Message du 13 octobre 1988





Bien chers frères,

Comme elle reste actuelle la parole d’Évangile de ce soir :

« Je leur enverrai des prophètes et des apôtres, ils tueront les uns et en persécuteront d’autres. » (Lc 11, 49).

Lorsque, en ces temps de trouble, le Seigneur vous envoie Ses messagers afin de vous rappeler tout ce qu’Il vous a dit (cf. Jn 14, 26), quelle attention portez-vous à leurs paroles ? Certes, il serait dangereux d’y accorder quelque crédit sans aucun discernement, mais lorsque théologiquement les paroles rapportées sont en parfait accord avec l’Enseignement du Seigneur, pourquoi sont-elles ainsi méprisées par certains et rejetées par d’autres ? Pourquoi des prêtres ou religieux – nous le savons – se permettent-ils, sans avoir lu l’ensemble de ces messages, de déclarer de façon péremptoire à qui les interroge qu’ils ne peuvent provenir du Souffle de l’Esprit ?

« Malheureux êtes-vous, docteurs de la Loi, parce que vous avez enlevé la clé de la connaissance ; vous-mêmes n’êtes pas entrés, et ceux qui essayaient d’entrer, vous les en avez empêchés. » (Lc 11, 52).

Écoutez, chers frères, cette parole et regardez avec douleur l’Église d’aujourd’hui ! Combien de prêtres détournent leurs ouailles de la spiritualité et de la mystique, de l’adoration et de la prière silencieuse, au nom d’une charité qui se veut plus « sociale » ! Pourtant, la prière et la relation intime avec Dieu et le Ciel ne sont-elles pas la base d’une authentique charité ? Combien de prêtres dépouillent leurs églises des quelques belles statues de plâtre qui y restaient encore, pour les remplacer, au nom de l’art moderne, par d’innommables horreurs qui ne sauraient inciter en quoi que ce soit à la prière ou au recueillement ! Combien acceptent, pour servir leur popularité, que leur église – la Maison de Dieu ! – serve d’abri à de multiples spectacles et festivités profanes, mais en ferment la porte à des chrétiens qui souhaiteraient pouvoir s’y recueillir plus souvent ! Combien encore n’attachent plus aucune importance à la Confession individuelle, ou, s’ils la pratiquent, donnent à leurs ouailles des conseils qui auraient fait rougir leurs propres parents ! Combien ne célèbrent plus la Sainte Messe avec dévotion, modifient de leur propre chef la liturgie sacrée, et font du Saint Sacrifice un spectacle ou un concert afin de le rendre « moins ennuyeux » et d’y attirer plus de monde ! Combien répugnent à administrer les Sacrements, repoussent le Baptême des petits enfants à une période plus tardive afin que ces derniers puissent eux-mêmes « faire leur choix », encouragent les fiancés « trop scrupuleux » à l’union charnelle afin qu’ils puissent juger préalablement de « la qualité » de leur futur mariage ! Combien ne croient plus aux bienfaits du Sacrement des malades, ni au Diable, ni à l’Enfer, ni aux anges, ni aux démons, ni aux miracles de l’Évangile, ni à rien de surnaturel ! Combien refusent, enfin, l’autorité du Saint-Père !…

Que font ces prêtres, chers frères, et que font les chrétiens qui les suivent dans leurs raisonnements ? Ils dérobent au monde la clé de la connaissance pour aller la jeter au loin car ils ne croient plus à l’Enseignement de Jésus-Christ, et ils détournent les hommes de l’Église ! Malheur à eux ! Leur fausse sagesse de docteurs de la Loi, leur intellectualisme, leur amour malsain fait de bien-être intellectuel et corporel dans une liberté dépourvue de censure, leur dévouement prétentieux aux pauvres et aux opprimés qui nourrit les estomacs mais délaisse les âmes, leur intérêt acharné pour les choses du monde, les spectacles, l’actualité, la presse, la télévision, les jeux, les réunions amicales au cours desquelles chacun se garde bien de parler de Dieu, tout cela jette, chers frères, sur l’Église chrétienne, un inquiétant discrédit. « Si des prêtres se comportent ainsi, pourquoi pas nous ? » disent certains. « Nos curés ne croient plus à rien ! » pensent les autres. Et les valeurs chrétiennes sont de plus en plus méprisées.

