Message du 20 juin 1984 (II)





Bien chers frères,

Si vous désirez vraiment rencontrer Dieu, éloignez-vous du monde : en effet, lorsqu’un homme se laisse séduire par les plaisirs du monde, il regrette immanquablement son attitude, qui le conduit à la tentation et au péché. Ah ! frères, si cet homme pouvait savoir combien plus heureux il eût été s’il avait gardé au Seigneur sa fidélité et s’il s’était éloigné de la tentation !

Sur terre, malheureusement, les critères de jugement du commun des mortels sont tellement différents de ceux du Ciel ! L’homme est à la recherche du luxe, du profit et de l’abondance, et pour cela, il n’hésite pas à user de moyens frauduleux, et même du charme de sa propre personne, qui conduit au prêt et à la vente des corps !… Les hommes sont tellement peu habitués aux exigences de la rigueur et de la perfection qu’ils se complaisent volontiers dans des situations ambiguës sans se rendre compte qu’ils offensent Dieu. La pratique de la religion ne consiste pas seulement à réciter des prières et à participer à la Sainte Messe : elle consiste aussi à rechercher Dieu chaque jour davantage, à dialoguer avec Lui et à éviter tout ce qui pourrait Le blesser ou Le peiner. En fait, chers amis, la situation du chrétien dans le monde est celle de l’agneau dans la cage aux fauves : il doit non seulement se défendre des bêtes sauvages qui l’entourent, mais aussi éviter la tentation de les imiter. Ne devenez pas des fauves à votre tour, chers frères, et si votre corps est présent dans le monde inévitablement, laissez votre âme hors du monde dans sa véritable bergerie spirituelle : l’affinité avec le Seigneur !

À chaque pas, vous rencontrez une décision nouvelle, une voie à choisir, une parole à donner ou un travail à accomplir et vous êtes appelés à faire des choix : que ces choix soient accomplis judicieusement dans la simplicité et l’humilité en fonction de votre prochain. Ne vous aventurez pas sur les voies dangereuses de l’égoïsme, de la facilité et du profit : le Seigneur, si vous savez rester humbles, saura pourvoir à tous vos besoins.

Frères aimés, la société des hommes dispose de critères de jugement différents de ceux de Dieu pour les actions humaines : elle offre de nombreuses possibilités de réussite et de conquêtes que le chrétien se doit d’éviter s’il ne veut pas s’engager sur les chemins de la perdition. Mais il ne faut pas que le chrétien souffre de ne point se comporter comme les autres hommes ni qu’il les envie en secret. Il ne faut pas non plus qu’il accomplisse uniquement par principe des efforts surhumains pour ne pas céder aux tentations que lui offrent le monde et ses attraits, dans le simple et unique but de mériter égoïstement le Ciel un jour !

Frères, soyez sérieux ! Ne vous attendez pas à trouver au Ciel autre chose que la Paix, l’Amour, la Pureté et la Joie. Si vous n’avez d’yeux que pour la pourriture tout en détournant pudiquement vos regards, comment pourrez-vous vous complaire dans le Ciel ? Comment pourrez-vous y être heureux ? En fait, le Ciel est l’état intérieur demandé par le Seigneur à tout être humain : un état de paix, d’amour, de pureté et de joie, prédisposant à la charité, à la prière, à la méditation et à l’adoration du Dieu Trine. Certes, la discipline volontaire est une étape : les privations, les mortifications parfois, les petits sacrifices de la vie quotidienne, une tentation évitée volontairement, un regard détourné, une main tendue vers un être repoussant, des prières supplémentaires, etc. Tout cela est souvent bien difficile à réaliser ! Mais une fois la barrière franchie, tout devient si simple et si clair : vous reconnaîtrez ce changement au fait que vous n’aurez plus, la plupart du temps, à fournir d’efforts véritables, la joie, la pureté, l’amour et la paix devenant vos états habituels, et votre désir de Dieu si grand que vous ne saurez plus que faire pour le rassasier.

De plus, vous ressentirez l’incommensurable liberté de toute votre personne, qui sera moins soumise à l’attrait du mal, et la sérénité inexprimable due à l’état de Grâce. Votre conscience purifiée ne vous reprochera plus tous les péchés que vous aviez l’habitude de commettre ; elle vous éclairera sur de nouvelles imperfections auxquelles vous n’auriez pas pensé autrefois, se faisant de plus en plus minutieuse pour juger de vos actes.

Tant que les hommes regarderont avec envie ceux qui profitent de leur absence de moralité ou de principes pour s’adonner au péché, tant qu’ils tenteront avec concupiscence d’utiliser les moyens audiovisuels ou leurs lectures pour goûter indirectement aux mêmes vices tout en les bannissant par principe, ces hommes seront dans l’erreur ! S’ils mettaient le même zèle à se rapprocher secrètement de Dieu, ils s’en trouveraient véritablement transformés ! Car le choix de Dieu n’est pas une affaire intellectuelle ou philosophique. Le christianisme ne se discute pas, il ne s’achète pas : il se vit à chaque instant. Intellectuels et politiciens le savent bien : les théories ne vivent que le temps d’un échec… Dieu n’est pas une théorie ! Dieu est. Comment l’homme pourrait-il donc servir deux maîtres à la fois, Dieu et la chair ? Dieu est Amour, Pureté et Vie ; la chair est faiblesse, impureté souvent, et elle conduit au tombeau. Néanmoins, si l’âme s’abandonne toute à Dieu, le corps devient pur et il ne connaît plus la corruption. Dieu n’est pas une théorie que l’on épouse sur un coup de tête : Il est une Réalité intime qui ne fait qu’un avec l’être, Il est le Flambeau de la vraie foi. Alors, guidé par l’Esprit Saint, abandonné à Dieu, l’homme peut dire : « Ce n’est plus moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20).

+ Vos frères dans l’Esprit Saint