Message du 19 août 1990





Bien chers frères,

Méditons ensemble l’Évangile d’aujourd’hui, celui de la Cananéenne (Mt 15, 21-28), que trop de prédicateurs déforment en fonction des idées politiques qu’ils souhaitent parfois inculquer à leurs ouailles. De grâce, chers frères, ne déformez pas les intentions du Seigneur et n’interprétez pas Ses paroles d’une manière trop personnelle, car cela est très grave. Laissez donc l’Esprit Saint et non les théories humaines vous éclairer, et, pour commencer, écoutez ceci.

Lorsque vous enseignez les couleurs à vos enfants, ne feignez-vous jamais de vous tromper afin de voir s’ils vont vous reprendre ? Alors, combien plus Notre Seigneur, qui est Dieu, sait-Il user judicieusement de cette pédagogie avec Ses Apôtres afin de s’assurer qu’ils ont bien assimilé l’Enseignement qu’Il leur a donné !

Le deuxième point sur lequel nous aimerions vous voir réfléchir se ramène, une fois encore, à l’attitude que vous adoptez envers vos propres enfants : n’est-ce point, chers frères, avec eux en priorité que vous partagez le pain que Dieu vous donne, qu’il soit nourriture du corps ou nourriture de l’âme ? Ne sont-ce point eux que vous vêtez en priorité avant que de vêtir les autres ? que vous enseignez et éduquez en priorité ? Et cela n’est-il pas parfaitement normal ? Le devoir d’état de chacun doit consister à gérer d’abord ses propres biens pour le bien de tous, et seulement ensuite le bien des autres. Avant d’enseigner à tous la Bonne Parole et les chemins de la perfection, ne devez-vous point donner d’abord l’exemple d’une vie d’efforts tout orientée vers la sainteté ? Avant d’instruire les autres, ne devez-vous point travailler vous-mêmes à l’assimilation de nombreuses connaissances ? Car s’il est important de donner, il n’est bon ni de donner n’importe quoi ni de mal donner : votre geste alors serait empoisonné ! Voyez toutes ces personnes qui, par des passe-droits, obtiennent des titres ou des postes importants, et dont vous êtes les premiers à dire qu’elles font tant de mal à cause de leur incompétence…

Alors, quand les Disciples, encore bien imparfaits, sollicitent Notre Seigneur au sujet de la Cananéenne qui les « poursuit de ses cris », ils expriment deux sentiments : leur exaspération d’être ainsi importunés sans relâche par cette femme, mais aussi cette compassion que Notre Seigneur leur a enseignée et qu’Il attend qu’ils manifestent à travers leur requête. Et ne procède-t-Il pas de même avec la femme en lui rappelant qu’Il doit, en Bon Pasteur, s’occuper d’abord des brebis perdues d’Israël ? Cette restriction ne saurait donc être interprétée comme un désir de ségrégation mais comme une priorité !

Chers frères, c’est pour sauver les pécheurs que Jésus, le Christ, a été envoyé, afin qu’Il les remette dans le droit chemin ; c’est pour les brebis égarées, afin qu’Il les ramène à la Bergerie ; c’est pour ceux dont l’âme est malade, afin qu’Il les guérisse de leur imperfection. Cependant, Notre Seigneur s’intéresse en priorité à Son peuple, et Il le dit. C’est alors qu’intervient la notion de probation : celui qui, par ses actes, est capable de prouver qu’il possède les mêmes vertus que le peuple élu, celui qui, humblement, reconnaît Jésus-Christ comme son Maître et se prosterne devant Lui, celui-ci peut vraiment être appelé fils de Dieu et être agrégé au peuple choisi. Telles sont les conséquences de toute conversion.

Prenez exemple, chers frères, sur l’humilité de la Cananéenne, et voyez la grandeur de sa foi ! Ce passage d’Évangile doit vous inciter à méditer aussi sur votre propre foi. Lorsque vous êtes tourmentés par les tracasseries de la vie, par la tentation, par une vie de péché, avez-vous, vous aussi, l’humilité d’appeler le Seigneur à votre secours ? Et, ce faisant, voyant qu’Il ne vous répond pas – délibérément, afin d’éprouver combien grande est votre foi -, avez-vous la sagesse de persévérer dans votre requête au lieu d’abandonner, en proie à ce découragement qui toujours est une tentation du Démon ?

Le peuple élu est semblable aux Invités au repas de noces (Mt 22, 1-4) : il y est invité en priorité ; mais s’il refuse de s’y rendre, s’il part, « n’en ayant cure, qui à son champ, qui à son négoce », et se rend indigne d’y assister, alors, le Prince royal qui l’a invité envoie Ses serviteurs inviter à sa place tous ceux qui veulent bien y participer. S’il n’est pas bon de « prendre le pain des enfants pour le donner aux petits chiens », le maître de maison peut, cependant, lui-même décider de le faire dès lors que les enfants refusent de manger et que les petits chiens sont prêts à prendre leur place. Vous voyez, chers frères, que l’Évangile des Invités au repas de noces va même bien plus loin que celui de la Cananéenne, puisqu’il ne s’agit plus d’agréger mais de remplacer. Ne parlez donc pas de ségrégation !

