Message du 21 décembre 2023





Mon cher fils,

Je te vois peiné à la lecture de la Déclaration « Fiducia supplicans » (1), à laquelle je faisais déjà allusion dans mon message d’octobre (2).

Tu connais la définition du mot « placebo » : il s’agit d’une substance neutre dépourvue d’activité pharmacologique. Pourtant, certaines personnes disent se sentir mieux après la consommation d’un tel produit. Et tu connais aussi la définition du mot « simulacre » : il s’agit d’un objet factice qui en imite un autre, et qui peut être utilisé par ceux qui le possèdent pour faire illusion et épater la galerie. C’est ainsi que pourrait être qualifié le nouveau type de « bénédiction » qu’à présent prêtres et diacres se voient autorisés à donner selon les termes de cette Déclaration, qui n’a, par ses vices de fond et de forme, aucune valeur canonique, magistérielle ou théologique bien qu’elle ait été ratifiée par le pape. Je t’explique pourquoi.

Lorsque mon Église bénit, elle se tourne vers la Trinité Sainte et administre un sacramental (3), qui n’est pas un sacrement mais un rite sacré, institué par elle, pour obtenir chez ceux qui le reçoivent des effets d’ordre spirituel.

Alors, quelle est la finalité d’une telle « bénédiction » pour des personnes qui – à moins d’être engagées sur un chemin de conversion avec toutes les exigences que cela comporte – ne sont pas en pleine communion avec cette même Église ? Quelle est la finalité d’une telle « bénédiction » pour des couples divorcés et remariés civilement, concubinaires ou de même sexe qui s’autorisent sans scrupules le libre usage de leur sexualité et ne souhaitent aucunement changer de comportement ?

Comme pour le placebo ou le simulacre, ces personnes auront sans doute l’impression de recevoir une forme d’apaisement parce qu’elles se sentiront « accueillies » par des prêtres ou des diacres de mon Église, voire « reconnues » dans leur statut marginal peccamineux, qu’elles défendent généralement avec acharnement. Cependant, en vérité, aucune grâce actuelle (4) provenant de cette « bénédiction » ne peut leur être accordée.

Quant au caractère « spontané » auquel la Déclaration limite cette « bénédiction », il ne pourra pas être respecté car les demandeurs se montreront exigeants, et les prêtres qui se feront les complices de cette mascarade céderont volontiers, victimes d’une fausse charité, à leurs requêtes.

Réfléchis bien, mon fils : comment pourrais-je – moi qui suis Dieu et qui ai si vivement condamné l’adultère (cf. Mt 5, 27-28) et enjoint à la femme qui allait être lapidée pour ce motif de ne plus pécher (cf. Jn 8, 11) – rendre agissante une « bénédiction » destinée à des personnes en situation irrégulière et qui, pour la plupart, n’ont aucune intention de changer ? Comment pourrais-je rendre agissante une « bénédiction » qui, par son ambiguïté même, ne manquera pas d’être interprétée par ces mêmes personnes comme une avancée de mon Église vers l’approbation de leurs unions illégitimes, et, de fait, de leurs actes immoraux ?

Une telle « bénédiction » peut-elle être, selon les termes même de la Déclaration, « une expression du cœur maternel de l’Église », rendue possible par la force inconditionnelle de mon amour, ou bien encore une expression de sa « solidarité » envers des personnes qui sont en état de péché grave, et un moyen de les évangéliser ? Certainement pas !

Tu te demandes, mon fils, si ma chère Église pourrait être gangrenée jusque dans ses plus hautes instances, qui chercheraient, bon an, mal an – et en faisant fi de sa Tradition – à apaiser des situations conflictuelles en plusieurs endroits du monde où le droit canonique a déjà été mis sous le boisseau, le péché délibérément légalisé – ou en passe de l’être – et où menace le schisme ? Je te laisse, mon enfant, réfléchir à cette question…

En vérité, mon Église n’est pas un tribunal qui pratique la discrimination et juge et condamne sans merci. Elle est une Mère qui aime ses enfants et leur enseigne simplement ce qui est bien et ce qui est mal. Son rôle n’est donc pas de les leurrer pour quelque motif que ce soit ou de leur dissimuler la difficulté de la tâche qu’ils doivent accomplir s’ils veulent devenir d’authentiques enfants de Dieu et cheminer vers la sainteté. Car l’amour de Dieu consiste d’abord à connaître et garder ses Commandements (cf. 1 Jn 5, 3) et cela n’est possible que par un combat spirituel de tous les instants, que les chrétiens, assistés de ma grâce, peuvent être fiers de remporter. Telle est la fidélité au message évangélique. Seul le désir de sainteté facilite l’accès à l’efficacité de la grâce.

