Message du 3 juillet 1986
Frères bien-aimés,
Nous sommes tellement peinés de voir que vous n’avez rien compris à l’Amour de Dieu lorsque vous polémiquez au sujet de la chasteté dans le Mariage.
En effet, désirant avant tout vivre au sein de votre couple un amour authentique et soumis, comme tout un chacun, à l’appel de la chair, soit vous vous culpabilisez face à l’acte de chair et le qualifiez d’impur, soit, au contraire, vous mettez tout en œuvre pour voir cet acte banalisé et légalisé en dehors du désir de procréation et vous sentir enfin libérés des directives pontificales. Ainsi, la médecine, la psychologie et la sexologie aidant, vous êtes tentés de considérer l’acte de chair comme simple « langage du corps », naturel et nécessaire au bon équilibre du couple, et vous vous arrogez le droit d’en jouir comme bon vous semble. Ah ! frères, pourquoi raisonnez-vous toujours en termes de « droits », de « devoir », de « permis » et d’« interdit » alors qu’une fois encore, il s’agit là d’amour ?
Lorsque deux êtres se rencontrent sous le regard du Seigneur et qu’ils partagent la même vraie foi, c’est leur amour commun pour le Seigneur qui doit s’exprimer en premier puisqu’il est dit : « Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton pouvoir » (Dt 6, 5). C’est donc dans le désir de plaire ensemble au Seigneur que le couple doit vivre et s’unir. Comprenez que le Seigneur est Toute Pureté et que s’Il est né d’une Vierge Immaculée, c’est parce que tout ce qui est commerce de chair n’est pas franchement de nature céleste. Ainsi saint Joseph est-il toujours resté un très chaste époux pour la Mère du Sauveur. Ces choses-là, donc, ne sauraient être considérées seulement sur le plan biologique ou intellectuel mais aussi avec les yeux du cœur et ceux de la foi.
Amis, le Seigneur connaît les sollicitations de vos corps mais Il sait aussi qu’elles se produisent surtout lorsque vous regardez le monde avec les yeux de la concupiscence ou lorsque vous vivez dans un état de déséquilibre psychologique qui exacerbe les pulsions. L’appel de la chair, en effet, est parfois trop fort, et il est louable que vous choisissiez le Mariage – sans pour autant abuser de vos sens – plutôt que la débauche, et la fidélité plutôt que de vaines aventures.
Pourtant, le Mariage ne saurait en aucun cas légaliser le libre usage de vos organes sexuels en dehors de la possibilité de donner la vie ! Car tout désir de jouissance peut rester très égoïste, même s’il est partagé. C’est pourquoi l’Église met ses enfants en garde contre les abus et les déviations qui, si facilement, peuvent se glisser en ce domaine. Même si cela reste fortement contesté par une multitude de personnes, l’Église recommande la pratique de la chasteté conjugale dans le Mariage et la maîtrise des sens. Qu’est-ce à dire ? C’est afin que les hommes se sentent poussés à se reproduire que Dieu les a dotés de fonctions agréables. C’est pourquoi tout acte sexuel impliquant des personnes capables de procréer doit rester ouvert à la vie !
Vous vivez, amis, dans un siècle de perversion et d’impudeur, et vos yeux se détournent difficilement de l’obscénité du monde. Observez autour de vous les moyens par lesquels le Démon cherche le plus à vous séduire : où que vous alliez, quoi que vous fassiez, la publicité, les magazines, le cinéma, la télévision (1) étalent sous vos yeux des images de vêtements indécents et de corps dénudés pour stimuler chez les êtres les passions les plus viles. Consciemment ou inconsciemment, vous subissez ces influences qui, tôt ou tard, finissent par vous troubler. Faut-il que le Démon vous ait rendus totalement aveugles pour que vous ne vous en aperceviez pas ! Mais vous voulez garder bonne conscience, vous ne voulez pas vous sentir coupables de regards indiscrets ou de curiosité malsaine, alors vous prétextez quelque intérêt sociologique, culturel ou médical pour vous pencher sur des écrits, des images, des films qu’en fait vous devriez, en tant que chrétiens, fuir comme la peste ! Qui côtoie la corruption doit être très fort pour ne point se salir, et nous savons si bien de quoi vous êtes capables, pauvres frères humains !…
Frères, ne laissez pas la société vous faire croire que parce que vous suivez le Pape en matière de morale, vous n’êtes pas des hommes et des femmes « normaux », « accomplis », « libérés », sinon, vous finirez par vous sentir « frustrés », et, en fin de compte, vous revendiquerez avec les autres pour que vos « droits » soient reconnus par la Sainte Église. L’acte de chair vous paraît, en effet, si indispensable à l’équilibre de votre couple ! Évidemment ! Comment pourriez-vous affirmer le contraire, vous qui n’avez jamais vécu dans la chasteté ! L’amour chaste est tellement plus noble, tellement plus grand, tellement plus pur et, cela va sans doute vous surprendre, il est aussi tellement plus tendre. Voyez le nombre de couples qui aujourd’hui se séparent seulement parce qu’ils ne sont pas « satisfaits » de leurs commerces charnels ! Voyez le nombre de ceux qui ne « tiennent » que grâce à leur sensualité ! Combien sont malheureux dans leur vieillesse en découvrant peu à peu les désavantages de la décrépitude !
