique ?

L’Église, mon cher fils, traverse aujourd’hui une bien mauvaise passe, et si la barque de Pierre fausse quelque peu son gouvernail alors qu’elle s’égare parmi de dangereux récifs en ces temps de tempête, c’est qu’elle n’est pas suffisamment attentive aux signaux lumineux que lui envoie le phare – comprenez : Jésus, le Christ, notre bon Maître et Seigneur, seule et unique Lumière du monde par son Évangile.

C’est pourquoi j’exhorte tous les catholiques, hommes, femmes et enfants, à prier et même supplier inlassablement le Dieu du Ciel pour que ceux qui dirigent son Église aient l’humilité de respecter son enseignement, ses dogmes et sa morale, et qu’ils ne réforment point, au gré de leurs propres désirs de modernité, l’enseignement immuable du Magistère (cf. Ga 1, 1-12). Pour qu’ils fassent l’expérience d’une foi verticale, qu’ils ne se préoccupent point outrancièrement de politique et de social, et qu’ils se cantonnent prudemment à leurs domaines de compétence. Pour qu’ils ne se contentent point de se reconnaître « pécheurs » mais se donnent les moyens de s’engager, à la suite du Christ et avec amour et humilité, sur un authentique chemin de sainteté.

Cependant, il me peine beaucoup de voir nombre d’ecclésiastiques passer des heures devant leurs écrans pour tenter de gérer les frustrations dues à leur célibat – quand encore ils n’utilisent pas les réseaux sociaux pour aller beaucoup plus loin… – au lieu de s’accorder de légitimes moments de loisirs qui leur soient salutaires. Il faut, mon fils, prier pour qu’ils se laissent, dans la prière, l’oraison, l’adoration et le jeûne, inspirer par l’Esprit Saint, dont la sagesse ne saurait souffrir de telles déviations à l’enseignement de l’Évangile proclamé par les disciples de notre Divin Maître et transmis, depuis lors, par la voix de son Église, une, sainte, apostolique, et, selon la volonté même du Seigneur Jésus : catholique, qui – je le rappelle – signifie « universelle » !     

Que ce même Seigneur et sa bienheureuse Mère vous protègent et vous bénissent, mon fils, vous, votre frère spirituel, votre directeur spirituel, et tous ceux qui soutiennent cette œuvre.

Madre Teresa de Jesus

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.