Message du 2 janvier 1995





Bien chers frères,

Tous vos amis du Ciel vous souhaitent une bonne et sainte année 1995, et vous invitent à continuer de prier pour la paix dans le monde et pour que, sur Terre, la volonté des hommes ne fasse pas obstacle à celle de Dieu, comme c’est si souvent le cas. Priez aussi pour les âmes de tous vos frères qui sont en Purgatoire et qui, n’avançant plus par leurs propres mérites, comptent sur votre amour et sur vos sacrifices.

Frères, d’aucuns s’offusquent qu’il y ait sur Terre tant de violence, de guerres et de corruption, et accusent naïvement Dieu de ne pas intervenir pour y mettre fin. Pourtant, il serait temps que tous comprennent que Dieu a fait don à l’homme de la liberté afin que ce dernier puisse choisir de le suivre délibérément. Cependant, s’il choisit le mal, l’homme ne doit point s’étonner de récolter des fruits porteurs de souffrance et de mort.

Mais, direz-vous, bien des êtres humains innocents doivent subir les conséquences empoisonnées des actes pervers des méchants, et cela est injuste ! Pourquoi Dieu, s’il est un bon Père, n’intervient-il pas ?

Amis, Dieu n’est pas un génie bienfaisant qui se précipite vers l’homme pour le tirer d’affaire chaque fois que celui-ci le lui demande et dans le sens qu’il souhaite. Pas plus que des parents ne se précipitent sans cesse vers leur bébé chaque fois que ce dernier tombe dans son parc lorsqu’il apprend à marcher. Est-il intervenu pour sauver son propre Fils, Jésus-Christ, lorsque ses bourreaux saisissaient le marteau et les clous ? Est-il intervenu, lorsque notre doux Sauveur agonisait sur sa Croix de souffrances, pour alléger le poids de son Calvaire ? Et pourtant, croyez-vous, amis, que la Vierge Marie et Jean, qui se tenaient au pied de cette croix, ne l’aient point invoqué pour qu’il se manifestât ? En fait, ce n’est qu’après la mort de Notre-Seigneur sur la Croix que le centurion et ceux qui, avec lui, gardaient Jésus se sont écriés : « Vraiment celui-ci était fils de Dieu ! » (Mt 27, 54), et ce n’est qu’après l’obscurité du tombeau que s’est manifestée la gloire de sa Résurrection.

Alors, frères, ne vous montrez pas si désemparés face à la souffrance. Il est vrai que, dans un premier temps, cette apparente indifférence de Dieu n’est pas sans provoquer chez l’homme – fût-ce le plus religieux – une certaine révolte. Pourtant, chaque être humain doit garder confiance en Dieu et le prier inlassablement, sans se décourager, pour que revienne la paix.

Car Dieu ne veut pas la souffrance, Dieu ne donne pas la souffrance, il la permet. Et cela parce que toute souffrance, lorsqu’elle est acceptée par l’homme et qu’elle lui est offerte devient source de grâces. Amis, si par sa seule souffrance Notre-Seigneur Jésus-Christ a vaincu le Péché, alors combien la souffrance des hommes – fût-ce la plus petite – a de valeur aux yeux du Père et devient une monnaie précieuse pour obtenir des grâces lorsqu’elle est unie au Calvaire du Christ ! Les plus grands saints n’ont-ils pas bien des fois au cours de leur vie utilisé cette monnaie abondamment et avec succès ?

Il est autre chose que vous devez comprendre, chers frères, et vous efforcer de mettre en application. Dans l’Ancienne Alliance, l’homme sacrifiait à Dieu, sur les autels, des animaux en holocauste. Dans la Nouvelle Alliance, Dieu invite l’homme, dans le prolongement de la Croix, à se débarrasser de son péché et à lui sacrifier tout ce qui, en son corps devenu temple de l’Esprit Saint, peut faire obstacle au passage de sa grâce : orgueil, égoïsme, méchanceté, concupiscence, convoitise. S’il ne le fait point, il rejette alors l’enseignement de notre Seigneur Jésus-Christ, et, préférant s’acoquiner avec le Mal, sème le mal autour de lui.

