Message du 21 novembre 1985
Bien chers frères,
Aimez-vous de tout votre cœur et ne permettez pas à des malentendus ou à des querelles ridicules de venir ternir cet amour et de vous diviser. Tous les chrétiens qui aspirent au Ciel et visent, par leurs efforts, leurs sacrifices et leurs prières, à s’en rendre dignes travaillent au même but !
Ne soyez pas agressifs, toujours méfiants et soupçonneux sans raison, et ne vous préoccupez pas sans cesse de savoir si tel est dans le vrai ou si tel autre s’en égare. Ne cherchez pas continuellement à repérer, dans le comportement de vos frères, la moindre défaillance, et à juger tous leurs actes impitoyablement, seulement en fonction de cela. N’attachez pas d’importance aux potins et aux ragots qui accablent toujours les uns et les autres sans être fondés sur rien.
Nous vous disons de ne pas juger et voyons pourtant vos regards à l’affût, votre esprit critique aux aguets… Comme vous êtes entêtés ! Votre comportement est malsain et votre foi mêlée de despotisme et de superstition. Désirer pour tous la perfection n’est pas s’ériger en juges ! Sinon, il y a longtemps que votre Père du Ciel, qui désire tant la vôtre, vous aurait tous exterminés !
Ne ramenez pas sans cesse tout à vous-mêmes. Vous jugez vos frères sur des paroles qui vous blessent, atteignent votre susceptibilité ou votre amour-propre, sur des gestes qui vous déplaisent, mais pouvez-vous lire à l’intérieur de leur âme ? Savez-vous quelle est leur sincérité ? Si Dieu place sur votre route ou à vos côtés certaines personnes, ce n’est pas pour que vous vous empressiez de leur mettre une étiquette ou de les condamner ! C’est pour vous donner, au contraire, à réfléchir et pour vous faire progresser.
Ah ! frères, ne cherchez point à vous séparer mais à vous unir, vous qui aspirez au même Ciel et possédez le même Dieu, vous qui avez la même Mère, Marie, Reine du Ciel et de l’univers, et Mère de l’Église, dont vous devez tous rester les membres.
Croyez-vous que Jésus, le Christ, se soit montré sectaire et violent ? Il a pleuré sur la violence et s’est laissé crucifier par l’intolérance des hommes… C’est l’Unité du Corps Mystique qu’Il désire voir s’effectuer !
Lorsque sont créés des groupes ou mouvements chrétiens au sein même de l’Église, ce n’est point pour diviser les membres de cette même Communauté, mais pour les orienter dans des directions qui, tout en visant un même but, conviennent davantage à leurs différents tempéraments, à leurs différentes capacités, à leurs différentes dispositions. Puisque tous ces groupes se réclament de la même foi chrétienne, il est bon qu’ils vivent cette foi non seulement au moyen d’actions charitables, comme Marthe qui «… (s’) agite pour beaucoup de choses » (Lc 10, 41), mais, aussi et surtout, par une écoute intérieure de la Parole, puisque le Seigneur a enseigné que c’est là « choisir la meilleure part » (Lc 10, 42). Ne vous privez pas, chers frères, de cette part au bénéfice d’un surplus d’actions charitables, car c’est elle qui vous apprendra à mieux connaître Dieu !
En fait, il n’est nul besoin d’appartenir à un groupe ou à un mouvement pour vivre sa foi convenablement. Groupes et mouvements sont bénéfiques, au sein de l’Église-Mère, tant qu’ils proposent et vivent des objectifs communs et restent en accord avec Elle sous la tutelle de Pierre. Mais s’ils se gonflent d’orgueil et se mettent à rejeter leurs frères parce qu’ils ne les estiment pas « à la hauteur », les condamnant comme « infidèles » ou même comme « hérétiques » bien qu’ils aient foi dans le même et Unique Seigneur, s’ils veulent créer une Église dans l’Église ou prendre la tête de celle-ci pour pouvoir exercer leur tyrannie, alors, ils sombrent dans l’erreur. Au lieu de se faire instruments de paix et de réconciliation, ils deviennent agents de guerre et de scandale !
