Message du 15 octobre 1983





Mon cher fils,

C’est pour moi une joie de pouvoir communiquer à une oreille attentive ces quelques lignes. Ayant participé modestement à l’élaboration d’un ordre et à l’édification de Notre Sainte Mère l’Église, je reste très triste devant le spectacle de la terre de votre siècle. La hiérarchie céleste souffre de l’évolution malsaine de votre monde et s’interroge sur son avenir. Comme il faut que Dieu soit bon pour ne pas détruire une partie de Sa création ! Bannissant la loi de l’effort, le « progrès » vous apporte un confort douillet qui, comblant vos corps de jouissances, vous porte à oublier vos âmes. Vous parlez de missions et vous vous transportez loin des nations dites civilisées pour évangéliser des tribus d’indigènes alors que près de vous, les églises sont désertées, les prêtres manquent, et la véritable vie chrétienne sombre dans l’oubli.

Mon fils, le monde doit se réveiller ! Notre chère Europe est en bien mauvaise posture. Où est-il le temps où l’Église, maîtresse des âmes, imprimait en celles-ci la discipline de Dieu ! Les consciences sont à présent trop élastiques chez les fidèles comme chez les prêtres. La spiritualité véritable s’étiole comme la rose à l’approche de l’hiver, mais le printemps ne fait-il pas oublier la désolation de la saison froide ?

En ravivant dans vos âmes la conscience de Dieu, vous retrouverez le lien sacré qui vous unit à Lui. L’Église doit être forte et ne pas accepter les compromis. Elle est la Gardienne de la Loi et c’est, entre autres, à cause de l’attitude trop laxiste de certains de ses ministres qu’elle perd Ses fidèles. Autrefois, plus de prêtres restaient fidèles à leurs prières quotidiennes et à l’oraison, ce qui les éloignait des tentations du monde extérieur et leur donnait plus de discernement. Ils savaient apporter à leurs ouailles les fruits de leurs méditations inspirées par l’Esprit Saint. Aujourd’hui, la Sainte Messe est parfois mal célébrée, la liturgie mal suivie, le recueillement négligé : Dieu doit être accueilli dans les cœurs avec foi et amour, et la Sainte Communion considérée avec respect. Combien le monde est vain ! Comme il serait bon qu’à travers des lectures spirituelles les âmes s’élèvent vers Dieu et restent auprès de Lui, vivent avec Lui, respirent en Lui, et portent sur le monde un regard transformé par l’Amour du Christ.

Mon cher fils, je ne suis pas très savante mais le bonheur dont j’ai été comblée lorsque j’ai découvert que le Créateur était satisfait d’une vie d’oraison ne peut que m’inciter à vous conseiller ardemment cette forme de prière et le partage de votre vie avec Jésus-Christ, notre Frère.

Lorsque Dieu pénètre dans une âme, tout y est changé : la demeure est balayée et l’Agneau s’installe en paix pour apporter la paix et la joie de la communion intérieure. La notion de grandeur est en train de disparaître de votre civilisation qui désire que tous les hommes soient « égaux ». Si l’on considère la puissance qu’y a atteint le Mal, tout cela n’est qu’utopie ! Ce sont vos âmes qu’il faut élever et éduquer. La force spirituelle d’un être apporte toujours un rayonnement au corps qui pousse les autres êtres à le regarder avec envie. Mais dès que l’on parle d’effort, les foules se dissipent… Voilà bien l’origine du problème qui se pose dans vos foyers, dans vos quartiers, dans vos églises. Dieu ne demande pas du spectacle, Il désire une construction concrète dans les âmes d’abord, une transformation de vos êtres, un dialogue avec Lui. Il aime l’humilité et combien nous Lui devons cet élémentaire respect ! Il aime l’amour que nous Lui portons et que nous Lui témoignons chaque jour. Il aime la lutte, le combat pour gagner les sommets, pour établir la foi par l’exemple de la charité. Il aime les chemins droits, les paroles directes, les actes précis et justes qui peuvent être effectués aux yeux de tous sans honte ni déshonneur. Il aime la solitude de l’oraison et le partage du Pain dans la prière. Il aime l’entente et la bonne humeur, la vie, la joie saine, la sincérité, la contemplation de Son Œuvre par les yeux de Sa créature. Il aime la bonté et la générosité, le don de soi, l’action de grâce, la construction de cathédrales, nobles témoins d’une foi encore vive dans le cœur des personnes sincères. Car n’y aurait-il qu’une poignée d’hommes sincères sur terre, Dieu ne détruirait pas Son Œuvre !

