Message du 2 février 1986





Frères aimés,

Lorsque vous vous élevez au-dessus de la terre en avion, par exemple, ou lorsque vous gravissez une montagne et que vous apercevez, au-dessous de vous, les remous agités de votre civilisation, que rien ne vient interrompre si ce n’est les catastrophes et les accidents, ne vous interrogez-vous pas sur les finalités de la vie humaine ?

Comment pouvez-vous prétendre être « libres » alors que plusieurs fois par jour, votre corps demande à être vidé de ses résidus ? alors que vous devez vous protéger du froid, de la chaleur, des intempéries ? alors que vous êtes obligés de travailler pour gagner votre vie et celle de votre famille, d’éduquer vos enfants, de vivre au milieu des autres ?

Cette liberté-là, qui est contrainte incessante, vous ne la vivez point d’une manière désagréable – du moins pour la plupart d’entre vous – parce que vous l’avez acceptée et intégrée à votre vie. En fait, vous n’avez pas le choix, excepté parfois celui de votre profession lorsque vos capacités et vos efforts vous ont permis d’y accéder…

Lorsqu’ils sont vécus dans un idéal de perfection, le travail et la vie de famille – pour ceux qui l’ont choisie – sont donc nécessaires à un bon équilibre de vie. Le Père, du haut du Ciel, se plaît à observer le manège des hommes, et quand leur vie est bien réglée, Il regarde Sa création avec complaisance.

Voyez un enfant sur un manège. Il est fier d’être au volant d’un camion ou d’un car, aux commandes d’un avion ou d’un hélicoptère. Pourtant, il ne sait pas conduire et ne dirige pas son appareil qui tourne, tourne jusqu’à ce que le mouvement s’arrête. Certains enfants se prennent très au sérieux et oublient totalement le monde environnant, fascinés qu’ils sont par leurs nouvelles fonctions : ils croient maîtriser l’appareil alors qu’il n’en est rien. D’autres jouent le jeu sans se laisser totalement captiver par leur rôle et ils n’hésitent pas à lâcher leur volant ou leur manette pour faire, à leurs parents, un signe de la main, expression enthousiaste de leur enchantement, merci expressif et reconnaissant en échange de la joie goûtée sur le manège.

Ceux qui ne font que tourner en voiture ou camion sur la piste du manège pensent bien peu souvent à regarder sur le côté, mais dès qu’ils prennent les commandes d’un appareil volant qui s’élève quelque temps au-dessus du sol, leurs yeux sont irrésistiblement attirés vers la terre où, étonnés de cette nouvelle dimension, ils aperçoivent leurs parents qui les saluent. Alors, saisis par la crainte et par l’enthousiasme à la fois, serrant très fort la manette d’une main, ils se risquent à aventurer l’autre à l’extérieur de l’appareil pour répondre à leur appel…

Frères aimés, vous qui, entraînés par le manège de la vie matérielle, regardez toujours vers la terre, quand pensez-vous à faire un signe à votre Père du Ciel ? Le manège tourne, tourne sans cesse jusqu’à la vieillesse et jusqu’à la mort, et c’est presque exclusivement dans la faiblesse et le malheur, la peur et la maladie que vous pensez à Dieu.

Si le manège change de rythme, si des bruits se font entendre, si un incident se produit, l’enfant cherche désespérément ses parents des yeux, comme vous, amis, qui attendez que viennent la tristesse et les catastrophes pour chercher du regard votre Père du Ciel. Ne vous prenez pas trop au sérieux dans la matière car celle-ci n’est que piège et illusion lorsque l’homme oublie qu’il a une âme… Ne tournez pas sur le manège de la vie sans regarder autour de vous vos frères et leur faire des signes amicaux, sinon vous manqueriez à la vertu fondamentale que l’on nomme charité.

Élevez-vous, comme l’enfant aux commandes de l’appareil volant, au-dessus des contingences matérielles et contemplez la terre. Posez-vous des questions sur la vie, sur son but, sur les actes et les pensées des hommes. Ne soyez pas creux et vides de spiritualité comme des cymbales qui, en s’entrechoquant, produisent toujours le même son et dont l’intervention incessante au sein de l’orchestre lasserait l’oreille, même la moins experte !

Amis, penchez-vous vers la terre et reconnaissez pour Créateur Dieu, le Père Tout-Puissant. N’ayez crainte de Le saluer car Il est le Maître du Manège, Celui qui en tient les commandes bien que vous pensiez les diriger vous-mêmes !

Vous êtes environnés de saints et d’anges du Ciel qui subtilement infusent dans votre âme les vertus les plus solides, les qualités les plus belles. Vos frères du Ciel vous aiment tant ! Le mari qui encourage depuis le Ciel sa veuve bonne et sage, ne fait-il pas la Volonté de Dieu ? Il tente par moult concours de circonstances de la conduire et de la guider vers la Lumière Divine, il transforme sa douleur en spiritualité, son attrait pour les choses matérielles en un amour plus grand encore pour les choses du Ciel, et pour cela, elle ne doit pas fermer son cœur. L’enfant parti prématurément pour le Ciel console ses parents éprouvés et leur crie qu’il est vivant dans la Lumière : il veut, lui aussi, transformer ses parents et faire de leur épreuve une étape positive, un changement, une découverte de la foi dans la Communion des Saints.

Le dialogue des cœurs est intérieur, chers frères aimés. Il est beau, grand, puissant et tellement réconfortant ! Nulle mesquinerie, nul sentiment douteux ne vient le ternir. Le Seigneur l’a voulu pur et vrai, et c’est pour cela qu’Il permet que nous vous transmettions ces pages. Avez-vous remarqué la place occupée par l’expression « Communion des Saints » dans le Credo ?

« Je crois au Saint-Esprit », Esprit de Dieu qui éclaire l’Église.

« Je crois à la Sainte Église Catholique », qui, par l’Esprit Saint, est le Corps Mystique du Christ Ressuscité, c’est-à-dire l’union de tous les chrétiens vivants de la terre et du Ciel dans un même amour.

« Je crois à la Communion des Saints », qui est la condition essentielle d’une véritable charité, étincelle de Dieu dans le cœur de l’homme, qui pousse celui-ci à aimer tous ses frères et à entretenir avec eux, ceux de la terre comme ceux du Ciel – anges et saints -, un dialogue du cœur dont les mots sont sans voix mais dont la force surpasse les airs des plus grands opéras puisqu’elle est celle du Verbe Lui-même.

(Au messager)

Jeune frère, croyez que nous vous aimons et que nous vous aidons. Restez pur en pensées comme en actes et nous pourrons continuer de vous instruire des merveilles de Jésus-Christ et de Sa Très Sainte Mère. Amen.

+ Vos frères dans la Communion des Saints