Sermon du 25 décembre 2001





SERMON DE NOËL
(Inspiré au messager pour une paroisse)

Mes frères,

Ce soir, c’est Noël ! Noël sur toute la Terre. Même dans des familles qui ne croient pas en notre Seigneur Jésus-Christ, des repas sont partagés et des cadeaux échangés. Mais pour nous, chrétiens, c’est avant tout la naissance du Sauveur. Notre présence, ce soir, dans cette église, en est le témoignage. Cependant, au-delà de cette messe de Noël, à laquelle nous participons encore bien volontiers pour ne pas rompre avec la tradition, qu’est-ce que la naissance de Jésus va changer en nous ? En quoi notre cœur va-t-il être différent au cours de l’année qui s’annonce ?

Mes frères, pour que ce Noël transforme notre vie, il est indispensable de comprendre d’abord le message de l’Enfant de la Crèche. Un Enfant nous est né, un Fils nous a été donné, donné par Dieu le Père : c’est le Fils de Dieu fait Homme. Quelle grâce ! Quel privilège ! Mais pourquoi ce Fils nous a-t-il été donné ? Pourquoi ce Fils s’est-il fait Homme comme nous alors qu’il est Dieu ? La réponse est simple : c’est parce qu’il veut faire de nous des fils de Dieu comme lui. C’est parce qu’il veut nous faire participer pleinement à sa divinité.

Pourtant, direz-vous, ne sommes-nous pas déjà enfants de Dieu puisqu’il est notre Père et qu’il nous a créés ? Bien sûr, au départ, nous le sommes. Mais si nous nous détournons de Dieu pour nous attacher à de faux dieux comme le pouvoir, l’argent, le vedettariat ou la corruption morale, alors, nous abandonnons notre Père et nous ne sommes plus dignes d’être appelés ses fils. Nous devenons des hommes « transgéniques », déformés par la matière, alors que nous devrions être des saints, transfigurés par une spiritualité épanouissante.

Chacun d’entre nous a été créé doté de toutes les qualités qui peuvent lui permettre de devenir saint. Mais si nous laissons libre cours à nos égoïsmes, à nos petitesses, à notre mauvais caractère, à notre concupiscence, si nous pensons toujours à nous avant de penser à notre prochain, alors, non seulement nous blessons notre entourage, mais aussi nous nous éloignons de Dieu et perdons de notre belle ressemblance avec lui. C’est pour nous aider à retrouver cette ressemblance que Dieu, notre Père, qui nous aime, nous a envoyé son Fils.

Mes frères, si, en dehors de cette messe de Noël, nous ne fréquentons pas régulièrement les sacrements, si nous n’apprenons pas à connaître Jésus en lisant son Évangile, si nous ne parlons jamais de lui avec personne, si nous ne méditons jamais ses mystères, eh bien, nous aurons sans doute beaucoup de mal à l’aimer. En revanche, si nous nous plongeons régulièrement dans la lecture des Évangiles de saint Matthieu, de saint Marc, de saint Luc ou de saint Jean, si nous lisons les Actes des Apôtres et les Épîtres, nous découvrirons Jésus à travers des témoins authentiques, et chaque fois que nous entendrons parler de lui, notre cœur battra dans notre poitrine comme le cœur des pèlerins d’Emmaüs (cf. Lc 24, 13-35).

Souvenez-vous… C’était après la Crucifixion et, tout en se rendant à Emmaüs, deux disciples discutaient de ce qui était arrivé à Jésus quand un homme s’approcha pour faire route avec eux. Cet homme, c’était Jésus ressuscité, mais les yeux des deux disciples ne voyaient pas encore que c’était lui. Et pendant cette longue marche dans la campagne, cet homme leur expliqua tout ce qui concernait Jésus à travers les Écritures. Saint Luc, l’évangéliste, nous dit combien les cœurs des deux disciples étaient brûlants alors qu’ils écoutaient cet homme leur parler de Jésus. Quand ils arrivèrent au village, ils pressèrent leur nouvel ami de rester partager leur repas. Et comme ils étaient à table, l’homme prit du pain, dit la bénédiction, le rompit et le leur donna. Alors, nous dit saint Luc, « leurs yeux s’ouvrirent et ils le reconnurent, mais il avait disparu de devant eux » (Lc 24, 30). C’est ainsi que Jésus s’effaçait derrière le Pain eucharistique – ce Pain eucharistique, qui est la marque authentique de la Présence vivante de Jésus parmi les hommes. Oui, mes frères, l’hostie que vont recevoir tout à l’heure ceux qui sont dans les dispositions pour le faire est toujours, deux mille ans plus tard, la Présence vivante de Jésus.

Et c’est pour nous laisser cette Présence que l’Enfant de la Crèche, que nous fêtons aujourd’hui, est venu au monde. C’est pour devenir ce Pain. Un Pain dont il a affirmé lui-même qu’il est le Pain de Vie (cf. Jn 6, 35), et que celui qui le mangera vivra éternellement (cf. Jn 6, 51). C’est cela le grand mystère de Noël : Jésus, venu en ce monde pour vaincre les ténèbres du Péché, triompher de la mort et nous donner la Vie, celle qui n’a pas de fin ! Jésus, venu en ce monde pour nous agréger à son Corps Mystique, qui est l’Église, et faire de nous des membres de ce Corps, des frères et des disciples, des chrétiens authentiques, prompts à l’aimer et à se laisser accompagner par lui.

Alors, mes frères, faisons comme les disciples d’Emmaüs : laissons-nous accompagner, sur la route de notre vie, par Notre Seigneur lui-même. Mais n’attendons pas d’être arrivés à la fin de notre itinéraire pour le reconnaître ! Au contraire, demandons-lui de nous révéler chaque jour sa présence, de nous éclairer de son Esprit Saint, de nous réchauffer de son amour et de venir à notre secours autant de fois que nécessaire lorsque, pauvres brebis imprudentes, nous cédons aux tentations de ce monde.

Si nous nous sommes querellés avec nos proches, profitons de ce Noël pour nous réconcilier. Si notre conscience n’est pas claire, profitons de ce Noël pour nous confesser à un prêtre et laissons agir en nous la grâce. Demandons à la Vierge Marie et à saint Joseph, les bienheureux parents de Jésus, de veiller sur nous et de nous aider à mieux connaître leur Fils. Ainsi, nous deviendrons nous aussi des fils de Dieu à part entière, forts de l’espérance de nous retrouver tous un jour au Ciel. Voilà, mes frères, le vrai message de Noël ! Joyeux Noël à tous, mes frères !

Amen.