Message du 15 octobre 2020





Mon cher fils,

Ce jour anniversaire m’est précieux. Dans les premiers temps de ces locutions intérieures avec le Ciel, vous m’avez demandé avec insistance de vous trouver un directeur spirituel avisé (1). Votre prière a été exaucée puisque vous avez été guidé, par la grâce de Dieu, vers le Père Louis à Orléans, qui a pu vous accompagner fidèlement jusqu’à sa mort, et ensuite vers le Père Marc-Antoine, qui a pris le relais.

Il m’est aussi l’occasion de vous adresser chaque fois quelques pensées du Ciel, ce Ciel que j’ai si ardemment désiré lorsque j’étais sur la Terre, puisque s’y trouvent les Demeures de la Trinité Sainte – et donc celles de notre divin Maître et Seigneur Jésus-Christ, et de toute la Cour céleste.

J’ai tant brûlé de le rencontrer ! Je l’ai tant aimé, tant prié et tant supplié d’élever mon âme jusqu’en ces divines Demeures où tout rayonne de sa lumière et de son amour miséricordieux, qu’il a eu pitié de sa pauvre servante : il l’a éprouvée, purifiée ; il a allégé son âme jusqu’à la rendre apte à franchir, tel un oiseau, les différentes étapes de l’ascension spirituelle qui conduisent à lui. Ces étapes, nommées « oraisons », sont des moments privilégiés où l’âme dévote (2), dans un recueillement toujours plus intense, se met humblement à l’écoute de Dieu et se laisse transformer et purifier à son contact.

Cette pratique, mon cher fils, n’est pas chose facile, car celui qui s’y engage doit, en quelque sorte, se délester de lui-même et s’affranchir des tentations et du péché pour s’élever, avec la légèreté de la plume, vers Celui qui est tout : sa respiration, sa raison d’être, son seul amour, son seul désir et sa seule fin ! Il est temps que vous repreniez mes écrits au sujet de ces différentes étapes et je vous assisterai dans votre lecture et dans votre cheminement.

En premier lieu, je vous propose de contempler chaque jour le véritable visage de notre Seigneur Jésus-Christ : non point celui d’une icône, si parfaite soit-elle, d’un Christ en majesté, mais celui du Saint-Suaire de Turin, image de la souffrance humaine (3), dont il vous a été offert une reproduction saisissante.

Dans la prière comme dans l’épreuve ou dans les tentations, osez, mon fils, lever les yeux vers le visage du Seigneur, pleinement Dieu et pleinement Homme en l’unique personne de Jésus-Christ (4). Mais ne regardez pas tant celui du Ressuscité, Fils du Père Éternel, qui, pleinement Dieu, rayonne par sa nature divine de la lumière céleste, que celui, tuméfié et ensanglanté, du Fils de Marie de Nazareth qui, pleinement Homme, porte encore dans sa nature humaine les sévices de sa Passion et de sa mort sur la Croix pour sauver les pécheurs.

Contemplez la Face de notre Seigneur Jésus-Christ, qui, dans le plus extrême abaissement et le plus extrême dénuement, a crié vers le Père Éternel, depuis le bois de la Croix, sa détresse et son désarroi, tel un enfant abandonné. Contemplez la Sainte Face de ce Fils, qui, sous le regard meurtri de Marie, sa Mère, a poussé encore un grand cri avant que de laisser ses paupières se fermer, son visage s’affaisser, et de rendre l’esprit (cf.Mt 27, 50).

C’est ce visage-là qu’il vous faut oser regarder, mon fils, si vous voulez vous débarrasser durablement de vos scories et de vos imperfections. Car aucun chrétien, si joyeux soit-il en sa foi, ne doit rechigner à regarder en face la redoutable vérité de ce sacrifice saint, de ce sacrifice parfait auquel tous les hommes doivent leur salut.

Je sais bien, mon fils, que ce n’est pas cette dimension de Notre-Seigneur que vous préférez habituellement contempler : c’est le Ressuscité, le Roi de gloire (cf. Ps 24 [Vulg. 23], 7-10), vêtu de majesté et enveloppé de puissance (cf. Ps 93 [Vulg. 92], 1). Mais, si vous voulez vraiment grandir en perfection, vous devez également vous unir à la souffrance de Notre-Seigneur sur la Croix et laisser sa Sainte Face transformer votre âme en profondeur. En effet, par-delà ce visage, c’est Jésus tout entier, vrai Dieu et vrai Homme, qui s’offre à votre adoration et vous fait don de son amour. N’est-ce point lui que le prêtre, au cours de chaque messe, convie à descendre sur l’autel du sacrifice et à s’offrir en victime consentante pour nourrir les âmes des fidèles de son précieux Corps et de son précieux Sang ?

