Message du 1er novembre 1985
MESSAGE DE TOUSSAINT
Bien chers frères,
Si vous souhaitez suivre Jésus, acceptez et vivez Son Enseignement sans compromis ! Pourquoi désirez-vous sans cesse accorder votre comportement sur celui du monde et suivre les modes qu’il étale à vos yeux ? Pourquoi avez-vous peur de vous distinguer de votre entourage alors que vous devriez craindre au contraire de le suivre puisque le chemin qu’il suit ne conduit pas à Jésus ? Pourquoi attachez-vous de l’importance à une situation sociale, à l’opinion d’un grand personnage, à des idées philosophiques ou politiques, à l’argent et aux plaisirs du monde, à votre image de marque et aux apparences extérieures ? Pourquoi craignez-vous tant d’être jugés, vous et les vôtres ?
Vous nous rétorquerez que Jésus a bien vécu dans le monde, mais croyez-vous qu’Il se soit compromis avec le monde comme vous le faites ? A-t-Il livré Son corps aux prostituées ? Par Son rayonnement, Il les a converties et elles ont renoncé à la vie de péché et de faux amour qui détruisait leur âme. Apercevant en Jésus la Lumière de Dieu, elles L’ont suivi et écouté, et elles se sont transformées, réformées et métamorphosées à Son contact. La bonté et la générosité qu’elles employaient dans le vice avec tant de zèle, elles les ont mises au service de Dieu afin de faire progresser les hommes dans la foi et la vérité.
Ayez, frères, la sincérité de vous regarder tels que vous êtes. Vous désirez suivre Jésus, le Christ, et pourtant, vous vous complaisez, par pure vanité, dans des conversations futiles qui ne conduisent à rien si ce n’est à un étalage de culture ou de ragots. Vous parlez de mode, d’hommes politiques, de voitures, de tâches ménagères, de performances sportives, de variétés, de cinéma, d’actualité, vous discutez de votre travail après le travail, de vos problèmes personnels, financiers, familiaux, conjugaux ; vous vous hasardez à faire des confidences qui, la plupart du temps, seront colportées et deviendront sources de troubles… Vous vous faites du souci pour votre avenir, et le passé vous poursuit dans un présent déprimant. Vous n’avez, dites-vous, le temps de ne rien faire, mais vous passez pourtant des heures devant votre récepteur de télévision ou suspendus au téléphone ; vous lisez des prix littéraires sans intérêt, des ouvrages parfois malsains par « seul souci d’érudition »… Vous priez peu et mal mais vous vous acquittez assez bien de votre « devoir » dominical. Vous pensez être de bons chrétiens, plutôt au-dessus de la moyenne : vous ne faites de mal à personne, vous vous montrez charitables et accueillants et vous croyez que cela suffit…
Vous êtes comme un légume contemplant un sac d’engrais et se disant : « De l’engrais ! de l’engrais ! C’est ce qui fait pousser les légumes ! C’est écrit là, tout près. J’ai de la chance, je vais pousser ! », et il se met à lire inlassablement : « Engrais… engrais… », croyant grandir en prononçant le mot.
Pauvres amis, vous aurez beau vous répéter que vous êtes chrétiens et vous acquitter de vos devoirs, tant que vous ne saisirez pas le sens véritable de l’amour, du renoncement, de la souffrance, tant que vous ne deviendrez pas humbles et ne demanderez pas à Dieu de vous nourrir de Son engrais spirituel nommé Grâce, vous n’aurez rien compris à la Vie de l’Esprit.
