Message du 27 août 1997





Mon fils,

Il y a longtemps que j’attendais ce moment d’intimité à partager avec toi. Tu ne t’es pas beaucoup arrêté pendant ces vacances. J’aurais souhaité que tu prennes un peu plus le temps de m’écouter. Ne sois pas inquiet, c’est bien moi, ton Seigneur, qui te parle. Ce que je te dis n’est pas le fruit d’une névrose, comme une certaine personne a pu le penser. Tu dois le croire. J’ai choisi de me communiquer à toi parce que tu acceptes de m’écouter. Je veux simplement éduquer ton âme à faire ma volonté.

Tu lis en ce moment les œuvres spirituelles du petit Van et tu trouves les échanges que j’ai avec lui un peu mièvres – en comparaison de ceux que j’ai avec toi. En fait, je nourris mes enfants bien-aimés en fonction de leur personnalité. Tu dois comprendre que le cœur de chacun a plusieurs entrées : certaines sont des failles béantes dues à des blessures d’amour venues de l’extérieur, d’autres sont des saignées volontaires dues à des sacrifices offerts pour moi, d’autres enfin sont des ouvertures ordinaires.

Les êtres qui ont subi des blessures reçoivent l’amour de leurs frères et le mien par ces failles, qui sont très difficiles à combler. C’est pourquoi leur langage est différent du tien. Ils ont besoin de manifestations tangibles d’amour parce qu’ils n’en ont pas assez reçu de la part de leur entourage, et en particulier de leurs parents lorsqu’ils étaient enfants. Je les comble donc de mots tendres et d’attentions particulières dans une intimité qui leur est chère. Ce sont des êtres capables d’immenses sacrifices pour l’amour de moi. Les êtres qui ont manqué d’amour sur cette Terre et qui se tournent vers moi trouvent en moi leur vraie consolation. Ils sont souvent très exclusifs et le langage amoureux qu’ils me prêtent peut parfois choquer ceux qui n’ont pas connu leurs grandes épreuves. Tu dois cependant comprendre que les cicatrices de leurs blessures sont toujours fragiles.

Ce qui compte, c’est la sainteté de leur vie : certains sont de la graine des martyrs, capables d’actes héroïques. Moi qui connais l’origine de leurs transports, j’accepte leur démesure. Ne les juge pas. Ne juge pas mon petit Van, qui est, depuis plusieurs mois, proche de toi. L’expression de ta foi, mon fils, est, certes, moins enflammée, mais, comme toute foi authentique conduit au dépouillement de soi, le résultat reste le même. Toi, je n’ai pas besoin de passer mon temps à te dire que je t’aime. Tu te demanderais ce qu’il t’arrive. Il en est de même chez les épouses : certaines vivent dans la plus grande confiance en leur époux, d’autres passent leur temps à les couvrir de mots doux et de baisers. Tout cela fait partie de l’intimité du couple et ne saurait être l’objet d’aucun jugement extérieur.

Mais tu as raison de conduire tes frères vers un équilibre dans la foi. Comprends simplement que tous ceux que je te confie pour que tu les conduises à mon Église n’ont pas la même sensibilité ni la même intelligence spirituelle. Comprends cela mon fils : autant d’êtres à qui je m’adresse, autant de personnalités différentes. Je ne les choisis pas tous sur le même modèle, heureusement ! Pour toi, remercie le Père du Ciel pour les parents qu’il t’a donnés.

Quand tu pries et discutes à haute voix de choses spirituelles avec tes amis, le soir, devant le tabernacle de ton oratoire, vêtu d’un simple pyjama, tu te demandes si j’en suis offensé. Un lieu privé n’est pas la même chose qu’un lieu de culte. S’il convient de ne pas parler à haute voix dans une église, c’est pour respecter le recueillement de ceux qui s’y trouvent, sinon ce serait comme dans un hall de gare. Mais si vous êtes entre vous devant le tabernacle d’un oratoire privé, et si vous parlez de questions spirituelles ou priez ensemble, vous pouvez parler à haute voix : vous savez bien, mes enfants, que je suis avec vous. Ne t’inquiète pas non plus, mon fils, pour ton pyjama. David, transporté par l’Esprit, a bien dansé vêtu d’un simple pagne de lin pour le Père devant l’Arche d’Alliance, s’exposant alors aux commentaires désobligeants de Mikal, la fille de Saül (cf. 2 Sm 6, 13-23). Tu sais, il y aura toujours des Mikal pour faire des remarques…

Mon fils, ne te lasse pas de m’écouter au fond de ton cœur et prends note de ce que je te dis. Car c’est bien moi, Jésus, qui te parle. Je le fais d’une manière si naturelle que tu pourrais penser que c’est toi qui te parles à toi-même. Et pourtant, chaque fois qu’en tout homme sans distinction retentit une voix intérieure qui le pousse à faire le bien et à renoncer au mal, qui l’appelle à la prière ou à la louange, qui l’invite à se tourner vers le Père qui est dans les Cieux, ou à aller vers ses frères les plus pauvres, alors, je te le dis, c’est ma voix qui se fait entendre.

