Message du 1er novembre 2023





MESSAGE DE TOUSSAINT 2023

Bien chers frères,

En ce jour de notre fête, nous, vos frères qui habitent les Demeures Célestes, sommes tout spécialement à vos côtés et dans vos cœurs dans la communion des saints.

Qui sommes-nous ? Ceux que l’Église a déclarés saints et bienheureux, élevés jusque dans la félicité des élus, et ceux qui, parmi vos proches, ont été jugés dignes par notre Seigneur Jésus-Christ de nous y rejoindre. Mais aussi, le reste des « sauvés », c’est-à-dire les « âmes du Purgatoire », qui, pour pouvoir nous être totalement unies, ont encore besoin de messes célébrées à leur intention, de vos prières, de vos sacrifices, de vos aumônes, du pardon que vous devez leur accorder si, sur cette Terre, elles ont pu vous blesser ou vous offenser, et du pardon qu’elles-mêmes doivent vous consentir dans le cas inverse.

Cette grande fête de tous les saints, connus ou inconnus, est pour nous l’occasion de vous rappeler que nous sommes de puissants intercesseurs auprès de Dieu, et de vous encourager à pousser vos recherches plus avant non seulement sur les fins dernières mais également sur votre propre fin. Car vous devez toujours vous y tenir prêts et garder votre âme dans l’attente du Seigneur, qui seul connaît l’heure de votre mort (cf. Jb 14, 5).

Ainsi, ceux qui parmi vous souhaitent en savoir davantage sur le moment de la mort et ce qu’il advient des âmes des défunts, sur la substance du « corps spirituel » évoqué par Paul (1) – cette représentation céleste de l’âme qui est en constante gestation quand l’homme terrestre progresse dans la vertu -, sur les différentes demeures de la Maison du Père, et sur les expériences dites de mort imminente (EMI), pourront lire ou relire les principaux messages sur ce sujet (2), en complément, bien sûr, de ce qu’explique le Catéchisme de l’Église catholique sur la question des fins dernières (3).

Notre propos aujourd’hui est de vous rappeler, à la demande de notre Seigneur Jésus-Christ, le Maître de la Vie, que tout homme, grand ou petit, riche ou pauvre, puissant ou ordinaire, finit immanquablement par mourir pour se retrouver dans l’Autre Monde soit parmi les sauvés – c’est-à-dire en Purgation ou directement avec nous dans la gloire pour une éternité de délices (cf. Ps 15 [Vulg. 14], 11) – soit parmi les damnés, c’est-à-dire en Enfer, là où brûle un brasier qui ne s’éteint jamais (cf. Mc 9, 48). Et il ne s’agit point, là, chers frères, d’une image !

« Fadaises ! diront certains. Si Dieu est bon, l’Enfer ne peut pas exister ! » Et il est vrai que, dans votre monde moderne, tout est mis en œuvre pour vous faire oublier l’Enfer et même nier son existence, qui n’en reste pas moins un dogme – c’est-à-dire une vérité de foi – pour l’Église catholique. Nous-mêmes, qui sommes au Ciel, regardons toujours l’Enfer avec abomination malgré l’immense abîme qui nous sépare des damnés (cf. Lc 16, 26). Depuis des années déjà, le Démon se plaît à laisser les hommes le tourner en ridicule au travers de représentations grotesques qui lui ôtent toute réalité. Ainsi relégué dans le domaine de la mythologie (4) et de l’imaginaire, il peut continuer d’agir sournoisement au sein de vos sociétés, où le péché se voit banaliser et même normaliser au moyen de lois infâmes.

Vous rendez-vous compte, chers frères, à quel point nombre de vos gouvernants se sont éloignés de la Sagesse alors qu’ils devraient la rechercher et observer ses lois (5) ? Confusion des valeurs, mensonge, corruption, déloyauté, parjure, homicide : ils ne respectent plus la pureté ni de la vie ni du mariage, et se font les complices et les adeptes de la souillure morale, des perversions sexuelles, de l’adultère et de la débauche, quand il ne s’agit point de célébrations de mystères occultes, voire de meurtres rituels d’enfants (6).

