Sermon du 25 décembre 2003
SERMON DE NOËL
(Inspiré au messager pour une paroisse)
Mes frères,
Par notre Baptême, nous qui avons été crucifiés avec le Christ dans sa Passion, ressuscités dans sa Résurrection et placés à la droite du Père dans son Ascension, pouvons aussi renaître spirituellement avec lui à chaque Noël. Tout croyant, en effet, de quelque partie du monde qu’il soit, est appelé aujourd’hui à ouvrir son cœur et à se laisser régénérer dans le Christ pour devenir un authentique fils de Dieu.
Il y a quelque deux mille ans, le Père envoyait son Fils sur cette Terre pour interpeller son peuple et témoigner son amour aux nations. Mais sa naissance dans la pauvreté d’une grotte, son refus du pouvoir temporel et sa mort inique sur une croix ont fait de lui un roi bien peu crédible aux yeux des puissants de ce monde. C’est pourquoi seuls les petits et les humbles ont su le reconnaître…
Qu’en est-il de nous aujourd’hui, chers frères ? Savons-nous encore le reconnaître ?
Avec le développement des sciences et des technologies nouvelles – qui vont de pair avec celui du bien-être matériel -, la foi chrétienne continue malheureusement à perdre du terrain : désintérêt pour la Parole de Dieu, agressivité contre l’Église ou ses représentants, mépris pour les croyants, baisse considérable du nombre de fidèles et des vocations sacerdotales et religieuses. N’est-ce point là le signe que notre société, rongée par le matérialisme et polluée par toutes sortes de superstitions, est malheureusement en train de se couper de ses racines chrétiennes ?
Alors, s’il en est ainsi, comment ne pas les perdre ? Comment redécouvrir, au cours de l’année qui s’annonce, ce Dieu si bon, qui s’est fait homme par amour pour nous, mais que, si souvent, nous oublions ou dénigrons, happés que nous sommes par les occupations de ce bas monde ?
La fête de Noël nous offre, mes frères, la chance, comme chaque année, de pouvoir porter notre regard au-delà de la matière et au-delà des simples apparences pour reconnaître, à travers l’humilité de l’Enfant de la Crèche, toute la majesté du Fils de Dieu fait Homme.
Autrefois, dans les séminaires, l’on étudiait l’apologétique, c’est-à-dire tout ce qui pouvait convaincre de la divinité de Jésus, et, en particulier, ses miracles et actes de puissance : l’eau changée par lui en vin à Cana (v. Jn 2, 1-12) sur le conseil discret de Marie, sa Mère ; la pêche miraculeuse (v. Lc 5, 1-11), la tempête apaisée (v. Mc 4, 35-41), la multiplication des pains (v. Mt 14, 13-21 ; Mt 15, 32-39), la marche sur les eaux (v. Mc 6, 45-52), les guérisons fulgurantes de nombreux malades et possédés, comme le paralytique de la piscine de Béthesda (v. Jn 5, 1-5), l’aveugle de naissance (v. Jn 9, 1-40), les dix lépreux (v. Lc 17, 12-19), l’hémorroïsse (v. Lc 8, 43-48), le paralytique de Capharnaüm (v. Mc 2, 1-12), le possédé gérasénien (v. Lc 8, 26-39), le muet possédé (v. Mc 9, 17-29), les résurrections de défunts, comme celle du fils de la veuve de Naïm (v. Lc 7, 11-17), de la fille de Jaïre (v. Lc 8, 49-56), de Lazare (v. Jn 11, 17-44), et enfin, la Résurrection de Jésus lui-même (v. Mc 16, 1-20), qui n’a d’autre but que de nous entraîner à sa suite dans la béatitude de la Vie Éternelle !
Et puis – ne l’oublions pas, puisqu’il est l’aboutissement de toute la vie de l’Enfant de Noël -, il y a aussi le grand, l’immense, l’extraordinaire sacrement de l’Eucharistie, dans lequel Jésus-Hostie continue de se donner inlassablement aux hommes à chacune de nos messes.
Mes frères, les chrétiens qui se disent « non-pratiquants » passent, à n’en pas douter, à côté de l’essentiel. C’est un peu comme s’ils s’engageaient dans un parti politique pour ensuite ne plus participer à rien et ne plus donner signe de vie. Aucun parti, sans doute, n’accepterait une telle attitude. Mais l’Église, elle, n’est pas un parti politique. Et elle nous enseigne que Dieu, dans le respect du libre arbitre de sa créature, fait preuve d’une infinie patience envers les pécheurs que nous sommes… Alors, comment porter, en ce temps de Noël, notre regard au-delà des simples apparences ?
Lorsque nous regardons, mes frères, un câble électrique, nous ne pourrions jamais imaginer que deux simples fils soient conducteurs d’une puissance aussi extraordinaire que celle de l’électricité. Et il faut parfois à un jeune enfant curieux l’expérience d’une bonne décharge électrique pour qu’il comprenne les mises en garde de ses parents contre cette puissance, que son regard ne lui permet pas d’entrevoir…
Eh bien ! Il en est ainsi de Notre Seigneur : quand l’homme se grise de plaisirs matériels et se coupe de Dieu en négligeant la prière, la messe, la lecture des Saintes Écritures et les œuvres de charité, il lui faut parfois l’expérience de la souffrance pour que, désemparé, il pense à se tourner vers son Père du Ciel – un Père qui aime ses enfants d’un amour tellement inconditionnel qu’il ne peut que leur accorder son pardon. C’est cette miséricorde de Dieu que nous enseigne la parabole de l’Enfant Prodigue (v. Lc 15, 11-32). N’attendons pas pour la solliciter et pour convertir notre cœur !
Si nous branchons un luminaire sur le câble électrique dont il était question tout à l’heure, nous verrons surgir la lumière. Alors, mes frères, n’hésitons pas à nous brancher sur Jésus, qui est Lumière, par une sincère confession de nos fautes auprès d’un prêtre, et à inviter ce même Jésus à venir visiter notre âme. Il saura l’éclairer et nous aider à changer notre vie ! Et dans le doute, dans le découragement, dans l’épreuve, n’oublions pas d’invoquer sa Mère, la Vierge Marie, qui est aussi notre Mère, et tous les saints que nous aimons.
Prions chaque jour avec foi, nourrissons-nous souvent des Saintes Écritures et de l’Eucharistie, et laissons agir en nous l’Esprit Saint. Alors, nous pourrons véritablement « renaître » avec Jésus, et, au-delà des simples apparences, adorer Dieu en la personne de l’Enfant de la Crèche, dans la joie de Noël. Joyeux Noël, mes frères !
Amen.