Sermon du 25 décembre 2008





SERMON DE NOËL
 (Inspiré au messager pour une paroisse)

Bien chers frères,

Aujourd’hui, ce n’est pas un jour comme les autres : c’est Noël, c’est l’anniversaire de Notre Seigneur. Chaque année, nous fêtons tous nos anniversaires, mais celui de Jésus-Christ est un anniversaire très particulier : les nôtres ont seulement une dimension humaine, le sien est doté d’une dimension cosmique – cosmique parce que l’anniversaire de Jésus-Christ, c’est l’anniversaire de notre Dieu !

Avons-nous songé, mes frères, que Dieu en personne a aussi un anniversaire : l’anniversaire de sa naissance terrestre ? LÉvangile, en effet, nous rapporte qu’il y a quelque deux mille ans, le Dieu du Ciel et de la Terre, le Dieu de l’univers entier, le Créateur de tout ce qui existe, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob s’est fait Homme. Qu’il s’est fait Homme comme nous. Qu’il est né de Marie, une mère humaine, comme nous… Pour notre compréhension limitée, mes frères, l’Incarnation de notre Seigneur Jésus-Christ reste un bien grand mystère :

« Il était la lumière véritable qui éclaire tout homme, nous dit le chapitre 1er de l’Évangile de Jean, et le monde ne l’a pas reconnu. Il est venu chez lui, et les siens ne l’ont pas accueilli. Mais à tous ceux qui l’ont accueilli, il a donné pouvoir de devenir enfants de Dieu » – et ce pouvoir, il continue de le donner « à ceux qui croient en son nom » (Jn 1, 9-12).

Cette lumière véritable, c’est la lumière de Noël, la lumière de l’Enfant-Dieu venu dans le monde. Cette lumière, c’est la lumière de l’enseignement qu’il a apporté au monde, la lumière de la Sagesse faite homme, la lumière de la Parole, du Verbe de Dieu, qui conduit à la Vie Éternelle. Si les Mages ont suivi l’étoile de Bethléem pour qu’elle les conduise jusqu’à l’Enfant-Dieu, Jésus aujourd’hui nous invite à son tour à le suivre et à nous laisser conduire par lui tout au long de notre vie, jusque dans l’Éternité. Alors, mes frères, commençons par contempler l’Enfant de la Crèche dans le silence et le recueillement, et demandons-lui – surtout si nous n’avons pas l’habitude de participer à la messe – de venir réchauffer et éclairer notre cœur.

Il y a quelque deux mille ans, la lumière du Dieu incarné a brillé au milieu des veaux d’or et des faux dieux. Cette lumière aujourd’hui brille encore pour nous dans les ténèbres et s’offre encore à la contemplation des cœurs humbles et sincères. Cette lumière, c’est Jésus-Christ lui-même, c’est l’Enfant de Noël, rendu présent réellement dans l’Eucharistie à chacune de nos célébrations. Ses Apôtres ont « contemplé sa gloire, gloire qu’il tient du Père comme Unique-Engendré » (Jn 1, 14). Ils ont été les témoins de sa Résurrection d’entre les morts et de son Ascension dans le Ciel, et ils nous ont transmis, à travers son Église et de génération en génération, sa Parole de Vérité.

Cette parole prophétique, nous dit la Seconde Épître de Pierre, « vous faites bien de la regarder, comme une lampe qui brille dans un lieu obscur » car « il y a eu de faux prophètes dans le peuple, comme il y aura parmi vous de faux docteurs… et la voie de la vérité sera blasphémée à cause d’eux » (2 P 2, 1-3). Le pourvoir, le sexe et l’argent, lorsqu’ils sont mal gérés, sont les idoles des faux docteurs de la société d’aujourd’hui. Comme le dit si bien le Livre de l’Ecclésiaste : « Il n’y a rien de nouveau sous le soleil ! » (Qo 1, 9). Orgueil, égoïsme, jalousie, mensonge, convoitise, n’ont pas disparu de notre monde. Avarice, méchanceté, impureté et violence non plus. Et vous remarquerez que toutes ces fautes peuvent, en fait, se résumer à une seule : le péché contre l’amour, le péché contre les deux premiers des Commandements : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit » et « Tu aimeras ton prochain comme toi-même. » (Mt 22, 37-39)

