Message du 14 septembre 1985





Frères,

Le monde d’aujourd’hui a besoin de saints mais votre conception de la sainteté demande à être revue : en effet, vous attachez trop d’importance aux actions d’éclat qui ont illuminé la vie de certains saints d’autrefois… Cependant, le monde a changé et le Seigneur ne demande pas à chaque chrétien de telles prouesses ! « Qu’attend-Il donc de nous ? », demanderez-vous. La recherche de la perfection en toute chose, et pour cela, la transformation de votre propre cœur !

Tendez à la perfection non point dans les choses spectaculaires mais dans les petits détails de la vie quotidienne. Pour cela, ne soyez pas obsédés par le mal et ne cherchez pas systématiquement à déceler chez les autres et en toute chose l’imperfection, car les conclusions de tel esprit critique sont souvent de nature trop subjective : comme au travers d’une lentille colorée, votre vision du monde peut être totalement déformée par une obsession irraisonnée du péché, dont vous retrouvez alors la couleur partout, et cela n’est pas sain. Il est vrai que le péché est partout, mais si votre cœur est pur, vous n’en serez pas tracassés !

Commencez donc par vous débarrasser du péché qui est en vous et, lorsqu’avec l’aide du Ciel vous serez plus sages, apportez au monde non pas un sectarisme condamnateur et intransigeant, mais le rayonnement d’amour du Christ ! N’accablez pas votre entourage de propos inquisiteurs, de paroles menaçantes, de grimaces de dégoût, de prophéties de malheur, de grands discours théologiques : comprenez, frères, que la vraie foi, celle qui conduit à la sainteté, n’est pas de nature intellectuelle mais qu’elle vient du cœur. Le cœur est son seul canal. Si donc votre cœur est impur, demandez à Dieu de le transformer. Car vous aurez beau vous évertuer à pratiquer les Commandements avec rigueur, à vous rendre à la Messe tous les jours, à prier avec ferveur, si vous le faites sans véritable amour, vous êtes comme un malade qui prendrait chaque jour sa température et manderait le médecin à son chevet, mais qui oublierait de prendre ses remèdes. « Ouvrez-Moi votre cœur : telle est votre ordonnance ! » vous dit le Seigneur, Médecin de votre âme. « Alors, pendant la prière, pendant la Sainte Messe, Je vous donnerai de ressentir Ma Présence et vous saurez combien Je vous aime ! »

L’amour exige un détachement total du cœur par rapport aux choses du monde. Le cœur pur ne s’emporte pas devant le pécheur, il ne cherche pas à détruire par la violence mais à sauver, il ne juge pas le pécheur mais lui donne son amour. Il souffre en présence du péché mais sans se révolter. Le pécheur, habitué à être jugé, provoque souvent la société pour la choquer et la porter à réagir, mais le cœur pur, au contraire, l’impressionne par le rayonnement de sa douce sagesse, celle qui vient de Dieu et que ne possède pas le chien aboyeur, car c’est au chien aboyeur que le pécheur s’attend à avoir affaire.

Les saints ne sont pas des « obsédés du Mal » qui combattent farouchement les pécheurs : ce sont des « obsédés de Dieu ». Ils recherchent toujours le bien en toute chose et, même dans le cœur corrompu, ils savent détecter la moindre petite étincelle de bien d’où pourrait surgir un brasier. Leur rôle n’est pas de détruire ce cœur, mais d’y faire souffler la douce brise de Dieu, qui ravivera l’étincelle et chassera le Mauvais. Ils savent que Dieu peut tout, et ne considèrent jamais comme définitif le délabrement d’un cœur. Jésus a-t-Il conquis les cœurs par la violence ?…

Les saints sont doux, aimants et sages. Ils sont des agneaux au milieu des loups et non point d’autres loups déguisés en agneaux. Ils sont stricts envers eux-mêmes et tolérants envers les autres.

