Message du 25 juin 2023





Frères bien-aimés,

Sachez que la sainteté n’est pas affaire de taille, de force, de race ou de constitution physique ou psychique : tout homme sur cette Terre – le petit comme le grand, le faible comme le fort, celui qui a un mauvais état de santé comme le bien-portant – peut devenir saint et accéder un jour à la béatitude dans les Demeures Célestes.

La sainteté n’est pas non plus affaire de capacités intellectuelles ou de statut social, car l’homme de la brousse qui n’a jamais mis les pieds dans une école, tout comme l’homme civilisé qui a fait de longues études et obtenu des diplômes prestigieux, peut devenir saint. Qu’il soit sans emploi ou qu’il ait embrassé la carrière la plus lucrative, qu’il soit roturier ou de haute naissance, il peut aussi devenir saint. Nul n’a besoin non plus d’être prophète ni d’être doté de charismes extraordinaires, nul n’a besoin de parcourir le monde ni d’accomplir des prodiges pour parvenir à la sainteté. En fait, afin de mériter le Ciel, n’importe quel être humain est appelé, là où il se trouve et toute sa vie durant, à purifier son cœur (cf. Mt 5, 8) et à imiter son Seigneur venu dans la chair pour lui servir d’exemple.

« Heureux les hommes intègres dans leurs voies
qui marchent suivant la loi du Seigneur !
Heureux ceux qui gardent ses exigences,
ils le cherchent de tout cœur ! »
(Ps 119 [Vulg. 118], 1-2)

Au début des années 1980, à l’occasion d’un rassemblement spirituel, un prêtre s’est approché de la mère de notre messager pour lui faire piocher, dans une corbeille, un minuscule rouleau de papier sur lequel était inscrite une règle de conduite à tenir. Elle est tombée sur : « Fleuris là où tu as été semée » (1). Elle s’en est réjouie, a rendu grâce intérieurement au Seigneur Jésus pour cette directive, qu’elle a choisi de suivre pendant toute sa vie.

Cette voie pourra sans doute paraître trop facile à qui s’est mis en tête que l’état de sainteté était inatteignable sur cette Terre. C’est une idée absurde qui a tendance à arranger ceux que la sainteté n’intéresse pas. Mais pour vous autres, frères bien-aimés, qui êtes concitoyens des saints et membres de la famille de Dieu (cf. Ep 2, 19), voici quelques conseils éclairés qui ne pourront que vous être utiles.

Lorsque vous visez à devenir des justes, évitez d’abord de vous faire remarquer dans le but d’obtenir la gloire qui vient des hommes (cf. Mt 6, 1-2). Ne négligez pas une épouse, un mari, votre rôle de parent, votre part de tâches ménagères ou les obligations requises par votre profession dans le seul but d’augmenter votre temps de prière, d’assister à tout prix à la messe quotidienne, ou de consacrer plus de temps à du bénévolat. Car toute vie spirituelle équilibrée doit nécessairement prendre en compte ce que vous appelez « le devoir d’état » (2) et viser à plaire au Seigneur Jésus en l’observant du mieux possible.

Si vous croyez qu’un surplus d’actes de piété peut faire de vous des saints, détrompez-vous ! Car la prière, l’oraison et l’Eucharistie ne visent pas seulement à contenter vos âmes : elles sont le carburant requis pour enflammer vos cœurs d’une ardente charité en vue de la réalisation d’œuvres bonnes que le Seigneur Jésus a préparées d’avance pour vous les voir pratiquer (cf. Ep 2, 10). Si vous négligez ces œuvres, frères bien-aimés, vous ne vaudrez pas mieux que le prêtre ou le lévite de la parabole du Bon Samaritain (cf. Lc 10, 31-32).

Toute action bien faite et offerte à Dieu du fond du cœur est donc la manière la plus parfaite de lui plaire. Car votre foi, si elle n’est pas mise en œuvre, est comme un véhicule dont l’arrivée de carburant serait obstruée. En vérité, c’est par les œuvres, si vous êtes en mesure de les accomplir, que vous devez montrer votre foi (cf. Jc 2, 14-26). Cependant, le chemin de la sainteté doit toujours commencer par un juste discernement visant à définir pour chacun d’entre vous, selon son identité, sa situation et l’environnement dans lequel il se trouve, par quelles œuvres il doit servir Dieu en premier (3).

Que ceux qui se trouvent cloîtrés dans un monastère, où ils se sont engagés à observer une vie de prière, s’efforcent, mus par ce carburant, de développer en eux les plus belles vertus : humilité, simplicité, obéissance, patience, vaillance, et, par-dessus tout, charité envers leurs frères, altruisme, indulgence et miséricorde – et ce n’est pas chose facile lorsqu’il vous faut faire face aux petites manies de certains dans la promiscuité et sur le long terme.

