Sermon du 25 décembre 2009





SERMON DE NOËL
(Inspiré au messager pour une paroisse)

Mes frères,

Nous voici réunis pour célébrer la fête Noël : remercions Notre-Seigneur pour cette grâce ! Combien d’êtres humains, en effet, désertent aujourd’hui les églises et ne pensent qu’à faire la fête sans même avoir une pensée pour l’Enfant de la Crèche, une pensée pour l’Enfant-Dieu, qui, il y a plus de deux millénaires, s’est fait Homme comme nous pour venir visiter notre Terre.

« Tout ce mal dans le monde, disent les incroyants, toute cette violence, les pays en guerre, la famine, la pauvreté, toutes ces horreurs dont certains sont victimes, les morts prématurées, les abus d’enfants… S’il y avait un Dieu, tout cela n’arriverait pas ! » Allons ! soyons sérieux, mes frères : pourquoi accuser Dieu ? En nous donnant la liberté, notre Père du Ciel nous a aussi donné le choix inévitable entre le bien et le mal. Et si nous choisissons le mal et portons tort à notre famille, à notre prochain, à notre pays, même, eh bien ! nous sommes les seuls responsables de nos agissements. Ce sont les hommes avides de pouvoir, de richesses et de jouissances qui mettent à mal ce monde, et Dieu n’est pour rien dans tout cela car il est bon ! Et la preuve de sa bonté n’est autre que cette fête de Noël, avec la naissance de Jésus.

Jésus, Fils de Dieu, vient parmi nous pour nous aider à lutter contre le mal et pour nous sauver de la mort due au Péché par sa Passion, son sacrifice sur la croix et sa Résurrection. Rendez-vous compte, mes frères ! L’Enfant de Noël vient pour que nous soyons nous aussi ressuscités à sa suite et que nous puissions le retrouver un jour au Ciel avec tous ceux que nous aurons aimés !

Non, mes frères ! Dieu ne peut pas être responsable de nos malheurs. C’est l’homme le responsable ! l’homme, qui a été capable de condamner un innocent au supplice de la croix… Et qu’avait-il dit, cet innocent ?

Aimez votre Père du Ciel de tout votre cœur (cf. Mc 12, 30).
Aimez-vous les uns les autres (cf. Jn 13, 34).
Heureux les doux (cf. Mt 5, 4).
Heureux les Miséricordieux (cf. Mt 5, 7).
Heureux les cœurs purs (cf. Mt 5, 8).
Heureux ceux qui font œuvre de paix (cf. Mt 5, 9).
Heureux ceux qui sont persécutés pour la justice (cf. Mt 5, 10).

Que pourrions-nous dire contre ces paroles ? Qui oserait leur opposer des critiques ? Les incroyants qui maudissent l’Église – qui est notre Mère – n’ont visiblement qu’une idée fausse de l’enseignement qu’elle continue de répandre à temps et à contretemps. Si leurs propres rejetons désertaient le bercail pour aller faire les quatre cents coups malgré l’excellente éducation qu’ils leur auraient donnée, ils comprendraient sans doute beaucoup mieux que l’Église ne puisse être tenue pour responsable des mauvais agissements ou des erreurs de certains de ses prêtres ou de ses enfants.

L’Église, mes frères, est le Corps du Christ, et c’est elle qui nous transmet sa Parole, la Parole de Dieu. Si des laïcs ou même des ecclésiastiques – de quelque rang qu’ils soient – ne suivent pas cette Parole, ils en sont les seuls responsables, et notre devoir de chrétiens n’est pas de les juger ni de les accabler mais de les reprendre (cf. Mt 18, 15-20) et de prier pour eux.

L’Enfant de la Crèche devenu adulte était évidemment innocent de tout ce dont il avait été accusé, et si tout homme suivait son enseignement – dont l’Église est la Gardienne -, le mal déserterait le monde ! Alors, comment pouvons-nous, par notre modeste contribution, aider ce monde à changer ?

Tout simplement en ouvrant notre cœur à l’enseignement de Jésus, l’Enfant de Noël, et en priant Marie, Mère de Dieu, de nous élever comme elle a élevé son Fils.