Frères, vous devez donc vous montrer très prudents si vous appartenez à de telles assemblées où s’élèvent sans cesse des querelles théologiques, des propos agressifs et désagréables contre les autres, dans une atmosphère de sectarisme où chacun coupe les cheveux en quatre pour défendre son opinion, prouver, démontrer, affirmer… Des clans se créent, chacun croit le Seigneur rangé de son côté, la discorde est semée et, frères, le Démon qui est parvenu à ses fins est ravi !
En effet, ce n’est pas seulement par la voie de la corruption corporelle que Satan atteint les âmes pieuses – car pieuses, Dieu sait si elles le sont ! – mais par la voie de l’orgueil spirituel qui, subtilement, les pousse au sectarisme, au fanatisme religieux et, de là, à la violence. Quel saint connu de vous a montré dans sa vie de la violence ? Lequel s’est dressé contre ses frères dans la même foi ? Lequel s’est montré indiscret, intolérant, insoumis à Rome ? Lequel a attaqué l’Église et L’a salie ? Aucun, chers frères, aucun ! Ils se sont seulement dressés devant l’hérésie lorsqu’elle a tenté de pénétrer dans l’Église, pour que vive l’Église ! Pour le moment, l’esprit de discernement du Pape se porte très bien et n’a que faire de personnes sectaires qui veulent lui dicter son devoir !
Nous ne vous encouragerons jamais qu’à la prudence face à l’intolérance et au sectarisme. Dieu seul est Juge de l’avenir des hommes ! Ainsi n’avez-vous pas le droit de mépriser ou de condamner un frère, aussi bas qu’il soit tombé, et encore moins s’il s’efforce de progresser. Vous n’avez pas davantage le droit de l’écarter de vous s’il possède la même foi en Jésus-Christ, Vrai Dieu et Vrai Homme, et en la Tradition de la Sainte Église. Vous n’avez pas le droit de vous réjouir si vous voyez ce frère s’écarter de vous parce que vous l’avez choqué ou blessé, ni de clamer d’un air supérieur : « Il faut prier pour lui… ». Frères, vous n’avez pas le droit !…
Dans la foi, il n’y a pas à discuter, ni à compliquer les choses, ni à critiquer, ni à disséquer. Autant de travaux accomplis dans un esprit d’amour et de perfection, autant de paroles dites avec gentillesse, autant d’aumônes offertes avec cœur, autant de prières murmurées avec foi, autant de pensées pures offertes au Seigneur, autant de confessions sincères, autant de Communions vécues en état de Grâce, autant d’actes d’humilité, de bonté, de charité, autant de bonnes pensées, autant de mauvais penchants réfrénés, de paroles méchantes ravalées, de mauvaises actions évitées, autant, frères, de joyaux étincelants pour parer votre âme et pour plaire au Seigneur dans la liberté qu’Il lui a donnée de choisir.
Si, au sein de la même Communauté chrétienne, des groupes ou mouvements se jettent la pierre, soyez sûrs que le Seigneur et Sa si Tendre Maman sont blessés au plus profond de Leur Amour à cause de cette situation. Montrez-vous donc charitables et unissez-vous dans la même foi !
La Révélation est Unique. Rien ne peut lui être ôté et rien non plus ne peut la compléter, car elle est Une, Sainte et Pure, à l’image de Dieu Lui-même. Vous n’avez donc aucun motif de vous quereller, frères. S’il s’agit d’organiser votre vie, laissez donc au Seigneur le soin de le faire pour vous et commencez par veiller à votre propre perfection avant de vous occuper de celle des autres. Si vous appartenez à un groupe ou à un mouvement, retirez-en les bénéfices souhaités sans jeter la pierre aux autres ! Ne soyez pas orgueilleux dans votre foi. Votre esprit d’inquisiteur blesse le Seigneur si doux. S’est-Il, Lui, révolté ? A-t-Il dressé un procès aux impies ? Les a-t-Il rejetés, condamnés, massacrés ? Il les a appelés à la conversion et, pour leur prouver la dimension de Son Amour, Il s’est livré pour eux !…
Relisez la parabole du Semeur (Mc 4, 1-20) : « D’autres hommes, enfin, reçoivent la semence dans la bonne terre, dit Jésus. Ils entendent la parole, ils l’acceptent et portent des fruits, les uns trente, d’autres soixante et d’autres cent ».