Pourquoi les hommes me voient-ils comme un être lointain et insaisissable, pourquoi regardent-ils ma Croix comme du bois mort ? Je suis avec tous ceux qui m’accueillent dans leur cœur et le bois de la Croix est toujours vivant de mon sacrifice pour l’humanité. Si les hommes se plaignent de ne pas m’entendre, qu’ils m’ouvrent donc leur cœur avec humilité et qu’ils croient. Alors, ils m’entendront à leur tour.

Reste simple, mon enfant, et ne te laisse pas envahir par le doute. C’est parce que ton cœur est ouvert que tu m’entends. Mais tu peux dire à tous les hommes que s’ils m’ouvraient leur cœur, ils pourraient aussi jouir de cette intimité que nous partageons. Et comment ne la partagerais-je pas avec toi, qui penses à moi dès ton réveil et qui m’invites à t’accompagner durant toutes tes journées ! Ce m’est une joie de dialoguer avec toi. J’aimerais tant que tous mes enfants m’ouvrent leur cœur comme tu le fais. Je ne parle pas là de perfection, parce que tu en es encore loin. Je parle d’écoute. Une fois qu’ils m’ont rendu hommage par le culte, beaucoup d’hommes repartent pour vaquer à leurs occupations sans plus penser à moi. Et ils s’enlisent dans des tonnes de problèmes sans se dire que je suis avec eux pour les aider à les résoudre. Sans se dire que le Pain de Vie qu’ils ont reçu peut les rendre moins vulnérables.

Combien m’honorent des lèvres, dont le cœur reste sec comme le caillou ! Combien oublient que je reste une personne, une personne qui a connu la condition humaine. Combien ne croient pas que je puisse être proche d’eux. Pourtant, mon fils, je connais chacun de mes enfants encore mieux qu’il ne se connaît lui-même. Tu peux leur faire comprendre cela en leur expliquant, à la suite de Paul, que tous mes enfants et moi-même ne formons qu’un seul Corps, dont je suis la Tête et dont ils sont les membres, et qu’il n’est pas une seule partie de ce Corps qui échappe à ma connaissance, puisque c’est le mien (cf. 1 Co 12, 12-30). Mais les membres de ce Corps sont libres de faire le bien avec moi ou de commettre le mal sans mon assentiment. J’essaie de les en dissuader, mais nombreux sont ceux qui ne veulent pas entendre ma voix ! Ils appellent cela la voix de leur conscience, et ils la méprisent parce qu’ils méprisent aussi la morale qu’ils ont reçue de leurs pères. Conserve-la précieusement, cette morale, mon fils. Elle est la perle fine que piétinent les pourceaux mais qui préserve les âmes de nombreux péchés.

Lorsque les tentations viennent assaillir ton âme, invoque mon Nom. Invoque-le avec force. Appelle-moi et je serai là. Les hommes oublient trop souvent aujourd’hui la force de mon Nom. Lorsque vous êtes en groupe, priez les litanies : celles de mon Sacré-Cœur, celles de ma sainte Mère, celles des saints, et confiez-moi vos intentions. Confiez-les moi avec vos amis les saints et toute l’Église et, s’il m’est possible, je les exaucerai.

Tu doutes encore, mon fils, que c’est bien moi, ton Seigneur, qui te parle. Il est vrai que tu dois faire un acte de foi par rapport à ton charisme. Ne raisonne pas trop, aime-moi et continue de croire. Heureux ceux qui croient sans avoir vu. Si je me montrais à toi dans une apparition ou si tu entendais ma voix de manière tangible, tu penserais que tu as des hallucinations, alors que quand je parle à ton cœur, rien en toi n’est heurté. Tu restes libre de m’écouter ou de ne pas le faire. Libre toujours de croire ou de ne pas croire.

Que la paix soit avec toi, mon enfant. Viens à présent auprès de moi à l’oratoire pour la prière du soir.

Je te bénis.

Jésus