Comprenez, amis, que les plaisirs de la chair sont souvent source de troubles, de frustrations, de déviations et de culpabilité : avides de sensations toujours plus variées, les corps réclament toujours davantage, au gré de leurs pulsions, et les fonctions de reproduction en sont venues à dévier de leur but initial. Le Démon est si fort dans ce domaine pour rabaisser l’homme au rang de la bête ! « Et pourquoi de la bête ? », rétorquerez-vous avec arrogance. « Si Dieu a créé ces fonctions, pourquoi serait-ce un péché que d’en profiter ? » Ah ! frères insouciants, ouvrez donc les yeux et voyez les millions de personnes qui, chaque jour, font commerce de leur corps !…
Frères, de grâce, ne cherchez pas sans cesse à connaître les limites du permis et de l’interdit dans le Mariage ! Pour vous guider, retenez seulement ces trois mots : pureté, amour, respect de Dieu et de la personne humaine. Pour le chrétien éclairé, ce sujet ne saurait être l’objet de la moindre polémique ni du moindre marchandage avec l’Église. Il ne s’agit en aucun cas de forcer l’homme à une règle de vie – la chasteté en l’occurrence -, mais de faire ressentir à son cœur qu’un acte de chair privé volontairement de la possibilité de donner la vie ne saurait agréer au Seigneur.
Frères aimés, si vous cédez sans cesse à vos instincts, ils vous solliciteront de plus en plus ardemment : conservez donc une grande maîtrise de vous-mêmes et exprimez votre amour chastement par de la tendresse, de la compréhension, de la communication et le partage des tâches quotidiennes.
L’Église ayant défini les desseins de l’acte d’amour au sein du couple, Elle bannit fort justement l’idée de contraception, qui ne peut s’intégrer au Plan d’Amour de Dieu. En effet, l’acte de chair ne peut rester vraiment pur que si, dépourvu de tout désir de jouissance exclusivement égoïste, il reste ouvert sur la possibilité de donner la vie. Les couples qui ne désirent pas ou ne désirent plus avoir d’enfants doivent tout mettre en œuvre pour maîtriser leurs corps le mieux possible s’ils désirent être agréables à Dieu. Ils peuvent alors découvrir peu à peu la dimension de l’amour spirituel, celui qui persiste au-delà des problèmes et des maladies, au-delà des distances, au-delà de la vie… Alors, combien la chasteté d’un couple est bénie du Seigneur !
Bien entendu, n’allez pas croire que c’est du jour au lendemain que le couple acquiert une maîtrise totale de sa sexualité ! Le tout est d’y tendre ardemment en ayant compris ce qu’elle peut apporter de bon, et non de s’y conformer par devoir en rechignant et en s’aigrissant. Accueillez donc d’abord, dans votre cœur, l’Amour de Dieu, et vous verrez combien vous comprendrez mieux ces choses !
Reste à savoir si, sans hypocrisie, l’homme et la femme sont prêts à progresser ensemble vers cette maîtrise d’eux-mêmes et une chasteté toujours plus grande pour plaire à leur Père du Ciel.
S’ils désirent s’adonner aux plaisirs de la chair seulement dans des périodes d’infertilité déterminées par avance alors qu’ils peuvent encore avoir des enfants sains, ils ont certes franchi un pas sur les adeptes des pratiques anticonceptionnelles puisqu’ils parviennent avec succès à maîtriser leur corps pendant certaines périodes. Mais ils ne doivent pas en rester là !…
Ces couples qui ont gagné une certaine victoire sur eux-mêmes sont souvent les premiers à jeter la pierre aux utilisateurs de contraceptifs, les accusant de ne pas respecter l’Enseignement de l’Église. Ils défendent avec vigueur leur méthode à eux, qu’ils disent « naturelle », mais qui, en fin de compte, aboutit au même résultat : ne pas avoir d’enfant !