Pour ceux qui sont laïcs, la manière de servir Dieu en premier revient à dire au Seigneur Jésus chaque matin, après lui avoir offert votre journée : « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36), afin que quoi que vous fassiez, quoi que vous disiez, quoi que vous pensiez, ce soit toujours, toujours pour la gloire de la Trinité Sainte (cf. 1 Co 10, 31). Trop de chrétiens aujourd’hui n’hésitent pas à frauder le fisc sous prétexte que les gouvernements s’enrichissent déjà suffisamment sur leur dos, ou à faire des profits malhonnêtes. D’autres se permettent de graves écarts de conduite dans le domaine moral sans en ressentir forcément de culpabilité. Ils prétendent connaître Dieu mais, par leurs actes, ils le rejettent (cf. Tite 1, 16). S’ils veulent accéder un jour au Ciel, qu’ils demandent ardemment au Seigneur Jésus de faire que leurs voies s’affermissent à observer ses Commandements (cf. Ps 119 [Vulg. 118], 5) et qu’ils retrouvent la santé de la foi (cf. Tite 1, 13) !

En fait, frères bien-aimés, certains d’entre vous ont du mal à faire confiance à Dieu. Pourquoi leur est-il si difficile de dire sereinement la prière du frère Charles de Foucauld ? Croient-ils que le Père du Ciel leur veuille du mal pour répugner autant à lui confier leur vie ? Croient-ils que s’ils lui disent : « Je m’abandonne à toi, fais de moi ce qu’il te plaira » (4) il leur enverra en retour les pires fléaux, épreuves et souffrances pour satisfaire quelque perversité ? Comment peuvent-ils penser cela de notre Dieu, qui est tout amour, toute miséricorde, et qui a envoyé son Verbe sur cette Terre pour faire que les aveugles voient, que les boiteux marchent, que les lépreux soient purifiés, que les sourds entendent et que les morts se relèvent (cf. Mt 11, 5) ? C’est là bien le méconnaître, frères, et lui refuser toute confiance.

Si vous vous penchez sur la vie des nombreux saints qui ont été canonisés par l’Église – catholique et orthodoxe – tout au long de l’histoire, vous y découvrirez une mine de personnalités d’une valeur exceptionnelle et d’une extrême variété, qui ne pourront que vous inspirer et vous servir d’exemples. Cependant, vous devez savoir que tous les saints qui figurent au calendrier ne sont pas les seuls à avoir été accueillis dans la gloire du Ciel. En effet, des hommes, des femmes et des enfants tout à fait ordinaires, à l’image de ceux que vous côtoyez tous les jours, qui ont été des réceptacles de l’amour du Christ Jésus crucifié et ressuscité des morts, et n’ont pas ménagé leurs efforts pour respecter les Commandements, ont été eux aussi accueillis – et continuent de l’être chaque jour par ce même Jésus – dans les Demeures Célestes.

Même les bébés victimes, après leur conception, d’avortement volontaire ou involontaire, ou décédés juste après leur naissance, peuvent également entrer dans le Paradis. Que ceux qui se demandent si un handicap, une grave maladie, une destruction partielle ou totale du corps charnel – de quelque ordre qu’elle soit – ou le fait de ne pas avoir pu être baptisé peuvent empêcher un être humain de parvenir à la béatitude du Ciel, soient rassurés (5) ! Même si cet être s’est vu priver, pendant sa vie, d’une conscience éclairée ou d’une pleine et entière liberté, même si son corps charnel a été totalement détruit, il peut rejoindre, revêtu d’un vêtement nouveau (cf 2 Co 5, 1-4), les Demeures Célestes.

En effet, l’état de sainteté – puisque c’est bien ainsi qu’il convient de l’appeler – ne dépend pas des dysfonctionnements du corps de chair ou du cerveau d’un individu mais de la quantité d’amour qu’il a pu accumuler dans ses batteries intérieures. Et si, pour des raisons biologiques ou neurologiques, les batteries de cet individu n’ont pu produire de cet amour, elles peuvent se voir recharger, dans la communion des saints, par les prières et les mérites d’autres personnes ou, pour ce qui est du baptême, par la grande prière de l’Église elle-même et les Eucharisties célébrées chaque jour à travers le monde.

