Message du 4 août 1995





(Fête du saint Curé d’Ars)

Mes frères,

Si vous voulez plaire au Bon Dieu, restez fidèles à sa Parole et obéissants à son Église. Car cette Parole est vérité, et l’Église, votre mère, ne veut que votre bien. Soyez confiants dans l’enseignement qu’elle vous donne et, avec beaucoup d’humilité, essayez de le mettre en pratique. Que Dieu vous garde de vous laisser jamais gagner par l’esprit de violence et de contestation qui sévit dans le monde et va jusqu’à répandre la guerre parmi les hommes et le doute dans les cœurs les plus fidèles et les plus aimants.

L’Église, mes frères, est la gardienne de la Parole de Dieu, et la Parole de Dieu est Parole de Vie. Ah ! si les hommes acceptaient de se désaltérer à cette Parole comme ils boivent les paroles de leurs idoles humaines, alors, la paix régnerait dans le monde et les hommes n’auraient plus à subir la barbarie insoutenable de tyrans orgueilleux et fanatiques qui se sont alliés les puissances des ténèbres ! Si les chefs d’État acceptaient de se désaltérer à cette Parole, alors, ils puiseraient du courage dans la prière et laisseraient l’Esprit de Force et de Sagesse leur inspirer les solutions les plus sages.

C’est inlassablement, mes frères, que la Parole de Dieu doit être lue et relue, approfondie et mise en pratique, mais, de grâce, qu’elle ne soit pas défigurée par les interprétations caustiques de certains théologiens et qu’elle ne soit pas disséquée par les lames tranchantes de leurs scalpels. Ce sont les cadavres, mes frères, que l’on dissèque pour les autopsier ! Or, la Parole de Dieu, elle, n’a pas besoin d’autopsie : elle est vivante et ne saurait subir de telles mutilations. Quel malheur que des hommes se permettent de l’interpréter non point dans le sens du Magistère de l’Église, mais au gré de leurs propres états d’âme… Cela ne peut contribuer qu’à créer la discorde au lieu de l’unité.

C’est pourtant l’unité qu’il faut rechercher en tout. D’abord, l’unité de la personne à la ressemblance du Créateur. Le Bon Dieu vous aime, mes frères, comme jamais personne sur cette Terre ne pourra vous aimer, et s’il a envoyé son propre Fils sur cette Terre, c’est pour que tout homme puisse, à tout moment, par la Confession, retrouver en lui cette harmonie et cette unité de tout son être, qu’il a brisées par le péché.

Soyez, mes enfants, des agents d’unité en imitant les vertus de ce Fils, afin de devenir, comme lui, de véritables enfants de Dieu. Oubliez vos égoïsmes, vos jugements et vos mesquineries, et, enrichis par la grâce d’une vie de foi et de prière, fortifiés par l’espérance de l’Éternité et mus par une authentique charité, sachez accueillir les autres comme de véritables amis, et mettez en pratique les Commandements.

Il est dit, par exemple, dans les Écritures : « Tu ne tueras point » (Ex 20, 13), mais combien de femmes se débarrassent promptement de l’enfant qu’elles portent en leur sein sous le prétexte, faussement humanitaire, de lui éviter d’avoir une vie malheureuse ? Soyons sérieux, mes frères ! Est-ce là une raison pour justifier un crime ? Lorsque la Sainte Vierge rend visite à sa cousine Élisabeth, qui est enceinte (cf. Lc 1, 39-56), l’enfant que porte cette dernière tressaille en son sein à la salutation de Marie : le futur Jean le Baptiste est déjà capable de sentiments. Je laisse cela à votre méditation (1).

Il est dit : « Tu ne tueras point », mais combien de personnes assassinent leurs frères par les discours qui sortent de leur bouche ? Combien se permettent de juger impitoyablement les autres à partir de critères qui leur sont personnels, mais aussi de les condamner impitoyablement et de les salir auprès de leur entourage, d’insinuer le doute à leur sujet et d’inciter chacun à la méfiance ? Ah ! mes frères, que ne vous occupez-vous de vos propres défauts et de votre propre perfection ! Et si vous trouvez des imperfections chez les autres, que ne mettez-vous tout en œuvre pour voir d’abord la poutre qui est dans votre œil et vous en débarrasser (cf. Lc 6, 41) ?

Il est dit aussi : « Tu ne commettras point d’adultère » (Ex 20, 14), mais, en ces temps où la mode est à la débauche et aux jouissances immédiates, est-il étonnant de voir des jeunes cohabiter en dehors du mariage en toute bonne foi, puis se séparer et vivre à nouveau avec quelqu’un d’autre ? de voir des couples mariés tenter de nouvelles expériences d’un côté et de l’autre ? de voir même parfois de jeunes enfants accéder à des magazines ou des films pornographiques et tenter entre eux leurs propres expériences ? Et les personnes d’un certain âge d’applaudir devant cette abolition quasi-généralisée de la morale la plus élémentaire tant elles ont été frustrées, en leur temps, de ne pas avoir eu la liberté de pécher à leur guise !…

Mes chers enfants, fuyez les tentations, réfugiez-vous sous le manteau de notre bonne Mère, et soyez fiers de suivre le chemin de la sainteté en respectant les Commandements et en vivant sainement.

C’est tout ce que je vous souhaite !

+ Jean-Marie Vianney, prêtre

(1) V. Message du 15 août 1993 (I), note de bas de page.