Frères, écoutez donc ceci : ces querelles ressemblent à celles de deux catégories d’automobilistes arrivant à un carrefour où se pose le problème de la priorité, la règle étant de laisser passer le véhicule débouchant de la droite. La chose est simple mais personne n’y pense, chacun désirant passer à tout prix et n’importe quand pour jouir du plaisir de la vitesse. Alors de nombreux accidents se produisent… Afin de les éviter, certains automobilistes suggèrent la mise en place de panneaux « Stop », déterminant ainsi la priorité qui leur convient : la route principale est alors protégée et chacun y peut s’adonner à des excès parfois bien téméraires. Ceux qui fréquentent la route devenue secondaire se voient toujours contraints de s’arrêter et, se sentant frustrés, n’apprécient guère le système ! Ils proposent donc, pour plus de justice, la mise en place de feux de circulation laissant le passage successivement aux uns et aux autres, nul n’étant ainsi lésé par rapport à son voisin. Ceux qui ont l’habitude de fréquenter l’ancienne route prioritaire se mettent alors en colère, ne pouvant souffrir qu’on leur impose cette nouvelle discipline, et ce sont des querelles à n’en plus finir…
Il en est de même pour vous, frères, en matière de régulation des naissances. Si vous n’acceptez jamais les relations charnelles lorsqu’un enfant peut être conçu, que vous instauriez des feux de circulation ou un panneau d’arrêt, le résultat reste le même : le passage est fermé ! Ne défendez donc pas votre « méthode », prétendant qu’elle n’est en rien comparable à celles des utilisateurs de contraceptifs si vous évitez systématiquement l’enfant, car, alors, vos résultats sont strictement identiques, n’est-ce pas ? Ces derniers ont construit un panneau « Stop » et vous, des feux tricolores (2) !…
Lorsqu’il n’est pas question de procréation, l’amour spirituel est incomparablement supérieur à l’amour charnel, et il serait faux d’affirmer que, pour être complet, l’homme doive intégrer l’un à l’autre toute sa vie durant. Combien ceux qui ont été esclaves de la chair sont malheureux dans l’Autre Monde ! Le Créateur sait que vous n’êtes pas des anges et que l’appel de la chair est parfois puissant, surtout chez l’homme, mais Il sait aussi que lorsque vous repoussez cet appel pour grandir en sainteté et remporter une nouvelle victoire sur vous-mêmes, Sa Grâce aidant, vous franchissez une marche supplémentaire vers le Royaume des Cieux. Pensez à demander à Marie, Mère de la Pureté, de vous guider et de vous soutenir dans le combat contre les tentations.
Si, malgré tout, vous n’avez pas encore compris le sens de la démarche que Dieu attend de vous dans Sa Pureté, et si vous persistez à défendre vos « droits » aux plaisirs de la chair sans retenue, nous en concluons que votre conception de l’amour n’est pas encore suffisamment pure et que votre vision de Dieu reste trop humaine.
Connaître Dieu,
C’est apprendre à faire, chaque jour,
Un peu mieux Sa Volonté.
Ainsi donc, tant que vous n’aurez pas compris que tout couple chrétien doit tendre le plus possible à la chasteté dans le Mariage, vous aurez beau discuter, revendiquer, innover, expérimenter et calculer, en bons casuistes que vous êtes, vous ne raisonnerez jamais qu’en termes de « principes » et non d’« amour », et vous n’accomplirez jamais totalement la Volonté de Dieu, privilégiant encore celle qui vous est propre…
+ Vos frères dans la Pureté
(1) et aujourd’hui Internet.
(2) Loin de s’opposer aux méthodes naturelles de régulation de la fertilité (méthode « Billings », par exemple), ces messages leur sont, au contraire, très favorables dans la mesure où elles sont l’étai d’une paternité et d’une maternité responsables, et constituent une étape dans la chasteté du couple – celle-ci pouvant, bien sûr, aboutir, si chacun des époux s’y sent appelé, à une chasteté consacrée (avec absence de relations sexuelles).