Message du 13 octobre 1985





Bien chers frères,

Nous lisons dans votre cœur des doutes au sujet de la façon dont il convient de prier et de l’efficacité de vos paroles lorsqu’elles sont répétées mécaniquement. Écoutez la Voix de l’Esprit Saint à travers ces conseils.

La force et la sincérité de votre prière dépendent avant tout de l’état de votre cœur. Celui-ci peut être tourné vers le Seigneur amoureusement ou traverser au contraire une période de sécheresse qui l’entrave dans la spontanéité de ses sentiments. Il est absolument indispensable, quel que soit l’état de votre cœur, de ne point abandonner la prière et l’assistance des Sacrements.

En effet, vous êtes comme des conférenciers auprès du Seigneur, et il en est parmi vous de différentes sortes.

Le premier conférencier ne connaît point encore son discours et il le répète à tout moment de la journée, laissant les mots imprégner son esprit, s’y graver, s’y incruster, mais il ne parvient que difficilement à l’assimiler parce qu’il ne pense qu’à apprendre par cœur. Devant son public, il bredouille, hésite, ou au contraire parle rapidement afin de ne point rompre le fil fragile de ce discours si mécanique. Écoutez-le, chers amis : pouvez vous dire qu’il est convaincant ? Cette étape est pourtant nécessaire à l’apprentissage du métier.

Le deuxième conférencier connaît son texte par cœur, mais il ne pense pas à ce qu’il dit. Il le débite sur le ton de la récitation, sa voix est monotone et son débit lassant. Pensez-vous que vous puissiez véritablement apprécier son discours ? Cette étape est pourtant également nécessaire à l’apprentissage du métier. L’effort de mémorisation accompli, il s’agit à présent de travailler la diction et de donner au discours de la vie, de la force, de l’expression, du sentiment, c’est-à-dire toutes les qualités qui vont charmer l’auditoire et le convaincre.

Le troisième conférencier possède toutes ces qualités. Non seulement il connaît bien son discours, mais il parle avec aisance, joint le geste à la parole pour se montrer plus persuasif, reste simple et direct, souriant et sérieux à la fois ; il pèse ses mots, les détache pour les mettre en valeur, regarde avec sympathie son auditoire, l’incite à participer à ses propos en captant à tout moment son attention, en surveillant discrètement ses réactions, en l’encourageant à écouter, bref en le charmant par cette manière qu’il a de le faire participer à son discours, de faire de lui un acteur afin qu’il se sente d’emblée captivé. Ceci n’est point un cours de psychologie sur l’art de convaincre les hommes mais sur la façon de convaincre le Seigneur à participer à votre vie.

Le rosaire de Marie est la plus belle, la plus sainte, la plus efficace des prières, mais à cause de sa longueur elle n’est pas accessible à tous sans un certain entraînement… Voici donc quelques conseils adressés aux âmes volontaires.

Comme l’élève qui apprend sa leçon, commencez par réciter quelques dizaines de chapelet en vous imposant cet exercice quotidiennement. Jour après jour, pensez à chaque mot du Pater et de l’Ave, et laissez petit à petit non plus parler vos lèvres mais parler votre cœur. Charmez le Seigneur par votre sincérité, par la puissance de votre foi ; donnez-Lui votre amitié, votre amour, votre cœur tout entier afin qu’Il vous offre en retour la Grâce de bien prier. Invitez Marie, Sa Bienheureuse Maman à qui Il ne peut rien refuser, à vous instruire sur Son Fils. Soyez purs, soyez simples, soyez bons.

Chers frères amis, vous serez étonnés de voir à quelle vitesse vous progresserez dans l’assimilation de cet exercice spirituel qui doit devenir un bouquet de lys parfumé offert au Seigneur à travers Sa Très Sainte Maman. Ah ! combien Marie aime cette prière et combien Elle souhaite que chacun de Ses enfants vienne se blottir au creux de Ses bras pour la réciter !

Montrez du zèle à devenir de talentueux conférenciers auprès du Ciel. Montrez beaucoup d’amour et laissez parler, laissez s’exprimer votre cœur. Ne laissez pas les mots sortir de vos lèvres sèchement, froidement, mécaniquement, mais exprimez à travers eux votre amour. Aimez votre prochain et pour lui, pour tous les hommes, pour tous les cœurs, justes et injustes, purs et impurs, forts et faibles, ardents dans la foi et imperméables à la Parole, parlez à Jésus à travers Marie. Demandez-Lui que l’Esprit Saint soit prompt à transformer les âmes et qu’Il rassemble toutes les brebis égarées. Conservez la paix dans votre cœur et regardez le Ciel. Priez avec votre ange gardien et les saints que vous aimez. Doutez-vous qu’ils soient spirituellement présents auprès de vous lorsque vous invoquez leur aide ? Associez à vos prières vos chers défunts dans la Communion des Saints, et aussi, priez pour eux. Ne vous laissez pas distraire dans votre amoureuse conversation avec le Ciel. Ressentez la force de vos paroles et ne vous laissez pas engourdir par la monotonie que risque de provoquer la répétition. D’aucuns sont hérissés par les prières répétées et se refusent à réciter le rosaire et même le chapelet. Lorsqu’ils seront en Purgatoire, qu’ils sauront que le Ciel est derrière la Porte et que le Seigneur n’a qu’un mot à dire pour les y faire pénétrer, ne répéteront-ils pas inlassablement : « Seigneur, prends pitié de nous ! Seigneur, ouvre-nous ! » ? Ne tenteront-ils pas, à ce moment, d’invoquer Marie à l’aide de ce rosaire, dont ils se rappelleront soudain l’existence ?… Frères, c’est dès cette vie que vous devez montrer du zèle à vous y entraîner malgré les réticences, malgré les doutes, malgré les critiques, car Marie Elle-même l’a demandé, et lorsque votre Maman du Ciel vous demande quelque chose, pouvez-vous sciemment le Lui refuser ? Elle désire que vous soyez de bons conférenciers, des ambassadeurs efficaces, car Elle est votre Avocate et doit pouvoir plaider la juste cause du cœur et non celle de l’hypocrisie. Parlez donc, frères, avec le cœur !

