Message du 20 décembre 1987
Bien chers frères,
La foi catholique est comme une forteresse dont les murs ceignent une ville et la protègent contre toute agression. Une forteresse dont les yeux repèrent l’adversaire à des kilomètres à la ronde, et dont les armes sont prêtes à l’anéantir s’il a l’audace de s’en approcher d’un peu trop près. Elle est le défenseur des vertus, le guetteur de votre âme, qu’elle avertit du danger lorsqu’il se profile à l’horizon. C’est elle qui fourbit vos armes et qui les rend invincibles contre le Malin. C’est elle votre loi, la maîtresse de votre conscience. Alors, chers frères, aimez-la, chérissez-la, écoutez-la ! Reconnaissez sa grandeur et laissez-vous subjuguer par elle. Qu’elle guide votre vie en tout et partout jusque dans le Royaume de votre Père du Ciel, qu’elle vous invite à aimer et à respecter.
Aujourd’hui, cependant, un certain nombre de croyants refusent de se laisser diriger par une quelconque autorité, et, fâchés contre la direction spirituelle d’une Église qu’ils estiment trop sévère, ils commencent un travail de sape et de destruction qui peine profondément le Seigneur. Ils ne veulent plus d’un Dieu puissant qui aime à être adoré, d’un Dieu fort devant qui l’on se prosterne, mais d’un Dieu à la portée de tous, qui surtout ne condamne personne, qui pardonne tout à tous, même au pécheur non repentant ! Ils ne veulent plus d’un Dieu dont on doit respecter la Volonté et qui peut inspirer la crainte, mais d’un Dieu que l’homme invite à cautionner toutes sortes de fredaines sous prétexte que si fredaines il y a, elles ont forcément été créées par Lui et ne doivent, par conséquent, aucunement être condamnées !… Alors, que font ces prétendus chrétiens pour rendre Dieu plus accessible à leur intellect vicié ? Ils s’arment de massues, de marteaux, et, pierre par pierre, ils démolissent la forteresse de la foi pour lui donner une dimension plus humaine, plus familière, plus horizontale. Et ce sont souvent ces mêmes chrétiens en quête effrénée de responsabilités qui viennent imposer leur propre loi dans les églises, et y prendre quasiment la place des prêtres. Prêtres de Jésus-Christ, gardiens de la forteresse, pourquoi abandonnez-vous vos armes à ces chrétiens « dans le vent » qui s’accaparent Dieu sans aucun respect et dans une exaltation presque hystérique ? Croyez-vous leur rendre service en vous soumettant à leurs volontés ? Par pitié, restez les maîtres dans vos églises ! Vous êtes des pasteurs et vous ne devez ni vous laisser usurper vos pouvoirs ni permettre à qui que ce soit de dénaturer l’Enseignement de Jésus-Christ !
Ces mêmes chrétiens veulent un Dieu moderne à la dimension de leur temps et de leurs erreurs, un Dieu-copain, un «pote » tolérant qui accepte toutes leurs infractions à la morale, à l’honnêteté, à l’amour. Ils veulent un Dieu qui soit prêt à encourager leurs vices parce qu’Il n’est pas venu pour les justes mais pour les pécheurs ! Ils chantent « Vie ! Paix ! Joie ! », mais ils refusent de se souvenir de la Croix…
Ah ! frères, quelle hérésie ! quelle aberration ! quelle honte ! La forteresse est pillée, profanée, dilapidée, ses pierres emportées aux quatre vents, ses murs enfoncés ! Comment donc serez-vous protégés contre l’Ennemi si vous n’êtes plus à l’abri de ses remparts ? Heureusement, chers frères, que depuis le Ciel, le Seigneur envoie le Paraclet pour éclairer les cœurs et leur rappeler la Vérité !
Jésus est-Il venu sur la terre pour conduire les hommes au péché et réhabiliter le Démon ? pour rendre les hommes plus matérialistes et les encourager à profiter de tous les plaisirs ? Non point ! Il a enseigné l’obéissance, le renoncement et l’acceptation. Il a montré le rôle essentiel de la souffrance dans la vie humaine comme gage de rachat. Il est resté pauvre sur la terre des hommes et Il a refusé la royauté terrestre que Lui proposait le Démon. Alors pourquoi, chers frères, pourquoi vouloir à tout prix mêler le Seigneur, qui vous a donné l’exemple de la Perfection, à toutes vos fredaines ? Pourquoi dilapider Son Pouvoir sur votre âme en refusant de vivre les vertus essentielles qui peuvent la fortifier ? Pourquoi vouloir faire de l’Amour de Dieu un amour lâche et sans vigueur qui se fait complice du péché de l’homme ?
