Message du 24 mai 2023





MESSAGE DE PENTECÔTE 2023

Bien chers frères,

Soyez un avec notre Seigneur Jésus-Christ à l’exemple de Paul, qui affirme : « Je vis, mais ce n’est plus moi, c’est le Christ qui vit en moi » (Ga 2, 20). Pour réaliser cet objectif, nous vous encourageons à acquérir et, bien sûr, à conserver une ouverture d’âme, d’esprit et de cœur qui vous permette, à chaque instant de votre vie, de vous tourner vers l’Esprit Saint – qui procède (c’est-à-dire qui émane) éternellement du Père et du Fils – et de l’accueillir en vous.

Car, si vous ne voulez pas être de vulgaires girouettes dans la foi qui montrent de l’inconstance ou du découragement dans leur pratique religieuse ou leurs prières, qui voient leurs demandes ignorées ou rejetées par Dieu, et qui continuent, sous l’emprise des tentations, à tomber immanquablement dans les mêmes péchés devenus familiers, il convient que vous vous dotiez d’une force qui puisse vous inspirer des pensées, des paroles et des actions dignes de votre statut de chrétiens. Cette force, chers frères, c’est, bien évidemment, l’Esprit Saint, qui affutera votre conscience et vous inspirera le meilleur.

Dans un passé récent, Notre-Seigneur lui-même vous a déjà parlé longuement à ce sujet, et nous vous conseillons de commencer par lire ou relire ses propos (1).

En ce temps de Pentecôte, nous vous exhortons, vous, les baptisés qui ont soif de Dieu et de la Vie Éternelle, et ceux qui ont pu s’éloigner de la foi et de sa pratique pour différentes raisons, à regretter vos fautes, à purifier votre âme par une confession sincère de tous vos péchés passés et présents auprès d’un prêtre de l’Église catholique (2), et à prendre la ferme résolution de respecter les Commandements avec l’assistance de l’Esprit Saint. Car l’action unificatrice de l’Esprit Saint sur l’âme humaine est comparable à la lumière modulable d’un lampadaire. Ainsi, plus vous laissez l’Esprit agir en vous, plus vous vivez en communion avec Notre-Seigneur ; et plus vous vivez en communion avec Notre-Seigneur, plus votre âme est pure et lumineuse, et plus la lumière de votre lampadaire augmente en intensité (3).

En vérité, c’est au jour de votre Baptême que le lampadaire vous est octroyé, et il s’agit là d’un cadeau de grande envergure que Dieu vous fait : baptisés dans l’Esprit, qui vous fait renaître, vous devenez enfants de Dieu ! Oui, chers frères, enfants du Père du Ciel ! Cependant, ce nouveau statut ne doit pas être considéré comme toujours « actif » parce qu’il peut se voir invalidé à cause de péchés graves, qui coupent ceux qui contreviennent aux volontés divines de la communion de l’Église. Mais il vous offre la possibilité d’être « réactivé » par le repentir et l’humilité suivis de l’absolution sacramentelle.

Lorsqu’un enfant est baptisé à sa naissance, il est confié à ses parents, son parrain, sa marraine puis à ses catéchistes le soin de l’initier à la foi et aux exigences de la vie chrétienne. Cependant, ce n’est qu’au jour de sa Confirmation – accomplissement de la grâce baptismale (4) – qu’il peut décider par lui-même de s’engager à recevoir l’Esprit Saint en plénitude, et, pour reprendre la métaphore évoquée plus avant, d’actionner en toute conscience le variateur de lumière de son lampadaire. Ainsi, tout ce qu’il fera de bon et supportera de pénible avec l’assistance de l’Esprit Saint contribuera au pardon de ses péchés, augmentera en lui la grâce et illuminera son âme pour qu’il vive avec Dieu (5).

Bien qu’une relation ordinaire à l’Esprit Saint ne se caractérise pas communément par des ressentis émotionnels (6), elle s’exprime tout de même par un état d’esprit paisible, une joie intérieure (cf. Ga 5, 22) et un désir d’ouverture envers Celui qui s’est révélé être « l’Hôte très doux » de l’âme humaine (7). Lorsque vous aurez expérimenté en vous sa vie, sa quiétude, son amour, sa bonté, son réconfort, sa chaleur, sa puissance, sa sagesse et sa pertinence, vous ne pourrez plus que souhaiter qu’il ne vous abandonne jamais.