Le problème est que vous ne voulez pas aspirer à la perfection. La simple idée de la sainteté vous effraie : vous ne voulez pas vous couper de votre matière bien-aimée, de vos habitudes sécurisantes ! Vous préférez rechercher la perfection dans les choses matérielles en développant votre jugement et votre esprit critique plutôt que votre spiritualité. Vous jugez d’un ouvrage littéraire, d’une théorie, d’une œuvre d’art, d’un mode de vie, à la lumière de toutes vos sciences en «-phie », en «-gie » et en «-isme ». Vous allez vers vos frères, certes, mais vous ne pouvez pas vous empêcher de juger de leurs manières, de leur culture, de leur intelligence…
Comme vous êtes bassement humains et comme il est loin de vous le Jardin d’Éden où l’on eût pu dire : « Vous êtes hautement humains » ! Afin de vous rassurer en ce bas monde, vous acquérez des responsabilités, vous vous donnez à des activités altruistes et avez de plus en plus de mal à comprendre les personnes spirituelles. Vous en venez par exemple à penser qu’il serait sage que les prêtres de l’Église Catholique se marient pour connaître véritablement les problèmes de la vie et pouvoir mieux conseiller leurs ouailles. Vous n’avez rien compris ! C’est sa sainteté qui donne au prêtre l’esprit de discernement et la sagesse, le don de conseiller et de guider les âmes. Si le prêtre était marié, il deviendrait trop dépendant de sa famille et ne pourrait plus vaquer aux choses de Dieu. Sa pureté serait soumise à plus d’attaques et de tentations, et il ne serait plus digne de tenir entre ses mains le Corps du Seigneur – si l’on peut dire qu’il le soit jamais. Vous désirez voir l’Église s’ouvrir davantage au monde, s’adapter davantage aux humains d’aujourd’hui, comprendre leurs problèmes, les déculpabiliser en se montrant plus douce, moins intransigeante, en vivant mieux cet amour faux qui vient du monde. Combien votre esprit est faussé par le monde, les sens, le snobisme, la politique et le faux amour ! Pourquoi ne recherchez-vous sans cesse que des solutions de facilité ? Vous voulez panser la plaie pour la dissimuler sans la soigner. Vous voulez immobiliser le bras cassé pour éviter les souffrances sans l’avoir réparé. Vous raisonnez faux ! Vous vivez mal ! Vous êtes atteints par l’esprit du monde, qui n’est pas l’Esprit de Dieu : le premier refuse la spiritualité du Maître et interprète les Évangiles à sa façon. Il refuse la sainteté dès lors qu’elle semble se couper de la futilité du monde. Il refuse tous les moyens que le Seigneur lui donne pour parvenir à Lui un jour.
Vous acceptez l’effort physique ou intellectuel dont le résultat peut satisfaire vos sens, mais vous refusez la secrète réforme intérieure, prétendant sans ambages que vous n’êtes pas des anges. Comment voulez-vous que le Ciel ne soit pas peiné en lisant dans votre âme cette imperméabilité aux choses spirituelles ?
Vous voulez profiter du monde. Vous voulez vivre votre vie pleinement. Souffrez que d’autres pensent différemment. Comprenez que les enfants de Dieu se détachent du monde, et que, si vous n’éprouvez pas ce désir, c’est que vous êtes aveuglés par la matière et que la Lumière n’a pas encore éclairé votre cœur. Si vous êtes vraiment comblés dans le monde, c’est que votre Dieu est de ce monde et vous êtes alors peu orthodoxes dans votre foi. Mais pourquoi critiquez-vous ceux qui nourrissent leur âme de prières et à qui Dieu parle en oraison, vous qui ne savez pas même ce qu’est la véritable oraison ?… Pourquoi considérez-vous ces frères comme des malades ou des inadaptés ? Certains livreraient leur corps aux flammes plutôt que de renier leur Dieu : en feriez-vous autant ?
Pourquoi apprécier les saints d’autrefois à travers vos lectures, mais vous inquiéter que des chrétiens, aujourd’hui, cherchent à les imiter et aspirent à leurs vertus ? Ces mêmes vertus seraient-elles dépassées ? Les vertus ne sont-elles pas universelles ? Que celui qui désire être saint ne se soucie pas des jugements du monde et se laisse guider par le Seigneur !
Hommes de peu de foi ! Le Christ est vivant et vous voulez faire de Lui un mort ! Il a ouvert aux hommes la Porte du Ciel et vous avez du mal à croire cela parce que vous ne l’avez pas vu ! Vous ne croyez pas en la Communion des Saints ! Vous ne croyez pas que, depuis le Ciel, vos défunts, qui sont aussi des vivants, intercèdent pour vous auprès de Dieu et vous aiment, parce qu’ils ne reviennent pas pour vous le dire ! Si, frères, ils vous le disent, et ces messages en sont la preuve !… Ils vous supplient de vous convertir, de changer de vie, de vous améliorer. Ils vous interpellent, vous implorent d’attacher moins d’importance aux choses matérielles. En ce temps de Toussaint, ils vous envoient leur amour tout pareil, vous suppliant de les écouter, eux qui savent combien il est éprouvant de traverser le Purgatoire où se fait la Lumière : tranchante pour les imperfections, obsédante pour les erreurs et les péchés commis sur la terre, dont l’âme étonnée entrevoit toutes les conséquences et souffre, souffre, brûlant d’un feu de repentir purificateur et pleurant intarissablement d’avoir offensé Dieu.
