Message du 9 avril 2023





MESSAGE DE PÂQUES 2023

Frères bien-aimés,

En votre monde occidental paganisé où règne l’apostasie, réjouissez-vous d’être chrétiens et rendrez grâce au Père, au Fils et à l’Esprit pour cet insigne privilège !

Si Dieu ne s’était pas incarné, s’il n’avait pas envoyé son Verbe sur cette Terre, et si le Seigneur Jésus n’était pas mort et ressuscité, nul être humain ne connaîtrait ce Dieu qui a dévoilé son visage, nul être humain ne suivrait son enseignement qui conduit à la sainteté, et nul être humain repentant ne serait absout de ses péchés et ne pourrait accéder aux Demeures Célestes et à la Table du Royaume. Car c’est bien de cela qu’il s’agit, mes frères : notre Dieu n’est pas un Dieu vengeur et rancunier qui châtie l’homme sans aucune pitié, mais un Dieu de bonté, dont l’insondable patience se met à la portée de chacune de ses créatures, un Dieu de miséricorde, qui, sans cesse, appelle les hommes à la conversion à travers de multiples signes et sollicitations.

Il revient donc à l’homme – et à vous, mes frères – de savoir reconnaître, dans votre vie quotidienne, tous ces signes de miséricorde et toutes ces sollicitations que Dieu vous offre pour vous porter à vous tourner vers lui, à découvrir son visage, et à vous rallier à son amour dans une authentique repentance.

Ouvrez les yeux, frères bien-aimés, sur ce qui vous entoure, et découvrez la puissance et la générosité infinie de Dieu à travers ses œuvres, lui qui a créé « le monde et sa richesse, la Terre et tous ses habitants » (Ps 24 [Vulg. 23], 1). Comment ne point lui rendre grâce pour toutes ces merveilles ? Admirez la Création sous tous ses aspects : minéral, végétal et animal, et les éléments de la Nature : la terre, l’eau, l’air et le feu. Admirez leur mécanisme si parfait, et réjouissez-vous que le Créateur ait mis tout cela à la disposition de l’homme. Mais ne manquez pas de vous interroger sur l’usage qui en est fait aujourd’hui car, pour des raisons de pouvoir et de lucre, des hommes n’hésitent pas à offenser le Créateur en altérant ou détruisant l’équilibre si précieux de la Nature.

Rendez grâce à Dieu d’avoir fait de vous « les maîtres des poissons de la mer, des oiseaux du ciel, et de tous les animaux qui vont et viennent sur la Terre » (Gn 1, 28), d’où l’homme puise sa nourriture. Mais interrogez-vous aussi sur la qualité des produits de la terre et des chairs animales que vous consommez car, pour des raisons de pouvoir et de lucre, des hommes n’hésitent pas à offenser le Créateur en recourant à des procédés peu orthodoxes pour faire croître ou se multiplier plus vite plantes et animaux, ni à faire souffrir inutilement et cruellement ces bêtes lorsque cela les arrange.

En outre, frères bien aimés, prenez le temps de communiquer les uns avec les autres, de vous sourire, de vous saluer, de vous parler. Car les hommes d’aujourd’hui n’ont de cesse que d’obtenir égoïstement et coûte que coûte des biens matériels, du pouvoir, de l’adulation, des satisfactions charnelles et des loisirs, et ils se plaisent à s’enfermer dans un petit monde privé, régenté par leur tablette, leur téléphone portable ou leur ordinateur, et la paire d’écouteurs qu’ils gardent fixée à leurs oreilles. Ainsi, n’est-il pas navrant, de voir, dans les bus, les trains et les métros, une majorité de passagers littéralement envoûtés par leurs écrans ou par les musiques qu’ils écoutent ? Et en ce moment où explose le printemps, où les fleurs jaillissent de la terre et où les arbres se couvrent de bourgeons, où le soleil brille dans le ciel et où les oiseaux s’égosillent, n’est-il pas navrant de voir courir des sportifs équipés d’écouteurs sur les oreilles et avec le regard dans le vide, alors que tout dans la Nature proclame la gloire de Dieu et raconte l’ouvrage de ses mains (cf. Ps 19 [Vulg. 18], 2) ?

