Message du 10 septembre 1989





Bien chers frères,

Ce message s’adresse particulièrement aux prêtres, et nous souhaitons qu’ils soient nombreux à le lire et à le méditer.

Le bon chrétien ne désire pas voir dans le prêtre un homme ordinaire mais un envoyé de Dieu. Maudit soit le faux esprit qui pousse certains prêtres à se déguiser en hommes ordinaires pour pénétrer au milieu des hommes ordinaires. S’ils pensent être mieux acceptés de ces derniers, ils n’en seront pas plus crédibles pour autant. Maudit soit le faux esprit qui pousse certains prêtres à vivre en hommes ordinaires et à côtoyer comme eux les tentations, car le Démon est là, qui rôde, prêt à les entraîner dans le péché et à leur faire oublier leur exceptionnelle mission. Maudit soit le faux esprit qui pousse certains prêtres à se faire plaisir à eux-mêmes en philosophant et en s’écoutant parler du haut de leur chaire : ils comblent sans doute l’esprit des intellectuels, mais ils ne nourrissent point celui des petits. L’âme humaine, en effet, ne saurait se satisfaire de seuls propos intellectuels. Il n’est que la simplicité qui parvienne à la combler, si elle est assaisonnée de beaucoup d’amour. Trois simples mots ne suffisent-ils point à celui qui aime pour déclarer son amour ?

Que les prêtres, donc, se mettent à l’écoute de l’Esprit Saint et que ce soit ce même Esprit qui dirige leur vie tout entière. Qu’ils s’informent des dangers qu’encourent leurs ouailles dans le monde, comme les bergers se renseignent sur les dangers encourus par le troupeau dont ils se voient confier la charge, mais qu’ils ne tentent pas d’affronter seuls ces dangers car leur vie spirituelle s’en verrait sans nul doute altérée. Comme le dit l’Évangile d’aujourd’hui (v. Lc 14, 25-33) : avant d’affronter un danger, la sagesse consiste à considérer d’abord les forces dont on dispose sans méjuger de leur efficacité.

Le plus grand danger encouru aujourd’hui par les âmes reste, à n’en pas douter, l’attrait du monde à travers les modes, les médias, la « nouvelle » morale, les considérations psychologiques et philosophiques des nouveaux penseurs. Les prêtres doivent donc prier suffisamment afin que le Seigneur leur ouvre les yeux et leur fasse découvrir la fausseté pernicieuse de l’esprit qui dirige cette machination pour entraîner avec lui des milliers d’âmes vers l’Enfer. Une fois qu’ils ont compris cela, il est nécessaire qu’ils mettent tout en œuvre pour empêcher leurs ouailles, et, en particulier, les jeunes enfants dont ils ont la charge, de tomber dans ces redoutables pièges. C’est donc en éduquant ces âmes qu’ils pourront parvenir à leur but.

Éduquer une âme, c’est lui faire comprendre jusqu’au plus profond d’elle-même qu’elle ne peut jamais trouver la paix qu’en Dieu et que c’est en accomplissant inlassablement Sa Volonté à chaque instant qu’elle peut rester unie à Lui dans l’amour. Éduquer une âme, c’est l’amener à rencontrer Dieu à travers toute sa sensibilité, toute sa profondeur, et l’amener à Le mieux connaître par une information fidèle sur la Parole de Dieu et la vie des apôtres et des saints qui l’ont accueillie et mise en pratique. Éduquer une âme, c’est lui faire découvrir la voix de sa conscience, celle du discernement de ce qui plaît à Dieu, et l’amener de jour en jour à une plus grande perfection dans le Christ Jésus. C’est lui faire ressentir la peine du Seigneur lorsqu’elle tombe dans le péché afin qu’elle s’en trouve toute contrite et souhaite bien vite de recevoir Son Pardon dans le Sacrement de Confession. Éduquer une âme, c’est enfin lui donner la soif de Dieu et le désir de Le retrouver fréquemment dans l’Eucharistie. C’est lui faire prendre conscience que, dans quelque église qu’elle se trouve et quels que soient les défauts qu’elle peut remarquer chez le célébrant, elle doit assister à la Messe pour y rencontrer Dieu en Son Fils dans le plus grand recueillement, avec le plus grand respect et le plus grand amour. Si vous aviez été privés de la présence de l’être que vous aimez le plus au monde et que cet être soit un jour guidé vers vous par un homme en haillons ou par un prince, quelle serait pour vous la différence ? Vous ne verriez que lui, n’est-ce pas ? Alors apprenez, chers frères, à considérer Dieu avec les yeux de l’amour et du cœur et non point avec ceux de l’intellect et d’un jugement purement humain.

Pour que leurs ouailles se sentent en confiance, les prêtres doivent se montrer aimables et dignes de respect tout à la fois. Ils ne doivent pas être « les petits copains » mais les porte-parole de la Sagesse divine, les soldats de la Vérité, les canaux du Pouvoir divin, ceux par lesquels le Christ est inlassablement donné au monde à travers le Mystère sacramentel.

