Message du 21 septembre 1986





Bien chers frères,

Lorsque vous participez à la Sainte Messe avec exaltation, vous êtes comme des éphémères virevoltant autour d’un réverbère dans des trajectoires désordonnées. Aveuglées par l’éclat de la lumière, grisées par le mouvement, elles tournent, tournent sans cesse et lorsqu’elles s’approchent de la blancheur qui les attire, elles se brûlent les ailes et meurent…

Combien nous sommes attristés de voir les amis du Seigneur assister et participer à la Messe comme ils assisteraient à un spectacle ! Quelle est donc cette fausse joie qui s’empare de l’être et excite son corps jusqu’à le conduire à des gestes nerveux et à des chants aux rythmes délirants ? La Messe n’est pas une surprise-partie, et si certaines personnes ignorant ce qui s’y passe bénéficient de circonstances atténuantes en n’y montrant point de respect, tout chrétien qui, sous prétexte de simplicité et de spontanéité, porte atteinte à la liturgie définie par l’Église est dans l’erreur ! L’Amour de Dieu, si grand qu’Il soit, reste stupéfait devant une telle exaltation fiévreuse qui veut Lui rendre gloire et qui ne trouve plus d’irrespect dans rien ! Comment pourriez-vous vous faire humbles dans l’exaltation ? vous faire tout petits dans l’agitation ? Comment pourriez-vous vous recueillir alors que des chants trop rythmés excitent vos sens et poussent vos corps à bouger plutôt qu’à s’agenouiller ?

Ah ! frères, qu’il se sent mal à l’aise et malheureux dans de telles assemblées celui qui a compris la nature de l’Amour Divin ! Comme vous avez de la chance que le Christ vous ait promis de rester au milieu de vous ! Car Lui aussi, chers frères, n’est aucunement à l’aise au milieu de l’exaltation, et s’Il continue tout de même d’offrir Son Corps et Son Sang, c’est parce qu’Il vous aime tous ! Combien il faut que cet Amour soit grand pour venir dans le bruit, Lui qui est le Silence, pour venir dans des cœurs qui n’ont pas compris qu’Il est la Grandeur des grandeurs, la Majesté des majestés, et qui vont à Sa rencontre comme ils iraient accueillir une star !

Préparez-vous, amis, à la Sainte Communion ! Purifiez votre cœur par la Confession individuelle et recevez le Seigneur dans le plus grand respect. Vous chantez qu’Il est « le Pauvre » (2 Co 8, 9) sans comprendre qu’Il n’a endossé cette pauvreté que pour le temps de Son passage sur la terre, et c’est sans scrupules que vous allez à Sa rencontre sans vous y être préparés, en guenilles, sans vous être lavés, sans avoir embaumé votre âme du parfum délicat de la pureté et l’avoir revêtue du vêtement blanc de l’Alliance ! Car c’est une alliance véritable que vous contractez en vous rendant à la Communion. C’est une rencontre qui se doit prolonger dans la vie de tous les jours, mais pas n’importe quelle rencontre : une Rencontre au sommet puisque jamais vous ne trouverez plus importante « personnalité » que Jésus-Christ ! Pendant la messe, que seuls les prêtres vêtus de leurs ornements sacerdotaux distribuent le Corps du Seigneur, assistés de diacres et, exceptionnellement, quand la foule est trop importante, de religieux, de laïcs consacrés ou, à défaut, connus du célébrant pour leur droiture. Ces derniers recevront une bénédiction spéciale. Comment des prêtres peuvent-ils autoriser parfois n’importe quelle personne à venir distribuer la Sainte Communion ? Il ne s’agit plus d’un simple bout de pain, ne l’oubliez pas !.…

Certaines femmes sont beaucoup trop empressées d’assumer des fonctions dans l’Église : il en est même qui revendiquent le droit d’être prêtres ! Un prêtre est un père, tel est son sacerdoce. Comment une femme pourrait-elle devenir père ? L’impossibilité spirituelle n’est pas moindre que l’impossibilité physiologique !… Frères, que deviennent donc vos églises ? Si le faux esprit continue d’y faire ses ravages, mêlant les désirs des uns et les revendications des autres, elles seront bientôt des lupanars où l’on prostituera le Corps du Christ en personne ! Ces paroles ne sont pas exagérées. Déjà, Jésus savait les abus qui y seraient commis :

« Ne donnez pas aux chiens ce qui est sacré, ne jetez pas vos perles devant les porcs. Ils pourraient bien les piétiner, puis se retourner contre vous pour vous déchirer » (Mt 7, 6).

Lisez-vous dans les cœurs, vous que ces paroles vont choquer ? Savez-Vous que le saint Curé d’Ars, au siècle dernier, était capable, sous l’effet de la Grâce, de distinguer les âmes confessées de celles qui ne l’étaient pas ? Savez-vous qu’il connaissait de manière surnaturelle la date de leur dernière confession, leurs péchés oubliés, leurs fautes inavouées ? Et pourquoi ? pourquoi, frères ? Parce qu’il savait déceler le Démon où il se trouvait et l’en chasser ! Cela n’est pas une légende : son âme était pure et transparente comme le cristal, et c’était cette transparence qui lui permettait de lire dans les âmes mêmes de ses fidèles ! Mais aujourd’hui, certains le méprisent, ce pauvre Curé : il n’est pas de ce siècle !…

Vous, prêtres qui refusez de le prendre pour modèle alors qu’il est votre saint patron, est-ce donc la pourriture que vous désirez copier ? Votre libéralisme et votre permissivité n’ont d’égal que votre orgueil réformateur ! Ils dépassent depuis longtemps les limites de l’amour raisonnable ! Vous voulez aider vos frères, soit ! Mais votre bonté est humaine, trop humaine ! Ce n’est ni avec de l’argent, ni avec de l’érudition qu’il est urgent aujourd’hui d’aider le monde : c’est avec l’Esprit Saint, à la lumière surnaturelle d’un personnage comme le saint Curé ! Le Pape le sait bien, mais certains d’entre vous se moquent même de ce qu’il pense et tournent déjà son prochain voyage en dérision !… Le faux esprit qui s’est établi en vous vous perdra, prêtres trop humains, insouciants et irresponsables ! Les âmes n’ont que faire de votre activisme social, ce n’est pas cela qui les pourra sauver de l’Enfer ! Mais là encore vous vous révoltez : vous n’y croyez plus – ou presque plus – car vous ne pouvez imaginer qu’un Dieu-Amour puisse permettre un tel châtiment ! Quelle erreur fondamentale insufflée à votre âme par le Prince de ce monde ! Priez et recouvrez la lumière, amis, et ne continuez point d’égarer ainsi les âmes en croyant les sauver ! Relisez nos propos sur la foi et la bonne foi et méditez ces paroles à la lumière de la vie du saint Curé : cela vous aidera à comprendre beaucoup de choses. Mais avant tout, redevenez, le temps de votre lecture, de petits enfants, voulez-vous ? Car la Vérité n’est accessible qu’aux cœurs simples et purs…

+ Vos frères dans la Foi