Ce sont de tels comportements, mes frères, qui contribuent à la disparition, chez les hommes, non seulement de l’esprit de charité mais aussi de la plus élémentaire politesse au sein de vos sociétés. Car si vous n’êtes centrés que sur vous-mêmes, si vous vous fermez aux autres et ne pensez même plus à les saluer ou à vous inquiéter d’eux, bref, si vous ne joignez pas les œuvres à votre foi (cf. Jc 2, 18), alors comment pouvez-vous encore vous prétendre chrétiens ?

Il y a ne serait-ce que cinquante ans, un tel dépérissement de la communication eût été considéré comme grave et même dangereux pour le lien social. Mais comme vous l’aurez sans doute compris, frères bien-aimés, tout cela a été voulu et programmé par les « méchants », les antichrists, qui, dans leur désir d’asservir les masses, s’ingénient à briser un authentique lien entre les êtres humains en les séparant et en les isolant. Ainsi en a-t-il été, il y a quelques mois, de la période de terreur sanitaire et de confinement, qui faisait intégralement partie du plan qu’ils avaient concocté. Elle a aujourd’hui des conséquences dramatiques sur quantité d’individus qu’elle a physiquement et psychologiquement ébranlés – particulièrement les enfants, qui ont, en ce qui les concerne, encore beaucoup de mal à s’en remettre.

Le but de ces messages, qui sont destinés aux hommes de ce temps, est principalement de vous faire prendre conscience que dans un monde où les mœurs se dégradent et où sévit l’apostasie, vous ne devez ni baisser les bras ni renier ou « aménager » votre foi. C’est pourquoi je vous encourage, mes frères,  dans la joie de Pâques – celle de la Résurrection du Seigneur Jésus, qui est venu sauver l’humanité du pouvoir du Diable (cf. 1 Jn 3, 8) – à découvrir ou à redécouvrir d’abord le Dieu Créateur, qui est un Être de relation dans l’amour, la sagesse et la perfection : relation au sein de la Trinité Sainte entre le Père, le Fils et l’Esprit Saint, mais aussi relation avec sa créature, l’homme, qu’il a fait à son image (cf. Gn 1, 27), et relation avec la Nature tout entière (cf. Jb 39).

De là, vous comprendrez comment, dans son immense tendresse (cf. Ps 103 [Vulg. 102], 8), il a voulu envoyer son Fils unique sur cette Terre pour révéler son visage, relever l’humanité captive du Péché, et délivrer l’ensemble de la Création du pouvoir de la mort, de la dégradation et du néant (cf. Rm 8, 20-21).

À cette fin, il a fallu que le Maître de la Vie s’abaissât jusque dans la chair pour pouvoir, par sa passion, sa Croix et sa Résurrection, vaincre la mort et sauver ce qui était perdu. Comment cela ? Eh bien, en entraînant tous les hommes de bonne volonté à le suivre dans sa Résurrection par un passage à travers les eaux du Baptême – d’où ils surgissent purifiés et délivrés du Mal – et en les enjoignant de mener une vie sainte.

Toute forme d’autisme volontaire qui éloigne l’homme de ses frères et met en échec l’esprit de charité ne fait pas partie du plan de Dieu. Et tout manque de charité volontaire est péché aux yeux de Dieu. Il n’est cependant pas interdit aujourd’hui de discerner quelles sont les personnes qui sont réellement dignes d’être aidées, car il est de fausses veuves et de faux orphelins (1) qui quêtent votre aumône mais ne l’utilisent pas, ensuite, à bon escient.

Enseignez à vos enfants, frères bien-aimés, la nécessité et le goût de faire le bien, et mettez-les en garde contre le redoutable danger de l’accoutumance au mal, qui est la pire des choses qui puisse advenir dans une société. En effet, quand une majorité d’individus y font le mal, celui-ci s’en trouve banalisé et devient, en quelque sorte, « normalité », c’est-à-dire « bien-pensance » ou « politiquement correct ». Et dès lors que des minorités inspirées par le Diable s’infiltrent jusqu’aux sommets des États – et même de l’Église – pour y placer leurs pions, la gouvernance y est polluée par l’esprit du Mal, celui du mensonge, du laxisme, de la perversité, du blasphème et de l’hérésie. Ces antichrists y enseignent des règles qui ne sont que « préceptes humains » (Mt 15, 9) ; ils sèment autour d’eux la corruption, l’idolâtrie, la division et la guerre, et encouragent au paganisme et à la profanation des choses saintes.

