Message du 26 juillet 1986
Bien chers frères,
Comprenez que Jésus-Christ est comme une source désaltérante dont chacun reçoit les bienfaits à sa mesure.
Certains, assoiffés, y puisent copieusement et ne sont jamais rassasiés. D’autres ne prennent que le strict nécessaire. Viennent enfin ceux qui n’ont pas soif mais qui, de temps à autre, sont obligés de boire pour leur santé. Mais cette eau, qui donne la Vie, n’est pas souvent consommée à l’état pur : elle sert aussi de base à diverses boissons, parfumées ou gazéifiées selon les goûts.
Il en est de même en matière spirituelle : l’Esprit Saint de Dieu, que vous a envoyé le Christ, est bien souvent transformé au goût de chacun, à la préférence de chacun, et, au lieu de Le recevoir avec simplicité, vous vous querellez pour savoir qui Le possède vraiment !
À peine dites-vous : « Moi, je préfère la menthe ! » que déjà un autre réplique : « Non, ce n’est pas bon ! Moi, je préfère la grenadine ! », puis un troisième s’empresse d’ajouter : « Vous n’y connaissez rien ! L’orangeade, c’est bien meilleur ! », et ainsi de suite. Qui donc un jour dira : « J’aime l’eau pure et fraîche qui désaltère ! », choisissant de parler de la substance partagée par tous et non pas de la douceur qui agrémente son propre verre ?
Si sur la route vous avez bien soif et ne disposez que d’une bouteille de sirop sucré, vous boirez avec délectation mais sans jamais étancher votre soif. Si en revanche vous possédez de l’eau fraîche, vous la consommerez promptement et serez satisfaits !
Sur le chemin du Ciel, sachez reconnaître ce qui vous est salutaire et ne point trop vous attacher aux douceurs qui parfois l’accompagnent, car ce sont ces douceurs qui vous font oublier l’essentiel et qui vous éloignent de la Vérité de Dieu. Humainement, les douceurs comblent votre amour-propre et comblent vos sens. Vous les goûtez de plus en plus passionnément, de plus en plus égoïstement et vous vous dites : « Pourquoi n’aurais-je pas droit à ce bonheur ? Dieu n’a-t-Il pas créé tout cela pour les hommes ? Pourquoi la vie serait-elle faite de sacrifices et de renoncements ? »
Frères bien-aimés, comme le sirop laisse sur vos lèvres un goût sucré et vous rend l’eau pure fade et insipide, les douceurs de la terre habituent votre esprit et votre corps au bien-être et à la facilité, si bien qu’après y avoir goûté, vous ne parvenez que difficilement à apprécier la Source d’Eau Vive et à Lui trouver un goût.
Lorsque vous vous êtes longtemps désaltérés à cette Source et que vous découvrez de nouveau des douceurs, vous êtes parfois désorientés et tentez de concilier votre soif de Vie en Dieu et votre soif de douceurs. Alors, vous devez vous montrer très méfiants et faire preuve d’un grand discernement, afin que l’on ne puisse pas dire de vous : « Comme le chien revient à son vomissement, le sot retourne à sa folie » (Pr 26, 11). Dans l’amour de Dieu, les êtres vivent une paix céleste, chacun se désaltérant à la même Source et vivant une communion sans pareille. Dans l’acceptation et la confiance, Dieu apaise les souffrances et comble l’homme de Son Amour.
Mais lorsque les douceurs se mêlent à l’Eau Vive, alors surgissent les différends et les heurts, les jardins secrets, les angoisses inavouées, les désirs malsains, les passions immodestes : l’amour-propre envahit le cœur de l’homme, y semant l’égoïsme et l’orgueil, l’incessante tentation de se comparer aux autres et de les surpasser en beauté, en intelligence, en pouvoir, en richesses matérielles ou même spirituelles. Frères, tout cela n’est que séduction, et il en fut ainsi de Satan, le Prince de ce monde dans lequel vous vivez.
Chers frères, désaltérez-vous donc à la même Source, celle de l’Amour de Dieu, celle de l’Esprit Saint qui instruit et éclaire. Soyez constamment sur vos gardes afin que votre amour-propre et vos désirs personnels n’aliènent point votre esprit et vos sens. Car si vous commencez à parfumer cette eau – que pourtant vous appréciez tellement à l’état pur -, vous n’en retiendrez plus en vous que les douceurs et n’aurez point de cesse que d’en consommer de nouvelles !
Ah ! chers frères, combien ce qui vous plaît vous détruit et blesse votre âme dans son cheminement spirituel ! Rares sont les hommes qui ferment les yeux sur les sollicitations du monde pour vivre en Dieu et par Dieu en toutes choses. Pourtant, l’esprit alimenté à la Source de l’Esprit Saint possède une force incomparable ! Rayonnant de pureté, il ne dissimule rien dont il puisse rougir. Il est tout à Dieu et puise en Lui le discernement nécessaire à une vie sans tache. Il côtoie ses frères avec amour, humilité et joie. Mais à peine goûte-t-il quelque douceur que son amour pour Dieu décroît et que son attention se porte progressivement vers l’objet de ses désirs. Alors, son regard pur s’assombrit et se charge de convoitise. Il perd de son assurance, perd sa bonne conscience, perd de son équilibre et devient la proie du doute.
L’être qui cherche sa voie doit rester sur ses gardes et ne point forcer son destin par des engagements irréfléchis ou de précoces promesses. Même s’il est en proie à la souffrance, il doit prier inlassablement l’Esprit Saint de l’éclairer. Qu’il ne se laisse point prendre au piège des douceurs du monde, surtout s’il ressent que l’Eau Vive leur est supérieure, car il n’aurait plus la paix.
Celui qui s’engage dans le monde doit être certain qu’il peut y vivre sainement en conservant Dieu dans son cœur et en Lui restant fidèle.
Celui qui se lasse vite du monde et chez qui les douceurs laissent un goût amer doit lui aussi prier l’Esprit Saint et ne point se soucier de l’avenir. Si Dieu le veut tout à Lui, Il l’appellera et ses doutes seront dissipés !
Frères aimés, vivez sainement et que le Seigneur vous bénisse ! Soyez forts dans la foi. Dans la charité, soyez patients. Dans la prière, soyez persévérants. Vous qui connaissez encore le goût de l’Eau Pure, ne l’oubliez pas ! Gardez une âme claire et limpide et ne rechignez pas à offrir vos souffrances en sacrifice et vos renoncements en pénitence.
Ne vous querellez point au sujet de la religion. Votre Père désire vous voir tous unis en Son Fils, et ce n’est qu’en renonçant à toutes vos douceurs particulières en matière de foi et en vous désaltérant à l’Unique Source de Vie qu’est le Christ que vous connaîtrez la Lumière du Ciel !
Frères aimés, l’individualisme tue l’unité ! Unissez-vous donc dans une seule et même foi, celle de l’Église, et mettez tout en œuvre pour que Jésus-Christ soit toujours le Premier Servi. Votre Mère du Ciel vous y aidera.
+ Vos frères dans la Foi