C’est, en effet, en accueillant en vous la Troisième Personne de la Trinité Sainte – qu’on appelle Défenseur et Esprit de Vérité (cf. Jn 15, 26) – et aussi en vous nourrissant, en état de grâce, du Corps du Crucifié et de son Sang répandu, que vous devenez, par participation, d’authentiques enfants de Dieu, membres du Corps Mystique de notre Seigneur Jésus-Christ, et que vous vous trouvez divinisés par sa présence.

Vous devez comprendre, chers frères, que tout cela n’a rien d’une fable et ne relève ni de la superstition ni de la magie mais de la foi en Jésus-Christ, le Fils de Dieu fait Homme, le Sauveur, venu dans la chair et mort pour vous sur une croix afin que vous ayez la vie, et que vous l’ayez en abondance (cf. Jn 10, 10). Par l’envoi du Paraclet de la part du Père (cf. Jn 16, 7) au jour de la Pentecôte, notre Seigneur Jésus-Christ vous donne d’être conduits dans la vérité tout entière (cf. Jn 16, 13) et vous exhorte à vivre, sous sa douce tutelle, une vie saine et droite et une spiritualité équilibrée. Telles sont les caractéristiques d’une authentique sainteté.

Bien sûr, le curseur du variateur de lumière de votre lampadaire fluctuera inévitablement tout au long de votre vie, mais si vous mettez tout en œuvre pour maintenir coûte que coûte ce curseur vers un maximum de lumière, vous pourrez affronter avec courage et résignation toutes les misères, toutes les déceptions, tous les échecs, tous les deuils et toutes les maladies qui peuvent advenir au cours d’une existence terrestre. Il est tellement important que vous compreniez cela, chers frères, et que vous le viviez en esprit et en vérité !

Car, à l’instar des talents et des bonnes choses que vous portez en vous – comme la vertu de charité, qui vous fait demeurer dans la lumière (cf. 1 Jn 2, 10), – peuvent aussi malheureusement, et parfois sous l’action du Démon, ressurgir du passé de nombreuses souffrances ou scories de péchés que vous avez pu commettre ou qu’ont pu commettre même vos ancêtres (cf. Lm 5, 7). Bien que ces péchés aient pu être confessés, des résidus négatifs ne manquent pas, dans certaines situations, de continuer à affecter votre psychisme et à influencer vos pensées, vos paroles et vos actes. Réactivés et reconnectés au présent, ils peuvent, en effet, vous pousser à penser, à parler et à agir d’une façon mécanique, impulsive et irraisonnée, voire totalement incontrôlable dans le cas d’addictions, et nuire tôt ou tard à votre équilibre intérieur, tant psychologique que spirituel.

Que l’Esprit Saint, alors, vous inspire non seulement l’humilité d’aller confier ce qui ne l’a pas encore été à un prêtre dans le sacrement de Confession, mais aussi d’aller consulter un professionnel de la santé qui sache vous aider, sur le plan psychologique, à venir à bout de ces comportements incoercibles et dommageables à votre vie spirituelle. Nous disons cela principalement pour les hommes, qui, trop souvent, refusent par orgueil de se faire aider psychologiquement, n’ayant aucune idée de tous les bienfaits que cette démarche pourrait leur apporter, jusque dans le domaine spirituel.

Si vous prenez l’habitude de vous recueillir en des lieux de culte – endroits propices à la prière, où vous pouvez jouir de la Présence Réelle – ou, tout simplement, en quelque lieu de la Nature choisi par vous pour son calme et sa beauté, si vous vous efforcez de toujours rester dans la lumière de la Vérité en entretenant des pensées nobles et raisonnables, et si vous conservez en vous un cœur bon et charitable, vous serez beaucoup moins sensibles aux occasions de chute, et par-là même, beaucoup moins portés vers ces péchés dans lesquels vous retombez toujours, et qui vous entraînent vers le bas.

Sachez aussi que si vous baissez tant soit peu votre garde en ouvrant vos yeux et vos oreilles à des sollicitations trompeuses inspirées par le Démon ou par ses sbires, si vous cédez à l’appel de la chair en dehors des liens du Mariage ou même de façon désordonnée en son sein, vous vous en trouverez souillés, vous souillerez également votre intelligence et votre conscience (cf. Tt 1, 15), et votre corps et votre âme en perdront leur lumineuse clarté.

