Message du 19 janvier 2019





Chers frères dans le Christ,

Si votre société fonctionne aussi mal, c’est que, dans un prétendu souci de liberté, d’égalité et de fraternité, nombre de « cadres » qui y ont été posés sont en train de s’effondrer : chacun, en effet, veut y faire ce que bon lui semble où il veut, comme il veut, quand il veut, avec qui il veut et sans aucune contrainte. Les notions de hiérarchie et de respect y ont mauvaise presse, et l’autorité, naguère garante du respect des règles et des lois, n’y trouve plus sa place. Sous l’influence des médias, vecteurs de communication privilégiés d’hommes politiques véreux qui veulent séduire, au niveau planétaire, une majorité d’êtres humains pour mieux les asservir, les mentalités se transforment. Alors, règnent le mensonge, la violence, l’instabilité, la confusion et la gabegie à tous les niveaux.

Comment un étranger débarquant dans une de vos mégapoles ne se trouverait-il pas désarçonné en y découvrant combien la convivialité voire la simple communication y est devenue difficile ? Dans les transports en commun, par exemple, des personnes téléphonent à haute voix sans se soucier du désagrément qu’elles causent à leurs voisins ; d’autres sont complètement absorbées dans des jeux électroniques ; d’autres enfin, affublées d’une paire d’écouteurs sur les oreilles, se coupent en permanence du monde extérieur.

Cette sorte d’autisme, où chacun se replie sur soi, ne fait, chers frères, que renforcer peu à peu la fragilité et l’instabilité psychologique de vos sociétés contemporaines, où tout se passe comme si chacun cherchait à fuir ses responsabilités et à justifier ses infractions à la bonne conduite.

Il y a aussi les automobilistes qui violent la règlementation et insultent les conducteurs chevronnés et les piétons qui sont dans leur droit. Sans parler de tous les hommes qui passent des heures devant la télévision ou sur leur ordinateur à s’abrutir et à se nourrir d’immondices dans l’intimité de leurs habitations – quand ce n’est pas celle de leurs bureaux, où ils s’éternisent volontairement chaque soir afin de se soustraire à leurs devoirs d’époux et de pères de famille.

La famille, qui, autrefois, se targuait d’être le berceau d’une saine éducation sous la houlette du pater familias (père de famille), s’affole à présent en voyant ses enfants lâchés dans des écoles publiques où l’excellence côtoie le vice, la violence et la bêtise au risque de s’y laisser corrompre. Il y a seulement quelques décennies, lorsque les instituteurs et institutrices sanctionnaient un enfant, les parents, toujours, les soutenaient. Mais aujourd’hui, non seulement les sanctions se sont volatilisées mais l’enfant fait sa loi à l’école comme à la maison, et, s’il est devenu rebelle à l’autorité parentale, c’est que celle-ci est de plus en plus fréquemment exercée par les mères, alors que ce sont les pères qui devraient en être les acteurs. Seulement, les pères sont de plus en plus absents, ou bien ils sont remplacés par des pères « de substitution » dans des sociétés où la mode est à la séparation plutôt qu’à la conciliation. Combien la déchristianisation, chers frères, a fait de ravages, dont les conséquences sont redoutables ! Là où les vertus et le sens du bien ne sont plus enseignés, le Démon peut agir en toute liberté…

L’école, où les enseignants avaient autorité dans leurs classes, accueille aujourd’hui un nouveau public d’enfants que les parents n’ont souvent ni le temps ni la possibilité d’éduquer, pour différentes raisons. Se trouvent ainsi mêlés des enfants de cultures différentes et de niveaux différents, parfois même victimes d’illettrisme. C’est pourquoi maîtres et maîtresses se trouvent souvent déstabilisés par ce nouveau contexte où ils se voient contraints d’exercer d’abord la discipline avant que d’enseigner. Alors, le niveau des classes s’en ressent, et les parents – pourtant en grande partie responsables de cet état de fait – se plaignent de leur incompétence : c’est un cercle vicieux !

Dans les entreprises, de plus en plus de patrons récriminent contre la mauvaise mentalité de leurs jeunes recrues, et, lors d’entretiens d’embauche, ils déplorent le manque de sérieux, de dynamisme et de courage des candidats et s’étonnent des exigences salariales élevées auxquelles ceux-ci osent prétendre en voulant à la fois le beurre et l’argent du beurre.

Pour qu’une société fonctionne bien, chers frères, il faut que chacun y ait reçu une saine éducation dans le respect des lois et celui d’autrui. Il faut aussi que chacun y ait une place et un rôle bien définis, et sache y rester sans outrepasser ses droits. La gabegie qui sévit aujourd’hui un peu partout dans vos sociétés occidentales vient du fait que beaucoup d’individus ne savent pas rester à leur place. En effet, ils empiètent souvent sur celle du voisin, puis s’en emparent et s’autoproclament propriétaires de cette même place. Et pour parvenir à leurs fins, tous les moyens sont bons : abus de pouvoir, ruse, dissimulation, mensonge, escroquerie, violence.

Cette situation, qui se rencontre un peu partout – dans les administrations, les entreprises, et même l’Église et les familles ! – est à l’origine de nombreux dysfonctionnements et peut engendrer bien des souffrances, surtout chez ceux qui en sont les victimes.

Un manque de qualification professionnelle peut retentir sur tout un service, sur toute une classe, et avoir des conséquences désastreuses. De même, des laïcs qui, forts de leur place dans une équipe liturgique, s’approprient les abords de l’autel et font pression sur leur curé pour dénaturer la liturgie de la messe en lui imposant leurs propres points de vue, peuvent faire fuir les bonnes âmes de leur paroisse et décourager le prêtre. Des amants ou des maîtresses qui font irruption dans la vie d’une famille, peuvent la disloquer en entraînant avec eux une maman ou un papa. Et, lorsque cela se produit dans la vie d’un consacré, c’est tout un ministère qui s’en trouve perturbé et des ouailles qui se sentent trahies et abandonnées…

C’est pourquoi il est, chers frères, nécessaire de toujours viser à construire sa vie sur du roc et non sur du sable (cf. Mt 7, 21-29), et à faire de Dieu son maître et le premier servi à travers l’amour et la fidélité. C’est pourquoi aussi il est nécessaire d’apprendre, dès le plus jeune âge, au sein d’une famille unie et aimante – un papa, une maman et des enfants -, l’harmonie, l’échange, le partage, la générosité, l’honnêteté, la serviabilité, le courage, l’obéissance et le sens de l’effort et des responsabilités, le goût de la prière et de la relation avec Dieu sous le manteau de la Bienheureuse Vierge Marie.

Les enfants qui sont ainsi éduqués par des parents solides, dont l’amour transparaît à travers chaque geste de leur vie et qui savent leur faire confiance, se sentiront aimés, auront une bonne estime d’eux-mêmes, le sens des valeurs et des responsabilités, et seront armés pour la vie, même dans un monde féroce et incertain.

Que Notre-Seigneur et sa Sainte Mère vous bénissent et vous gardent.

          + Vos frères dans la Vérité