Message du 4 août 2025
(Fête du saint Curé d’Ars)
Mes chers enfants,
Je remercie tous ceux qui, en ce jour où je suis parti au Ciel, se sont remémoré le pauvre curé que j’ai été et mon immense amour pour l’Eucharistie, qui m’a uni au Bon Dieu jusque dans l’Éternité. Comme je l’ai aimé, ce Bon Dieu, dès mes premières années. Combien j’ai eu de joie à me donner à lui et à le servir. Combien sa bienheureuse Mère a été bienveillante à mon égard et m’a protégé chaque jour de ma vie. Je l’ai aimée aussi dès mon enfance, et elle m’a pris sous son aile.
Priez, mes enfants, pour que toutes les mères du monde l’aiment aussi et la vénèrent, car elle est la Mère de Dieu, la mère par excellence, la Femme qui, en donnant au monde son Fils, a permis le rachat de l’humanité et, de là, son salut. Priez aussi pour que les mères sachent transmettre à leurs enfants cet amour et cette vénération envers la Sainte Vierge, et pour que ces enfants se sentent aimés d’elle ; pour que, sous sa délicieuse tutelle, ils se laissent conduire à son Fils, notre doux Sauveur. Priez, mes enfants, pour que la rencontre de ces jeunes avec Jésus soit fructueuse, et que leur foi leur fasse déplacer des montagnes et devenir eux-mêmes des saints du Bon Dieu.
Mais de quelles montagnes s’agit-il ? Eh bien, tout simplement, de celles de l’ignorance, du doute et du péché, et de tous les obstacles à la foi, à l’espérance et à la charité – obstacles qui éloignent ou coupent ces garçons et ces filles, dès leur plus jeune âge, de l’amour du Bon Dieu, de l’imitation de son Fils, de l’effusion de son Esprit et de la tendresse de sa bienheureuse Mère.
Pour ceux-là, enfants et adolescents, les principaux obstacles à la foi sont l’absence d’éducation morale et spirituelle au sein de leurs familles lorsque celles-ci ne prient pas, ne fréquentent pas les sacrements et ne se préoccupent point du salut de leurs âmes, et l’usage, en dehors de tout contrôle parental, de consoles de jeux, téléphones portables et ordinateurs dotés d’Internet, qui dévorent leurs neurones et les rendent addicts au jeu et à la pornographie. Je ne pourrai jamais assez remercier le Bon Dieu de m’avoir préservé d’une telle concupiscence et d’un tel manque d’idéal et de transcendance.
Si ces jeunes n’ont pas d’attrait pour le Bon Dieu, mes chers enfants, c’est parce que leurs parents, leurs parrains et leurs marraines n’ont pas la foi chevillée au corps et n’honorent pas les engagements qu’ils ont pris à leur égard au jour de leur Baptême. Beaucoup, en effet, ne fréquentent plus les sacrements. C’est parce que ces jeunes n’ont, pour leur plus grand malheur, personne de proche qui puisse leur parler de Dieu, de la bonne Vierge Marie et du Ciel ; personne qui leur apprenne à se forger une morale chrétienne solide, et à s’éloigner des tentations afin de n’y point succomber ; personne pour les aider à développer leur volonté et leur sens de l’effort ; personne pour leur apprendre à désirer Dieu et à le prier chaque jour fidèlement. Alors, le sens chrétien du bien et du mal leur fait cruellement défaut, et ils ne peuvent associer ces notions qu’à celles de plaisir et de souffrance. Beaucoup font fi de l’obéissance et du respect envers leurs parents et leurs maîtres, négligent leurs devoirs de classe, et ne disposent d’aucune force morale ni d’aucune aide spirituelle pour les aider à résister aux tentations ou à accomplir ce qui doit l’être en fonction de leur âge. Négligeant tout cela, ils construiront bien souvent leur vie d’adultes sur des fondations fragiles, où négligence, paresse et même bêtise se disputeront inévitablement la première place. Parallèlement, certains enfants issus de familles catholiques pratiquantes rejettent parfois, pour différentes raisons, la foi dans laquelle ils ont été éduqués et se comportent tout aussi indignement. Que leurs parents ne se découragent pas et fassent confiance au Bon Dieu. Qu’ils les recadrent simplement avec amour et fermeté, dialoguent avec eux dans la paix et prient pour eux chaque jour à l’image de sainte Monique, priant sans se décourager pour la conversion de son fils Augustin. Avec le temps et l’assistance du Saint-Esprit, tout devrait pouvoir rentrer dans l’ordre.
