Message du 24 août 1986





Bien chers frères,

Soyez compréhensifs et visez sans cesse à l’unité entre vous. Notre but est de vous instruire sur la voie qu’il plaît à Dieu que vous suiviez, et vous devez vous attacher à comprendre avec le cœur ce que nous vous disons.

Souvenez-vous des trois maisons de paille, de bois, et de pierre qui sont successivement assaillies par le loup dans l’histoire que vous contez aux enfants. Lorsque la première est construite, elle paraît assez solide pour servir de refuge, mais le loup vient et en un rien de temps il la détruit et en dévore l’occupant. Le propriétaire de la seconde, déjà plus sage, n’hésite pas à utiliser du bois, matériau plus résistant. Malheureusement, le loup détruit la seconde cabane aussi facilement que la première et en dévore aussi l’occupant. Quant au propriétaire de la troisième maison, de beaucoup le plus sage, il met tous ses efforts à construire sa maison en pierre et en béton, quitte à consacrer à ce travail plus de temps que les autres, et cela en dépit de leurs moqueries. Mais le loup, quand il vient, ne peut parvenir à pénétrer à l’intérieur et l’habitant est sauvé.

« Que d’enfantillage ! », direz-vous. « Pourquoi nos frères de l’Autre Monde perdent-ils du temps à nous tenir pareils propos ? »

Amis, il est parmi les chrétiens différentes sortes d’habitants de l’Église de Dieu. Les uns construisent des maisons d’apparence agréable, munies de grandes baies vitrées largement ouvertes sur le monde, sans penser que l’Ennemi puisse un jour venir. Cependant, lorsqu’il vient, leur maison est détruite et eux sont dévorés. D’autres s’agitent pour se procurer des matériaux qu’ils croient de meilleure qualité et dont, très orgueilleusement, ils affichent le prix, mais l’Ennemi n’en est point dissuadé pour autant, et, quand il vient, il fait le même carnage. D’autres enfin travaillent dès le départ avec les matériaux de la Vie Éternelle : ils œuvrent sans relâche et leurs proches se moquent d’eux. On les accuse de trop en faire, de n’être plus de leur temps, de ne pas faire comme les autres, mais lorsque vient l’Ennemi, lorsqu’il vient comme un voleur sans prévenir, ils sont prêts car leur travail les a armés pour tous les instants.

Beaucoup aujourd’hui désirent faire du zèle au sein de l’Église et s’attribuer des mérites. Les mouvements philanthropiques se multiplient, les réunions, les congrès, les œuvres. Chacun y exprime sa pensée, y loue le Seigneur sans retenue, se grise de sensations étranges au sein de groupes quelque peu exaltés, recherche le bien-être du corps, le soulagement de la souffrance. Des « mouvements » sont créés, on participe à des prières communautaires, à des sessions, à des séminaires, à des entretiens, on parle de joie et d’amour, de bonté et de charité, on exalte la Grande Miséricorde de Dieu et, au nom de la tolérance, au nom de la liberté, au nom de l’égalité, au nom de la fraternité, on jette sur le monde un œil compatissant : on met tout en œuvre pour remédier socialement aux situations difficiles, pour financer, pour épauler. Pourtant, on pense si peu à l’Ennemi : le Démon, maître du monde actuel, qui règne sur les corps et asservit les âmes ! Comme les maisons construites en paille et en bois, on s’occupe des corps et du bien-être, d’aide sociale, de réconfort moral, mais on s’occupe bien peu ou bien mal des âmes !

Frères, comprenez que la situation est grave. Si vous rejetez les mauvais esprits et le Démon dans le domaine de la mythologie, si vous refusez de voir le travail qu’ils accomplissent dans la société moderne tout particulièrement, si vous fermez les yeux devant le nombre d’âmes qui aujourd’hui s’égarent faute d’éducation religieuse, de prières, de fréquentation des Sacrements, de pureté de corps et de cœur, de charité, de sacrifices, de renoncements, alors vous n’avez pas compris le sens de la Miséricorde Divine !

