Message du 7 août 1988
(Au messager et à ses amis)
Mon fils,
Je voudrais que tu comprennes qu’à cause du Péché Originel, tout homme est indigne devant Notre Seigneur et que celui qui croit en la grandeur de l’homme sans le Bon Dieu ne pourra jamais rencontrer son Père du Ciel. Oui, l’homme est pécheur, mon enfant, et tu fais toi aussi partie du peuple des rachetés pour qui Notre Seigneur a versé Son Sang. C’est pourquoi tu dois t’efforcer d’éviter les tentations. Le Diable aime à venir détruire ta paix intérieure dans de multiples occasions. Si nous te faisons connaître lesquelles à l’avance, ce n’est pas pour que tu t’y précipites sans réfléchir mais pour que tu prennes un autre chemin. Rappelle-toi que nous souhaitons que tu restes très disponible pour le Ciel en ces jours du mois d’août.
Savourez votre séjour ici, mes enfants ! Au sein de votre groupe, recherchez l’harmonie dans la prière et le recueillement comme dans les joies et l’admiration des merveilles de la nature.
Souvenez-vous de la Lecture de ce dimanche (Ep 4, 30 – 5, 2) et faites disparaître l’amertume de vos cœurs, chassez l’emportement, la colère et toute espèce de méchanceté, car la nature de certains d’entre vous les porte encore à de tels sentiments. Si vous saviez combien vous contristez Notre Seigneur lorsque vous ne mettez pas immédiatement tout en œuvre pour pardonner et pour montrer de la douceur et de la générosité. Pour cela, mes enfants, il faut apprendre à aimer car vous n’aimez pas suffisamment. Votre amour est souvent beaucoup trop intéressé, ou trop superficiel. Apprenez à ressentir la vie entière avec votre cœur. Si le Bon Dieu vous a donné un cœur, ce n’est pas pour le remplir de haine et de mauvais désirs, de colère et de méchanceté. C’est seulement pour apprendre à aimer. Vous qui bénéficiez de la lumière de l’Enseignement de Notre Seigneur, et qui recevez Son Corps et Son Sang en nourriture, demandez à ce même Seigneur de changer vos cœurs : je voudrais tant que règne entre vous une bonne harmonie. Reconnaissez que toute pensée mauvaise dirigée vers l’un ou l’autre d’entre vous est issue de l’égoïsme, et ne permettez pas à votre impitoyable nature humaine de juger, de critiquer et de condamner sans cesse. Pensez à Notre-Seigneur Jésus-Christ sur la Croix, mes chers enfants. Pensez à Ses Souffrances ! Lui n’avait ni haine, ni colère dans le cœur, et pourtant, Il était dans une autre situation que la vôtre !
Reposez-vous, mes enfants. Vous le devez ! Le Serpent vous pousse à défouler votre agressivité dans des efforts que vous devriez mesurer, à travers des paroles et des actes que vous devriez contrôler ! Mangez sainement car cela est nécessaire à votre santé. N’oubliez pas de faire chaque soir votre examen de conscience et de vous confesser régulièrement. Vous n’êtes pas très disciplinés, vous savez ! Vous voulez très souvent n’en faire qu’à votre tête ! Mais vous voyez bien que vous n’obtenez pas la paix, cette paix que donne le Bon Dieu à l’âme des justes. Votre amour-propre vous pousse à contester, votre manque de confiance à douter, votre manque de foi à défendre le faux amour, celui qui est facile parce qu’il donne à tous sans mesure ni discernement. C’est ainsi que dans une totale liberté, les hommes se blessent et s’entretuent avec des armes qu’ils ne savent point manipuler.
