Message du 14 juin 1984





Bien chers frères,

L’attitude du chrétien au cours de la Célébration Eucharistique doit être avant tout à l’opposé de la distraction. Chacun doit rencontrer Dieu et communier avec Lui concrètement. Depuis le début, le chrétien doit se recueillir afin de participer davantage à la Consécration, prélude à la Communion. Le Sacrifice de Jésus-Christ n’est pas une routine ni une simple commémoration ! Il est temps que les chrétiens se ressaisissent, car leur attitude face à l’Eucharistie est plutôt laxiste depuis quelques années ! La Nourriture qui vous est offerte est concrètement le Corps et le Sang de Jésus-Christ, qui s’est livré pour les hommes, et le Repas auquel vous êtes conviés n’est pas une fête extérieure : il est une joie de l’âme, une rencontre intérieure, et ce n’est que par un recueillement intense que vous trouverez, bien chers frères, cette Présence du Christ en vous, parlant à votre âme.

Jésus souffre encore, amis ; Il souffre de voir combien Son Enseignement et Son Sacrifice ont été rejetés, transformés, désacralisés à l’image de ces nombreuses églises qui, devenues bien de l’État, ont dû être abandonnées… Mais le Seigneur saura un jour rappeler à ceux qui ont ainsi torturé les membres de Son Corps combien ils ont eu tort de L’avoir fait souffrir. Lorsque les hommes reçoivent le Corps du Christ et qu’ils n’en sont pas dignes, Jésus Lui-même est meurtri par cette indignité : c’est exactement comme si l’être indigne Lui crachait au visage, et Il continue de souffrir les brimades de Sa Passion. Frères, efforcez-vous de recevoir toujours le Christ en état de Grâce : nul n’est jamais assez parfait pour Le recevoir. Pourtant, s’Il a souffert pour vous, c’est afin que vous puissiez Le recevoir malgré votre indignité, car il ne faut pas tomber dans le piège des scrupules ridicules et vous priver de cette rencontre avec Jésus-Christ à cause d’un simple sentiment d’indignité.

N’oubliez pas que les prêtres sont auprès de vous pour vous remettre vos péchés et qu’une confession mensuelle – ou plus fréquente si vous le pouvez – lavera votre âme de ses imperfections. Ainsi, grâce à l’aide du Ciel et par vos efforts, vous verrez votre être se transformer progressivement. Il est toute une gradation dans l’échelle des fautes : la plus grave est le mépris de Dieu et de l’Esprit, la seconde l’impureté d’esprit (et de corps) qui, sous l’effet de l’orgueil, vous porte immanquablement à la troisième : le péché contre vous-mêmes et contre votre prochain. L’amour doit guider tous vos actes et toutes vos pensées, car n’oubliez pas que l’un des plus grands pièges du Tentateur est l’excitation de l’imagination afin de pousser l’homme à de nombreux actes inconsidérés. Priez Dieu de vous aider chaque jour à rester maîtres de vos pensées. Si elles sont toujours orientées vers Lui, vous conserverez l’état de Grâce dans lequel Il aime à vous voir et le dialogue intérieur avec Son Esprit d’Amour et de Vérité, l’Esprit Saint, qui vous inspirera et vous guidera. N’oubliez pas le rôle de l’acte de contrition ! Vous devez le réciter pour dire à Dieu votre repentir à la suite des nombreux péchés commis au cours de la journée : péchés contre la charité, péchés de paresse, de gourmandise, d’orgueil, de vanité, etc. Que le Seigneur vous aide à prévoir les conséquences de vos pensées sur vos actes avant même que vous ne les commettiez afin que, sans cesse, vous agissiez avec jugement et modération. Pensez aussi à offrir des sacrifices au Seigneur au cours de la journée. Cela contribuera à équilibrer la balance de vos imperfections.

Si vous pratiquez tout cela chaque jour, vous retrouverez Jésus-Christ dans Son Eucharistie et Le conserverez dans votre cœur jusqu’à votre prochaine Communion. Il sera avec vous jusqu’à la fin du monde. Soyez en dignes !

Afin de ne pas interrompre votre recueillement pendant la Sainte Messe, nous ne vous conseillons pas de vous « donner la Paix du Christ » avant la Communion. La cérémonie est communautaire puisque vous prenez tous part au même Repas, mais elle est aussi et surtout individuelle dans la mesure où la rencontre avec Jésus-Christ se produit dans le cœur de chacun. Dans un repas, chacun choisit et savoure son propre menu, car il lui a été servi ce qu’il a choisi. Que cet échange soit donc intimement privé et personnel : ce n’est pas être égoïste que de se rapprocher de Dieu dans le recueillement et la prière. Ensuite, durant la semaine, c’est à travers l’oraison et l’accomplissement de votre devoir d’état dans la perfection que vous Le retrouverez.

Mais afin de vous connaître entre chrétiens, il serait tout de même bon, chers amis, que dès votre entrée dans l’église, vous saluiez les personnes qui sont près de vous. Ainsi, chacun a la possibilité, sans être interrompu dans ses actes de piété, de se recueillir à sa façon. Ne jugez pas du recueillement de vos frères : le Christ aime vous voir à genoux implorer Son pardon. N’hésitez donc pas à adopter cette position : soyez humbles !… Le respect est une vertu qui disparaît de plus en plus de votre société, et il serait bon que les chrétiens se distinguent des autres hommes en l’appliquant scrupuleusement chaque jour, à tous les niveaux.

+ Vos frères dans l’Espérance