Les principaux obstacles à l’espérance, mes chers enfants, sont d’abord, pour ces jeunes, le fait de ne pas avoir été catéchisés et, de là, celui de ne pas croire au Bon Dieu, de ne pas connaître l’enseignement de son Fils Jésus-Christ, et de ne jamais entendre parler – sinon en des termes superstitieux ou ésotériques – de la vie après la mort, c’est-à-dire de celle que tout être humain est appelé à avoir auprès de Dieu, de ses anges et de ses saints au-delà de la vie terrestre, dans son Ciel de gloire. Les conséquences en sont souvent très graves puisque, à moins d’un changement radical de situation dû à la rencontre avec quelque chrétien à la doctrine sûre, ou à une révélation de notre Seigneur Jésus-Christ directement au fond de leur âme, la vie de ces jeunes risque de se voir marquée par des angoisses de mort ou ponctuée de périodes de découragement et de mélancolie. Si plus rien pour eux ne finit par avoir de sens, ils risquent même de sombrer dans un désespoir qui les conduise au suicide.
Combien, croyant au Ciel, j’ai pu me sentir aimé par Notre-Seigneur lui-même, par sa douce Maman et par tous les saints dont j’ai découvert peu à peu la vie dès mon jeune âge. Je les imaginais, dialoguais avec eux, et ce que j’apprenais sur leur existence fortifiait en moi l’espoir de leur ressembler pour suivre à mon tour fidèlement Jésus dans la plus grande obéissance, et l’espérance d’aller les rejoindre un jour dans le Paradis. Par la grâce de Dieu, je n’ai pas connu, en mon enfance, les assauts du Diable tels qu’ils se manifestent aujourd’hui dans la vie quotidienne de nombreux jeunes : incitation à la rébellion, au mensonge, à la tricherie, à la violence, à l’oisiveté, à la paresse ; entichement pour toutes formes de jeux et de vidéos addictifs et pour des héros de fiction qui, souvent laids, immoraux et violents, n’ont que l’éclat d’un feu de paille.
Bénis soient les miracles accomplis par notre Seigneur Jésus, qui portent les jeunes croyants à la révérence envers le Bon Dieu, et à la délectation et au respect des choses saintes. Maudits soient, en revanche, les veaux d’or du monde moderne, ces idoles sans âme qui conduisent les jeunes sans éducation religieuse dans la futilité et la vacuité d’une vie sans Dieu et sans transcendance qui, fût-elle pavée de bonnes intentions, conduit néanmoins tout droit en Enfer !
Mon héros à moi, mon champion, mon modèle, mon Sauveur, Celui qui a vaincu la mort et envoyé aux hommes son Esprit de sainteté, c’est ce bon Jésus, que, une fois prêtre, je conviais humblement sur l’autel du sacrifice à chacune de mes messes. Il est resté ce héros jusqu’à ma pauvre fin, qui m’a comblé de joie en me faisant entrer dans le face à face tant espéré avec sa lumineuse divinité.
J’avais aussi une héroïne : elle n’était, mes enfants, ni ce psychotrope tant prisé par vos jeunes en mal de vivre, ni une prétendue divinité d’origine païenne, mais ma reine, ma muse, mon égérie (1), ma perle fine, mon étoile, celle qui toujours guidait mes pas dans ceux du Christ Jésus. C’était la Vierge Marie, sa propre Mère. Je me réfugiais souvent auprès d’elle et la priais, et elle veillait soigneusement à ce que je fusse jour et nuit assisté de ses anges – à commencer par celui que le Bon Dieu m’avait assigné, mon ange gardien, auquel s’est joint plus tard celui de ma paroisse. Sous le patronage de cette bonne Mère, tous deux se mettaient promptement à mon service chaque fois que je les sollicitais, et se faisaient eux aussi mes messagers auprès de Dieu.
