Message du 12 novembre 1985
Chers frères,
Sachez, dans votre vie, conserver une certaine indépendance pour vaquer à la prière. Ayez de l’ardeur au travail afin de mériter le pain que vous gagnez, mais ayez aussi de l’ardeur à aimer vos frères et à prier souvent pour eux.
Ne vous attachez à rien ni à personne si l’Amour de Dieu n’est le tuteur de cet attachement, sinon vous risqueriez d’être peinés par la déception ou le découragement. N’investissez point vos espoirs dans les œuvres matérielles si Dieu n’en est le Maître et ne construisez point d’édifice sur un sol qui n’est pas fiable.
Votre attachement à certaines personnes est parfois trop grand, si bien que lorsque vient la séparation par l’éloignement ou la mort, vous ne pouvez vous remettre de votre chagrin jusques aux retrouvailles. Dieu vous a créés pour aimer et être forts de cet amour. Mais Il est votre Père, et vous Lui devez la primauté de vos attachements. En Lui, point de déception. En Lui, point de trahison : le soleil de l’Amour brille éternellement au Ciel de Dieu.
Si Dieu bénit vos attachements, Il les rendra saints et purs, et aucune ombre ne viendra les ternir. Il les protégera de l’excentricité et de la dépendance, qui se lamente dès que sonne l’heure de la séparation. Il les fortifiera d’un amour spirituel qui chérit les êtres avec un cœur aimant et miséricordieux, intarissable et lumineux.
Préparez-vous, amis, à renoncer à vos attachements, tant humains que matériels, et, en particulier, ceux dont le sacrifice vous coûterait le plus. Non pas que vous dussiez le faire dans la réalité, mais parce que cette démarche intérieure vous sera un excellent exercice. Vous ressentirez alors dans votre corps et dans votre âme où se trouve l’essentiel et éprouverez un dégoût, une répulsion envers tout ce qui n’est pas de Dieu et éloigne de Lui. Votre cœur sera attristé, puis comblé par la Grâce et vous serez pénétrés d’un grand désir d’apporter et d’établir le Christ partout où vous passerez.
Vous éliminerez de votre vie matérielle ce qui n’est point nécessaire à votre équilibre spirituel et ressentirez le besoin de vous dépouiller de toutes les parures inutiles dont vous a doté le monde, d’oublier vos titres, votre érudition, vos hypocrites convenances, pour vous tourner enfin vers les véritables vertus que sont l’humilité, la simplicité et la charité.
Les séparations ne seront plus alors aussi difficiles car vous accepterez l’absence de vos aimés dans la confiance de l’amour spirituel. Les contrariétés ne vous atteindront plus dans votre orgueil comme un glaive acéré, mais seront aussitôt englouties dans un océan d’amour, de compassion et de sagesse. Vous affectionnerez même ces occasions d’avoir une souffrance à offrir au Seigneur. Vous ne vous révolterez plus contre rien, n’élèverez plus la voix, ne vous laisserez séduire par rien ni par personne si ce n’est par Dieu et Ses nobles envoyés.
Frères, la haine est toujours étonnée de rencontrer l’amour, la violence toujours surprise de rencontrer la paix. Soyez amour et soyez paix. L’orgueil est méprisant envers l’humilité mais lorsqu’il commence à décroître, il se souvient que celle-ci existe et se voit contraint de l’observer davantage. Lorsque telle sagesse spirituelle se développera en vous, lorsque votre être tout entier se donnera à Dieu pour se laisser instruire par Lui, le monde qui vous entoure ne vous comprendra plus, ne vous suivra plus, désirera jusqu’à oublier votre nom et votre existence car vous serez devenus pour lui des éléments gênants ! Vos anciens amis préféreront vous éloigner d’eux de crainte que vous ne veniez troubler leur douillette routine et ne les détourniez de leur morale permissive. Car ils ne désirent que trop conserver le privilège empoisonné du compromis avec le monde matériel. Ils savent, en effet, que, s’ils vous écoutaient, ils perdraient tout cela d’un seul coup, comme l’arbre d’automne se voit dépouillé de son abondant vêtement de feuillage pour s’exposer nu aux intempéries et au froid. Ce dépouillement de soi, ils n’en veulent pas ! Ils sont beaucoup trop attachés à leurs petites habitudes : leurs sorties au cinéma, leurs repas au restaurant avec des amis, leurs soirées devant la télévision jusqu’à des heures tardives, leurs discussions stériles où chacun étale sa culture scientifique, philosophique ou littéraire et se plaît à critiquer les uns et les autres, leurs sorties dans des lieux où la musique et la danse, arrosées d’alcool, réveillent la bête qui sommeille en l’homme, leurs heures de lèche-vitrines et d’essayages interminables, leurs loisirs coûteux, leurs stages ou séminaires suivis par snobisme et dont il ne ressort rien en dehors d’un vocabulaire nouveau et prétendument mieux adapté aux « nouvelles valeurs »…
Vous que tout cela n’attire plus, chers frères, vous avez compris que Dieu ne peut se rencontrer dans ces choses… Si votre entourage se moque de vous, ne vous découragez pas ! Nous, qui savons combien le monde est futile, vous disons : « Vivez de Dieu et jamais vous ne serez déçus par Son Amour ! » Toujours le monde vous décevra, vous trahira, vous fera souffrir, mais, si vous vivez de Dieu, alors, tel le guerrier, tel le héros, vous serez heureux de vaincre et d’avoir vaincu. Vous serez fiers d’être chrétiens et de souffrir pour la juste cause. L’amour fondra la pointe tranchante de la flèche du monde et rayonnera, victorieux !
