Sermon du 25 décembre 1991





SERMON DE NOËL 1991
(inspiré au messager pour une paroisse)

Mes frères,

Nous voici de nouveau réunis cette année à l’occasion de la Fête de Noël, et notre petite communauté se trouve heureusement complétée par de nouveaux visages : membres de paroisses avoisinantes, de familles éloignées qui viennent rejoindre les leurs, vacanciers, etc. Mais il y a aussi ceux qui ne viennent pas régulièrement à la messe et qui, chaque année, pour Noël, tiennent à redire à Notre Seigneur qu’ils sont toujours ses enfants.

L’important est que nous soyons tous réunis, et que votre curé puisse vous dire, ce soir encore, que le Bon Dieu vous aime et qu’il veut être aimé de vous en esprit et en vérité.

Oui, mes frères, nous sommes tous aimés de Dieu ! Et je crois qu’à ceux qui n’ont pas l’occasion de l’entendre souvent, il le faut dire de nouveau. Chaque année, l’Enfant de la Crèche vient nous le rappeler. Mais nous ne devons pas nous méprendre : Notre Seigneur n’est pas simplement venu nous dire qu’il nous aimait, il est venu nous en donner la preuve par une vie exemplaire, et en mourant sur une croix pour réparer nos péchés. Qu’est-ce que cela signifie donc ?

Si quelque grand personnage confie un jour à votre enfant un objet précieux et que ce dernier le casse, n’allez-vous point tout mettre en œuvre pour tenter de le réparer par amour pour votre enfant malheureux et par respect pour celui qui lui a confié l’objet ? Eh bien, mes frères, il en est de même pour notre vie, qui est l’objet le plus précieux que le Bon Dieu nous puisse confier. Et c’est pour réparer toutes les cassures, toutes les imperfections, et pour effacer toutes les salissures que notre nature pécheresse nous fait subir en cette vie, que Notre Seigneur est venu sur cette Terre en la personne d’un petit Enfant, tout à la fois Dieu et Homme (cf. 1 Jn 4, 3). Et il est venu pour enseigner aux hommes que s’ils vivent en union avec leur Père du Ciel, en imitant les vertus du Fils et en se nourrissant de son Corps et de son Sang, ils peuvent eux aussi accéder à la vie de la grâce, qui les conduit au Royaume de Dieu. Ah, mes frères ! Quelle plus belle preuve d’amour de Notre Seigneur que de nous offrir sa propre vie pour réparer nos fautes !

Le Bon Dieu, donc, nous confie la charge de notre vie ; mais il nous laisse libre de la gérer au mieux, c’est-à-dire de vivre le plus parfaitement possible en accord avec les Commandements qu’il nous a donnés. Cependant, nous ne sommes que de bien faibles créatures, et, souvent, nous brisons par notre orgueil et notre égoïsme les belles qualités que Dieu a déposées dans notre cœur – la charité, la bonté‚ la sincérité, la pureté, l’honnêteté – pour vouloir devenir plus puissants sur terre, plus riches, plus en vue dans le monde, plus savants… Tout cela au détriment de cette toute-petitesse et de cette simplicité‚ que nous enseigne l’Enfant de la Crèche, et qui seules peuvent ouvrir à l’homme la porte du Ciel.

L’Enfant-Dieu, mes frères, est venu pour nous sauver, pour nous sauver du péché et de l’erreur en nous communiquant, grâce aux dons du Saint-Esprit, le sens du discernement. Lorsque, dans la tentation, nous sommes poussés à mal penser, à mal parler ou mal agir, n’entendons-nous point, au tréfonds de nous-mêmes, cette petite voix discrète, que si souvent pourtant nous tentons de faire taire, et qui nous dit : « Prends garde à toi ! Cela n’est pas bien ! », ou « Attention ! Tu es un égoïste », « Tu es une orgueilleuse ! », « Tu vas peiner ton prochain ! », « Tu vas peiner Notre Seigneur ! »…

Et nous avons le choix : le choix de ne plus être esclaves de la chair, le choix de ne plus être esclaves de nos faiblesses ou de nos emportements, le choix de ne plus être esclaves de nos passions, de nos convoitises, de nos malhonnêtetés, de nos impuretés. Nous avons le choix ! Le choix de rester fidèles au Bon Dieu par amour et par respect pour lui, mais aussi par amour et par respect pour cette si belle nature humaine que le monde moderne a tellement tendance à dépouiller de toute sa dignité, de toute sa grandeur, de toute sa générosité, pour en faire l’esclave insouciante de la société de consommation, de la convoitise de la chair et de la corruption sous toutes ses formes. Alors, mes frères, c’est par cette petite voix, celle de notre conscience, qui cherche toujours à nous ramener vers le bien et vers la vérité‚ que Notre Seigneur nous appelle inlassablement à Le suivre. Savons-nous le faire avec fidélité ?

