Message du 23 octobre 1983





Message du 23 octobre 1983
(Poème inspiré au messager, dédié à Jean S.)

L’ALPINISTE

Les yeux de la montagne ont pleuré de douleur :
L’alpiniste est tombé, ce soir, dans les abîmes
Et du haut du sommet, étourdi par la peur,
Le groupe s’est penché vers le gouffre anonyme.

Était-ce le hasard ? La corde était solide,
Les pitons enfoncés et la paroi de fer.
L’alpiniste est tombé, ce soir, comme un bolide,
Pour aller s’abîmer tout au fond de l’enfer.

Les yeux rougis de froid, le sommet se détourne.
Il a vu le soleil se vider de son sang,
Et la nuit est venue recouvrir d’ombre lourde
L’alpiniste étendu sur le sol du couchant.

Le groupe a tressailli en entendant l’écho,
Un coup sec comme un store arraché par le vent.
Dans le ciel, un avion a résonné bientôt,
Chassant le soleil froid sur les ailes du temps.

Alors, des profondeurs, spectre surgi de l’ombre,
S’éleva un oiseau, blanc comme le ciel bleu.
Le groupe a regardé, muet comme une tombe,
Il a vu l’alpiniste au sourire radieux !

Les ailes de l’oiseau déployées dans les airs
Portaient leur compagnon au milieu des montagnes,
Et l’oiseau dans les cieux disparut de l’éther,
L’alpiniste est parti, il a quitté le bagne.