Mais nous vous l’avons dit de nombreuses fois, chers frères, dans ces messages : il n’est rien de nouveau sous le soleil (cf. Ec 1, 9) !  Sauf qu’avec la libération des mœurs, la normalisation du péché et la cyber communication, plus rien ne choque plus personne, et les échanges virtuels – surtout les plus pernicieux – vont bon train sur Internet. Cependant, « Ne vous y trompez pas, dit Paul dans la même Épître : ni les débauchés, ni les idolâtres, ni les adultères, ni les efféminés, ni les pédérastes, ni les voleurs, ni les cupides, ni les ivrognes, ni les diffamateurs, ni les rapaces, aucun de ceux-là ne recevra le Royaume de Dieu en héritage » (1 Co 6, 9-10) parce qu’ils auront sciemment refusé de suivre l’enseignement du Seigneur.

Tous ces vices, chers frères, même s’ils semblent issus de pulsions élémentaires impérieuses, naissent en vérité dans la pensée de l’homme pécheur, qui pourrait – dès le commencement de la tentation et avec l’assistance de la grâce de Dieu obtenue par la prière, l’Eucharistie, le jeûne, les sacrifices et les aumônes – les ignorer ou les traiter avec mépris plutôt que de leur laisser libre cours dans des moments de délectation morose. C’est là que notre Seigneur Jésus explique : « Ce qui sort du cœur de l’homme, voilà ce qui rend l’homme impur » (Mc 7, 15), et encore : « Tout homme qui regarde une femme avec convoitise a déjà commis l’adultère avec elle dans son cœur » (Mt 5, 28).

Alors, quel moyen ce même Seigneur donne-t-il à l’homme pécheur pour ne point céder aux tentations et ne point se retrouver, au terme de sa vie terrestre, dans la géhenne de feu ? « Si ton œil droit entraîne ta chute, arrache-le et jette-le loin de toi » et « Si ta main droite entraîne ta chute, coupe-la et jette-la loin de toi » (Mt 5, 29-30) ! Or, pensez-vous, amis, que notre Seigneur Jésus-Christ, qui est si doux et si respectueux de l’être humain, vous demande, par ces paroles, de vous amputer d’un œil ou d’une main ? Sûrement pas ! Il ne s’agit ici, chers frères, que d’une image forte utilisée par lui pour vous porter à comprendre que toute tentation doit être étouffée dans l’œuf, sinon, la folle du logis (7) aidant, vous risquez d’être entraînés dans le péché et de vous condamner à votre propre mort – la mort spirituelle, cela s’entend.

C’est pourquoi vous devez comprendre, frères, qu’une fois qu’un péché a été commis – même par la pensée ! – une brèche reste ouverte dans votre psychisme, qui peut plus ou moins impérieusement inciter l’esprit mais aussi le corps à retrouver les mêmes émotions ou les mêmes sensations, de nature agréable, cela va de soi. Tel est le fruit défendu… Et cette même brèche peut devenir – si elle n’est rapidement colmatée, selon sa gravité, soit par un acte de contrition sincère, soit par une confession vérace – une voie royale d’accès à votre psychisme et à votre âme pour les puissances des ténèbres : démons, mauvais esprits ou âmes de défunts parfois soumises à l’emprise de démons, qui se plaisent à venir les tourmenter ou les parasiter.    

Amis, si la sainte Église a mis à votre disposition des prêtres, à qui a été donné tout pouvoir de pardonner les péchés au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit (cf. Jn 20, 22-23), vous ne devez pas hésiter une seconde à recevoir le sacrement du Pardon (ou sacrement de Pénitence) dès que vous en ressentez le besoin ou la nécessité. C’est, en effet, pour les pécheurs que notre Seigneur Jésus-Christ est venu sur cette Terre – et nous préciserons même : pour les pécheurs repentants et désireux de mener une vie sainte au milieu d’un monde enténébré, défiguré par le Mal.

Vous rendez-vous compte, amis, de la faveur inouïe que le Dieu des chrétiens a faite à l’homme en le créant à l’image de sa propre nature pour l’incorruptibilité (cf. Sg 2, 23), et en envoyant son propre Fils sur cette Terre pour racheter le Péché d’Adam et de tous les hommes par le martyre de sa Passion et de sa Croix ? Car Dieu, vous le savez, ne veut pas la mort du pécheur (cf. Ez 18, 23), et, dans son infinie bonté et son incommensurable patience, il attend infatigablement jusqu’à la fin de sa vie terrestre qu’il se départisse de sa conduite mauvaise, qu’il se convertisse et se tourne enfin vers lui avec un cœur repentant.

