Message du 4 août 2020





(Fête du saint Curé d’Ars)

Mes chers enfants,

Le Bon Dieu est comparable au soleil (cf. Ps 84 [Vulg. 83], 12), ce grand luminaire qu’il a lui-même créé pour éclairer la Terre et séparer la lumière et les ténèbres (cf. Gn 1, 16-18). Il n’est que lumière et brille pour éclairer les hommes ; en lui, donc, point de ténèbres (cf. 1 Jn 1, 5). N’oubliez pas, mes enfants, que c’est lui qui a tout créé et qu’il continue de donner vie à chacune de ses créatures !

C’est la lumière de son amour généreux, présente dès le commencement, qui a brillé dans les ténèbres et façonné l’univers au premier jour de la Création (cf. Gn 1, 4). C’est celle de son amour paternel qui a créé l’homme à son image et à sa ressemblance au sixième jour (cf. Gn 1, 26). C’est celle de son amour secourable, qui, dans sa toute-puissance, s’est projetée jusque dans le sein de la Vierge Marie, où son Fils a pris chair pour sauver tous les hommes des ténèbres du Péché et de la mort.

Jusqu’à l’avènement de notre Seigneur Jésus-Christ, personne sur Terre n’avait jamais vu Dieu (cf. Jn 1, 18) bien qu’il se soit révélé à plusieurs reprises dans l’histoire du peuple hébreu : par exemple, à Moïse, du milieu d’un buisson ardent, pour lui confier l’avenir de son peuple (cf. Ex 3, 4), et à ce peuple lui-même, dans une nuée (cf. Ex 16, 10 ; 19, 9 ; 20, 21 ; 24, 15-18 ; 34, 5) ; à Samuel, son futur prophète, qu’il a appelé alors qu’il était couché dans son sanctuaire près de l’Arche de Yahvé (cf. 1 S 3, 1-10) ; à Élie, au mont Horeb, dans le souffle d’une brise légère, pour lui confier la suite de sa mission (cf. 1 R 19, 12). Mais il a fallu attendre le moment que le Bon Dieu lui-même s’était choisi pour qu’il vienne visiter cette Terre en chair et en os (cf. Lc 24, 39) en la personne de son Fils. Parce que le Bon Dieu, mes enfants, c’est le Christ Jésus qui nous l’a fait vraiment connaître (cf. Jn 1, 18) !

Le Fils, lumière des peuples, est, en effet, comparable au puissant rayonnement de ce soleil (cf. Mal, 3, 20), dont l’éclat, s’il se dévoilait entièrement à vos yeux, vous rendrait totalement aveugles (1). Car la gloire du Fils est l’image du Père (cf. 2 Co 4, 4). Il est l’Élu, celui que le Père a envoyé pour se révéler directement aux hommes (cf. Jn 1, 18) : « Qui m’a vu a vu le Père » (Jn 14, 9), dit Notre-Seigneur à Philippe dans l’Évangile.

Vous devez tous vous souvenir, mes enfants, de l’aspect qu’a pris le visage du Seigneur Jésus sur la montagne au jour de la Transfiguration, que vous fêterez bientôt : il a resplendi comme le soleil, et ses vêtements sont devenus blancs comme la lumière (cf. Mt 17, 2) tandis qu’une voix venue du Ciel disait : « Celui-ci est mon Fils bien-aimé, qui a toute ma faveur ; écoutez-le ! » (cf. Mt 17, 5). Pourtant, les témoins privilégiés de cette épiphanie – Pierre, Jacques et Jean – ont dû se faire discrets jusqu’au lendemain de sa Résurrection, où, déstabilisés mais se remémorant cet instant de pure grâce, ils commencèrent à comprendre en vérité l’identité de leur Maître, en référence à l’Écriture.

Pour ce qui est de la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ, elle est la victoire de la lumière sur les ténèbres. Le Péché d’Adam, vous le savez, avait causé une terrible catastrophe, dont on aurait pu penser qu’elle serait irréparable. À cause de sa désobéissance, l’homme s’est trouvé privé de la grâce de Dieu, qui l’a banni du jardin d’Éden (cf. Gn 3, 24) et obligé à gagner son pain à la sueur de son front (cf. Gn 3, 17). Et il a entraîné avec lui dans sa chute non seulement la multitude de ses descendants mais aussi la première Création tout entière. C’est  un peu comme si le grand luminaire avait cessé de darder ses rayons sur sa créature pour laisser celle-ci se débrouiller par elle-même dans un environnement où les ténèbres auraient dorénavant droit de cité avec, à leur tête, le Diable.