Cela signifie que tout pécheur doit commencer par se reconnaître pécheur en esprit et en vérité, qu’il doit confesser ses péchés auprès d’un prêtre de mon Église – qui sache rester impartial et ne pas projeter ses propres émotions sur ses pénitents ni leur accorder des absolutions invalides – et qu’il doit prendre la ferme résolution, avec le secours de ma grâce, de veiller à  faire son possible pour ne plus retomber dans les mêmes travers.

En fait, cette Déclaration ne pourra que réjouir les pécheurs non-repentants, ceux qui ne se considèrent pas en faute. L’esprit de certains est tellement infesté par les démons de l’impureté qu’ils n’ont, mon cher enfant, aucun scrupule à pratiquer jusqu’à des actes de sodomie devant un crucifix ou la statue de ma sainte Mère. Mais cette Déclaration sera source de scandale et sèmera le désarroi chez mes enfants fidèles qui savent que ceux qui se disent croyants et prétendent m’aimer doivent d’abord s’évertuer à discerner le bien du mal, à garder mes Commandements et à me suivre.

Les personnes qui refusent de mettre en pratique mon enseignement – tout particulièrement en matière de morale – se séparent objectivement de moi. Je respecte leur décision comme vous devez aussi le faire. Mais celui qui les bénit plutôt que de les aider à prendre conscience de leur péché et à s’en repentir – démarche au terme de laquelle une vraie bénédiction pourrait alors pleinement se justifier – participe à leurs œuvres mauvaises (cf. 2 Jn 1, 9-11) et se montre blasphématoire envers le Père, envers le Fils et envers l’Esprit Saint.

En effet, ce sont les pécheurs contrits et désireux de progresser qu’il faut bénir afin de les aider à se relever et à marcher dans la bonne direction ; ce ne sont pas ceux qui refusent orgueilleusement la conversion du cœur et s’obstinent dans un péché mortel qui les prive de la grâce sanctifiante. Toutes les précisions apportées par la Déclaration sur les différents types de bénédictions ne sont que subtilités dont la foi populaire n’a que faire. Pour le commun des mortels, une bénédiction reste une bénédiction, et chacun sait bien que nul parent ne bénirait son enfant alors qu’il se rebiffe et veut persévérer dans ses actes mauvais.

Si, en ne cautionnant pas les unions illégitimes, mon Église blesse ceux qui s’en rendent coupables, elle ne fait qu’obéir à ma Parole, si rigide et immuable qu’elle puisse paraître, et ceux qui la soutiennent sont dans la vérité ! Si elle les cautionnait, c’est moi en premier lieu et le troupeau entier de mes brebis fidèles qui nous en trouverions blessés. Un pape déciderait-il de faire cela, il serait certainement apostat, comme déjà nombre d’évêques, de prêtres et de diacres à travers le monde. C’est pourquoi il est nécessaire, au train où vont les choses, que tous mes enfants prient sans relâche, par l’intercession de ma sainte Mère et de tous les saints du Ciel, pour le pape, ceux qui lui sont proches et lui prodiguent aide et conseils, et pour tous les évêques, prêtres et diacres afin qu’ils rendent leur cœur semblable au mien.

Quoi qu’il en soit, mon enfant, une partie de l’humanité est malade. Mais sache qu’une fois qu’elle sera tombée suffisamment bas, c’est par vos prières, vos sacrifices, vos aumônes et la sainteté de votre vie que mon Église, alors renouvelée, sera en mesure de la sauver. 

Je te bénis, mon fils, ainsi que ton frère spirituel, ton directeur spirituel, vos familles, vos amis, et les Pasteurs et prêtres qui soutiennent cette œuvre.   

Jésus

(1) Déclaration Fiducia supplicans sur la signification pastorale des bénédictions du dicastère pour la doctrine de la foi, 18 décembre 2023.

(2) V. Message du 8 octobre 2023 de notre Seigneur Jésus-Christ.

(3) V. Catéchisme de l’Église catholique n. 1670.

(4) La grâce actuelle est un secours particulier surnaturel et généralement passager que Dieu nous donne au moment où nous en avons besoin, par lequel il éclaire notre esprit et touche notre cœur pour nous stimuler et nous aider à faire le bien et à éviter le mal (v. Catéchisme de l’Église catholique, n. 2000).

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.