Car le Bon Dieu, mes frères, veut que nous l’aimions en esprit et en vérité. Qu’est-ce à dire ? Il ne veut pas que nous lui criions : « Seigneur ! Seigneur ! » seulement dans les moments de désespoir, ou pour réussir quelque entreprise humaine qui nous tient à cœur. Non ! Il veut que nous soyons ses enfants en permanence, du matin au soir et du soir au matin ! Un fiancé dirait-il à sa bien-aimée qu’il l’aime tout en refusant de la rencontrer régulièrement pour échanger avec elle des idées et des sentiments ? Alors, mes frères, si nous aimons le Bon Dieu, comment ne pas le lui dire régulièrement dans une prière du cœur sincère et spontanée ? Comment ne pas, sans cesse, lui rendre grâce pour toutes les bontés qu’il nous accorde dans cette vie ? Et comment ne pas lui offrir, à lui qui a connu la Passion et la Croix, nos propres souffrances et nos contrariétés ? Comment ne pas nous rendre souvent à la messe pour y recevoir, après nous être lavés régulièrement de nos péchés par la Confession, son Corps et son Sang en nourriture pour nous aider à grandir dans notre foi et notre spiritualité et nous rapprocher ainsi de Celui qui a  été, qui est, et qui sera toujours notre modèle ?

Mes frères, si nous aimons Notre Seigneur, ce n’est point en faisant toujours notre propre volonté en tout que nous lui donnerons satisfaction, mais en faisant la sienne, même si cela nous coûte et nous demande parfois des sacrifices ou des privations. Pour cela, restons fidèles à l’Église, qui est la gardienne de la Vérité‚ et imitons les saints, eux qui l’ont toujours servie et lui ont toujours obéi avec le plus grand respect.

Lorsqu’un enfant joue avec un couteau, ses parents le laissent-ils faire, au risque de le voir se blesser ? Non ! Eh bien, Notre Seigneur ne veut pas, lui non plus, que nous nous blessions, parce qu’il nous aime ! Si donc son Église conserve, dans certains domaines, une grande rigueur, nous ne devons pas lui en vouloir ni nous construire une religion personnelle en fonction de nos propres idées et de notre propre morale : l’Église est notre Mère à tous, qui sait ce qui est bon pour nous. Et c’est parce qu’elle reste fidèle à la Parole de Dieu qu’elle ne peut faire de concessions particulièrement en matière de morale ! Ayons donc la sagesse de suivre notre Pasteur, le Pape Jean-Paul II, qui, contre vents et marées, reste fidèle à la mission de Pierre.

Enfin, mes frères, lorsque, à la fin de cette messe, nous nous serons extasiés sur l’Enfant de la Crèche, ayons une pensée toute particulière pour la Très Sainte Vierge Marie, sa Mère, qui est la Femme qui a donné au monde ce Fils unique, Sauveur de l’humanité ; la Femme qui suivra ce Fils jusqu’au Calvaire et jusqu’à sa mort sur la Croix ; la Femme qui a connu, comme nous, des joies, mais aussi le glaive tranchant de la souffrance ; la Femme, enfin, qui a vu son Fils triompher de la mort par sa Résurrection ! Car le grand message de cet Enfant, le grand message de Noël, est un message de triomphe : de triomphe de la vie, de l’amour, de triomphe sur le péché, de triomphe sur la mort !

Alors, mes frères, demandons à l’Enfant de la Crèche, demandons à la Sainte Vierge, et demandons à saint Joseph de nous aider à toujours écouter la petite voix du Bébé de Noël qui vagit dans notre cœur pour nous conduire à Dieu. Joyeux Noël à tous, mes frères !

Amen.