Que vient nous enseigner Jésus ? Eh bien, il vient nous apprendre à aimer Dieu comme un enfant aime ses parents, et à croire que Dieu nous aime d’un amour incommensurable. Il vient nous apprendre à accueillir cet amour dans notre cœur pour qu’il le transforme et fasse de nous des êtres tout brûlants de charité, des êtres qui respectent leurs frères et ne les jugent pas, des êtres qui se respectent eux-mêmes puisqu’ils sont temples de l’Esprit Saint, des êtres qui sont attentifs à chacune des paroles qui sort de leur bouche, à chacun de leurs actes, à chacune de leurs pensées.

Car les paroles peuvent exprimer les choses les plus belles et les sentiments les plus nobles comme elles peuvent aussi nuire, effrayer, blesser, détruire.  Chacune de nos paroles, mes frères, est comme une graine que nous semons dans le cœur des autres : elle a le pouvoir de faire grandir mais aussi celui de blesser et même de tuer. C’est pour cela que Jésus veut semer sa propre Parole dans notre cœur, cette Parole de sagesse dont l’Évangile de Jean nous dit : « Au commencement était le Verbe, et le Verbe était auprès de Dieu, et le Verbe était Dieu. » (Jn 1, 1)

Combien de paroles blessantes ou choquantes lancées par des adultes ou par des camarades avons-nous été contraints de conserver dans notre cœur depuis notre enfance, comme autant de poisons ? Jésus est venu nous libérer de ces paroles auxquelles nous sommes encore si souvent enchaînés. Il est venu nous en libérer par son amour. Alors, ouvrons-lui la porte de notre cœur pour qu’il y sème le pardon et la paix !

Et qu’en est-il de nos actes ? Eh bien, chaque fois que nous cherchons à satisfaire notre « petit moi » au détriment de la santé de notre âme, chaque fois que nous faisons du tort à nos frères ou nuisons à notre environnement, nous rejetons notre dignité d’êtres humains, créés à l’image de Dieu. Et si nous avions le regard de notre Père du Ciel sur nous-mêmes, nous verrions qu’en croyant satisfaire nos désirs, nous rejetons, en fait, notre propre bonheur. Car tout acte égoïste, une fois qu’il a été commis, laisse nécessairement chez l’humain sain d’esprit un arrière-goût de culpabilité ou un certain mal-être…

Enfin, mes frères, prenons conscience de la puissance de nos pensées car ce sont elles qui, la plupart du temps, précèdent nos actes. Les scientifiques les plus éminents vous diraient aujourd’hui que la pensée influe sur la matière et que le résultat d’une expérience peut être carrément faussé par la personne qui la fait. Les pensées mauvaises, soyons-en sûrs, polluent notre cœur et blessent notre âme. Ne leur donnons pas de raison de proliférer en nous, mais laissons plutôt Jésus y faire le ménage et nous aider à épurer toutes nos scories au contact de son amour.

Car l’Enfant de Noël, mes frères, nous aime infiniment ! Il nous l’a prouvé par sa venue même sur cette Terre, où il devait offrir sa vie pour le rachat de nos fautes. Et aussi dans le but de nous laisser son Corps et son Sang en héritage, pour nous aider à grandir spirituellement à chacune de nos communions, car il est le Pain de Vie (cf. Jn 6, 22-71).

Et si nous ne nous sentons pas dignes de le recevoir, Dieu vient encore pallier ce manque puisqu’il nous offre le pardon de nos fautes à travers le sacrement de Réconciliation. À ce sujet, je ne peux, mes frères, que vous encourager à laisser régulièrement vos cœurs s’épancher avec sincérité auprès d’un prêtre pour accéder à la paix, à la paix intérieure, celle qui touche jusqu’à la fine pointe de l’âme.

Ainsi, chacune de nos communions peut devenir pour nous une véritable fête de Noël dans la mesure où Jésus lui-même vient visiter notre jardin intérieur pour y semer le bon grain de l’Éternité. Alors, il travaille notre terreau par son enseignement, le fertilise par son amour, et l’arrose patiemment jusqu’au crépuscule de notre vie terrestre. Et quand l’heure sera venue pour nous de naître à notre tour dans son Ciel de gloire sous le regard maternel de la Vierge Marie, il nous accueillera amoureusement à la table du Royaume, tandis que les anges se réjouiront en chantant : Gloria in excelsis Deo. Joyeux Noël, mes frères !

Amen.