Il y avait enfin les saints et les saintes que j’aimais et que je vénérais, ceux qui m’ont nourri tout au long de ma vie par l’exemple édifiant de leur foi toute tournée vers le Bon Dieu, par la splendeur de leur charité toute puisée dans le Bon Dieu, et par la pédagogie de leur enseignement tout orienté vers le Bon Dieu et vers ses Commandements – et cela dans un seul et unique objectif : que mon espérance soit parfaite pour qu’à mon heure dernière, je sois conduit par ma Mère du Ciel jusque dans la lumière triomphante de la Vie divine pour y retrouver tous mes vrais héros.
Les jeunes qui ne disposent que de pauvres héros de papier, de séries télévisées ou de films de cinéma, et de délirantes idoles de concerts psychédéliques ou de films pornographiques, ne retrouveront point ces personnages au Ciel, les premiers n’existant que dans l’imagination de leurs auteurs et les seconds n’étant que des fantoches actionnés par le Diable et par ses sbires.
Les principaux obstacles à la charité, mes chers enfants, sont, pour ces jeunes, l’égoïsme et l’insouciance de parents qui jamais ne donnent de leur temps pour aider bénévolement des associations chrétiennes ou des personnes en difficulté, ni de leur argent pour subvenir aux besoins de leurs frères les plus pauvres ou du clergé de l’Église catholique. À cet égard, il serait bon que tout être humain, dès sa petite enfance, apprenne à partager et à donner généreusement et dans la joie, la joie de découvrir le bonheur dans les yeux de celui qui reçoit. Ce type de comportement n’étant pas toujours spontané, il est important que les parents éduquent leurs enfants à être charitables, d’abord envers leurs frères et sœurs, et aussi envers leurs camarades.
Cependant, la vraie charité ne se limite point à l’aide apportée à autrui sous quelque forme que ce soit. Elle requiert un état d’esprit qui ne se plaise point à juger en permanence les uns et les autres, mais, au contraire, à leur trouver plutôt des vertus et des circonstances atténuantes ; un état d’esprit qui se plaise, dans la mesure du possible, à prendre la défense de celui qui est attaqué. Un enfant qui entend en permanence son père ou sa mère porter des jugements négatifs ou formuler d’incessantes critiques sur autrui, se surprendra sans doute, à l’âge adulte, à adopter la même attitude. Mieux vaut donc ne point habituer les enfants à pécher par la langue quand notre bon Jésus nous demande de ne pas juger. Car celui qui juge sera jugé à son tour au tribunal de Dieu de la même façon qu’il aura jugé son prochain (cf. Mt 7, 1-2).
Priez, mes chers enfants, et vivez vous-mêmes dans la foi, l’espérance et la charité. Élevez toujours vos âmes vers le Bon Dieu et vous contribuerez à élever le monde et à y faire régner la paix. Comme le Père-Créateur envoie sur les fleurs une pluie généreuse, laissez-le aussi répandre sur vous ses bienfaits et ses grâces afin que vous puissiez croître et vous épanouir sous le soleil de son amour.
Enfin, c’est de tout cœur, mes chers enfants, que je vous bénis, en vous recommandant de ne point oublier de vénérer dans quelques jours notre douce Mère en son Assomption dans le Ciel, elle qui, toute unie au Bon Dieu, n’a jamais failli ni dans la foi, ni dans l’espérance ni dans la charité (2).
+ Jean-Marie Vianney, prêtre
(1) Égérie (du latin Egeria, nom mythologique) : le mot est ici utilisé dans le sens de « inspiratrice ».
(2) V. Message du 15 août 2024 de saint Jean-Marie Vianney.
Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.