Message du 18 novembre 2022





Frères bien-aimés,

Continuez à prier de tout votre cœur car c’est ainsi que vous touchez le Cœur de Dieu.

Grâce à votre ferveur, en effet, des situations affligeantes qui semblaient inextricables sont en train de se transformer, et, si vous persévérez dans la prière, les sacrifices et les aumônes, vous assisterez, dans les mois qui viennent, à de véritables bouleversements qui verront le démantèlement de plusieurs projets élaborés par les « méchants » – projets fondés sur la corruption, le lucre et la perversité. Vous assisterez à de spectaculaires retournements de situations dans plusieurs pays, à l’issue desquels les « justes » récupéreront leur honneur et leur crédibilité, et les « méchants » récolteront tout simplement ce qu’ils auront semé.

Car « Le Seigneur regarde les justes, il écoute, attentif à leurs cris. […]
Le mal tuera les méchants ;
ils seront châtiés d’avoir haï le juste. »
(Ps 33 [Vulg. 34], 16. 22)

Et, puisque ces messages sont destinés au monde d’aujourd’hui, priez aussi, frères bien-aimés, pour ceux qui, parmi vos hommes d’Église, sont impliqués dans des affaires de mœurs – qu’ils soient au banc des accusés ou qu’ils s’en accusent eux-mêmes. Car si nombre de vos Pasteurs vous invitent à prier pour les victimes présumées de tels écarts de conduite, ils semblent, au contraire, vouloir mettre à l’écart ceux qui sont suspectés d’avoir commis le mal, et, sous l’effet de la panique, les livrent souvent à la justice sans même les avoir préalablement entendus. Si des parents se comportaient ainsi envers leurs enfants, vous seriez les premiers, frères, à dire qu’ils ne sont pas charitables, et vous auriez raison !

Vous devez aussi savoir, frères bien-aimés, que ceux qui se posent en victimes (hommes ou femmes) dans les affaires de mœurs impliquant des ecclésiastiques ne sont pas toujours innocents. C’est pourquoi il est inadmissible, lorsqu’il s’agit, en vérité, de « partenaires consentants », voire d’« incitateurs au péché » ou, tout simplement, de « menteurs », qu’ils viennent dénoncer aujourd’hui haut et fort le préjudice qu’ils auraient subi de la part d’ecclésiastiques il y a parfois de nombreuses années dans le seul but d’obtenir de l’Église quelque compensation financière. Car cela jette le discrédit non seulement sur des hommes mais aussi sur leur fonction de prêtres et sur l’Église tout entière.

J’exhorte donc l’Église à une plus grande rigueur en ce domaine : d’abord, que les présumés coupables soient entendus par leurs Pasteurs et traités avec la plus grande charité, et, ensuite, que des enquêtes approfondies soient menées conjointement en interne (1) – sans aucune partialité, en écoutant aussi bien le petit que le grand (cf. Dt 1, 17) – et au pénal.

Car il est inadmissible que des fonds importants recueillis par des diocèses et leurs Pasteurs soient distribués trop hâtivement à des personnes qui se disent victimes alors qu’aucune décision définitive de justice – tant canonique que civile – confirmant la culpabilité d’hommes d’Église n’a été rendue en leur faveur.

En outre, la manière dont ces affaires de mœurs sont aujourd’hui gérées par vos Pasteurs reste bien souvent dépourvue de cette miséricorde que le Christ Jésus lui-même est venu apporter au monde. En effet, elle donne plus l’impression de relever de l’ancienne loi du Talion, « œil pour œil, dent pour dent », mentionnée dans les livres de l’Exode (cf. Ex, 21, 1), du Lévitique (cf. Lv 24, 20) et du Deutéronome (cf. Dt 19, 21), que de la compassion enseignée par ce même Jésus dans l’Évangile (cf. Mt, 38-42). Que les Pasteurs qui, par crainte des médias ou de la justice, se comportent ainsi n’hésitent pas à relire le récit de la femme adultère (cf. Jn 8, 1-11) et à invoquer l’Esprit Saint afin qu’il les éclaire et les guide dans leur analyse, dans leur gestion de ces affaires et dans leur décision.

