Sermon du 25 décembre 2000





SERMON DE NOËL
(Inspiré au messager pour une paroisse)

Mes frères,

Nous voici réunis ce soir pour le dernier Noël du deuxième millénaire. Malgré certaines prédictions, notre bon vieux monde est toujours là, et toutes les œuvres du Seigneur continuent inlassablement à bénir le Seigneur : astres du ciel, pluies et rosées, souffles et vents, feu et chaleur, fraîcheur et froid, lumière et ténèbres, montagnes et collines, plantes de la Terre, océans et rivières, oiseaux, fauves et troupeaux, comme le chante si merveilleusement le Cantique des Trois Enfants (cf. Dn 3).

Et nous, les enfants des hommes, rassemblés dans nos églises en cette veillée de Noël, nous bénissons aussi le Seigneur en union avec les anges, les esprits et les âmes des justes que nous aimons et qui nous ont quittés. Nous bénissons le Seigneur parce qu’il nous a donné, en la personne de son Fils Jésus, né de Marie en cette belle nuit, un Sauveur. Un Sauveur venu pour faire des pécheurs que nous sommes de vrais enfants de Dieu !

Mes frères, au milieu de l’ivraie qui pousse dans notre cœur, il se trouve toujours un peu de bon grain. Eh bien ! c’est ce grain-là que Jésus veut que nous fassions fructifier pour pouvoir être sauvés ! Et il nous demande d’arroser chaque jour notre jardin intérieur pour que ce grain donne naissance, en nous, à une flore nouvelle faite de bonté, de douceur, de patience, d’altruisme, de dévouement ; mais aussi à toute une flore faite de vie intérieure et de spiritualité vivante.

Car sans Dieu, l’homme est un être perdu qui finit dans la tombe ! Mais avec Dieu, il devient un être lumineux qui hérite du Ciel. C’est pourquoi l’homme a non seulement le besoin mais aussi le devoir de se laisser guider par Dieu, de se laisser éduquer par Dieu, de se laisser aimer par Dieu, de se laisser sauver par Dieu. Cependant, tantôt bercé par le ronronnement de la vie quotidienne, tantôt « robotisé » par une vie trépidante ou happé dans les filets d’un matérialisme pervers, l’homme oublie trop souvent Celui qui l’a créé pour qu’il soit son ami. Car tel est bien le propre du chrétien : être l’ami de Dieu, l’ami fidèle qui veut faire sa volonté.

Alors, à l’aube de ce troisième millénaire que nous allons bientôt franchir, peut-être pourrions-nous nous pencher quelques instants sur nous-mêmes avec franchise et honnêteté : quels progrès avons-nous effectués depuis l’an passé, où, à la suite d’une homélie sur l’amour de Dieu pour l’homme, nous nous sommes promis de faire des efforts pour servir Dieu davantage ? Sommes-nous plus charitables envers nos frères ? Plus patients et plus aimants en famille ? Plus attentifs à l’autre, au sein du couple ? Plus généreux envers chacun ? Plus serviables au travail ? Plus compatissants pour ceux qui souffrent ? Plus obéissants aux consignes que nous donne l’Église ?

Et à l’égard de Dieu, qu’en est-il ? Quelle part de notre temps consacrons-nous à la prière ? Quel enthousiasme mettons-nous à retrouver Jésus, le dimanche, à l’église, alors que nous passons des heures en compagnie de notre téléviseur ou de notre ordinateur ?

Mes frères, si nous ne brûlons pas d’amour pour Dieu, c’est que nous n’avons toujours pas compris l’amour dont Dieu nous aime ! C’est que nous n’avons toujours pas compris que le Pain et le Vin qui vont être, tout à l’heure, consacrés sur cet autel, vont devenir, par le plus grand des miracles, le Corps et le Sang de Notre Seigneur, c’est-à-dire la chair de Dieu fait homme, né pour nous dans cette crèche, et mort pour nous en prenant sur ses épaules tout le poids de nos fautes ! La chair de l’unique Dieu-Sauveur, offerte à ses enfants, pour les faire grandir, comme par osmose, à la vie du Ciel ! C’est pourquoi l’Église nous recommande toujours de nous confesser régulièrement lorsque nous souhaitons nous approcher de l’Eucharistie avec respect.

Mais contemplons à présent cet Enfant si touchant, et méditons sur ce grand mystère qu’est l’Incarnation : Dieu fait Homme comme nous, Dieu fait Homme pour nous, afin que nous devenions à notre tour, par la grâce de notre Baptême et la sainteté de notre vie, de véritables enfants de Dieu, comme l’Enfant de la Crèche. Quelle grandeur ! Quelle merveille ! Et cela n’est pas tout puisque, en faisant de nous ses enfants, Dieu lui-même veut aussi nous entraîner avec lui jusque dans la Résurrection, jusque dans la Vie qui n’aura pas de fin. Alors, nous le verrons face à face, et nous retrouverons tous ceux que nous avons aimés et qui nous attendent Là-Haut ! Que pourrions-nous espérer de plus ? Cela ne vaut-il pas la peine de faire quelques efforts ?

Mes frères, si nous voulons progresser, prions Jésus, Notre Seigneur, qui a été le médecin de toutes les infirmités : demandons-lui, comme l’ont fait les saints, de mettre dans notre cœur un plus grand désir de Dieu. Demandons-lui, comme le publicain de l’Évangile d’avoir pitié de notre faiblesse (cf. Lc 18, 9-14), comme l’aveugle de naissance, de nous ouvrir les yeux (cf. Jn 9, 1-41), et comme le lépreux, de nous purifier de nos souillures (cf. Mc 1, 40-45). Demandons-lui aussi de nous rendre plus forts face aux tentations et plus obéissants à la voix de son Esprit Saint qui, à travers notre conscience, vient inlassablement nous susurrer la Vérité, qui seule peut nous rendre libres.

Enfin, prions aussi, en cette belle nuit, la Vierge Marie, Mère du Sauveur, pour qu’elle élève notre âme comme elle a élevé celle de son Fils, et qu’elle veille sur nous comme elle a veillé sur lui. Alors, plus nous suivrons Jésus, plus nous deviendrons saints, et plus nous serons heureux ! Évidemment, tout cela ne va pas sans sacrifices ni sans un certain détachement de la « normalité » en vigueur dans nos sociétés contemporaines. Mais nous aurons fait ce qui plaît à Dieu et à sa Mère, et là est l’essentiel. Joyeux Noël à tous, mes frères !

Amen.