Le Seigneur est Justice et vous devez savoir, malgré les belles paroles de certains prédicateurs, que si vous ne mettez pas tout en œuvre pour vous réformer intérieurement et embrasser l’Enseignement de Jésus-Christ sans réticence, vous ne répondez pas à Son invitation et ne pourrez donc point participer au Repas. Comment, en effet, pourriez-vous participer au Banquet de la sainteté si vous avez toute votre vie refusé d’embrasser cette même sainteté lorsque vous étiez sur la terre ? Ne soyez pas des hypocrites ! Pour rejoindre le Seigneur, il faut L’aimer, et pour Lui montrer qu’on L’aime, il faut faire Sa Volonté ! (1) S’il n’en est pas ainsi, vous serez rejetés, et nous aimerions tant que tous les prêtres vous le disent au lieu de clamer à tort et à travers que l’Amour du Seigneur pardonne inconditionnellement !

Frères, il est vrai que le Seigneur pardonne, mais pour obtenir ce pardon, vous devez vous convertir, vous devez vous repentir, vous devez vous efforcer de vivre selon Sa Parole ! S’il n’en est pas ainsi, le Seigneur ne pourra point vous accorder ce pardon. La démarche doit venir de vous, amis ! Comment voulez-vous être accueillis un jour dans le Royaume par Celui-là même que vous aurez rejeté sur la terre ? par Celui-là même que vous aurez fui alors qu’Il vous tendait la main ?

La Cananéenne, pour sa part, a agi bien autrement. Elle n’a pas hésité à crier vers le Seigneur, à se prosterner devant Lui, et à démontrer, par son raisonnement et sa persévérance, combien grande était sa foi. Alors, le Seigneur l’a exaucée…

Certains d’entre vous, frères, ne se comportent pas même comme les petits chiens de ce passage d’Évangile, car, plongés qu’ils sont dans l’enfer du matérialisme, même les miettes les indiffèrent ! Priez pour eux, chers frères, priez pour eux car s’ils ne se convertissent pas, c’est le feu de la Géhenne qui les attend ! Et cela n’est pas seulement une image. Regardez la fusée qui revient de l’espace : ne subit-elle point un terrible échauffement que seul un métal extrêmement résistant est capable de supporter ? Soyez donc extrêmement résistants contre le péché, chers frères, car lorsque vous franchirez les limites de la mort, vous brûlerez dans votre chair en tous les endroits qui vous auront portés au péché. Si au contraire votre âme est pure, vous vous envolerez vers Dieu avec la vélocité de l’oiseau sans avoir trop à souffrir. Soyez donc lumière, amis, car seule la lumière est compatible avec la Lumière. Si votre être intérieur est fait de lumière, le grand Passage ne doit susciter en vous aucune crainte. Mais si vous êtes ténèbres, alors vous pouvez avoir des raisons d’être effrayés ! Bientôt, vos physiciens feront dans le domaine de la lumière des découvertes d’une importance capitale qui vous permettront de mieux comprendre ce que nous vous expliquons ici.

Enfin, frères aimés, pourquoi préférez-vous toujours nettoyer et encore nettoyer plutôt que d’éviter coûte que coûte de salir ? Vous êtes comme ces parents qui n’apprennent pas à leurs tout-petits à devenir propres, préférant les changer plutôt que de les éduquer. Dans la lutte contre le péché, il faut savoir prendre des mesures énergiques. Cependant, combien, dans la société, vous êtes incités à nettoyer plutôt qu’à ne pas salir ! Quelle hypocrisie ! Quelle stupidité ! Sans cesse vous cherchez à réparer les erreurs des uns et des autres, à panser les blessures des uns et des autres, à soigner ceux qui ont été délibérément placés aux côtés de malades contagieux, et vos pasteurs ne vous pressent que d’être charitables en vaquant à de telles occupations. Mais nous, nous vous disons plutôt : lorsque vous le pouvez, laissez ces tâches aux organismes de nettoyage et aux organismes d’assistance, veillez à ce que le pur et l’impur évitent d’être mêlés et occupez-vous en priorité des âmes puisque nul autre que vous, disciples du Christ, ne saurait s’en charger ! Apprenez à ne point salir le monde par vos péchés, et incitez vos frères à faire de même en éduquant leur âme, en leur parlant de Dieu et du Ciel. Apprenez à ne point vous blesser en péchant, et incitez vos frères à faire de même en leur expliquant que c’est en se réformant intérieurement qu’ils pourront atteindre à la perfection et éduquer les autres à leur tour. L’homme d’aujourd’hui est capable de comprendre cela. « Il vaut mieux prévenir que guérir » dit-on : sachez faire vôtre cette maxime, aussi bien pour votre corps que pour votre âme, qui en a tant besoin ! Que le Seigneur vous bénisse.

+Vos frères dans la Foi

(1) Cf. Mt 7, 21 : « Ce n’est pas en me disant : “Seigneur, Seigneur !”, qu’on entrera dans le Royaume des Cieux, mais c’est en faisant la volonté de mon Père qui est dans les cieux. »