Message du 31 mars 2024





MESSAGE DE PÂQUES 2024

Bien chers frères,

Vous pouvez aujourd’hui proclamer enfin à haute voix et avec toute la force de votre foi : « Jésus-Christ est ressuscité, alléluia ! Il est vraiment ressuscité, alléluia ! »

En effet, chaque année, la fête de Pâques est pour chacun d’entre vous l’apogée de tout un cheminement tant spirituel que corporel vécu par amour pour notre Seigneur Jésus-Christ pendant toute la période du Carême, qui s’achève par cette Résurrection, succédant à sa mort en Victime innocente sur le bois de la Croix.

Certains chrétiens choisissent de s’imposer des jeûnes, des sacrifices et des privations ; d’autres augmentent leurs temps de prière et de fréquentation des sacrements ; d’autres encore multiplient chemins de Croix et rosaires, lectures spirituelles et aumônes. Cependant, ce qui plaît avant tout au Fils de Dieu fait Homme pour sauver le monde (cf. Jn 3, 17), c’est que, quelles que soient les pratiques et les mortifications que vous choisissez de vous imposer pendant ce temps de pénitence, vous parveniez à mieux comprendre, année après année, le véritable sens de l’ineffable mystère de la Rédemption.

Le plus souvent, seuls des cœurs purs, aimants, humbles et profondément contrits peuvent accéder à ce divin mystère. Seuls des cœurs convertis et pleins de reconnaissance envers Dieu peuvent, avec l’assistance de sa grâce, s’unir aux souffrances vécues par son Fils Jésus durant sa Passion, s’unir à la joie de sa Résurrection, et s’efforcer, par amour de lui, de vivre saintement, en dignes enfants de Dieu et membres de son Corps Mystique : l’Église catholique romaine. Car, chers frères, si Dieu s’est incarné pour appeler tous les hommes au salut et les sauver du péché, c’est par amour pour sa créature et pour toute la Création. Connaissant de toute éternité que l’homme le trahirait en abusant de sa liberté – comme l’avaient fait, avant lui, les anges rebelles –, il savait aussi qu’afin de réparer les dégâts causés par la Tache Originelle, dont l’empreinte perdurerait en chaque créature jusqu’à la fin des temps, et dont les retombées affecteraient toute la Création, il devrait, en la personne de son Fils unique, endurer les terribles souffrances de sa Passion et mourir sur une croix (cf. Ph 2, 8).

Quand les temps ont été accomplis, Dieu, après avoir parlé par la bouche des saints et par ses prophètes depuis les temps anciens (cf. Lc 1, 70), a envoyé son Verbe sur la Terre pour enseigner les hommes, les éduquer à la sainteté et leur donner l’exemple d’une vie d’amour et de charité. Mais cela n’eût pas été suffisant pour racheter et effacer la faute de nos premiers parents.

En effet, comme une plaie ouverte se nettoie avec des antiseptiques et se recoud avec du fil de suture, le Christ, Fils de l’Homme, s’est fait lui-même plaie ouverte en s’exposant à la violence et à la méchanceté de ses bourreaux : défiguré, il ne ressemblait plus à un homme et n’avait plus l’apparence d’un fils d’homme (cf. Is 52, 14). Cependant, étant Dieu, il a pu, en s’offrant à son Père en Victime expiatoire sur le bois de la Croix, se faire aussi antiseptique pour toute plaie, et venir ainsi à bout de la purulence du Péché, aiguillon de la mort (cf. 1 Co 15, 55-56). De surcroît, il a pu, par la toute-puissance de son pardon, se faire à la fois fil de suture et médecin des âmes repentantes pour refermer les plaies désinfectées.

Ainsi, en éduquant les hommes à renoncer au mal et à suivre l’Évangile, en les relevant lorsqu’ils ont chu, et en cautérisant leurs blessures par le sacrement de la Réconciliation, notre Seigneur Jésus-Christ permet aux baptisés meurtris par le péché mais sincèrement repentants, de se laisser entraîner dans le sillage de sa Résurrection jusqu’au Banquet des Noces de l’Agneau dans les Demeures Célestes. Car si ce Médecin des âmes est mort, c’était, en vérité, pour qu’il ressuscitât ! Et si, par sa Passion et par sa Croix, il a racheté, depuis Adam, tous les hommes de bonne volonté, c’était pour qu’il pût les ressusciter eux aussi et les entraîner avec lui jusqu’en son Ciel de gloire pour une éternité de délices (cf. Ps 16 [Vulg. 15], 11).