Ainsi, vous verrez des versets entiers de La Sainte Bible remis en question et les épîtres que je vous ai transmises attaquées par de sombres théologiens qui se posent en défenseurs de la vérité mais dont l’honnêteté intellectuelle – et surtout la vie morale – ne sont pas sans équivoque. Cependant, vous ne devrez pas vous décourager, mes frères, ni croire à leurs sornettes, mais plutôt prier pour eux, pour la barque de Pierre et pour son chef.

Que la Résurrection de notre Seigneur Jésus-Christ ne soit pas simplement pour vous une belle histoire, un symbole ou une métaphore, comme c’est malheureusement le cas aujourd’hui chez beaucoup qui se prétendent chrétiens, mais qu’elle soit véritablement le fondement de votre foi, et que vous puissiez proclamer avec toute l’Église, à la suite de l’ange descendu au Tombeau pour aviser les saintes femmes : « Il est ressuscité, comme il l’avait dit. […] Il est ressuscité d’entre les morts » (Mt 28, 6-7), alléluia !

Les enjeux de cette Résurrection, frères bien-aimés, ne sont pas des moindres, car le Seigneur Jésus, en offrant à son Père son sacrifice sur la Croix – « Non pas ce que je veux, mais ce que tu veux ! » (Mc 14, 36) – pour sauver les pécheurs qui se tourneraient vers lui et regretteraient leurs fautes (2), a offert à l’humanité une possibilité de rachat qui doit se concrétiser par un changement radical de comportement. Tel était le but du Carême : réfléchir sur votre pauvre condition, regretter vos fautes, les confesser en toute vérité auprès d’un prêtre de l’Église catholique, prendre la ferme résolution de ne plus retomber dans les mêmes travers, et aussi – et même surtout – vous couper des sources de péchés dans lesquelles, parfois, vous vous êtes si confortablement et si durablement installés. Car la qualité de votre propre résurrection dépendra de la profondeur de votre conversion, de la force de votre foi et de votre renoncement au Mal, et de la sainteté de votre vie.

Alors, qu’est-ce que vivre saintement ? C’est vivre avec Dieu à chaque instant de votre vie dans l’imitation du Seigneur Jésus-Christ. C’est vous réveiller chaque matin avec une pensée pour Dieu et une prière ; c’est lui offrir votre journée, requérir de lui sa protection et celle de sa très sainte Mère et de votre ange gardien. C’est accomplir, au fil des heures, tout ce que vous avez à faire du mieux possible en communion avec les saints que vous aimez. C’est vous abandonner au Seigneur dans la foi et dans un dialogue intérieur avec lui. C’est recevoir dignement et régulièrement l’Eucharistie pour vous redonner des forces. C’est vivre dans le respect des choses saintes, de vous-mêmes et de vos frères. C’est prier avec un cœur sincère et vous nourrir de lectures spirituelles pour en partager avec d’autres les fruits. C’est être humble, doux, patient, serviable et charitable en toute circonstance, mais c’est aussi être juste, conciliant et miséricordieux, fort et persévérant, apôtre de la joie et de la paix. Enfin, c’est vivre dans l’espérance de la Vie Éternelle, celle que le Seigneur Jésus nous a promise et dont il a prouvé l’existence en ressuscitant d’entre les morts.

Comme il a voulu entraîner à sa suite tous ceux qui accepteraient de porter leur croix et de marcher sur ses traces, ne vous lassez point de faire sa volonté et de suivre ses Commandements, et faites preuve du plus grand discernement – celui du « sensus fidei » (3) – pour débouter les faux prophètes et les idoles de ce temps.

Belle fête de Pâques, frères bien-aimés ! Que la lumière de la Résurrection vous illumine, qu’elle fortifie votre foi et vous guide sur le chemin de la sainteté. Et moi, Paul, dans la joie Pascale, qui, au Ciel, est inouïe, je vous bénis.

+ Paul, Apôtre de Jésus-Christ

(1) Dans l’épître de Jacques, un comportement religieux, pur et sans souillure consiste à « visiter les orphelins et les veuves dans leur détresse » et à « se garder sans tache au milieu du monde » (Jc 1, 27).

(2) Le Bon Larron (cf. Lc 23, 39-49) en est le premier exemple.

(3) Dans l’Église catholique, le sensus fidei est un don de l’Esprit Saint fait à l’Église, dépositaire de la foi – et donc au peuple de Dieu tout entier – consistant en la capacité, pour chaque fidèle, de sentir ce qui va ou non dans « le sens de la foi ». 

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.