« Fils et filles de ces temps, vous dit Notre Seigneur, ne M’abandonnez pas. Plus vous M’aimerez et plus vous haïrez le monde. Je souffre de voir philosophes et théologiens tenter de concilier Mon Enseignement avec le monde. »
N’écoutez pas les hommes influents qui désirent vous détourner des Vérités Révélées de l’Église. N’écoutez pas ceux qui rejettent Marie, la Douce et Vénérable Mère de Dieu, car leur cœur est sec comme la pierre et ils n’ont rien compris à l’Amour de Jésus. De grâce, frères, redevenez comme les petits enfants, car ce sont eux qui, dans leur naïveté, possèdent la Vérité de Dieu.
Vous serez méprisés, attaqués, vos amis vous délaisseront, des portes vous seront fermées, vos aimés se querelleront à cause de vous, les uns vous accusant à tort de vivre « anormalement » dans le monde, les autres tenant au contraire en grande estime votre vie de détachement.
Aimés, force et patience soient avec vous ! Vous êtes dans la vérité : cette nouvelle joie que vous éprouvez à rencontrer Dieu dans la simplicité, à travers vos nouvelles lectures spirituelles, vos prières, vos oraisons, n’en est-elle pas la plus belle preuve ? Votre entourage vous soupçonnera de changer de vie par orgueil et de vous livrer à des mortifications malsaines : s’il en était ainsi, resteriez-vous attentifs aux autres ? garderiez-vous le sourire ? conserveriez-vous une bonne santé ? deviendriez-vous chaque jour plus calmes, plus paisibles, plus pondérés, plus sereins, plus sages dans vos paroles, plus équilibrés, plus purs dans votre corps et dans vos pensées, plus méticuleux dans votre travail, plus aimants envers votre entourage ?
Ah ! frères, que cet entourage se rende à l’évidence ! Vous n’avez pas changé dans le mal mais dans le bien ! Celui, en effet, qui se rapproche de Dieu est modifié, transformé, métamorphosé en présence de Ses Grâces. Au lieu de vous juger, de s’inquiéter de vous ou de vous condamner parce que le monde ne vous intéresse plus, c’est votre entourage lui-même qui devrait se remettre en question : il aurait tout à y gagner !
Ceux qui n’acceptent pas la vie spirituelle alors qu’ils pourraient y prétendre auront à répondre de cela devant le Père. Car l’homme est placé sur terre pour y découvrir Dieu.
Ceux qui refusent de tendre vers la perfection parce qu’ils n’y croient pas et ne désirent pas même faire l’effort d’en tenter l’expérience de crainte d’être privés de leur mesquin confort et de leurs futiles plaisirs matériels ou sociaux, devront répondre de cela devant le Père… Mais quiconque sera méprisé, bafoué, et aura à souffrir à cause de Jésus sera comblé par Lui ! Si vos anciens amis vous rejettent, Dieu vous en enverra de nouveaux avec qui vous partagerez la joie d’un échange spirituel véritable, nous vous en faisons la promesse en Son Nom. Restez donc dans la Paix, et que le Seigneur bénisse vos efforts.
+ Vos frères dans la Sagesse