Mes frères, les pièges sont innombrables dans notre monde moderne, surtout pour la jeunesse, qui, animée par une immense soif d’indépendance et fascinée par le côté séducteur des nouvelles technologies, croit agir en toute liberté en se précipitant à corps perdu vers les lumières de ce bas monde, alors qu’elle se laisse stupidement piéger par ses paradis artificiels. Et cela n’est pas étonnant lorsqu’on laisse la lumière de Jésus-Christ sous le boisseau…

Alors vous qui, comme moi, avez été baptisés et reconnaissez l’Enfant de Noël comme vrai Dieu et vrai Homme, vous comprendrez la responsabilité que nous avons aujourd’hui, dans cette société, vis-à-vis de la jeunesse. Si nous ne sommes pas pour les jeunes des exemples d’adultes équilibrés et heureux de vivre sous le regard de Dieu, des adultes justes, avisés et capables de discernement ; si nous ne sommes pas des exemples de charité, de bonté, de sincérité et de fidélité à notre foi pour qu’en voyant les fruits que nous en retirons, les jeunes aient envie de partager avec nous ce bonheur, eh bien ! comment voulez-vous que des enfants ou des adolescents encore fragiles puissent résister à l’attrait des lumières factices que leur offre tous les jours cette société de consommation tant vantée par les médias ?

Et vous, les jeunes, si vous négligez les moments de dialogue avec Notre Seigneur dans la prière et l’oraison ; si vous ne sollicitez plus son aide et n’allez plus vers vos prêtres pour être enseignés par eux et recevoir le pardon de vos fautes ; si vous vous coupez de l’Eucharistie, présence véritable de Dieu dans votre cœur pour vous aimer et vous guider ; si vous refusez même l’amour et l’aide de vos parents, qui vous ont donné la vie, vous ferez taire la voix de votre conscience et vous vous couperez de Dieu, clamant que vous n’avez plus la foi, pour pouvoir vous adonner à des plaisirs faciles et destructeurs. Mais sachez que dans cette voie, vous ne trouverez jamais la paix et le bonheur, que seul Jésus peut vous donner.

« Il est grand le mystère de la foi ! », est-il dit dans l’anamnèse de la messe. Et cela est d’autant plus vrai que certains des hommes qui ont connu Jésus en chair et en os et l’ont vu accomplir des miracles l’ont condamné et conduit jusqu’à la Croix, alors que d’autres, qui ne l’ont jamais connu, l’ont rencontré dans leur cœur et ont cru à sa Parole. Que nous soyons adultes ou enfants, mes frères, soyons de ceux-là parce que nous avons été baptisés « au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit » (Mt 28, 19), et veillons à ne pas lui fermer notre cœur. Efforçons-nous, au contraire, d’apprendre « à observer tout ce que » Jésus nous a « prescrit » (Mt 28, 20) et témoignons-en par nos œuvres : « À quoi cela sert-il, en effet, dit le deuxième chapitre de l’Épître de Jacques, que quelqu’un dise : ‘J’ai la foi’, s’il n’a pas les œuvres ?… Comme le corps sans l’âme est mort, de même la foi sans les œuvres est-elle morte. » (Jc 2, 14. 26)

Profitons donc de ce temps de Noël, mes frères, pour accueillir à nouveau dans notre cœur l’Enfant-Dieu, et demandons-lui de nous aider à lui rester fidèles. « Peuple fidèle, dit le cantique, le Seigneur t’appelle : c’est fête sur Terre, le Christ est né. Viens à la crèche voir le Roi du monde. En lui, viens reconnaître ton Dieu, ton Sauveur ! » Tel est, mes frères, le premier des actes que nous devons poser pour renouveler à Notre Seigneur notre fidélité. Tel est le premier des actes que nous devons poser pour nous laisser aimer par lui dans cette joie de Noël.

Et lorsque nous aurons ressenti cet amour, gardons-le en nous précieusement pendant toute la durée de notre pèlerinage terrestre jusqu’à ce qu’un jour, dans le Ciel, comme nous l’a garanti la Galilée de la Résurrection, il nous révèle concrètement son visage. Joyeux Noël, mes frères !

Amen.