À ce sujet, nul ne doit prétendre connaître Dieu et le renier en même temps par sa manière d’agir (cf. Tt 1, 16). C’est pourtant ce que font nombre d’individus qui contestent l’enseignement de l’Église en matière de morale et qui vivent, tout en se prétendant chrétiens, dans la débauche et l’impureté d’unions illégitimes aux yeux de Dieu. Pourtant, que ne font-ils pas pour faire valider leurs amours coupables non seulement par les États mais aussi par les instances religieuses ! Sans doute croient-ils aimer Dieu, mais il s’agit là de pur sentimentalisme, car aimer Dieu, selon les Écritures, consiste d’abord à s’efforcer de garder ses Commandements (cf. 1 Jn 5, 3) – ce que ces gens-là ne sont pas du tout disposés à faire. En outre, Dieu, qui est Lumière (cf. 1 Jn 1, 5), aime la lumière, et ces individus ne sont pas dans la lumière parce qu’ils se rendent impurs à cause de leurs pensées et de leurs actes désordonnés. Nous ne sommes pas en train de les juger, chers frères, mais de rappeler combien certains actes sont gravement contraires à l’Enseignement de notre Seigneur Jésus-Christ.

C’est pourquoi quand bien même des évêques ou le pape en personne parlant en leur nom propre – voire un ange descendu du Ciel – tiendraient, pour afficher aux yeux du monde une tolérance et une charité qui n’en ont que le nom, des propos différents de ceux de ce même Seigneur Jésus-Christ (cf. Ga 1, 8) en déclarant pur ce qui est impur ou légitime ce qui ne l’est pas, cela ne modifierait en rien la loi morale de l’Église une, sainte, catholique et apostolique, fondée sur l’Écriture et sur la Tradition, et ne changerait en rien les paroles du Décalogue ni celles de l’Évangile sur les amours illégitimes (8) car il s’agit de la Parole même de Dieu, Parole qui ne peut être remise en cause !

Vous comprendrez aisément, chers frères, que l’Esprit Saint, Troisième Personne de la Trinité Sainte, ne peut résider ni dans l’impureté ni dans la débauche (cf. 1 Co 6, 18-20). C’est pourquoi le corps humain – qui est sanctuaire de ce même Esprit, qui est en lui (cf. 1 Co 3, 16) – ne peut conserver sa pureté et la présence de l’Esprit si l’homme, quelle qu’en soit la raison, se laisse entraîner dans le vice. Et, comme l’affirme l’Écriture, ceux qui persistent à commettre de tels actes sans s’en repentir ni y renoncer définitivement ne peuvent recevoir le Royaume de Dieu en héritage (cf. 1 Co 6, 9-10).

Mais revenons, chers frères, à l’Esprit Saint, dont notre Seigneur Jésus-Christ a confié à son messager qu’il se manifestait ordinairement chez l’homme par le bon sens ou sens commun, prouvant ainsi sa justesse et son efficience en toute situation. Il est, vous l’enseigne l’Église, le Dispensateur de sept dons sacrés : la sagesse, l’intelligence, la science, le conseil, la force, la piété et la crainte de Dieu (9). Il est la Lumière bienheureuse qui éclaire les cœurs et les âmes, et que chacun doit veiller à conserver en permanence. Il est l’Esprit Consolateur qui apaise et réconforte tous ceux qui l’invoquent pour solliciter son assistance. Il est l’Esprit de l’unité spirituelle entre le Père, le Fils, et tous les hommes. Il est enfin l’Esprit d’amour, un amour qui réchauffe les cœurs froids et indifférents, les cœurs meurtris, les cœurs humiliés, les cœurs souffrants. Un amour qui purifie ce qui a été souillé, guérit ce qui a été blessé, redresse ce qui a été faussé et ramène à la foi de l’Église la brebis égarée. Un amour qui cultive et entretient l’humilité, et ravive et fortifie les vertus – en particulier celles de foi, d’espérance et charité. Un amour, enfin, qui, par sa puissance, transcende jusqu’à la mort elle-même et ouvre à qui l’accueille les portes des Demeures Célestes.

Ne soyez donc pas, chers frères, des êtres vils, impurs, mesquins, égoïstes, orgueilleux, médisants, diviseurs, calculateurs, qui aiment le lucre et se plaisent à pavoiser, à humilier leurs frères, à les juger, et à vouloir avoir raison en toute chose. Fuyez les lieux malsains et les mauvaises compagnies, qui corrompent les bonnes mœurs (cf. 1 Co 15, 33). Combattez le mensonge et les fausses doctrines, la corruption, le « politiquement correct », les syncrétismes et les hérésies, et fuyez l’orgueil spirituel. Ne laissez pas votre égoïsme, votre amour-propre et votre orgueil avoir raison de vous, mais purifiez-vous de vos péchés chaque fois que nécessaire par une bonne Confession, qui augmentera l’intensité de la lumière de votre lampadaire, et repartez d’un pas ferme et assuré, avec l’assistance de l’Esprit.