Indiscutablement, une classification précise des actes délictueux devrait leur servir de référence, comme en droit pénal. Ainsi, de simples propos ou des gestes déplacés ne seraient pas jugés aussi sévèrement que des actes sexuels proprement dits – et, pire encore, que des actes de pédocriminalité (cf. Mt 18, 6-10) – et une unique « chute » remontant à des dizaines d’années et dûment confessée ne serait pas considérée de la même manière que des actes immoraux réitérés durant de longues périodes et perpétrés sur de nombreuses victimes.

Dans cette folie de dénonciations et d’aveux – véritable « chasse aux sorcières » -, l’Église doit faire montre de sagesse tant dans son accueil des présumées victimes que dans celui des présumés coupables. Cela signifie qu’il est nécessaire de prendre du temps pour écouter, questionner et vérifier le contenu des accusations en interne, dans le calme et la discrétion, avant que d’aller dénoncer un prêtre à la justice alors qu’il est peut-être innocent. Car cette promptitude à croire les présumées victimes et à briser les présumés coupable, qui se voient sitôt livrés sans retenue à la vindicte des médias, a déjà abouti, chez les accusés, à de graves dépressions et même à des suicides. Alors, où donc est la sagesse ? où donc est la miséricorde ?

Et si les présumés coupables ont effectivement commis les actes qui leur sont reprochés et qu’ils se voient condamnés par la justice à des peines de prison, n’est-ce point encore le rôle de leurs Pasteurs et de leurs frères prêtres, que d’aller les visiter, leur pardonner, leur proposer les sacrements et les aider à se relever, plutôt que de sombrer dans l’omerta et les laisser dans l’indifférence, voire dans l’abandon ou l’indigence (2) ?

Nous qui sommes au Ciel voyons de Là-haut, au sein de l’Église de la Terre, de telles injustices, qu’il est de notre devoir, dans la communion spirituelle qui nous unit à vous dans l’Esprit Saint par-delà la mort, de vous mettre en garde, au nom du Seigneur Jésus-Christ, contre tout manquement à la charité, car ce Seigneur dont je vous parle, Celui qui m’a tiré de mon péché et qui m’a pardonné, a dit : « Ne jugez pas, pour ne pas être jugés » (Mt 7, 1), et même : « Aimez vos ennemis […] afin d’être vraiment les fils de votre Père qui est aux cieux. » (Mt 5, 44)

C’est pourquoi, frères bien-aimés, que vous soyez laïcs ou hommes d’Église, et quel que soit votre rang, je vous demande instamment de prier non seulement pour les victimes d’affaires de mœurs mais aussi pour les coupables. Je vous encourage également à aller visiter ces derniers dans leur prison sans les juger, surtout si vous les connaissez et les avez appréciés avant que ne tombe sur eux le couperet.

Et je demande aux vraies victimes, au nom de notre Seigneur Jésus-Christ, de pardonner à leurs agresseurs sans les juger, pour l’amour de Dieu et dans le sillage de la miséricorde de son Fils, qui, seul, est le Juste Juge (cf. 2 Tm 4, 8).

À tous enfin, je demande de ne point juger l’Église, celle de la Terre, dont les membres sont chacun, à différents degrés, de pauvres pécheurs en chemin vers la perfection. Si certains s’égarent plus que d’autres, Dieu seul connaît leur histoire et c’est pour ceux-là qu’il a envoyé son Fils, le Seigneur Jésus (cf. Mt 9, 13), c’est pour ceux-là que ce même Seigneur a souffert sa Passion, qu’il est mort sur la Croix et qu’il est ressuscité. Alors, frères bien-aimés, soyez des exemples de miséricorde et soyez saints dans toute votre conduite parce que Dieu est saint (cf. Lv 19, 2 ; 1 P 1, 16), parce que vous êtes ses fils et ses filles chéris, et parce qu’en tant que membres de l’Église nourris de l’Eucharistie, vous êtes aussi les membres de son Corps.

C’est pourquoi moi, Paul, Apôtre du Seigneur Jésus, notre Miséricorde, je continue, en ce temps de Toussaint, à veiller sur vous tous, frères bien-aimés, dans cette merveilleuse communion au sein du Corps Mystique, et vous bénis.

+ Paul, Apôtre de Jésus-Christ

(1) Il s’agit de procédures disciplinaires au sein de l’Église dans le cadre d’enquêtes canoniques préalables sérieuses confiées à des canonistes expérimentés, conformément au canon 1717 du Code de droit canonique.

(2) Conformément au canon 1350 §2 du Code de droit canonique.

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.