Dieu n’est pas votre « petit copain » ! Il n’attend pas de vous un retour à des rites très primitifs – gestes désordonnés, danses enivrantes, hurlements de joie ! Autant vos pères se sont montrés respectueux envers le Seigneur, autant aujourd’hui vous désacralisez cette relation. Dans les arts, l’architecture, le travail, la mode, c’est la même chose : chacun succombe aux pièges d’une facile liberté. Les tableaux des grands maîtres sont éclipsés par de vulgaires taches d’encre et des coups de pinceau désordonnés ! Les monuments les plus travaillés par d’infâmes blocs de béton ou d’ignobles tuyaux… Vous ne recherchez plus que la nouveauté, mais comme le sommet de la perfection a déjà été atteint dans le domaine artistique, vous recherchez votre idéal dans les bas-fonds de la dégradation. Maudit soit ce faux esprit qui massacre vos consciences !

Nous vous aimons tant que nous aimerions vous voir construire votre demeure éternelle en dur. Pour cela, chaque moment de votre vie devrait être offert au Seigneur. Lorsque vous clamez : « Le Seigneur est mon Ami », ne vous contentez pas de le dire, mais montrez-le par la charité ! Lorsque vous faites une action charitable, ne vous contentez pas de la faire, mais offrez-la au Seigneur ! Ne rechignez pas chaque fois que vous avez une contrariété et que les choses ne vont pas comme vous le souhaitez. Acceptez les croix et offrez-les à Jésus, qui a déjà porté la vôtre ! Soyez forts face au péché et ne laissez pas votre âme s’attendrir devant les arguments de ceux qui, au nom de l’amour et de la liberté, désirent ne plus voir de péché nulle part. La limite entre le bien et le mal existera toujours dans les consciences qui resteront sous la tutelle du Seigneur : c’est là le discernement. Vous n’avez pas à juger ou à condamner les pécheurs mais à les aimer, à leur pardonner, à les aider par votre prière et par votre exemple, et à laisser le Seigneur faire le reste ! Vous n’avez pas non plus à approuver le péché au nom de l’amour, car le péché n’entraîne jamais qu’au péché. Si vous demandez sans cesse l’assistance de Dieu, de la Très Sainte Vierge et des anges, celle des saints que vous aimez et de vos amis du Ciel, si vous conservez un cœur pur et aimant et un regard toujours tourné vers Dieu, vous ne pourrez plus pécher.

Chers frères, apprenez à ressentir Dieu, les êtres et les choses avec le cœur. Ouvrez-vous à cette Bonté qu’incarne le Seigneur, en ayant à chaque instant une pensée pour Lui. N’importe qui possédant une once d’humanité est capable de rendre service et d’aimer. Vous n’êtes pas seuls, chrétiens, à savoir faire cela ! Que possédez-vous donc de plus que vos frères païens ? Jésus-Christ ! Jésus-Christ qui vous aime et que vous devez aimer d’un amour infini. Mais vous ressentez mal cet amour, vous le vivez d’une manière par trop intellectuelle et pas suffisamment amoureuse. Ainsi, vous fermez votre âme à de bien doux soupirs qui la pourraient faire exulter de bonheur. Vous restez froids, neutres, vos pensées vagabondent, vous parlez au Seigneur dans le vide, Le remerciant pour ceci, Lui demandant cela. Frères, nous vous en supplions, ouvrez donc votre cœur entièrement à Dieu ! Ne riez pas de ceux qui pleurent de joie en recevant le Christ dans la Sainte Communion et qui s’agenouillent par respect pour Le contempler après L’avoir reçu ! Bénis soient-ils car ils ont construit leur maison en pierre, sachant que l’Ennemi ne saura l’ébranler. Écoutez-les, suivez-les, aimez-les car le Seigneur les aime.