Ne parlez de liberté et d’amour qu’avec prudence, mes chers enfants, car le Diable utilise aussi ces deux mots abondamment aujourd’hui. Il parvient régulièrement à convaincre nombre de parents de laisser leurs enfants jouer avec le feu afin que ces derniers ne puissent pas leur reprocher dans l’avenir de les avoir brimés. Ah ! quelle erreur terrible ils font, ces parents-là ! Il en est de même pour vous, mes enfants : vous aussi vous possédez la liberté mais nous ne voulons pas vous laisser vous perdre ! Vous allez vous dire : « Voilà encore ce pauvre curé qui nous parle du Diable, du péché et de l’Enfer ! Il nous ennuie avec ses mises en garde et ses conseils ! Pourquoi ne nous parle-t-il pas plutôt des beautés de la vie, ou du Ciel ? »
Quand un enfant joue avec de l’arsenic, on ne lui parle pas de gâteaux ni de bonbons, on lui explique les dangers du produit qu’il manipule et on le lui confisque. Soit l’enfant est docile et il accepte cette mesure parce qu’il comprend quel est le danger, soit il se cabre et se voit administrer une correction. Telle est votre nature humaine, mes chers enfants, car vous manipulez de l’arsenic chaque jour : vos pensées, vos paroles, vos actions en sont tout imprégnées ! Si vous ne ressentez pas son amertume, vos amis la ressentent et en sont malheureux. Notre rôle est donc de vous aider, à travers ces textes, à méditer sur la bassesse de votre nature humaine et sur la grandeur du Bon Dieu. Car lorsque vous faites de Dieu le compagnon de votre âme, vous devenez semblables aux anges du Ciel et l’arsenic disparaît de vos cœurs. La paix et la joie vous deviennent familières et le véritable amour pénètre en vous.
Le sens du péché n’est pas le même chez les uns et chez les autres. Certains se culpabilisent immédiatement de leurs erreurs et en sont profondément malheureux ; d’autres cherchent à les oublier pour repartir d’un bon pas ; d’autres encore, par orgueil ou innocence, ne s’aperçoivent pas de leurs fautes. Selon le degré de connaissance spirituelle de chacun, la notion de péché reste donc plus ou moins aiguisée. Cependant, la Volonté du Bon Dieu n’en reste pas moins identique à l’égard de tous les hommes et chacun devrait s’empresser de l’accomplir sans protester. Celui qui vit dans le noir et aperçoit soudain un rai de lumière peut se trouver aveuglé, mais celui qui vit au grand jour n’en sera point incommodé. Méfiez-vous donc, mes enfants, de ce qui vous est familier : avez-vous la sagesse de considérer, par exemple, certaines de vos habitudes comme des péchés ? Peut-être que si vous les passiez au crible des Commandements, tel serait le cas… Et ce petit péché par action ou même « seulement » par pensée que vous gardez secrètement caché dans l’ombre et qui vous est si personnel, n’en retirez-vous pas une honte terrible ? Qu’attendez-vous pour vous en débarrasser ? Le Diable sait, lui aussi, en tirer profit, n’est-ce pas ? Il vous le rend tellement agréable dans la tentation et tellement abominable dans le repentir que vous préféreriez passer sous terre plutôt que d’en livrer un iota à qui que ce soit ! En confession, n’avez-vous pas même tendance à le minimiser alors qu’il est en vérité l’une de vos préoccupations principales ? Combien votre amour-propre vous détruit, mes enfants ! Sachez regarder vos secrets, ceux que vous fermez à double tour dans le coffre-fort de vos cœurs, avec indifférence : vous leur donnez beaucoup trop d’importance ! Confessez-les donc franchement à un prêtre qui sache prendre le temps de vous écouter et mettez tout en œuvre pour les oublier ! Ne les dissimulez pas : ils sont l’arsenic de votre âme ! Si vous ne les chassez pas par une totale sincérité en Confession et ne prenez pas la ferme résolution de les oublier, ils resteront toujours à vous harceler et à vous torturer sous l’emprise du Diable. Ah ! mes enfants, si vous saviez le bonheur d’une âme en paix !
Je termine ici mon discours, vous promettant de vous parler du Ciel dans un prochain message. Méditez, mes chers enfants, ces paroles et soyez bons entre vous. Chassez l’arsenic de vos cœurs et vivez sainement et saintement sous le regard du Bon Dieu et de la Sainte Vierge. Qu’Ils vous protègent ; et moi, je vous bénis ainsi que vos familles.
+ Jean-Marie Vianney, prêtre