Dans la désobéissance de nos premiers parents, ce dernier s’est insinué sournoisement au plus intime de l’homme pour y créer le doute, la crainte, le chaos, la maladie ; pour y instiller le mensonge, pour y attiser la jalousie, la convoitise, la colère, la violence, la concupiscence, et tenter de le déséquilibrer de l’intérieur.

C’est pour faire à nouveau rayonner la lumière et l’amour du Bon Dieu dans vos cœurs et pour vous communiquer sa force, sa sagesse et sa pureté, que le Verbe s’est fait Chair et qu’il a habité parmi les hommes. C’est pour vous conduire à sa suite sur le chemin de la sainteté, pour changer vos cœurs, vous transfigurer à votre tour et vous élever jusqu’aux Demeures Célestes.

Quelle grâce ! quelle grâce le Bon Dieu fait à l’homme si celui-ci consent à prendre sa croix et à le suivre fidèlement (cf. Mt 16, 24) ! Voulez-vous devenir des saints, mes enfants ? Pour cela, il vous suffit de le désirer plus que tout et de vous mettre en route. Efforcez-vous de comprendre les vérités de la foi non seulement avec l’esprit mais aussi avec le cœur, et ayez toujours un immense respect à l’encontre du Bon Dieu : du Père-Créateur, qui vous a donné la vie, de son Fils, l’Unique-Engendré, qui a tant enduré pour racheter les péchés de cette humanité souffrante, et du Saint-Esprit, qui vous comble de ses dons. Alors, combien, mes enfants, vous devez, à chaque seconde de votre vie, vous montrer reconnaissants !

Lorsque vous priez devant le Saint-Sacrement, soyez sûrs que le Bon Dieu est là tout entier pour vous, et qu’il vous enveloppe de cette lumière qui vous épure comme on épure l’or et l’argent (cf. Mal 3, 3). Parlez-lui avec le cœur, confiez-lui vos peines, vos soucis et vos projets, et, si tout cela est dans son plan, il vous exaucera pour votre plus grand contentement car rien n’est impossible au Bon Dieu ! Si des larmes, alors, montent à vos yeux, n’en éprouvez point de surprise : c’est que le Bon Dieu aura touché la fine pointe de votre âme. Il désire tellement que vous soyez fidèles à son enseignement et que vous vous efforciez, un peu plus chaque jour, de vous rapprocher de lui en suivant l’exemple de son Fils. Il désire tellement que vous écoutiez sa voix résonner au tréfonds de votre cœur.

Et quand vous vous confessez auprès d’un prêtre et que vous demandez pardon à Dieu pour vos péchés, c’est encore un rayon de sa lumière qui vient pénétrer dans votre âme et dans votre corps pour y faire du ménage.

Vous dites souvent que, aujourd’hui, les femmes de ménage ne savent plus faire leur travail « à fond », jusque dans les coins et les recoins, et vous récriminez contre celles à qui vous êtes obligés de tout expliquer pour qu’elles soient efficaces. Eh bien, mes enfants, n’en est-il point de même pour vous vis-à-vis de la Confession ? Si, quand vous vous confessez, vous omettez volontairement de dire toutes ces petites choses qui vous coûtent le plus (2), la lumière de Notre-Seigneur ne pourra pénétrer là où il est nécessaire qu’elle pénètre pour que le ménage y soit fait « à fond ». Alors, ayez l’honnêteté d’aller droit au but, là où cela fait mal, sans perdre de temps à raconter au prêtre votre vie ou – pire encore ! – celle de votre entourage. Cela relève de la direction spirituelle, ce n’est pas l’objectif de la Confession. En outre, si vous vous éternisez dans le confessionnal, vous risquez aussi de faire perdre patience à ceux qui attendent leur tour, et cela n’est pas très charitable !…

Lorsque vous recevez Notre-Seigneur dans l’Eucharistie, préparez-vous à accueillir sa lumière et son amour. Ne faites pas la queue machinalement comme si vous étiez dans un supermarché en train d’attendre d’être servis, mais préparez votre âme, mes enfants, à la plus belle des rencontres, à la plus extraordinaire des grâces que le Bon Dieu puisse vous offrir, celle qui vous fait participer à la fois à sa divinité et à son humanité : la communion à son Corps et à son Sang.

L’un de ces messages (3) vous expliquait récemment que Dieu dote les êtres humains d’un désir de vivre qui est suffisamment fort pour leur faire oublier la perspective de la tombe. Eh bien, mes enfants, le Bon Dieu vous ménage aussi lorsque vous le recevez dans la sainte communion, car si vous aviez pleinement conscience de ce que vous faites, vous en mourriez !