Et à présent, écoutez ceci : certains construisent leur demeure en paille, mais ils doivent apprendre à la construire en bois puis en pierre. D’autres construisent leur demeure en bois mais ils ne doivent surtout pas succomber à la tentation de la construire en paille : qu’ils apprennent à la construire en pierre ! Si le Seigneur donne à certains l’intuition première que seule la pierre est le matériau qui convient contre les attaques de l’Ennemi, qu’ils soient loués car même s’ils sont méprisés, ils possèdent la Clé du Royaume des Cieux, la vraie, celle qui ouvre la Dernière Porte. Ils restent fermes en matière de foi, savent déceler le Mal où qu’il se trouve, ne pas se laisser prendre aux pièges du monde, ni de la joie exaltée, ni du faux amour, ni de la fausse miséricorde. Ils savent aider les malheureux non pas seulement avec leur argent mais aussi avec leur cœur. Ils donnent toujours au nom du Seigneur et n’ont aucune honte à le dire ! Ils sont amis de tous et souffrent des divisions qui séparent leurs frères.

N’est-ce point un grand malheur qu’aujourd’hui, parmi les chrétiens, règne la discorde au sujet de la foi, du dogme, de la liturgie, des vérités essentielles, et surtout du péché ? Les consciences sont tellement élastiques, frères ! Et pourquoi cela ? Parce que peu sont les chrétiens qui désirent encore se laver de leurs fautes par la Confession individuelle pour retrouver le Seigneur. Combien de Communions sacrilèges, combien de Communions sans amour, combien de Communions de routine !

Frères, nous sommes près de vous pour vous aider à retrouver la foi, à retrouver l’amour, le vrai, celui qui sait vraiment aimer, souffrir sans rechigner et offrir ses souffrances. Nous ne sommes pas ici pour vous enseigner la voie de la facilité. Désirez-vous construire en paille ? Vous serez dévorés par l’Ennemi ! De nombreux mouvements dans l’Église s’opposent ou se déchirent. Ne les considérez pas avec mépris mais comme des étapes. Certains sont de paille et d’autres de bois, mais la Maison de Pierre restera toujours la Seule et Unique Demeure, difficile à construire mais si sûre, si belle, si grande : celle où l’on peut trouver la Vérité et la Paix !

Il est possible de trouver la joie dans la facilité, mais cette facilité ressemble à la flamme des feux de paille, elle s’éteint promptement. Elle brûle pour un temps, elle guérit pour un temps, mais il faut aller plus loin. Nul ne va au Père sans passer par Notre Seigneur, et, pour passer par Lui, il faut la souffrance, la souffrance de l’acceptation, la souffrance transformée en paix lorsque l’homme sait qu’il s’agit de la Volonté de Dieu et non de la sienne propre. Jésus ne vous a-t-Il pas appris la plus belle des prières : « Notre Père qui es dans les Cieux, (…) que Ta Volonté soit faite ! » (Mt 6, 9-10) ? Méditez la portée de cette phrase, vous qui demandez si souvent au Père de combler vos désirs : réussite, succès, bonheur, etc.

Ah ! frères, si vous pouviez comprendre combien le Seigneur vous aime lorsque vous souffrez et que vous Lui offrez vos souffrances ! Son visage meurtri par les coups se relève, Ses paupières s’entrouvrent et, du haut de la Croix, où chaque jour Il reste « intemporellement » cloué par les péchés du monde, II murmure dans un sourire : « Mon fils, Ma fille, merci ! ». Et Sa Bienheureuse Mère vous est tellement reconnaissante d’alléger ainsi Ses Souffrances ! Offrez vos souffrances au Seigneur et vous verrez combien elles seront plus faciles à porter. Le torrent est fougueux et sauvage lorsqu’il descend de la montagne : il arrache tout sur son passage, entraînant avec lui pierres et plantes, mais lorsqu’il s’unit à la rivière, dans la plaine, alors, il devient calme et paisible… Offrez au Seigneur tout votre être et unissez-vous à Lui : ainsi, Il vous fera goûter à Son Océan de Paix. Amen.

+ Vos frères dans l’Esprit Saint