Les prêtres sont les envoyés de Dieu sur terre et ils ne doivent jamais, sous quelque prétexte que ce soit, salir leur mission par une vie dissolue, de mauvaises fréquentations, des mœurs malsaines, des abus inconsidérés d’alcool ou de nourriture, de jeux ou de spectacles pouvant nuire à la bonne santé de leur âme et de leur corps. Ils doivent être d’une manière permanente des exemples de sainteté. C’est ainsi et seulement ainsi qu’ils pourront être aimés, appréciés, admirés et respectés par les vrais chrétiens.

Ah ! frères, nous l’entendons souvent le discours de ceux qui aiment que leurs prêtres soient « pleinement hommes » et viennent boire et faire la fête avec eux ! Mais ces occasions se prêtent si rarement à des discussions spirituelles, et le prêtre est alors tellement englouti par le monde ! Sa mission n’est pas là ! Si dans le silence de sa cure, il commençait par acquérir une réputation de saint en s’adonnant à la prière et en se mettant au service de tous à n’importe quelle heure du jour et de la nuit, s’il s’attaquait en chaire à démasquer le Démon où qu’il se trouve et à enseigner avec simplicité mais aussi autorité, à parler de Dieu sous la direction de l’Esprit Saint, à parler de la vie des saints, de la vie spirituelle, du Ciel et des merveilles que Dieu réserve à Ses enfants fidèles, alors les églises seraient pleines à craquer !

Aujourd’hui, la Sainte Messe est trop souvent dépouillée de sa spiritualité, et une déformation outrancière de la liturgie par certains prêtres – qui n’en ont pas le droit – nuit au déroulement normal de la cérémonie et trouble les bons chrétiens dans leur recueillement. Que les prêtres aient donc la foi et qu’ils prennent pleinement conscience du fait qu’ils s’adressent à Dieu, Dieu qu’ils accueillent entre leurs propres mains. Comment est-il donc possible de transformer la Sainte Messe en mascarade, d’inviter des interlocuteurs, des artistes, des danseurs, des mimes, pour illustrer ou commenter la Parole de Dieu ? Ah ! si les prêtres savaient accueillir l’Esprit Saint et Lui donner toute leur vie, combien de respect, combien de beauté, combien de pureté, combien de grandeur et combien d’amour vous ressentiriez pendant la Sainte Messe !

C’est pour cela que nous vous disons, frères : restez forts dans votre foi et encouragez les prêtres à bien célébrer leur Messe. Quant aux autres, rappelez-leur avec tact et douceur ce que Rome attend d’eux et parlez-leur de cette spiritualité si belle dont elle est la Gardienne. S’ils ne veulent pas vous écouter, c’est que l’orgueil a aveuglé leur cœur. L’Esprit Saint donne en effet à l’homme une soif intarissable de Dieu : un prêtre qui reste à Son écoute sait parler de Dieu avec cette simplicité qui attire les foules. Il sait toucher les cœurs, pas seulement les esprits. Il sait toucher les âmes et leur donner la soif de Dieu : souvent, elles brûleront de se rendre à l’office pour y rencontrer Dieu, et à confesse pour se voir distribuer de sages conseils et de prudentes mises en garde par un saint prêtre qui, avec une douce poigne, administre à ses ouailles leur ration de spiritualité. Le rôle du prêtre n’est-il pas, frères, d’actualiser cette Parole même de Dieu qui si souvent se trouve écorchée par le commun des mortels ? Et c’est à la lumière de l’Esprit Saint qu’il le doit faire, sinon, les Évangiles se voient interprétés, disséqués et détournés de leur sens original. Frères aimés, la Parole de Dieu n’a pas à être tronquée ni manipulée : elle est Vérité et seuls de sages commentaires exécutés avec simplicité sont en mesure d’éclairer les âmes en recherche.

Nous connaissons, bien sûr, les réactions de certains à la lecture de ce message. Qu’ils se mettent donc devant la Croix du Christ souffrant et analysent profondément leur attitude. Révolte ? Contestation ? Soif de réformes, de « démocratisation » de la Parole de Dieu, de modernité ? L’esprit de rébellion, frères, n’est point celui de l’Église ! La Parole est immuable et ce qui est dit est dit. Que les chrétiens qui souhaitent la suivre le fassent avec amour, confiance et courage. Que ceux qui veulent l’accommoder à la sauce de leurs désirs, de leurs pulsions, de leurs idées philosophiques, politiques, sociales, de leur morale personnelle et de leur spiritualité propre commencent par écouter le Pape et par lui obéir, sinon, ils deviendront des loups dans la bergerie et les chrétiens fidèles auront beaucoup à souffrir de leurs mauvaises influences.

Que le Seigneur soit avec vous, chers frères aimés, et que Son Esprit Saint vous guide et vous garde dans la Vérité. Priez pour obtenir de saints prêtres qui emplissent les églises de leur rayonnement et de leurs paroles de sagesse. Que la Sainte Mère de Dieu exauce vos prières et se fasse votre Porte-parole auprès de Son Divin Fils.

+ Vos frères dans la Vérité