Quelle grande chose que de comprendre le sens de cette souffrance du Verbe de Dieu fait Homme pour sauver toute l’humanité souffrante ! Cependant, cette souffrance si discrète n’a rien en commun avec la souffrance humaine, qui, trop souvent, s’exprime ostensiblement à travers des gémissements et des récriminations afin de susciter pitié et compassion. La souffrance du Verbe de Dieu fait Homme est celle du Christ en Croix, humble et silencieuse, qui, dans le prolongement de sa Passion, reste coite (5), pleinement acceptée et offerte à Dieu, son Père, pour racheter la Faute Originelle.

Et à cette souffrance du Rédempteur s’unit pleinement et surnaturellement la souffrance de Marie, sa Mère, qui l’a porté dans le tabernacle immaculé de ses entrailles. Marie, qui se tenait au pied de la Croix, et que le Fils enlèvera jusqu’au plus haut des Cieux au jour de son Assomption pour l’établir à la place qui lui échoit.

Savez-vous, mon cher fils, ce qui a causé la souffrance la plus terrible de notre Seigneur Jésus-Christ pendant sa Passion ? Ce sont tous les péchés de l’humanité, qui lui ont été montrés surnaturellement par le Père du Ciel, depuis celui des origines jusqu’à ceux de la fin des temps, car, en Dieu, il n’est point de temporalité – mais je conçois que pour vous qui êtes sur cette Terre, tout cela sonne encore comme un profond mystère.

Je voudrais aussi vous dire, mon fils, que, dans la souffrance, tous les êtres humains doivent suivre l’exemple de Notre-Seigneur en ne se rebellant point, en restant cois (6) et en offrant à Dieu ce qu’ils endurent. Pour cela, je les invite aussi à contempler la sainte Face imprimée miraculeusement sur le Suaire, à déposer leur propre souffrance aux pieds de notre bon Jésus avec humilité, afin qu’ainsi unie à la sienne, elle s’en trouve sanctifiée ; et à communier souvent en état de grâce à son Corps livré et à son Sang versé, précieux trophées de sa victoire définitive sur la mort.

S’il s’agit de prêtres, je les convie tout spécialement à célébrer quotidiennement la sainte Eucharistie, au cours de laquelle ils pourront unir, comme la très sainte Marie, leur propre souffrance – et celle des fidèles qui leur sont confiés – à celle du Rédempteur, et à rejoindre le plus souvent possible la grande prière de l’Église par une lecture assidue du bréviaire, qui leur procurera apaisement et réconfort.

Par ce message, j’appelle aussi tous les chrétiens – et particulièrement les religieux et les religieuses – à prier, jeûner, et à faire pénitence pour l’avenir du monde, et les Pasteurs et les prêtres à offrir le saint sacrifice de la messe à cette même intention.

Ayez foi en l’avenir, mon fils, et faites connaître ces messages : l’humanité et même vos frères chrétiens en ont tant besoin !

Que Notre-Seigneur et notre sainte Mère vous protègent et vous bénissent, mon cher fils, vous et votre frère spirituel, qui doit toujours garder courage et confiance.

Madre Teresa de Jesus

(1) V. Message du 2 octobre 1984 (I) de sainte Thérèse d’Avila, Un Souffle qui passe…, Tome 1.

(2) La dévotion est la promptitude à servir Dieu et à le prier. En conséquence, une âme dévote est une âme prompte à prier et à servir Dieu dans les moindres détails de sa vie.

(3) V. Discours du Saint-Père Jean-Paul II, dimanche 24 mai 1998.

(4) Il forme le plus grand mystère de notre foi avec celui de la Sainte Trinité.

(5) Coi, coite (fém.) : silencieux, silencieuse.

(6) Coi, coite (fém.) : silencieux, silencieuse.

Nihil obstat : Abbé Marc-Antoine Fontelle
Imprimatur : + Mgr Gilbert Aubry