Est-il dit que le Seigneur condamnerait celui qui ne porterait que trente fruits ? Dès lors, que celui qui croit posséder les fleurs pour cent fruits se soucie de son arbre et ne juge pas celui qui n’en porte que trente ! Qu’il ne s’estime pas supérieur à lui ! Qu’il ne blâme pas davantage ce frère parce qu’il refuse de se nourrir de sa sève, et ne le contraigne pas à le faire ! En effet, vous êtes tous deux comme les membres d’un même corps : si la main droite méprisait la gauche parce qu’elle n’est pas aussi active, si les pieds enviaient les mains, si la tête voulait transformer les pieds sur son modèle, que se passerait-il ? Aucun membre ne serait plus adapté à ses fonctions !
Recherchez donc l’unité dans la multiplicité et soyez unanimes à soutenir le Saint-Père dans la grande mission spirituelle qui est la sienne. Représentant de Dieu sur terre, il est le gardien de la Vérité et ne peut y enlever ni y rajouter un iota : comprenez que si cette Vérité était modifiée, elle ne serait plus Vérité. Priez pour le Pape et demandez à Dieu de saints prêtres. Recherchez vous-mêmes cette sainteté en tout : ne croyez pas qu’il suffise d’appartenir à un groupe ou à un mouvement pour soutenir l’Église, car ce n’est pas tant l’assiduité que le cœur qui sauve !
Frères, la réforme intérieure est la seule démarche qui puisse vous conduire à la perfection. C’est également la seule à pouvoir sauver l’Église des conflits internes qu’Elle traverse en ce moment. En outre, chacun, offrant prières, Messes et sacrifices pour la conversion et le salut de ses frères, s’intègre à cet amour que Dieu a donné à l’homme, et dont Il l’a fait le gérant sur la terre. C’est en purifiant son cœur que l’homme parvient à une plus grande connaissance de Dieu et de Son Amour.
Mais en chemin, il ne doit pas s’arrêter pour se « contempler le nombril » et se comparer aux autres, sinon il risque de sombrer dans l’orgueil. Restez donc humbles dans la foi et obéissez au Saint-Père sans sourciller.
Si des dissensions se font ressentir aujourd’hui au sein même de l’Église, c’est à cause du tempérament quelque peu « moderniste » de certains laïcs ou religieux qui veulent « démocratiser » la foi et les Sacrements, croyant les rendre plus accessibles à tous. Suivant les traces d’une politique sociale qui se veut plus charitable et bannit toute notion de faute, de dignité, de mérite et d’effort personnel, ils désacralisent le Sacré, rejettent la Tradition, étouffent la mystique et dilapident toutes les richesses de la foi chrétienne ! Ils ne sont plus fidèles à certaines phrases du Credo ni à certains Commandements, qu’ils se permettent de ne plus respecter eux-mêmes. Conservez donc, chers frères, une conscience très aiguisée du péché, ce mot tabou que certains, inspirés par le Diable, voudraient tant voir rejeter dans les annales de l’Ancienne Église ou dans le lexique de la mythologie, associé qu’il est à cet Inspirateur des Ténèbres auquel ils ne croient plus…
N’écoutez ni ces chrétiens qui attaquent les directives du Chef de l’Église en matière de morale, ni ceux qui se montrent au contraire trop rigoristes au point de condamner et d’écarter d’eux tous ceux qui ne les suivent pas. Nous ne pouvons que leur exprimer notre grande tristesse de les voir manquer, chaque jour, au Commandement d’Amour, car celui-ci ne doit pas s’appliquer seulement à leur environnement immédiat mais encore à tous leurs frères – a fortiori lorsqu’ils partagent la même foi. Restez fidèles à l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique et à Son Chef, le Pape. Ainsi, vous plairez au Seigneur.
+ Vos frères dans la Foi