Viendra un jour où, avec courage d’abord, vous parviendrez à réciter le rosaire en entier. Vous vous sentirez épuisés, vous mettrez en doute son efficacité parce que vous l’aurez récité trop mécaniquement. Mais ne vous découragez pas : cela n’est qu’une étape et vous ne pouvez pas tout acquérir en un jour ! Encore, méfiez-vous du Démon qui pourra vous persuader que la prière mécanique est suffisante et par là vous éloigner de la prière du cœur. Il parvient souvent à s’infiltrer même dans les bonnes choses afin de les priver de la perfection qu’elles pourraient atteindre avec un effort supplémentaire : n’oubliez pas qu’il est maître des choses imparfaites…

Laissez donc s’exprimer votre cœur, et, lorsque vous y parviendrez, ressentez, pendant votre prière, l’amour de votre Mère. Elle est là, invisible mais présente. Elle savoure chaque mot prononcé avec foi. Connaissant la force de votre amour pour Elle, Elle transporte alors vos doléances auprès de la Croix de Son Fils et Lui dit : « Fils, voici les offrandes de Tes enfants de la terre. J’ai pour Toi éduqué leur âme et Je viens Te demander de satisfaire leur prière, car elle monte de leur cœur. »

Lorsque vous aurez atteint cette étape spirituelle où le rosaire retentit comme un chant mélodieux, ne régressez jamais dans vos prières car, comme un premier de classe a tendance parfois à se reposer sur ses lauriers, vous tendrez vous aussi à relâcher vos efforts, vous croyant parvenus au but. C’est à ce moment que vous devrez vous montrer vigilants, car le Diable fera tout son possible pour vous dégoûter de cette pratique, qui est l’arme la plus redoutable qui puisse exister contre lui. N’est-il point dit, en effet, que la Femme écraserait la tête du Serpent ? C’est par la puissance du rosaire et la réforme intérieure qu’Elle peut y parvenir en chacun d’entre vous.

Si vous ressentez une certaine lassitude à prier, si vous manquez de courage, si vous avez l’impression de retomber, après avoir connu les joies de la prière du cœur, dans une prière mécanique et sans effet, surtout, chers frères, ne vous découragez pas et persévérez, même si votre cœur est sec, même si votre âme est malade ! Votre prière, aussi insipide qu’elle puisse être, sera la potion qui vous apportera peu à peu la guérison. Combien cela prendra-t-il de temps ? Nous ne pouvons vous répondre, car le Seigneur permet que Ses fils et Ses filles soient ainsi éprouvés afin de les faire grandir en sainteté. Si la nuit est profonde, continuez depuis les ténèbres de lancer au Seigneur et à Marie un appel au secours à travers la récitation du rosaire, qui sauve. Faites tout de même votre conférence bien que la salle vous paraisse vide, et soyez convaincus que derrière la porte, là où votre regard ne peut pénétrer, sont collées une multitude d’oreilles qui, attentives à la moindre de vos paroles, vous écoutent fidèlement et amoureusement.

Ne vous fiez donc point aux apparences qui sont du domaine du Démon. Soyez forts et vous vous rendrez compte que petit à petit la sécheresse disparaîtra pour laisser place à une ondée rafraîchissante et douce à votre âme. C’est dans l’épreuve, lorsque le corps est las, lorsque l’esprit est troublé, lorsque la chair est faible, que le rosaire doit être imposé à votre volonté chancelante. N’a-t-il point alors la valeur et la force du sacrifice ?

Frères, que votre vie soit une incessante prière. Priez avec un cœur amoureux, mais priez aussi dans l’épreuve et le découragement lorsque vous n’avez pas envie de prier. Votre chant n’est plus alors mélodieux mais discordant. Le Seigneur, sachant votre faiblesse, vous sera reconnaissant de tenter tout de même de chanter pour Lui.

Que le Ciel tout entier vous protège des assauts du Démon et vous aide à comprendre le pouvoir de la prière, et, en particulier celui du rosaire de Marie, prière du cœur ou prière sacrifice. Tel est notre souhait le plus cher, amis du Ciel.

Que le Seigneur vous bénisse et que Sa Douce Maman guide vers Lui votre cœur en recherche.

+ Vos frères dans la Foi