Ainsi, l’amour, le renoncement et le dévouement souvent exceptionnels que des parents témoignent à un enfant handicapé, suffisent, avec le secours de la grâce divine, à recharger ses batteries pour faire de lui un saint. Et le Seigneur Jésus, par sa Résurrection, assure ces parents qu’ils le retrouveront un jour dépourvu de ses tares, en parfaite santé et en possession de tous ses moyens auprès de lui dans le Royaume. Même si cela vous semble difficile à concevoir, frères bien-aimés, vous devez comprendre que toute forme de handicap, de monstruosité, d’anomalie génétique ou de maladie mentale ou psychique – séquelles du Péché des Origines – disparaît dans les Demeures Célestes, où il ne peut plus exister la moindre disharmonie. En effet, tous les êtres humains qui ont été jugés dignes d’avoir part à la Résurrection du Christ Jésus – que ce soit par les vertus qu’ils ont développées tout au long de leur vie terrestre ou par leur innocence – ne peuvent plus mourir et sont semblables aux anges (cf. Lc 20, 36).

Comment donc devenir saint ? En accomplissant les paroles du Livre du Deutéronome :

« Tu écouteras la voix du Seigneur
tu mettras en pratique tous ses commandements. » (Dt 30, 8)

Si les hommes ont tendance à regarder l’apparence, le Seigneur Dieu, pour sa part, regarde le cœur (cf. 1 S 16, 7) et jauge son amour et sa charité. Dans mon hymne à la charité, qui retentit partout comme une douce musique dans les Demeures Célestes, je vous ai enseigné, sous la motion de l’Esprit, tout ce qu’il convient de savoir pour parvenir à la sainteté (cf. 1 Co 13, 1-13). Lisez-le, relisez-le, méditez-le, et faites-le connaître ! 

Ne vous laissez pas décourager ni impressionner par l’idée que la sainteté soit quelque chose d’inaccessible. Car moi, Paul, je vous l’affirme au nom du Seigneur Jésus, elle n’est pas au-dessus de vos forces ni hors de votre atteinte (cf. Dt 30, 11).

Ainsi, apprenez à vos enfants dès leur plus jeune âge à prier, à partager, et à agir avec leurs semblables comme ils aimeraient que leurs semblables agissent envers eux (cf. Lc 6, 31), car tel est l’enseignement de la Loi et des Prophètes, qu’il convient à tout être humain de connaître, de s’approprier et de vivre pendant toute sa vie (cf. Mt 7, 12). De même, agissez envers votre Père du Ciel comme vous voudriez qu’il agisse envers vous. Souhaitez-vous qu’il s’occupe de vous ? Alors confiez-lui vos préoccupations et vos soucis. Demandez-lui son aide au nom du Seigneur Jésus et, s’il juge votre requête recevable, il vous exaucera. Ensuite, tout au long de votre journée, gardez en votre cœur le Père et le Fils, et laissez l’Esprit Saint vous faire exulter de bonheur d’être en union spirituelle avec votre Dieu. Ayez les pieds sur Terre pour accomplir vos tâches quotidiennes, mais ayez aussi la tête au Ciel pour y puiser force, courage, paix, joie et discernement afin de toujours être dans la bonne humeur et dans la charité. N’hésitez pas, tout au long de vos journées, à redire au Seigneur Jésus votre amour, à remercier le Père pour la vie, pour la Création, pour les merveilles de la Nature, et à louer l’Esprit Saint pour l’assistance qu’il vous prodigue.

Par ce même Jésus, le Médiateur, vivez avec Dieu et en Dieu et vous bénéficierez des plus grandes grâces. Celle de quiétude n’est pas donnée à tous mais elle est la plus forte. Elle est envoyée par le Père du Ciel principalement aux malades et aux mourants lorsqu’ils sollicitent son aide. Il en a gratifié les martyrs avant et pendant leur supplice. Elle peut aussi être transmise par l’Église conséquemment au sacrement des malades (6) – malheureusement pas assez connu – qui permet à l’âme de tout baptisé, préalablement purifiée par la Confession, de supporter tout et d’endurer tout dans l’espérance de la Vie qui n’aura pas de fin.

Qu’il en soit ainsi pour vous, frères bien-aimés, que je chéris parce que votre désir le plus cher est de devenir saints et de rejoindre un jour notre grande assemblée dans les Demeures Célestes. C’est pourquoi je vous bénis de tout mon cœur.

+ Paul, Apôtre de Jésus-Christ

(1) D’après saint François de Sales : « Il faut fleurir où Dieu nous a semés ».

(2) V. Message du 23 février 2023 de notre Seigneur Jésus-Christ.

(3) « Messire Dieu premier servi » (Sainte Jeanne d’Arc).

(4) V. Message du 11 mai 2022 de Vos frères dans la Foi, note 3.

(5) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, n.1261.

(6) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, notamment n.1499, nn.1500-1513. Ce sacrement est appelé aussi l’Onction des malades.

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.