Alors, pourquoi préférer vivre dans les affres du péché une vie sans Dieu, malsaine et impure, rivée à l’argent, aux vanités de ce monde, et, à terme, vouée à la seconde mort (8), plutôt que de se tourner avec humilité vers le Dieu de toute miséricorde, et de mener, uni à son Fils Jésus-Christ, au sein de son Église, une, sainte, catholique et apostolique, une vie de foi tout orientée vers le bien et les vertus chrétiennes dans l’espérance de la Vie Éternelle ?

Quand comprendrez-vous, frères, qu’il est plus avisé mais également tellement plus agréable de vivre une vie d’amour sur un chemin de sainteté avec l’assistance de la prière et des sacrements dispensés par l’Église, dans les bonnes grâces de notre Seigneur Jésus-Christ et sous la protection de sa bienheureuse Mère, la Vierge Marie, plutôt que de vivre une vie de péché asservie par l’orgueil, l’égoïsme et les plaisirs de la chair ?

Prenez conscience, amis, que vous êtes tous, par votre Baptême, des membres du Corps du Christ, où circule, comme une sève ardente, tout l’amour du Père envers son Fils et envers l’homme, sa créature de prédilection ; tout l’amour du Fils livré au bois de la Croix pour racheter l’humanité, et entraîner, après leur mort, dans sa Résurrection, ceux parmi ses enfants qui lui auront été fidèles ; et tout l’amour de l’Esprit Saint, qui dote ceux qui l’implorent en vérité de ses sept dons sacrés.

Alors, chers frères, pour que la mort ne vous surprenne pas comme les vierges folles à la venue de l’Époux (cf. Mt 25, 1-13), ouvrez vos âmes et vos corps à cet amour infini afin qu’il vous transfigure. Sentez-vous aimés du Seigneur et cheminez jour après jour dans la voie de sainteté qu’il a tracée pour vous. Accueillez toute la force de son amour chaque fois que vous recevez le sacrement du Pardon et que vous vous nourrissez de son Eucharistie, et mettez vos pensées, vos paroles et vos actes en accord avec les siens en lisant et relisant les Écritures Saintes et des ouvrages spirituels édifiants. Rendez honneur au Corps du Christ par votre charité, et sachez que tout ce que vous faites de bien pour vos frères en accueillant en vous l’amour de Jésus, comme tout ce que vos frères font de bien pour vous, n’a d’autre conséquence que de vous faire communier plus intensément encore à l’harmonie de l’ensemble de ce Corps, qui est l’Église. Il s’agit en fait d’une sorte d’osmose où chacun, en donnant de son amour, en reçoit au centuple, et que la mort ne peut détruire.   

Certains d’entre vous diront sans doute que la sainteté leur paraît irréalisable. Ce qu’ils n’ont pas compris, c’est que si elle est de même nature pour tous, elle reste néanmoins différente pour chacun, comme peut l’être la notion de plénitude. Ainsi, un petit verre peut être plein d’eau tout comme un grand verre ! Alors, chers frères, ne vous découragez pas, convertissez vos cœurs, ne soyez plus esclaves du péché mais sujets de la grâce de Dieu et vivez pour Dieu en Jésus-Christ (cf. Rm 6, 11. 14).

Que Notre-Seigneur et sa très sainte Mère vous bénissent et vous gardent.

+ Vos frères dans la Vérité


(1) V. 1 Co 15, 37-49. Le « corps spirituel » est la forme parfaite de notre âme en attendant le jugement général et la résurrection de la chair.

(2) V. Messages du 1er novembre 2019 (I), 1er novembre 2019 (II), 1er novembre 2019 (III), Un Souffle qui passe…, Tome 3 et du 1er novembre 2022.

(3) V. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1021-1022 ; 1023-1029 ; 1030-1032 ; 1033-1037.

(4) V. Sermon de Noël, 25 décembre 1992, Un Souffle qui passe…, Tome 3.

(5) V. Sg 6, 1-21.

(6) V. Sg 14, 22-27.

(7) Image de théologie morale pour évoquer l’imagination.

(8) V. Mt 10, 28 : « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps sans pouvoir tuer l’âme ; craignez plutôt celui qui peut faire périr dans la géhenne l’âme aussi bien que le corps », et Ap 21, 8 : « Pour les peureux, les non-croyants, les abominables, les meurtriers, les prostitués, les sorciers, les idolâtres, et tous les menteurs, leur part sera dans l’étang ardent de feu et de souffre, ce qui est la seconde mort. »

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.