Alors, chers frères, efforcez-vous de lutter inlassablement contre le mal. D’abord, en chassant de l’intérieur de vous tout ce qui peut vous rendre impur aux yeux de Dieu et imperméables à sa grâce ; ensuite, en compensant par des actions charitables non seulement les infractions à la Loi d’Amour que vous aurez pu commettre vous-mêmes, mais aussi celles que vous aurez vu commettre autour de vous.

Rappelez-vous la prière de saint François, et ne vous contentez pas de la réciter. Mettez-la en application ! Aimez le plus honni, défendez le plus faible, rassurez le plus craintif, consolez le plus affligé, secourez le plus malheureux, accueillez le plus pauvre ! Amis, vous qui vous offusquez des guerres qui sévissent à des milliers de kilomètres de chez vous, êtes-vous capables de faire la paix dans vos familles ? Vous qui vous troublez devant les images de grande détresse transmises par vos récepteurs de télévision, êtes-vous capables de donner l’aumône à ceux qui ont faim et qui, sincèrement, vous tendent la main ?

Souvenez-vous des paroles de Notre-Seigneur : « En vérité je vous le dis, dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 40). Mais aussi, rappelez-vous les Béatitudes (cf. Mt 5, 1-12), et croyez que toutes les douleurs physiques ou morales que vous subissez pour la justice, les contrariétés, les affronts, les calomnies, toutes les privations que vous vous imposez pour le Royaume des Cieux, les jeûnes, les sacrifices, les prières, tout cela pèse auprès de Notre-Seigneur sur la balance de la grâce. Alors, tout ce que vous demanderez au Père en son Nom vous sera accordé, à condition que cela entre dans son plan de grâce. Car il est aussi un point que vous avez du mal à comprendre : le fait que la volonté de l’homme ne soit pas toujours à l’image de la volonté de Dieu. À cet égard, sachez que Dieu juge des choses à la lumière de l’Éternité tandis que l’homme ne peut les juger qu’à la lumière de sa finitude.

Alors, que cette année 1995 soit pour chacun de vous une année d’approfondissement de ce grand mystère qu’est la Rédemption, et qu’elle vous donne de vous y unir activement dans votre vie quotidienne.

Il y a seulement quelques jours, c’était Noël sur la Terre et dans les Cieux. Mais quel déséquilibre, frères, entre les nations en paix et les pays en guerre ! Quel déséquilibre entre les maisons douillettement chauffées et les abris de fortune où l’on gèle, entre les réveillons somptueux et la famine des plus pauvres, entre les cœurs en liesse et ceux qui pleurent leurs morts. Et pourtant, amis, quel déséquilibre aussi entre les âmes des pays en paix, toutes tournées vers les biens matériels et la réussite de leurs festivités, et celles des pays en guerre, tout immergées en Dieu dans l’abandon et la confiance, et rayonnantes du mystère de l’Enfant qui vient de naître. Ah ! combien de telles âmes auraient de leçons à vous donner !

Pour vous, amis, apprenez cette année à vous tourner davantage vers Dieu. Mortifiez vos passions, maîtrisez votre caractère et engagez-vous plus avant sur le chemin de la sainteté en compensant chaque manque de charité, chaque mouvement d’humeur, chaque parole d’orgueil, chaque geste égoïste, par un sacrifice de votre choix à Notre-Seigneur. Ce n’est qu’ainsi que l’équilibre de la Terre pourra être rétabli, que le bien triomphera et que les hommes connaîtront la paix.

Que Notre-Seigneur et sa sainte Mère vous bénissent, et nous, vos amis du Ciel, nous vous bénissons au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit.

+ Vos frères dans l’Amour