Invoquez souvent ce dernier dans votre vie quotidienne, et ne craignez point de le déranger à toute heure du jour ou de la nuit si cela vous semble nécessaire. Dites-lui vos souhaits, vos volontés, vos désirs soit directement soit par l’intermédiaire de votre ange gardien. Demandez-lui paix et courage dans les épreuves et dans la maladie. Mais demandez-lui surtout la force de respecter les Commandements afin de ne point offenser notre Seigneur Jésus-Christ, dont la Croix est déjà si lourde. Demandez-lui de vous aider à progresser en sainteté et à devenir parfaits comme le Père du Ciel est parfait (cf. Mt 5, 48). Car le but ultime de tout chrétien, chers frères, n’est-il pas le salut final, c’est-à-dire pouvoir rejoindre un jour, dans le Ciel, l’assemblée de tous les saints à la Table du Royaume – et cela pour l’Éternité ?

En vérité, c’est la position du curseur de votre lampadaire qui détermine, à tout instant, l’intensité de votre foi et le degré de sainteté de votre vie. Ainsi, à votre heure dernière, plus votre âme sera pure et lumineuse et plus vite vous vous retrouverez dans les Demeures Célestes aux côtés de notre Seigneur Jésus-Christ, de votre douce Maman du Ciel et de tous ceux que vous aurez aimés sur cette Terre et qui auront été jugés dignes de revêtir le vêtement des Noces (cf. Mt 22, 1-14).

Afin de vous aider à accomplir mieux encore votre mission de sainteté avec l’aide de l’Esprit Saint, placez-vous, chers frères, dès cette Terre, sous la protection maternelle de la bienheureuse Vierge Marie, à laquelle est dédié ce mois de mai. Bien qu’extérieure à la Trinité Sainte, elle a porté néanmoins en son sein le Fils de Dieu – ce qui lui a valu très justement son titre de Mère de Dieu ! Nouvelle Ève pour l’humanité, elle a permis, par sa maternité divine, de donner naissance au Sauveur, par qui le Péché des origines a été vaincu. Comme toute mère humaine, elle a connu des joies et traversé des épreuves jusqu’à celle de la mort de son fils Jésus sur la croix. Elle a rassemblé les Apôtres au jour de la Pentecôte, où s’est manifesté l’Esprit Saint sous la forme de langues de feu (cf. Ac 2, 1-11). Comblée de grâces par le Père et habitée par l’Esprit, elle a toujours été une mère exemplaire, seulement désireuse de participer humblement à la mission que Dieu lui avait confiée sur cette Terre. Qu’elle soit pour vous un modèle de foi, d’humilité, d’obéissance, de douceur, d’amour, d’espérance et de fidélité au Père et au Fils dans l’Esprit Saint.

Allez dans la paix du Christ, chers frères, et que l’Esprit Saint, en ce temps de Pentecôte, vous comble de ses dons sacrés et vous éclaire tout au long de votre vie.     

+ Vos frères dans l’Esprit Saint

(1) V. Message du 5 janvier 2019 de notre Seigneur Jésus-Christ, Un Souffle qui passe…, Tome 3.

(2) Cette phrase rappelle la nécessité d’avoir recours au sacrement de la Réconciliation dispensé par l’Église catholique romaine, car, pour différentes raisons, de nombreux fidèles ne se confessent plus à ses prêtres, préférant demander pardon directement à Dieu ou trouver de l’apaisement hors de l’Église auprès d’autres sensibilités religieuses ou dans des sectes.

(3) V. Message de Pentecôte du 10 juin 1984 (I) de Vos frères dans l’Esprit Saint, Un Souffle qui Passe…, Tome 1. La précision apportée dans ce message par la notion de variation d’intensité est encore plus lumineuse.

(4) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1285 ; 1286-1292 ; 1293-1301 ; 1302-1305.

(5) Référence aux paroles que peut prononcer le prêtre à l’issue d’une Confession.

(6) Afin de progresser dans sa vie spirituelle, dans les vertus et la lutte contre le péché, le croyant peut vivre une alternance entre consolations spirituelles et purifications passives d’une plus ou moins grande intensité.

(7) Cf. le Veni Sancte Spiritus, repris en note 4 du Message du 20 juin 2021 de Vos frères dans la Vérité.

(8) V. Message du 15 juin 2022 de saint Paul, Apôtre de Jésus-Christ.

(9) Cf. Catéchisme de l’Église catholique, nn. 1831-1832 ; 1833-1845.

Approbation du Père Marc-Antoine Fontelle o.b., docteur en théologie, en droit canonique et en droit civil.