Le Démon est si fort que l’irrespect envers Notre Seigneur éclate maintenant au grand jour. Et s’il n’y avait que cela ! Le but du Diable, chers frères, n’est autre que de détruire aux yeux des hommes la Divinité de Notre-Seigneur Jésus-Christ pour faire de Lui un simple personnage historique, un être du passé dont l’enseignement est complètement désuet et ne saurait plus être écouté par des personnes intelligentes et douées de bon sens. C’est ainsi qu’il poursuit son action sur deux plans : d’abord, la destruction des valeurs chrétiennes et l’incitation à la débauche, aux plaisirs des sens et au jeu, à travers le monde des arts et du spectacle, des médias et de l’argent. Ensuite, la destruction de la divinité de Celui-là même qui a enseigné ces valeurs, afin qu’elles soient totalement chassées de l’esprit des hommes et que ces derniers n’aient plus aucun scrupule à se rouler dans le péché. Combien de fois ne vous avons-nous pas répété que le Démon souhaite dénaturer, auprès de la jeunesse en particulier, tout le vocabulaire religieux traditionnel afin qu’il perde tout son sens. Ne voyez-vous pas déjà la notion de « bien » assimilée la plupart du temps à « bien-être » et celle de « mal » assimilée à « souffrance » ? Il est même parvenu à faire accepter la notion d’« Enfer » comme synonyme de « bonheur céleste » ! Oui, chers frères, et cela par le truchement du monde de la publicité sur lequel il a toujours plus ou moins régné en maître. Son but : détruire les âmes en faisant disparaître la notion de péché et, de là, la foi dans le Rédempteur.

Le film sorti récemment sur vos écrans (1) représente, après déjà de nombreuses attaques contre la virginité de la Très Sainte Vierge Marie, une insulte supplémentaire adressée cette fois directement à Son tendre Fils. Combien il Lui faut de patience pour supporter encore une telle calomnie !

Nous remercions particulièrement ce soir ceux qui, par des prières et des sacrifices personnels parfois coûteux, ont offert leur amour au Seigneur en compensation de cette ignominie. Mais nous déclarons sans détour à tous ceux qui se prétendent chrétiens et qui ont tenu à voir ce film sous prétexte de se forger une opinion personnelle, qu’ils ont, sans doute bien naïvement, péché contre le Fils de Dieu. S’ils possédaient un soupçon d’amour et de respect pour Notre-Seigneur Jésus-Christ et pour Sa Très Sainte Mère, non seulement ils n’iraient jamais se repaître de tels spectacles, mais ils ne chercheraient point de raison intellectuelle pour justifier leur curiosité ! Frères, prenons un exemple : si vous saviez vos parents vertueux et que vous appreniez un beau jour qu’un cinéaste vient de réaliser un film dans lequel votre père est montré nu, hanté par la pensée de quelque maîtresse, et votre mère dévoilant ses charmes à un autre homme, ne vous sentiriez-vous point, alors, blessés jusqu’au plus profond de vous-mêmes ? Pourquoi donc aller voir un film qui dénature totalement la Personne et l’Enseignement du Christ ? Lui qui a affirmé avec autorité :

« Vous avez entendu qu’il a été dit : ‘Tu ne commettras pas d’adultère’. Eh bien ! Moi, Je vous dis : quiconque regarde une femme pour la désirer a déjà commis, dans son cœur, l’adultère avec elle. » (Mt 5, 27-28).

Ceux qui ont vu ce film sont des hypocrites qui savent bien mal aimer le Seigneur ! Que Dieu leur pardonne, grâce aux prières de leurs frères chrétiens qui eux, ont souffert d’une telle infamie. Ah ! chers frères, ce n’est pas chose facile que de vivre aujourd’hui dans le monde ! Pourtant, si votre âme est pure, croyez que nous serons près de vous dans les luttes et les épreuves pour vous aider et vous assister efficacement. Demandez des Grâces au Seigneur et à Sa Sainte Mère : Ils vous les accorderont et nous nous ferons les agents de leur exécution.

Gardez confiance ! Ne soyez pas comme les pharisiens et les docteurs de la Loi : aimez Dieu en esprit et en vérité, respectez-Le, adorez-Le ! Vénérez la Très Sainte Vierge Marie, les anges et les saints, et vivez sainement et saintement. Détournez-vous du Mal et de la tentation ; ainsi serez-vous libres de toujours choisir le Seigneur ! Courage, chers frères amis ! Que le Seigneur Tout-Puissant vous bénisse !

+ Vos frères dans la Foi

(1) La dernière tentation du Christ, film américain de Martin Scorsese, 1988.