Message du 19 juillet 1992 (I)
Bien chers frères,
Penchez-vous avec honnêteté sur votre vie et osez comparer le nombre d’heures que vous consacrez dans la semaine à Notre-Seigneur et celles que vous consacrez strictement au travail et à des loisirs pas toujours très enrichissants… Ah ! frères, quel triste bilan ! N’interprétez pas non plus le texte de l’Évangile d’aujourd’hui (cf. Lc 10, 38-42) en votre faveur, prétendant qu’il faut, dans le monde, à la fois des Marthe et des Marie pour faire un équilibre.
Relisez ce texte, chers amis, et voyez la différence entre ces deux femmes. L’une s’affaire pour que nul ne manque de rien, alors que sa sœur, subjuguée par l’enseignement du Maître, en oublie le service et va s’asseoir à ses pieds pour l’écouter.
Amis, si vous étiez fort affairés et qu’une haute personnalité passe sous vos fenêtres, n’abandonneriez-vous point travaux et fourneaux pour tenter de l’apercevoir ou pour l’acclamer, surtout si son passage devait être rapide ? Et n’iriez-vous pas pour cela jusqu’à vous soustraire à votre émission télévisée préférée, que d’habitude vous ne rateriez pourtant pour rien au monde ? Eh bien, comme il serait doux à Notre-Seigneur que vous eussiez envers lui la même attitude ! N’est-il pas, en effet, lui aussi, une haute personnalité ? Et quelques minutes en sa compagnie ne valent-elles pas toutes les personnalités et toutes les émissions de la Terre ?
Marthe se plaint à Notre-Seigneur dans l’Évangile que sa sœur ne l’aide pas, mais savez-vous aussi qu’elle regrette secrètement de ne pas être à sa place ? En parfaite maîtresse de maison, Marthe met tout en œuvre pour que Notre-Seigneur soit bien reçu chez elle, et compte sur sa sœur pour lui prêter main-forte. La voyant auprès de Jésus plutôt qu’au travail, elle la juge et compte sur lui pour la rappeler à ce qu’elle considère comme son devoir d’état. Cependant, Jésus ne va pas dans son sens : « C’est Marie qui a choisi la meilleure part, lui dit-il ; elle ne lui sera pas enlevée » (Lc 10, 42). En effet, le Maître ne séjournera pas longtemps dans cette maison, comme il ne séjournera plus longtemps sur cette Terre. Alors, il préfère, compte tenu de cette situation, être d’abord écouté plutôt qu’être servi : « Tu te soucies et t’agites pour beaucoup de choses, dit-il à Marthe, pourtant il en faut peu, une seule même » (Lc 10, 41-42). De quoi s’agit-il ? Jésus lui-même répond à cette question deux chapitres plus loin :
« Ne vous inquiétez pas, dit-il à ses disciples, pour votre vie de ce que vous mangerez, ni pour votre corps de quoi vous le revêtirez […]. Ne vous tourmentez pas. Car ce sont là toutes choses dont les païens de ce monde sont en quête ; mais votre Père sait que vous en avez besoin. Aussi bien, cherchez son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. » (Lc 12, 22.29-31)
Ce qui compte avant tout, c’est donc de savoir prendre le temps de chercher Dieu là où il vous a donné rendez-vous et de l’écouter : dans la lecture de la Parole, dans la prière et l’oraison et, bien sûr, dans l’Eucharistie. Car à travers tout cela, c’est lui qui enseigne, c’est lui qui nourrit et qui fait vivre, c’est lui qui donne la Paix.
Celui qui vit en Dieu ne se fait pas de souci pour l’avenir, ne se laisse pas torturer par les problèmes matériels. C’est pourquoi tout homme devrait briguer la place de Marie dans le cœur de Jésus, et s’agenouiller, chaque matin, aux pieds du Maître en disant :
« Seigneur, je vous offre ma journée.
Que votre Parole m’accompagne
Dans toutes les tâches que j’aurai à accomplir aujourd’hui,
Et que tout le bien que vous me donnerez de faire
Serve à vous glorifier ! »
Frères, Notre-Seigneur appelle auprès de lui tous ses enfants pour qu’ils écoutent avec respect la même Parole, le même Enseignement. Lorsqu’ils comprennent cela et le mettent en pratique, ô combien plus douces sont les obligations de leur devoir d’état ! Alors, n’hésitez pas à aller à la rencontre de Notre-Seigneur pour l’inviter à venir enseigner votre âme.
Ne dites pas, en proie encore à quelque réticence, « Je ne suis pas tout à fait prêt », mais implorez plutôt humblement l’aide de Marie, sa Mère, qui se fera votre intermédiaire auprès son divin Fils pour lui confier vos doutes et vos craintes. Alors, comme avec les convives de Cana, où il changea l’eau en vin sur l’invitation de sa Mère, Notre-Seigneur vous montrera que, lorsqu’il est invité quelque part, aussi imparfait que soit l’endroit, il obvie à vos manques et à vos imperfections, et il vous comblera de ses grâces parce que vous aurez fait preuve d’humilité.
« Mais, ajouterez-vous, il n’est plus là en chair et en os ! Il ne peut plus intervenir de la sorte !… » Frères incrédules ! n’a-t-il pas dit aussi : « Tout pouvoir m’a été donné au Ciel et sur la Terre » et « Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » ? (Mt 28, 18. 20)
Croyez, chers frères aimés, et montrez beaucoup de respect pour Notre-Seigneur. Vivez en Dieu, et, comme Marthe, recevez-le dans votre maison. Mais ne vous empressez pas de lui cuisiner toutes sortes de plats sophistiqués sans lui demander son avis. Car il préfèrera sûrement se contenter d’un simple morceau de pain et d’une simple cruche de vin et vous voir rester à ses côtés, l’oreille attentive à ses paroles et votre cœur plongé dans le sien.
Qu’il dirige, frères, votre conscience, et vous donne la grâce de toujours accomplir votre devoir d’état à la perfection. Que la moindre de vos pensées, le moindre de vos actes, la moindre de vos paroles soient imprégnés de l’amour et de la volonté de Dieu. Avoir les pieds sur terre ne dispense aucunement d’avoir aussi la tête au Ciel, nous vous l’avons dit bien des fois. Si vous écoutez d’abord ce que Notre-Seigneur a à vous dire par la lecture de sa Parole, vous deviendrez des apôtres de son amour, et, transformés par de fréquentes communions, vous serez des réceptacles de l’Esprit Saint, prêts à transmettre, à votre tour, la Bonne Nouvelle à tous vos frères. Alors, vous les subjuguerez par la beauté, la grandeur et la vérité de votre enseignement. Ne vous souciez pas du lendemain, dit Notre-Seigneur. Vivez en Dieu, œuvrez pour lui, et il ne pourra que vivre en vous par son Esprit sanctificateur et porteur de toutes grâces.
Que Notre-Seigneur et sa douce Maman vous bénissent.
+ Vos frères dans la Vérité