Message du 3 mars 1984
Bien chers frères,
Le Seigneur est toujours présent dans la tourmente, et le découragement n’apporte jamais de solution aux problèmes de la vie. Comme les hommes, les pays doivent montrer les mêmes vertus et particulièrement la France. Bénie soit la paix entre les peuples !
Discourons à présent de la loi mosaïque : il s’agit de la loi pour la loi, de la loi par l’effort, d’une étape d’un peuple qui doit encore s’affiner et mater ses instincts. La récompense surgit de l’effort individuel, elle rejaillit sur les descendants qui, peu à peu, se voient purifiés de certaines imperfections.
Mais le Christ est venu. Il n’est pas venu pour abolir la loi mais pour la faire appliquer d’une autre manière. En effet, par la foi est donnée la Grâce, et par la Grâce le fardeau de l’effort est considérablement allégé. Le Christ s’est donné aux hommes totalement, et, par l’Eucharistie, Il vient chaque fois soulager, animer de Son Esprit, transformer votre mince armature spirituelle en une solide charpente qui pourra résister aux assauts des tempêtes. Si vous désirez ardemment la force spirituelle, si vous désirez progresser vers la Lumière du Père, il faut vous purifier sans cesse – tout d’abord au niveau de la pensée – afin d’accueillir l’Esprit qui sanctifie et de L’établir en vous. Ensuite seulement pourrez-vous dire : « C’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).
Lorsqu’un homme ou une femme se sanctifie, sa vie se transforme, ses pensées, ses actions, ses réactions se modifient. Il semble qu’un autre être l’habite. N’en soyez pas affolés, chers frères : si vous voyez un être devenir paisible, rayonner d’amour, donner de son temps et de son argent pour ses frères et oublier le jeu et les plaisirs terrestres futiles, si vous le voyez sans cesse tourner vers le Ciel une oreille attentive, s’il vous parle de Dieu, d’amour, de fraternité, de nobles sentiments, d’oraison, de prière, de charité, comment pourriez-vous le condamner ? Et pourtant !… la vanité de la nature humaine n’a-t-elle point condamné son propre Sauveur ?
C’est la Grâce de Dieu qui vous donne d’être justes, car c’est cette même Grâce qui vous protège contre le péché et vous maintient en communion avec votre Sauveur. À présent, c’est par l’état de Grâce que l’homme vit la Volonté du Ciel en parfaite harmonie avec Lui. Car si l’homme s’interroge sans cesse pour savoir s’il va pécher ou non et si cela lui coûte énormément que de ne point pécher, c’est qu’il doit encore mater sa nature humaine et que Dieu ne peut s’établir durablement en lui. Mais attention ! L’homme doit rester humble, car si Dieu le délivre de l’emprise du péché par la Grâce, Il peut également lui enlever Sa Grâce pour lui montrer que sans Lui, toute action humaine est vaine et tout effort est vain… Restez donc en état de Grâce, bien chers frères, à l’écoute du Ciel.
L’Évangile de ce soir (Mt 7, 21-27) vous montre des prophètes qui n’ont pas utilisé à bon escient le don que leur a offert le Seigneur, car ils ont fermé la porte à la Voix de l’Esprit Saint qui aurait pu s’exprimer en eux, et ils ne se sont pas laissé guider par Lui. Malgré leurs œuvres, le Seigneur leur dira : « Jamais je ne vous ai connus » (Mt 7, 23), car ils n’auront pas vécu en communion avec Lui.
Un don spirituel est comme une perle fine : il faut en prendre soin et ne pas l’user en désirant le faire briller orgueilleusement avec des produits décapants. Un don spirituel doit être pratiqué dans la foi, l’humilité, la charité et l’être qui le possède doit, chaque jour, avec la Grâce du Seigneur, se purifier davantage afin de s’en rendre digne. C’est par la prière et le renoncement que le possesseur d’un don spirituel trouve la paix, sinon, sa conscience, éveillée par le don lui-même, lui reproche inlassablement ses manquements et ses imperfections. Le détenteur d’un don spirituel doit être comme la demeure construite sur le roc et mettre en pratique les vertus qui lui sont transmises par l’Esprit, car il ne suffit pas de faire le bien, il faut également vivre bien. Il ne s’agit pas seulement de guérir les autres ou de leur apporter quelque soulagement, il faut aussi se guérir soi-même de son péché et de tout ce qui éloigne de Dieu… Et il en est ainsi pour tous les hommes.
Nous vous l’avons déjà expliqué de nombreuses fois : effort et Grâce sont indissolublement liés. Généralement, l’effort précède la Grâce, mais une fois que la Grâce est donnée, elle n’est jamais acquise. L’effort peut de nouveau être requis. Que Dieu vous donne Sa Grâce, chers frères, et qu’Il l’établisse en vous d’une manière durable. Les efforts deviennent alors si légers !
Vivez votre Carême avec foi et dignité afin que vos efforts ne marquent pas vos visages. Gardez le sourire tout en pensant au Seigneur et aux terribles événements qui se sont succédé à l’approche du jour où Il s’est livré pour l’humanité. Méditez cela plus profondément cette année. Le Ciel aime la sincérité dans la foi.
+ Vos frères dans la Foi