Afin que vous puissiez obtenir ce salut, nous ne pouvons que vous exhorter, chers frères, à ne point vous comporter en pharisiens hypocrites qui négligent la justice, la miséricorde, la fidélité (cf. Mt 23, 23) et la charité la plus élémentaire envers leur prochain ; en pharisiens qui, à l’extérieur, ont l’apparence d’hommes justes mais qui, à l’intérieur, sont pleins d’hypocrisie, de mal, de toutes sortes de choses impures (cf. Mt 23, 27-28) et de convoitises.

À ce sujet, vous ne devez pas ignorer, chers frères, que nombre de chrétiens qui remplissent les églises à la messe des Rameaux ou de Pâques, n’ont, en vérité, jamais pris le temps ni même éprouvé le désir ou l’intérêt de lire le Nouveau Testament – et encore moins l’Ancien – et que certains ne croient pas même à la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ ! Pour leur plus grand malheur, en effet, leur foi est une foi éteinte, limitée à des bribes de catéchisme acquises, par tradition, pendant leur enfance, ou une foi impure empreinte de superstition ou entachée de croyances voire de pratiques diverses : bouddhisme, brahmanisme, spiritisme, occultisme, etc. Si vous êtes dans ce cas, nous ne pouvons que vous encourager à vous pencher sur ces Écritures Saintes – à commencer par les quatre Évangiles – que vous n’avez jamais lues, et à découvrir, au fil de leurs pages, ce Dieu qui vous aime tant et qui a envoyé son Fils pour vous racheter et pour vous sauver. Alors, changez de vie et croyez à la bonne nouvelle de sa Résurrection ! Croyez que le Christ Jésus est le Verbe de Dieu, qu’il est vraiment ressuscité, et rendez-lui hommage en apprenant à le connaître.

C’est justement à cela que le temps du Carême devrait être judicieusement consacré : vous rapprocher de notre Seigneur Jésus-Christ et vous laisser conduire sans détour vers le Père par la pratique de l’Évangile, qu’il vous exhorte à suivre tout au long de votre vie – un peu comme si vous entendiez un beau refrain dans le lointain : d’abord, vous en seriez charmés, puis votre curiosité, éveillée, vous guiderait jusqu’à la personne qui le fredonne. Tel est, en vérité, le rôle de la Parole de Dieu : vous inviter à la suivre afin que, charmés par sa justesse et sa vérité, vous vous laissiez guider par elle vers le Tout-Puissant un et trine, jusque dans le Ciel des Bienheureux.

Si vous prenez conscience de toutes ces merveilles, chers frères, rechercher Dieu ne devrait plus être pour vous une contrainte mais un désir sincère de votre cœur qui, à tout instant, vous porte à découvrir ce Jésus, le Christ, et à vous laisser enseigner par lui, pardonner par lui, relever par lui, nourrir par lui et ressusciter par lui, Premier des ressuscités ! Si vous prenez conscience de toutes ces merveilles, acquérir un sens moral plus aiguisé et vous couper des sources de péché et des situations irrégulières ne devrait plus être pour vous aussi difficile, car, lorsque vous vous sentez aimés de Dieu, assistés de son Esprit Consolateur, et protégés par sa sainte Mère, ses anges et ses saints, tout devient plus facile.

C’est pourquoi nous vous exhortons avec vigueur à vous détourner des pièges du monde et du Malin, des choses futiles ou impures, des tentations, des addictions, de l’oisiveté, de l’orgueil et des manquements à la charité, et à vous rapprocher de notre Seigneur Jésus-Christ par différents moyens que son Église met à votre disposition : la méditation des mystères du Rosaire, qui vous font pénétrer, en priant la Vierge Marie, dans l’intimité de son divin Fils ; la lecture de vies et d’écrits de saints et des Pères de l’Église ; les révélations reçues, pour n’en donner qu’un exemple, par l’honorable Maria Valtorta (*), sur l’environnement et les faits et gestes des personnages de l’Évangile – révélations qui, quoi que l’on en dise, continuent à convertir et à ramener à une foi solide et sincère quantité d’incrédules ou de tièdes ; l’approfondissement de ce que furent la Passion et la mort de Notre-Seigneur à partir de chemins de Croix saintement médités, ou même, plus concrètement, des dernières recherches scientifiques sur le Suaire de Turin, catéchèse toute désignée pour la Semaine Sainte. Ainsi, vous pourrez acquérir une connaissance plus précise de cet inégalable thaumaturge, vous extasier sur ses miracles, ses paroles de connaissance et de sagesse, et découvrir, derrière l’Homme Jésus, l’omniscience et la toute-puissance du seul Dieu Créateur et Sauveur, car hors de lui, il n’en est point d’autre (cf. Is 45, 5).