Amis, Marie, Mère du Sauveur, est pour Son Fils tout Amour, et Elle ne désire pas vous voir pratiquer un culte égoïste et hypocrite. Si vous remettez en cause jusqu’à la Présence même du Seigneur dans l’Eucharistie, vous avez tout perdu. Si vous ne L’accueillez pas dans un cœur purifié et empli du désir de ne plus pécher, cela ne vous sert de rien ! Comment détruirait-Il votre souillure si vous désirez tant la conserver ? Comment vous sauverait-Il du feu si vous désirez tant vous y plonger ?
Vous êtes libres, frères : tel est le privilège de tous ! Ceux qui aspirent à la sainteté utilisent leur liberté pour aller droit au Père. Quant aux autres, soit ils s’éloignent de Lui de plus en plus, soit ils passent leur temps à chercher Dieu sur terre, mais ils seront toujours déçus de ne L’y point trouver ! Élevez donc votre âme au-dessus des vicissitudes de ce bas monde tout en conservant une sincère humilité et en pratiquant une charité toujours plus grande, sans oublier la prière et l’oraison.
Frères, si votre entourage ne peut vous reprocher que votre sainteté, n’ayez aucune inquiétude et soyez bénis, car, dans le Ciel, vous serez acclamés ! Fuyez les tentations, fuyez le Démon et n’hésitez pas à devenir parfaits ! Mais si un jour vous croyez avoir atteint la perfection, alors, inquiétez-vous, car vous vous serez trompés de chemin ! Ce n’est point à l’homme de juger ses frères, pas plus que ce n’est à l’homme de se juger lui-même. En matière de péché comme en matière de perfection, le Seigneur seul est Juge. Celui qui ne se nourrit point de lectures spirituelles, celui qui ne prie pas et ne fait pas oraison, celui qui ne fréquente pas les Sacrements ne peut regarder ses frères qu’avec les yeux du monde. Qu’il se taise donc ! Son âme n’est pas nourrie de Dieu, elle n’est pas enseignée par l’Esprit Saint !…
Avoir la foi, c’est croire en Dieu et croire qu’Il peut sauver le monde. C’est vivre constamment en présence de Dieu et suivre l’exemple du Christ et des saints qui ont marché sur Ses traces jusque dans les plus petits détails de la vie matérielle. C’est faire son devoir d’état tout en gardant les pieds sur terre et la tête au Ciel ! C’est avoir sans cesse une pensée pour Dieu et dialoguer intérieurement avec les anges et les saints du Ciel, émissaires du Père, afin de cheminer vers le Bien à tout instant. C’est aimer tous ses frères et leur témoigner une inépuisable charité.
Ne pas avoir la foi, c’est croire seulement en l’homme ; croire que par ses capacités intellectuelles, sa science et ses œuvres, l’homme peut sauver le monde. C’est vivre constamment en présence des hommes et suivre leur exemple. C’est avoir sans cesse la tête sur terre et les pieds dans le péché pour faire « comme les autres ». C’est sourire de la foi « bizarre » de ceux qui aiment le Ciel. C’est écouter une petite voix intérieure que l’on croit être soi-même mais qui se nomme esprit mauvais, et qui cherche insatiablement à rattacher l’être humain à la matière, à le déculpabiliser lorsqu’il a péché, à l’éloigner des Sacrements, des anges et des saints du Ciel, des lectures spirituelles, du Chef de l’Église, et à lui faire croire que sur le chemin de la Croix, il n’y a qu’épines, souffrances et inutilité, alors que c’est le seul et véritable chemin qui conduise à la Victoire !
Comment cette voix intérieure a-t-elle le toupet de susurrer à ceux qui l’écoutent qu’ils sont encore chrétiens ? Frères, quel mensonge !… Vivez plutôt sous la tutelle de l’Esprit Saint et alors, vous comprendrez.
+ Vos frères dans la Foi