Combien le Démon sait aveugler votre entendement ! Oui, frères, ce Démon, que vous ne voulez plus voir nulle part, finit par s’infiltrer partout : il sape la foi et le moral des uns, ébranle les vertus des autres, rend les consciences élastiques et éloigne les fidèles de l’Église. Il sème partout la contestation, le mépris de la morale et des valeurs élémentaires, le mépris de la famille et de la bonne éducation, il s’infiltre dans l’esprit des enfants dès leur plus jeune âge à travers les médias et les bandes dessinées, les livres de bas étage, les mauvaises fréquentations, les pensées, désirs et actes impurs, le dégoût de la Confession, et ensuite, l’homme s’étonne de voir sur la terre tant d’irrespect, de haine et de violence !
Pour vouloir la liberté, vos démocraties, qui ont démantelé la forteresse de la foi et ont accaparé les pierres de sa puissance en donnant à chacun le droit de pécher à son aise – et par conséquent celui de nuire à son voisin -, n’ont pas su éduquer l’homme à vivre dans le bien et à respecter son frère. La liberté concédée n’est qu’une fausse liberté, victime d’une pénurie de morale. Les consciences malades du péché et orgueilleusement opposées au baume bienfaisant de la Confession préfèrent céder à l’appel de la facilité, des plaisirs des sens et du bien-être. « Bien » est faussement assimilé à « bien-être », « excitation » à « rayonnement intérieur », « paix » à « bonne conscience » – celle que l’on prétend avoir « pour soi ». L’enseignement du Pape est méprisé et nombreux sont les chrétiens qui ne le suivent plus, nombreux sont les prêtres qui le trouvent démodé et qui dirigent leurs ouailles vers d’autres horizons moins « fermés », moins « étriqués » – prétendent-ils…
Ah ! frères, comment auriez-vous donc jugé le Christ ? et comment Le jugeriez-vous s’Il vivait en chair et en os à vos côtés ? Comme un « refoulé » ? un illuminé ? un inadapté ? un fou masochiste ? Si vous saviez combien nous avons de peine à vous voir vous engluer dans les filets du Prince des Ténèbres en refusant d’écouter l’Enseignement de notre Maître ! Être tolérant ne veut pas dire accepter toutes les inepties ! Être pécheur ne veut pas dire pécher chaque fois que l’occasion se présente et ne rien regretter !
Le Christ, nous vous le répétons, est venu pour le pécheur repentant, pour celui qui désire être délivré des chaînes du péché, mais Il ne peut rien pour celui qui jusqu’au bout crache sur la Croix et méprise Dieu ! Le Christ est venu sauver les hommes qui sont malheureux de se voir si faibles face au péché, et qui mettent tout en œuvre pour se débarrasser de leurs imperfections. Il est venu soutenir le pécheur dans ses efforts pour le bien, et non pas pardonner au pécheur invétéré, récalcitrant, qui refuse de Le suivre et méprise Son Enseignement ! Celui-ci, Il continue de l’appeler vers Lui, mais s’il refuse, Il ne pourra le sauver.
Frères aimés, ne criez pas sans cesse : « Le Christ est Amour et Pardon ! » sans comprendre ce que cela veut dire. Ajoutez donc : « Il est venu appeler les hommes à la conversion et sauver ceux qui veulent être sauvés et qui regrettent leurs péchés. » En effet, la Confession n’est pas une mascarade : elle est véritablement une délivrance qui permet de repartir d’un bon pas. Lorsque sur la route vous traînez avec vous un fardeau trop lourd, vous êtes contraints de ralentir votre marche. Si ce fardeau est allégé ou totalement vidé, vous pouvez poursuivre allègrement votre chemin. Prenez donc soin de ne pas trop alourdir la croix que vous portez sur vos épaules. Par la Confession sincère et le repentir qui l’accompagne, c’est le Christ qui prend ce poids sur Sa propre épaule et qui vous délivre de votre fardeau par Son Amour. C’est là, chers frères, qu’intervient le véritable Amour du Christ : devant le miséreux repentant, devant le malheureux qui Lui tend la main. Le geste doit venir de vous, amis. Le Seigneur vous attend pour vous faire sortir de vos ténèbres.
Afin de soutenir la forteresse dans l’assaut de la bataille, restez fidèles au Saint-Père, chers frères chrétiens, et veillez et priez. Priez pour les ennemis de la forteresse qui dilapident la foi et aiment à couper les ailes de ceux qui veulent s’élever vers le Seigneur dans la sainteté. Priez pour tous ceux qui, dans leur grande faiblesse, se laissent corrompre par le péché et portent toute leur vie les stigmates de leur innocence blessée. Priez pour que chacun découvre le Seigneur dans Sa véritable dimension, et que l’Esprit Saint soit écouté de tous. Que Marie, notre bonne Mère, vous aide à accueillir chaque jour le Seigneur dans votre cœur.
+ Vos frères dans la Foi