En fait, la consigne pour le temps du Carême ne devrait pas être : il faut prier, il faut assister à la messe, il faut lire La Sainte Bible, il faut méditer des chemins de Croix, il faut faire des sacrifices, il faut jeûner, il faut faire l’aumône, etc., comme si tout cela était un but en soi et juste un devoir. Non, frères bien-aimés, là n’est point le véritable but ! Il est plutôt dans un authentique cœur à cœur avec notre Seigneur Jésus-Christ, qui a dit : « Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d’eux » (Mt 18, 20). Et encore : « Quand tu pries, retire-toi dans ta pièce la plus retirée, ferme la porte, et prie ton Père qui est présent dans le secret » (Mt 6, 6).       

Il est aussi dans la conversion de vos cœurs de pierre en cœurs de chair (cf. Ez 36, 26) et dans la découverte de l’ineffable bonté et de l’incommensurable miséricorde d’un Dieu qui, s’étant fait Homme, ne peut pas être accusé de rester loin de l’homme (cf. Ps 145 [Vulg. 144], 18). Si vous, chers frères, qui êtes humains, châtiez votre enfant lorsqu’il vous a gravement désobéi, combien plus notre Seigneur Jésus, qui est Dieu, devrait-il aussi vous châtier si vous avez gravement désobéi au moindre de ses Commandements. Cependant, si votre enfant vous demande humblement pardon et vous assure qu’il ne vous offensera plus, votre amour pour lui en sera touché, et c’est en fait votre clémence que vous lui témoignerez et votre pardon que vous lui donnerez. Alors, amis, combien plus, Dieu, qui est l’Amour, sera-t-il touché par la contrition de ses enfants et par l’accusation de leurs péchés auprès d’un prêtre, et se souviendra-t-il des souffrances de son Fils, de sa Passion et de sa Croix, pour leur accorder sa clémence et son pardon !

Soyez de bons chrétiens, chers frères, et n’ayez pas honte de vouloir devenir des saints : il n’y a nul orgueil à cela. Car la véritable sainteté – celle qui imite notre Seigneur Jésus-Christ de multiples manières, comme ont pu le montrer tous ceux et celles que la Sainte Église a canonisés à travers les âges – est issue de la vertu d’humilité et de la vertu de charité. Lorsque le saint Curé d’Ars dépensait de l’argent pour doter sa petite église de riches ornements, il le faisait pour le Bon Dieu, affirmant qu’il n’était rien d’assez beau pour lui rendre gloire. Les mauvaises langues n’ont alors pas manqué de le critiquer en disant qu’il aurait dû donner cet argent aux pauvres. N’en fut-il pas de même pour Marie de Magdala lorsqu’elle répandit son précieux parfum sur les pieds du Seigneur Jésus (cf. Jn 12, 3-5) ? Mais ce dernier, repoussant toute critique, ne fit que l’y encourager. Eh bien, chers frères, il en est de même pour la sainteté si elle est authentique. Ne vous préoccupez pas de la manière dont vous serez jugés par certains de vos frères en proie à la jalousie, voire par des ecclésiastiques soupçonneux. Vivez d’amour et de charité sur les pas de Jésus et sous le manteau de la Vierge Marie et croyez que tous deux veillent sur vous.        

Que le Ressuscité et sa très sainte Mère vous bénissent et vous gardent tout au long de votre pèlerinage terrestre, chers frères, et qu’avec l’assistance de vos anges gardiens et de tous les saints que vous aimez, vous soyez guidés sur les chemins du Ciel. Là vous attendent déjà nombre de personnes aimées, vêtues de robes blanches, qui ont lavé leurs vêtements dans le sang de l’Agneau et chantent pour l’éternité, en présence des anges, la gloire du Dieu trois fois saint (cf. Ap 7, 9. 12) et leur joie d’être sauvées !

+ Vos frères dans la Joie de Pâques

(*) V. Maria Valtorta, L’Évangile tel qu’il m’a été révélé, nouvelle traduction 2017, Tomes 1 à 10, Électre, 2018. Sur Internet : http://www.maria-valtorta.org/index.htm, et v. Message de notre Seigneur Jésus-Christ du 18 octobre 2021.

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.