Ils offrent au Père toutes leurs pensées, toutes leurs actions, qui, ainsi, sont sanctifiées. Ils ne recherchent en rien la complication mais toujours la simplicité. Ils ne recherchent pas non plus les satisfactions personnelles mais agissent toujours avec désintéressement pour la Gloire de Dieu et l’établissement de Son Royaume.

Ils sont humbles et un sourire illumine toujours leur visage, même dans les périodes de jeûne et de souffrance. Ils sont discrets en toute chose, ne disent jamais de mal de leur prochain, et se confient peu. Ils sont grands dans la modestie, forts dans le courage, et possèdent l’intelligence du cœur. Ils sont accueillants et toujours prêts à aider leurs frères. Fidèles à la prière et à l’oraison, à la Sainte Messe et à la Communion, à l’adoration et à la méditation, à la lecture des Écritures, des œuvres saintes, et à la pratique de la charité en toute chose, ils n’affichent jamais un comportement excentrique pas plus qu’ils ne prononcent de paroles désagréables.

En effet, ils sont les réceptacles de la Divine Grâce qui les illumine d’amour. Ils vivent aussi bien dans le monde que hors du monde, mais ils ne sont pas du monde. Ils ne s’attardent jamais sur leur personne avec orgueil et mènent une vie saine. Ils conservent une tenue correcte et discrète, qui ne s’encombre généralement pas des caprices de la mode. Quant aux choses matérielles, ils ne s’interdisent pas de les utiliser lorsqu’elles leur sont nécessaires, mais ils n’en deviennent pas les esclaves et ne leur attribuent pas plus d’importance qu’elles n’en méritent. Ils se nourrissent simplement, évitant les viandes grasses et les abus de toutes sortes qui sont nuisibles à la santé physique, mentale et spirituelle de l’homme. Ils pratiquent le jeûne dans la discrétion. Qu’ils soient célibataires, religieux, ou mariés, ils conservent une âme et un corps purs et apprennent à maîtriser leurs pulsions avec l’aide de la Divine Grâce.

Dans la vie, ils sont toujours d’humeur égale malgré les difficultés qu’ils rencontrent, et, s’ils sentent parfois l’irritation envahir leur cœur dans la fatigue ou la maladie, ils n’en laissent rien paraître, se montrant au contraire encore plus avenants et encore plus aimables.

Les pensées des saints sont toujours pures et leurs désirs sont ceux de Dieu. Si parfois le Démon les assaille, ils rejettent ses avances tout en connaissant leur propre faiblesse, car ils savent bien que si Dieu n’était avec eux, ils succomberaient lamentablement à l’attrait du monde.

Les paroles des saints sont apaisantes : ils ne sèment jamais le doute et la violence mais la sérénité, car ils sont les instruments de la Divine Paix. Ils ne mentent pas et ne menacent jamais leurs frères. S’ils se montrent fermes sur les Commandements du Père pour eux-mêmes, ils sont toute tristesse et tout amour envers ceux qui ne les respectent pas, toujours prêts à les aider à changer leur cœur et à faire des efforts.

Frères aimés, soyez de ces saints dans le monde moderne. Vous manquez beaucoup trop d’amour dans votre zèle à vouloir convertir les autres ! Restez doux et apaisants plutôt que colères. N’effrayez pas vos frères par des prophéties de malheur pour tenter de les convertir et de les ramener à de meilleurs sentiments. Ce n’est ni par des menaces, ni par la crainte de catastrophes qui leur sembleront illusoires que vous y parviendrez, mais par votre rayonnement et par l’exemple de votre vie. Laissez l’Esprit Saint s’exprimer à travers vous et apprenez à mieux aimer.

Laissez toujours parler votre cœur et ne vous emportez point. Vivez d’amour ! Fermez la porte aux doutes, à l’irritation, aux mesquineries que, sournoisement, le Prince de ce Monde instille en vous. Restez calmes et paisibles et ainsi, Dieu pourra habiter votre cœur.

+ Vos frères dans la Sagesse