Mon cher fils, je suis si petite pour donner des conseils à l’Église : j’ai œuvré, ai-je dit, à Son édification, et désire depuis les Cieux lui faire savoir mes souhaits et ceux du Père et du Fils à travers cette Communion dans l’Esprit Saint. Le bonheur du Ciel est terni par la mauvaise volonté des hommes. Des âmes franchissent la barrière de la mort pour se précipiter dans d’horribles ténèbres d’où nous avons peine à les sortir. Elles continuent de brûler du feu de leurs désirs, de la fièvre de leur égoïsme ou de leur savoir ; elles refusent la Lumière au nom de la liberté, elles défient le Seigneur en s’alliant aux puissances des Ténèbres comme elles l’ont fait sur la terre. D’autres se regardent avec horreur mais nous ne pouvons leur apporter de secours efficace car le Mal les retient prisonnières, et seul l’amour que vous leur témoignerez à travers vos prières les aidera à progresser (cf. Lc 16, 19-31).

L’esprit de l’homme est assez affiné pour comprendre la triple nature de l’humain : corps, esprit et âme. Pour trouver Dieu, il suffit de vivre selon l’âme et non point selon le corps. L’esprit étant le lien entre l’âme et le corps, il est tout à la fois sollicité par le corps et sollicité par l’âme. Mais l’âme, dotée d’un pouvoir supérieur, peut éclairer l’esprit qui affermit la volonté pour maîtriser le corps. Exercez donc votre volonté malade à donner la priorité aux dialogues de l’âme et non point à ceux du corps. Les désirs du corps qui vous paraissaient indispensables vous deviendront corvées et inversement, les subtiles joies de la contemplation, du dialogue avec Dieu et de la charité vous deviendront familières. C’est cela la Grâce de l’oraison. L’Esprit Saint de Dieu s’établit en vous et illumine votre vie, guidant chaque pas, chaque action, chaque parole : ce n’est plus vous qui vivez, c’est Dieu qui vit en vous.

Mais ne cherchez pas à vous prendre pour Dieu ou à vouloir accéder à des états supérieurs pour goûter à des plaisirs délicieux : ce qui réellement parviendra à combler votre âme n’est autre que la charité, l’amour véritable. Les prêtres qui ont compris cela attirent les fidèles par un rayonnement exceptionnel de leur personne. Malheureusement, dans votre monde moderne, beaucoup de serviteurs de Dieu veulent trop se mêler à leur entourage et, pauvres caméléons, ils se salissent avec les hommes au lieu de se purifier avec Dieu.

Ma vie n’a pas été faite de compromis, et si j’ai souffert des attaques du Démon, j’ai aimé plus que tout mes rencontres avec Notre Seigneur. Ses ordres ont été exécutés et nous avons gagné ensemble mainte bataille. Le résultat fut bon mais je suis horrifiée à la vue de ce qui se prépare aujourd’hui. Tout ce que nous avons réussi à construire à la force de nos corps sous l’action de l’Esprit Saint menace d’être détruit par votre civilisation. Quel malheur ! Quel grand malheur ! Mais Jésus-Christ Lui-même n’a-t-Il pas été l’Innocente Victime d’une Vie de Perfection, et Son Œuvre, si immense comparée à la mienne, n’est-elle pas, elle aussi, en train de s’effriter ?

Il faut vous ressaisir ! Il faut persévérer ! Mais avant tout, il faut comprendre vos êtres, comprendre leur fonctionnement sans superstition ni hypocrisie, comprendre vos âmes et le rôle de Dieu notre Père. Je continue de vous aimer et d’éclairer de ces modestes lumières venues du Ciel ceux qui désirent faire oraison et trouver Dieu. Oraison et charité sont les deux mots qui devraient définir le comportement chrétien. Que l’Esprit Saint soit loué de me laisser vous le rappeler ce soir !

Que la Paix soit avec vous. Que par Notre-Dame et Son Fils Bien Aimé votre recherche soit comblée !

Madre Teresa de Jesus