Message du 28 août 1987





Bien chers frères,

Bénis soient ceux et celles qui consacrent leur vie à Dieu. Leur décision n’est pas toujours facile à prendre, tant le Démon intervient pour leur faire regretter la vie du monde et toutes les formes d’attachement qui peuvent s’y contracter. Leur vient-il à l’esprit de se donner totalement à la prière que, soudain, ils n’ont plus envie de prier et en éprouvent même comme un dégoût. Leur vient-il à l’esprit de penser à la vie religieuse que, soudain, c’est la pensée du mariage qui vient envahir leur âme, et ils se laissent parfois aller à des rêveries inutiles et ridicules. Leur vient-il à l’esprit d’accorder plus de temps à la prière que ce sont moult préoccupations professionnelles, moult loisirs alléchants qui s’imposent à eux, et ils se disent qu’après tout, la vie du monde n’est pas si méprisable.

Chers frères, la découverte de Dieu n’est pas une découverte commune. Elle est comme une réalité qui s’impose à l’âme et la séduit au premier chef. Dès que l’âme fait cette rencontre, elle reconnaît sa vraie patrie. Comme du paysage découvert depuis l’avion, le regard extasié ne peut plus se détourner de Celui qu’il a entrevu, et il sombre peu à peu dans le ravissement devant la munificence du Créateur. L’âme découvre un monde nouveau qui lui devient rapidement familier puis indispensable. Elle y éprouve comme une sorte de bonheur paisible, d’épanouissement intérieur qu’elle ne troquerait pour rien au monde contre un de ces plaisirs frivoles qui se savourent sur la terre. Lorsqu’elle se tourne vers le monde, tout lui semble fade : son travail, qu’elle aimait plus que tout, ne lui apporte plus la joie qu’elle connaissait auparavant. Ses loisirs ne l’intéressent plus et lui paraissent futiles. Ses lectures, les soins prodigués à son corps, ses habitudes, tout cela lui semble désormais dépourvu d’intérêt.

Et pourtant, lorsqu’elle se tourne totalement vers Dieu, cette âme se met à douter et à souffrir, à se lamenter, à se tordre sous l’effet de l’indécision et des affres de la nuit spirituelle. Le Démon la tente, la dégoûte de tout, au point de parfois l’attirer vers lui jusque dans son propre désespoir. Quelle épreuve, chers frères !

Mais l’âme ne doit pas céder au désespoir. Elle doit regarder l’avenir avec lucidité et se demander sans s’émouvoir si elle est plus heureuse avec Dieu seul ou dans le monde. Alors vient le moment du choix et de la décision importante : l’âme supplie Dieu de l’éclairer davantage et de lui faire ressentir avec certitude où se trouve sa voie.

Quelle épreuve, frères, que celle de la séparation d’avec le monde ! Mais Notre Seigneur veille sur Son enfant, et soudain, c’est la lumière !

+ Vos frères dans la Paix