Chaque fois que vous communiez, c’est un rayon du soleil du Père, qui, en la personne du Fils, et par la puissance de l’Esprit Saint, vient éclairer votre âme et fortifier votre corps. Mais si auparavant le ménage n’a pas été fait « à fond » dans votre âme par une confession sincère, si vos plus gros péchés n’ont pas été accusés, et si résolution n’a pas été prise de vous éloigner des sources de tentation pour éviter d’offenser une fois encore le Bon Dieu, cette lumière divine ne pourra vous atteindre en vos recoins les plus obscurs ni vous être salutaire. Car quiconque mange le Pain ou boit à la Coupe du Seigneur indignement aura à répondre du Corps et du Sang du Seigneur (cf. 1 Co 11, 27). Et celui-là risque même de manger et de boire sa propre condamnation (cf. 1 Co 11, 29) ! Soyez donc saints et raisonnables, mes enfants, et évitez de peiner le Bon Dieu.

Je souhaite, mes chers enfants, que la lecture de ces messages vous aide à comprendre toujours davantage que vous devez montrer envers le Bon Dieu un immense respect, de la révérence et de l’amour, car il se donne à vous en personne pour l’amour de vous. Ah ! si vous saviez le respect que le Bon Dieu a lui-même vis-à-vis de vous et de cette liberté qu’il vous a offerte ! et la patience dont il fait preuve lorsqu’il vous voit sombrer encore et encore dans les pièges du Malin, et quand il vous pardonne encore et encore vos péchés dans le sacrement de la Réconciliation ! Et il continue de veiller sur ceux qui l’aiment et de s’offrir à eux en vérité au-delà de leurs faiblesses, de leurs bassesses, de leurs imperfections et de leurs obscurités (cf. Ps 145 [Vulg. 144], 20). Car il est toute lumière, tout amour et toute pureté – une lumière, un amour et une pureté que rien ne saurait, cependant, altérer, pas même les scories de vos péchés. Vous savez, mes enfants, vous ne pourrez jamais aimer le Bon Dieu autant qu’il vous aime !

Si le Créateur a fait le soleil comme grand luminaire pour régner sur le jour et peut être lui-même comparé à cette source de lumière, il a aussi créé la lune comme petit luminaire pour régner sur la nuit (cf. Gn 1, 16). Eh bien, mes enfants, l’Église peut être comparable à ce petit luminaire (4), que la grâce fait briller de l’éclat même de Dieu. Briller de l’extérieur puisqu’elle réfléchit la lumière du Père comme la lune réfléchit celle du soleil, mais briller aussi de l’intérieur à la manière d’une étoile incandescente puisqu’elle est le Tabernacle vivant du Christ Jésus sur cette Terre.

Et il en est de même, mes chers enfants, pour la Sainte Vierge puisqu’elle a été le Tabernacle vivant du Fils de Dieu fait Homme ! N’est-elle pas, en effet, aussi appelée Stella Matutina – « l’Étoile du matin » – celle qui vient annoncer la montée du soleil et, pareillement, l’avènement du Sauveur du monde ?

Je suis un bien piètre poète, mais je sais que comparer la Sainte Vierge à un astre réjouit toujours le cœur de cette humble Maman. Alors, faites-lui la grâce de la louer par ces quelques mots de l’Hymne acathiste (5) :

« Réjouis-toi, Astre qui annonce le Soleil,
Réjouis-toi, Sein où s’accomplit l’Incarnation de Dieu ! […]
Réjouis-toi, Mère de l’Astre sans déclin ;
Réjouis-toi, Clarté du Jour mystique ! »

Enfin, n’oubliez pas, mes chers enfants, de lever vous-mêmes les yeux vers cette brillante Étoile qui est tout à la fois la Mère de Notre-Seigneur et notre Mère à tous. Si vous la priez fidèlement, elle saura vous aimer de son amour discret et vous aider à rester dans les pas de son Fils.

C’est tout ce que je vous souhaite !

+ Jean-Marie Vianney, prêtre

(1) Il s’agit ici d’une comparaison pastorale pour expliquer un point de catéchisme.

(2) L’adjectif « petites » utilisé ici fait entendre le plus en disant le moins : il fait visiblement référence aux « plus gros péchés » mentionnés ultérieurement dans ce message, ceux qui sont les plus difficiles à accuser en Confession.

(3) V. Message du 23 juillet 2020 de Vos frères dans la Vérité.

(4) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n. 748.

(5) L’Hymne acathiste à la Mère de Dieu est une hymne composée en l’honneur de la Mère de notre Seigneur Jésus-Christ, parmi les plus célèbres de la liturgie chrétienne. Elle fut chantée la première fois pour célébrer la protection que la Mère de Dieu offrit à la ville de Constantinople lors de son siège en 626 par les armées arabes et musulmanes.

Nihil obstat : Abbé Marc-Antoine Fontelle
Imprimatur : + Mgr Gilbert Aubry